6 Nations 2021. Les victoires galloises sont-elles en trompe l'œil ?
Wayne Pivac et Stephen Jones célèbrent la victoire des leurs face à l'Angleterre.
3 victoires en autant de rencontres, les Gallois sont en course pour le Grand Chelem. Pourtant, ils ne semblent pas aussi costauds que leurs résultats le laisse paraître.

L'année 2020 ou celle de l'an 0 pour le rugby gallois. Après s'être adjugé le Grand Chelem lors du Tournoi des 6 Nations 2019 et terminé le mondial japonnais à une honorable quatrième place, le Pays de Galles doit reconstruire. Déjà, car son emblématique entraîneur Warren Gatland décide de quitter son poste après 12 ans de bons et loyaux services afin de rejoindre son pays natal et les Chiefs. Surtout, le néo-zélandais, qui dirigera les Lions Britanniques cet été (si la tournée a lieu), peut se targuer d'un palmarès pléthorique lors de son mandat avec le XV du Poireau. 3 Grand Chelem (2008-2012-2019), deux fois demi-finalistes de la Coupe du Monde (2011-2019), Gatland laisse derrière lui une trace indélébile sur le rugby gallois. Alors lors de sa prise de fonction en 2020, Wayne Pivac se savait attendu. Surtout, la tâche s'annonçait compliquée. Et elle le fut. Un Tournoi des 6 Nations raté, une cinquième place et seulement une triste victoire face à l'Italie à se mettre sous la dent, suivi d'une Autumn Nations Cup des plus moyennes où les Gallois ont bataillé pour venir à bout de la Géorgie ou la Squadra Azzura, puis balayés par l'Irlande et l'Angleterre. Il n'en fallait pas plus pour voir déjà le néo sélectionneur sur la selette, moins d'un après sa nomination

Si bien qu'à l'aube du Tournoi des 6 Nations 2021, la majorité des observateurs aiguisés du ballon ovale ne voient pas les Gallois comme potentiel vainqueur. Plutôt logique. Pire encore, le XV du Poireau semble la nation britannique la plus faible, derrière une Écosse en constante progression, et bien évidemment l'Irlande et l'Angleterre. Et pourtant. Aujourd'hui, le Pays de Galles s'est adjugé la première place du 6 Nations, cinq points devant les Français qui comptent un match en moins. Leur prochaine rencontre face à l'Italie devrait être une formalité. Si bien que les coéquipiers du capitaine Alun Wyn Jones se présenteront à Paris pour le compte de la dernière journée du Tournoi en favori à la victoire finale. Une alchimie semble avoir été trouvée entre jeunes prometteurs (Rees-Zammit, Botham, Hardy, Sheedy) et joueurs expérimentés (Alun Wyn Jones, George North, Dan Biggar, Liam Wiliams). Cependant, sans enlever le mérite du succès, un sentiment mitigé plane sur cette équipe galloise. Comme si ces victoires ne tiennent qu'à un fil, et que d'un simple coup de dés, tout pourrait s'inverser et la machine s'enrayer. À tel point qu'à l'heure de l'écriture de ces lignes, on parlerait plus d'une éviction de Pivac que d'un hypothétique Grand Chelem. Le sport se joue parfois à rien. 

Deux victoires en supériorité numérique

Pour son entrée en lice, le Pays de Galles reçoit l'Irlande. Un gros morceau. Deux pénalités d'Halfpenny lancent parfaitement les diables rouges. Mieux encore, pour une charge à l'épaule, le flanker irlandais Peter O'Mahony est rapidement exclu (15ème). À 15 contre 14 pendant plus d'une heure, on ne voit pas le match échappé aux hommes de Wayne Pivac. Mais là encore comme tétanisés, les Gallois vont se liquéfier et subir les assauts irlandais. Par le pied de Sexton et un essai de Beirne, les Irlandais passent devant aux citrons (6-13). Et la deuxième mi-temps démarrera sur les mêmes bases. Incapables de mettre leur jeu en place, les Gallois subissent les vélléités offensives irlandaises. Seuls deux exploits de George North et Louis Rees-Zammit permettront aux gallois de l'emporter. Et encore, le scénario du match aurait pu être différent si dans les arrêts de jeu, Billy Burns n'avait pas eu la mauvaise idée de botter le ballon hors des limites du terrain, lors de l'ultime pénaltouche. Puis, rebelote en Écosse, une semaine plus tard. Le XV du Chardon sur la lancée de sa victoire en Angleterre ne laisse aucune chance aux joueurs de la Principauté. Deux essais, 17-3, la messe semble dite. Mais les Gallois vont avoir le mérite de s'accrocher. Nouveau coup du sort. Le pilier écossais Zander Fagerson écope d'un carton rouge à la 54ème minute. Le scénario comme écrit se répète et le Pays de Galles à un de plus, s'en remet une nouvelle fois à son joyau Louis Rees-Zammit, pour arracher un succès capital. Mais là encore, une dernière cuillère salvatrice sur Duhan Van der Merwe viendra miraculeusement sauver les Diables Rouges. 

Deux victoires chanceuses ? Peut-être, mais le Pays de Galles a au moins eu le mérite de provoquer sa chance. Alors en recevant une Angleterre malade, ces derniers peuvent en cas de succès plus que jamais se poser comme un candidat légitime à la victoire finale. Un XV de la Rose d'une faiblesse abyssale face à l'Écosse et dont le succès face à l'Italie n'a rassuré personne outre-Manche. Des maux anglais qui se confirment de nouveau sur la pelouse de Cardiff. Longtemps accrochés, les Gallois profiteront de l'indiscipline et maladresse visiteuse pour faire la différence dans le dernier quart d'heure et arracher en prime le bonus offensif (40-24) et une première place au classement.

Des victoires qui posent cependant question. Ces succès justement, sont-ils en trompe l'oeil ? Deux victoires acquises dans la douleur à 15 contre 14, et une autre face à sûrement l'une des pires Angleterre de ces dix dernières années. Alors non, loin de nous l'idée de minimiser la performance galloise. Mais à deux journées de la fin du Tournoi (3 pour la France et l'Écosse), on est en droit de se le demander. Quid d'une rencontre face à une Irlande à 15, qui a flanché physiquement à l'heure de jeu ? Idem contre une Écosse qui semblait maitriser son sujet. Toujours est-il qu'en cas de succès bonifié à Rome, le Pays de Galles comptera 19 points au classement, soit 10 de plus que son adversaire direct, la France avant son affrontement à Twickenham. Si les Bleus veulent enfin de nouveau remporter un Tournoi des 6 Nations, ils devront s'appliquer à réaliser un parcours parfait. Car les gallois eux, semblent avoir une bonne étoile au-dessus de leurs têtes, comme si rien ne pouvait leur arriver. En attendant, le choc à Paris aura une saveur particulière et vaudra son pesant d'or. Comme une finale avant l'heure. Ce serait une erreur d'oublier également le XV du Chardon qui pourrait venir jouer les trouble-fêtes. On a hâte d'y être. 

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  • gjc
    13597 points
  • il y a 3 ans

Pour moi il n'y a pas de trompe l'oeil.

Les Gallois menaient quand les Irlandais ont pris leur carton rouge, et n'étaient menés que de 2 points quand les Ecossais ont pris le leur. Premier match poussif comme d'hab, montée en puissance face à l'Ecosse et grande maîtrise face à l'Angleterre. Le plus remarquable est le niveau élevé de leurs novices Sheedy, Hardy, LRZ, Halaholo, Botham. Ils ont aussi une 3e ligne de feu et un excellent triangle arrière, mais là on est moins surpris.

Indéniablement ils ont eu de la chance sur les 3 matches et ils restent prenables, mais je pense que ce sera notre adversaire le plus relevé.

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