SUPER RUGBY. Mais qu'arrive-t-il aux Waratahs, ce monument du rugby australien en perdition ?
Les Waratahs ont été champions en 2014 face aux Crusaders.
Derniers du Super Rugby australien, les Waratahs sont en réelle perdition. Grand nom de la balle ovale au sein du pays, quelles sont les raisons d'un tel déclin ?

Attention monument en péril. Et pas question de faire dans le sensationnel en annonçant cela. Mais que se passe-t-il chez les Waratahs ? À vrai dire, c'est une question que le microcosme du rugby de l'Hémisphère sud se pose depuis maintenant quelque temps. Que vous soyez un aficionado du Super Rugby ou non, le nom de la franchise australienne basée à Sydney ne vous est pas inconnu, et ce, à juste titre. Véritable grand nom du rugby à XV australien, les ''Tahs'' connaissent une véritable traversée du désert, derniers du championnat regroupant les cinq franchises australiennes. Agglutinés dans les abysses du classement, les coéquipiers du capitaine Jake Gordon ne comptent que trois petits points après sept journées, conclues par autant de défaites et un goal-average édifiant de -143 points. Loin, très loin même de leur lustre d'antan. Pourtant, dans un passé pas si lointain que ça, l'équipe de la Nouvelle-Galles du Sud parvenait encore à truster les premiers rôles du championnat, comme ce Super 15 décroché en 2014, à l'issue d'une finale enlevée au scénario hitchcockien face aux Crusaders (33-32). D'un coup de pied de Foley dans les dernières secondes qui flirtait avec la barre transversale, les Waratahs s'offraient le scalp des partenaires de Richie McCaw et Dan Carter. Un autre temps. Sept ans plus tard, cette période semble révolue. 

Crédit vidéo : Rugby.com.au

Il faut dire qu'à cette époque, la franchise qui a pour symbole un grand arbuste typique du Sud-Est du pays, comptait dans ses rangs une pléiade d'internationaux Wallabies et un effectif pléthorique. Pêle-mêle, on retrouvait l'illustre capitaine Michael Hooper, le pilier Sekope Kepu, Bernard Foley à l'ouverture, une paire de centre composée de Kurtley Beale et Adam Ashley-Cooper ainsi qu'Israel Folau à l'arrière. Le tout dirigé par Michael Cheika. Quand on vous dit que c'était quelque chose. Mais c'est au cours des années 2000, que les Waratahs ont construit leur solide réputation. Sous la houlette d'Ewen Mckenzie, entraîneur également passé par la France et le Stade Français, ils vont accéder à deux reprises aux finales de Super Rugby 2005 et 2008, sans jamais réussir à décrocher la Graal, battus à chaque fois par les Crusaders, leur bête noire sur qui ils prendront donc leur revanche quelques années plus tard. Au coeur des années 2000, les Tahs pouvaient s'appuyer là aussi sur un important contingent de joueur évoluant pour la sélection nationale, comme l'emblématique Phil Waugh, qui a effectué l'ensemble de sa carrière à Sydney, Matt Rogers, David Lyons ou le surpuissant ailier Lote Tuqiri. 

Inutile de remuer le couteau dans la plaie donc et vous l'aurez bien compris, les Waratahs ne ressemblent plus à tout ça à l'heure de l'écriture de ces lignes. L'édition 2021 de ce Super Rugby australien s'apparente à un véritable chemin de croix pour la franchise de Sydney. Le meilleur exemple reste cette double confrontation face au Reds, rival historique du Queensland. Balayés lors de la première journée par les partenaires de James O'Connor (41-7), les Tahs ont de nouveau courbé l'échine et reçu une défaite cinglante sur leurs terres lors du match retour (14-46). Et que dire de cette rouste encaissée lors de la seconde journée face aux Brumbies (61-10), ou cette défaite à domicile face à la Western Force (16-20), en panne de victoire depuis un très long moment. Alors certes, les deux dernières rencontres perdues de peu face à ces deux mêmes adversaires, dont la dernière cruelle dans les derniers instants (22-24 face aux Brumbies et 31-30 face à la Force), laissent augurer un brin d'espoir quant à la suite de la saison et le Super Rugby Trans-Tasman qui se dessine. Mais cela reste trop peu, par rapport au standing et la renomée de cette équipe. Alors qu'arrive-t-il aux Waratahs et quelles sont les raisons d'un tel déclin ? 

Exil des joueurs phares, un projet à reconstruire 

La première cause n'est pas difficile à trouver. Elle résulte dans l'exil de ses joueurs cadres et l'incapacité du club à garder ses meilleurs éléments. Par exemple, prenons la génération championne en 2014. Adam Ashley-Cooper a fait ses bagages un an après pour rejoindre la Gironde et l'Union Bordeaux-Bègles, avant de faire un nouveau bref passage sur Sydney en 2019. Idem pour Beale. Le joueur qui fait actuellement les beaux jours du Racing 92 s'est installé à l'aube de la saison 2016-2017 en Angleterre en s'engageant avec les Wasps. À l'instar d'Ashley-Cooper, le polyvalent trois-quarts reviendra chez les Waratahs entre 2018 et 2020 afin d'être éligible avec l'équipe nationale en vue du mondial japonais, mais repartira donc sur le Vieux Continent. Nul doute qu'il aurait apporté énormément à une équipe en manque de leaders. Bernard Foley s'est de son côté lancé dans une aventure au Japon tandis que Michael Hooper s'est offert une année ''sabbatique'' en rejoignant le pays du soleil levant et les Toyota Verblitz. De retour la saison prochaine, le capitaine des Wallabies manque en attendant cruellement aux siens. Enfin, comment ne pas évoquer Israel Folau ? Meilleur marqueur de l'histoire du Super Rugby, l'arrière international australien a été au coeur d'une immense polémique en 2019, après avoir publié un post sur les réseaux sociaux à caractère homophobe entre autres. Licencié alors par la fédération australienne, ''Izzy'' avait fini par rejoindre les Dragons Catalans, qu'il a récemment quitté. 

Outre ces départs, c'est donc comme vous l'aurez bien compris, l'absence de cadres qui fait défaut aux Waratahs. Jake Gordon, le demi de mêlée remplaçant de la sélection australienne, a été nommé capitaine au milieu d'un effectif très jeune. Les joueurs prometteurs (Swinton, Nawaqanitawase, Harrison) ne sont pas encadrés ou encore un peu tendres, ce qui ne rend pas l'équipe assez compétitive. Pour ne rien arranger, le club a connu pas mal de mouvements en interne. Il y a près d'un mois, la direction du club se séparait de son entraîneur principal Rob Penney, remplacé par ses adjoints Chris Whitaker et Jason Gilmore : ''Rob est extrêmement professionnel et a mis beaucoup d'efforts dans ce rôle'', déclarait Paul Doorm PDG du club. ''Cependant, les performances sur le terrain cette saison n'ont pas répondu aux attentes et nous pensons que, dans le meilleur intérêt des Waratahs, le moment est venu de faire un changement''. L'objectif désormais pour le club sera sûrement de recruter des joueurs cadres capables d'aider cette jeunesse à progresser, franchir un palier et enfin s'épanouir. Mais le but aussi, sera de garder ses meilleurs éléments. Car l'an prochain, le troisième-ligne Jack Dempsey quittera la Nouvelle-Galles du Sud et rejoindra Glasgow. Là encore un coup dur pour une équipe qui perd l'un de ses seuls joueurs d'expérience. Et ce n'est pas comme évoqué précédemment les deux dernières rencontres perdues sur le fil qui vont changer quoique ce soit. Le groupe a besoin d'un profond changement et si les Waratahs semblent dans une impasse, c'est aujourd'hui tout un projet qui est à rebâtir. 

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