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RUGBY. 15 de France. Comme une odeur de défaite encourageante après l'Irlande, et on n'aime pas ça !
La mine des mauvais jours pour les joueurs de l'équipe de France après la défaite contre l'Irlande dans le 6 Nations.
L'équipe de France de rugby a concédé sa première défaite après 14 succès de rang. La fin d'une série pour les Bleus qui avaient perdu l'habitude perdre.

Têtes de classe

J’hallucine : la France et l’Irlande vont se battre pour la 1ère place mondiale. Mais dans quel monde vit-on ? Où sont les terrifiants All Blacks ? Les destructeurs sud-africains ? Les dynamiteurs australiens ? Les moches anglais ? Aux fraises ! Les Irlandais prennent une revanche sur l’histoire et décident enfin de s’exporter et de conquérir le monde. Ils en ont marre de bouffer des patates et prétendent au caviar. À grand renfort de Gafa qui investissent sur leur sol, les Irishmen sont devenus une machine à gagner impressionnante, qui roule sur leurs adversaires tant sur le plan international que coupe-d’europ-al.

Mais que s’est-il donc passé ? J’ai passé mon enfance à rigoler en regardant les Irlandais avec leurs grandes oreilles qui essayaient de courir derrière Sadourny ou Rougerie. Et puis, il est arrivé… Lui. BOD. Brian O’Driscoll ! Un modèle de 13 à la fois débile et génial, capable d’offrir une chistéra magnifique, comme de se relever et dégager le médecin en pleine séance de bandage pour coller un timbre à un adversaire qui passait à proximité. Brian O’driscoll a inversé la courbe de la loose en Irlande.

Remarquons à quel point c’est étrange comme le capital sympathie pour un joueur étranger peut évoluer. Lorsque BOD est arrivé à 19 ans avec des cheveux peroxydés et nous a planté 3 essais au stade de France, je l’ai objectivement trouvé tout à fait détestable. Il m’a fallu attendre 12 ans pour reconnaître quand même que le type est pas mal. D’autres joueurs nous font l’effet inverse : je n’avais rien contre McCaw quand il est arrivé dans le jeu international. En revanche, j’avais terriblement envie de lui coller des grosses mornifles dans la tronche quand il traînait encore dans les regroupements à 35 piges. Je remarque en revanche que Sexton et Farrell sont en passe de réussir l’exploit d’être détestés de la première à la dernière minute de leur carrière internationale. Chapeau.

Data et Gafa

Aujourd’hui, si vous cherchez un boulot, vous avez juste à traverser la rue et vous en trouvez un… Si vous êtes data-analyst. C’est le nouveau poste à la mode qui pousse de partout, un peu comme un Community manager ou un ingénieur Lean. Formation nécessaire : aucune, si ce n’est de savoir compter aussi loin qu’un pilier droit et faire des slides de présentation avec des couleurs et une animation quand on clique sur la souris.

On sait que Galthié aime particulièrement les chiffres : le matin, il scanne ses Chocapic pour voir le nombre de calories qu’elles contiennent : « 190 calories ? Ah tiens, j’aurais dit plus. C’est ça qui est beau ». Les data-analystes du squad dissèquent donc toutes les rencontres internationales pour donner des éléments quantifiables au sélectionneur des Bleus. Maintenant, le staff est capable de savoir si les joueurs courent assez, accélèrent suffisamment, ronflent trop la nuit dans leur sommeil et/ou s’ils ont repris deux fois du rab de mousse au chocolat à midi. Certains s’offusquent : « Moi les chiffre je m’en branle. Moi, je veux sentir les mecs, les renifler, je veux sentir l’odeur des merguez ».VIDÉO. 15 de France. ''Longtemps que l’on avait pas senti le goût de la défaite'' Galthié lucide après l’IrlandeVIDÉO. 15 de France. ''Longtemps que l’on avait pas senti le goût de la défaite'' Galthié lucide après l’IrlandeGalthié lui est data-dopé et veut tout connaitre de ses joueurs. Malheureusement, notre gourou avait oublié quelque chose : les Gafa sévissent en Irlande et toutes les données des Français ont été pompées par Google et délivrées sur un plateau à Andy Farrell, le sélectionneur irlandais. Le voilà donc au courant de toutes les datas des joueurs français et prêt à tendre un délicieux piège à nos petits Bleus. Oui, en ce samedi 11 février, les Français sont tombés sur plus forts qu’eux. Sur plus endurants, surtout ! Ce combat de boxe/décathlon a laissé les Tricolores groggy, incapables sur la durée de tenir face à ces marées vertes incessantes. Pourtant, la défense fut plutôt bonne et les placages multipliés ! Les Français ont même trouvé quelques parades pour contrer les attaques irlandaises.

Technique numéro 1 : Avoir une grosse cuisse

Cyril Baille a un avantage sur la concurrence avec son tour de cuisse qui empêche tout défenseur de trouver une surface verte libre dans l’en-but quand il tire l’attaquant à lui.

(crédit image : France 2)
Technique numéro 2 : Déboîter le porteur du ballon

Atonio en a eu marre de faire du déplacement inutile et a préféré stopper l’action d’un coup d’épaule destructeur. Un peu comme un vigile fatigué de demander à un excité de reculer sur la file d’attente. Au bout d’un moment, boum ! Atonio déchausse la mâchoire d’Herring qui sort du terrain pour essayer de la retrouver dans les gradins. Atonio prend un carton jaune, mais personne n’avait prévu qu’un si gros derrière s’assoit sur la si petite chaise du puni.

(crédit image : France 2)
Technique numéro 3 : Être champion olympique de lutte gréco-romaine

(crédit image : France 2)
Technique numéro 4 : Pousser un joueur en touche


(On me dit dans l’oreillette que la technique numéro 4 n’est pas valable.) (crédit image : France 2)

Malgré ces instants-défenses héroïques, les Irlandais ont réussi à franchir 4 fois la ligne d’en-but française. C’est bien simple, à chaque fois que les verts étaient dans nos 22, nous avions une peur bleue. Car malgré la débauche d’énergie des Tricolores et les 79 placages de Jelonch (moi, je n’ai pas accès aux data, ce n’est que du ressenti), le XV irlandais a semblé inarrêtable.

Et pourtant, du jeu !

La stratégie française était pourtant limpide en première mi-temps. Jouer n’importe comment et de n’importe où ! Ce rugby bazar réussit toujours à notre être le plus bizarre qui soit : un échalas de 1m92 qui court comme un chewing-gum à la vitesse d’un cheval au galop. Notre Forrest Gump à nous. Et la vie, c’est comme une boite de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Alors sur une action foutoir, Damian Penaud va nous montrer pourquoi la France entière est dégoûtée qu’il parte à l’UBB : Ramos dans ses 22m claque au sol la mauvaise passe de Ntamack et trouve Penaud. Là, l’animal hennit deux fois, frappe du sabot au sol et démarre en trombe. Cataclop cataclop cataclop, Penaud contourne la défense et retrouve Jelonch qui a une foulée beaucoup plus rectiligne et court à l’amble comme un dromadaire avec une bosse dans le dos. Jelonch surpuissant fait le ménage autour de lui : Sexton, tu dégages, t’es moche, machin truc, je te marche dessus. Notre Jelonch offre la passe : une arrière improbable qui retombe dans la course de Penaud qui cette fois-ci a senti l’écurie. L’étalon ré-accélère et dépose les derniers fuyards pour marquer un essai d’anthologie. Ajoutez à cela quelques pénalités de Ramos récompensant la possession tricolore dans le camp irlandais, et nous avons un XV de France qui leurre un peu tout le monde à la mi-temps en faisant croire que tout est possible, Jean-Pierre.

Data-strophe

Hélas, côté data-analystes, c'est plutôt la panique à la mi-temps.

38ème minute : Marie-thérèse voit Willemse qui bascule dans le rouge. (crédit image : Les Inconnus)

41ème minute : les capteurs bipent de partout. (crédit image : Les Inconnus)

"Heu chef je crois qu’on a un problème."

"Qu’est ce qu’il se passe ?"

"Alldritt est dans le rouge dans 5 minutes, Ollivon dans 8, Atonio est encastré dans sa chaise, Marchand marche, Baille baille, et Willemse n’est pas même pas encore arrivé au vestiaire, il a fait une pause au milieu du couloir. Ramos a plus couru en une mi-temps que lors du match entier contre l’Italie. Ntamack croit qu’il s’appelle Emile et Dupont a commencé à transpirer."

Remplacement général, Gathié fait rentrer tout son banc, même l’intendant et le cuisinier. Seul Antoine Dupont n’est pas remplacé. Tout simplement parce qu’on ne connait pas ses limites et sa zone rouge, personne n’ayant pu la mesurer jusqu’ici. De toute façon, il n’a pas l’air fatigué. Encore que : après 47 plaquages, 78 courses, 32 défenseurs battus et 4500 km de jeu au pied, il a quand même fait une mauvaise passe à Jelonch qui trainait dans l’en-but. Cet homme est donc humain, je suis très déçu. Devant ma télé, je suis en PLS et demande aussi à me faire remplacer à la mi-temps, ce match est bien trop éprouvant. J’envisage d’ailleurs d’éviter la coupe du monde pour des raisons de santé évidentes.

Le goût de la défaite

En deuxième mi-temps, les Bleus ont un sacré temps fort et nous laissent croire à un retournement de situation. Mais l’arbitre ne pénalise pas Keenan sur Dumortier le premier coup mais pénalise Dumortier sur Keenan le deuxième coup. C’est con, n’importe quel supporter français aurait fait le contraire ! Au fil des minutes, les Irlandais reprennent le contrôle du match malgré Macalou et Tao qui font une excellente entrée en bloquant tous les défenseurs irlandais. Ceux-ci comprennent donc que la seule technique restant pour marquer est de chercher la zone de Jalibert. Ringrose envoie Jalibert sur les roses et finit derrière la ligne pour l’essai du bonus.

Un sentiment étrange apparaît alors au supporter français. Comme une madeleine de Proust qui lui fait repenser à Guirado, Picamoles, Huget, Fofana, Bastareaud. Les airs tristes. Les défaites encourageantes… L’odeur de la défaite. Mais c’est nul la défaite ! Nul nul nul ! Ah non j’aime pas du tout en fait. Après, on est triste toute la journée et le goût de la 6ème pinte n’est plus le même. Voir Sexton se lever de son déambulateur pour fêter cette victoire n’est pas du tout un sentiment agréable.

À la fin du match, Galthié consulte une dernière fois les chiffres : Dupont a besoin de 378 heures de récupération, et a gagné +5 en aérobie. Willemse a perdu 18 kilos. Les Français sont rincés. Pendant ce temps, les Irlandais font une petite récupération d’après-match en faisant un petit cross-fit et des 30-30.

Fin de tournoi

Bon. Maintenant, on va arrêter de nous rabâcher les oreilles avec le fait d’être favoris pour la Coupe du monde. On veut seulement aller dégommer les Anglais chez eux, c’est tout. Et surtout, on va pouvoir laisser tomber les datas et autres conneries, et faire des barbecues.

Merci à Brieg Ker’Driscoll pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Et en plus le staff ne connait pas encore chat GPT !!

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