France 7 - Marvin O'Connor : ''Rentrer dans l'histoire du 7 français !''
Sous contrat depuis la saison dernière seulement, Marvin O'Connor fait déjà partie des cadres de France 7.
L'ancien quinziste Marvin O'Connor s'est confié au Rugbynistère pour effectuer un bilan collectif et personnel avant la tournée américaine.

Comment s'est passé le stage à la Rochelle, Marvin ?

Très bien, on a l'habitude de ce genre de stage désormais. La Fédération a un accord avec les clubs de Top 14 cette saison pour que nous puissions aller nous entraîner là-bas avant les tournois. En ce qui concerne le programme, ça a bien piqué, comme chaque semaine de pré-tournée. Il fallait que l'on se remette dedans physiquement et que l'on retouche du ballon. Nous partons samedi pour Los Angeles, et ensuite la semaine prochaine va être plus légère avant d'attaquer la première étape de cette tournée. 

Pour revenir sur la dernière étape, Sydney, c'était un tournoi particulier pour toi en tant que franco-australien ?

Sydney 7s - La France toujours dans le Top 3 mondial malgré une baisse de régimeSydney 7s - La France toujours dans le Top 3 mondial malgré une baisse de régimeEffectivement, c'est toujours particulier. L'année dernière, ça m'avait beaucoup touché de retourner là-bas, je n'y avais pas été depuis environ deux ans. J'ai une grosse famille du côté de Brisbane et ils étaient tous descendus à Sydney pour me voir. Et jouer devant eux, c'était absolument génial ! Ce sont des souvenirs qui restent gravés à vie.

Sur le plan sportif, quel a été le bilan après cette tournée océanienne par rapport aux objectifs fixés ?

Rien de nouveau, Jérôme (Daret) reste dans sa ligne de conduite. Notre système de jeu est bien huilé, chacun sait ce qu'il doit faire sur le terrain et on joue les uns pour les autres, c'est notre leitmotiv. Nous avons fait un très bon tournoi à Hamilton, malheureusement, il nous manque encore ce petit quelque chose pour aller gagner un tournoi. On a perdu assez nettement face aux Néo-Zélandais en finale (27 à 5) et on a vu que c'était une équipe qui avait l'habitude de jouer des finales, elle a su maîtriser l'événement. Malgré tout, de notre côté, on engrange de l'expérience et je suis sûr que l'on peut parvenir à remporter enfin un tournoi. Même si ça reste du 7, tout va très vite, une équipe peut se retrouver en finale et ne pas passer les quarts la semaine d'après. C'est ce qui nous est arrivé à Sydney. Je ne sais pas si on peut dire qu'on s'est relâchés, mais dans tous les cas, les conditions étaient extrêmes. Il faisait très chaud (entre 40 et 50 degrés) et nous nous sommes retrouvés dans une poule compliquée (Afrique du Sud et Argentine). C'était d'autant plus complexe que seul le premier sortait de poule. On a eu beau faire un gros match contre les Sud-Africains, ça n'a pas suffi (défaite 24-12). 

Un bon résultat suivi d'un mauvais juste derrière, ou inversement, c'est un mal français depuis plusieurs saisons, qu'est-ce qu'il manque à France 7 pour obtenir plus de régularité?

C'est justement ça, il faut que l'on arrive à être constant, régulier. On sait que le 7 demande un haut niveau d'exigence, que les efforts sont intenses, on ne peut pas se permettre un relâchement. À Hamilton, on avait beaucoup donné et on a laissé quelques plumes, ça s'est ressenti la semaine suivante. Mais les grosses équipes, elles, arrivent à garder ce niveau d'exigence élevé peu importe ce qui arrive. C'est à nous de grandir sur ça. Car on sait que sur un match, on est capables de battre tout le monde. Maintenant, c'est à nous de régler les petits détails, des ballons perdus sur des rucks, comme face à l'Afrique du Sud à Sydney, qui nous font mal derrière. Les Sud-Africains étaient peut-être à la limite de la règle, mais dans tous les cas, ils étaient plus réactifs que nous. On doit progresser dans ce secteur. Néanmoins, il ne faut pas oublier que ça fait seulement un an qu'on réalise de tels résultats. Notre expérience est donc fragile, même si elle grandit de jour en jour. 

« Tout faire pour s'accrocher à cette troisième place ! »

En parlant d'expérience, aucun d'entre vous n'en aura sur le tournoi de Los Angeles qui a été réintroduit cette année, comment on se prépare à une étape inconnue ?

Je ne sais pas s'il y a vraiment une adaptation différente à avoir. On a surtout hâte de repartir ! J'aime beaucoup ce format de tournois, entre-temps ça permet de tout remettre à plat et de repartir sur autre chose. De notre côté, peu importe la destination, on veut faire du mieux possible !

La saison dernière, vous étiez pourtant les stars de Las Vegas, ça ne va pas vous manquer ?

WTF - France 7 enflamme la scène de Las Vegas ! [VIDÉO]WTF - France 7 enflamme la scène de Las Vegas ! [VIDÉO]Personnellement, ça ne va pas me manquer, car j'avais été catastrophique ! (rires) Je ne sais pas comment ça sera à Los Angeles, mais j'espère que l'engouement sera autant au rendez-vous. Et puis ensuite, nous irons à Vancouver. Pour le coup, on connaît. C'est un tournoi particulier également, car on joue en intérieur. Et heureusement, car au Canada à cette époque-là, il fait plutôt froid ! L'année dernière, on s'était entraînés sous la neige !

Dans votre poule à Los Angeles, vous allez retrouver les Fidji, l'Argentine, mais aussi la Corée du Sud ! Comment analyses-tu ces équipes-là ?

On a déjà eu l'Argentine et les Fidji dans la poule à Dubaï et on avait réussi à terminer premiers ! Maintenant, on sait que les Fidjiens, s'ils arrivent à être connectés et jouer ensemble, ce sont les meilleurs. Contre eux, il faudra surtout avoir le ballon, car c'est très compliqué de défendre face à cette équipe. Si l'on veut gagner, il faudra faire la même chose qu'à Cape Town. On avait eu nos ballons sur les coups d'envoi, on avait marqué vite et on a réussi à mettre à mal. 

Sevens : Veredamu offre la médaille de bronze à France 7 face aux Fidji ! [Vidéo]Sevens : Veredamu offre la médaille de bronze à France 7 face aux Fidji ! [Vidéo]Les Argentins, on les connaît très bien puisqu'on les a joués trois fois sur quatre tournois depuis le début de la saison. On a gagné deux fois, mais on a perdu le dernier match à Sydney (17 à 5). Ce sont souvent des rencontres assez tendues, il va falloir bien défendre, car ils ont des petits gabarits qui sont très forts sur les appuis et mettent souvent dans la difficulté leurs adversaires. Si on défend bien tous ensemble, on aura des ballons de récupération et contre eux, on a souvent réussi à les concrétiser. À Dubaï, par exemple, on leur marque deux essais sur contre-attaque. Il faudra dans les tous cas faire très attention à cette équipe, même si elle ne performe pas bien depuis le début de la saison. Et puis, concernant la Corée du Sud, c'est l'équipe qui a gagné le TQO sur le continent asiatique, face à Hong Kong. De notre côté, on avait joué Hong Kong à Singapour et on avait gagné difficilement 26 à 7. Ce sera donc une équipe à prendre au sérieux, ça reste du 7, et on ne peut se permettre de manquer d'humilité.

Des équipes invitées qui se révèlent, vous en aviez fait les frais à Las Vegas l'an passé...

Le contexte était différent, car nous étions déjà éliminés. On avait joué le Chili en match de classement et la frustration avait pris le dessus. Surtout après avoir perdu de peu contre l'Argentine et les États-Unis (qui termineront champions par la suite). On n'avait pas respecté le jeu sur ce match-là et on avait pris un coup de bâton dans la tête (défaite 17-12).

Vos objectifs sur la tournée américaine ont-ils changé ou la victoire sur un tournoi est-elle toujours en ligne de mire ?

Remporter un tournoi est toujours un objectif. Ce n'est arrivé qu'une fois à la France (à Paris en 2005). Si on arrivait à réaliser cet exploit, on pourrait rentrer dans l'histoire du sept français ! De mon côté, j'ai participé à trois finales et ça devient frustrant de ne pas aller au bout. Mais on sait qu'on n'en est pas loin. En attendant, le meilleur classement de l'histoire pour France 7, c'est septième, et pour l'instant, on est dans les clous pour battre ce record. Même si on sait que ça sera difficile, car derrière nous, il y a six grosses équipes qui ont l'habitude d'être plutôt devant nous sur les dernières années. Mais on va tout faire pour s'accrocher à cette troisième place !

Rugby à 7 - Report officiel du Hong Kong 7s et du Singapour 7s à cause du coronavirusRugby à 7 - Report officiel du Hong Kong 7s et du Singapour 7s à cause du coronavirus

Pour ce qui sera de l'après-tournée, Hong Kong et Singapour ont été reportés, est-ce que cela va chambouler votre préparation ?

Pour l'instant, on est focalisés sur Los Angeles et Vancouver. Mais dans tous les cas, oui, le programme va changer. Aujourd'hui, je ne sais pas ce qui est prévu, mais je pense qu'on aura un ou deux tournois de préparation avec Londres et Paris. Néanmoins, nous ne sommes pas plus inquiétés par rapport à ça. Je sais qu'à Colomiers, nous avions beaucoup joué et peu tourné avant le TQO, du coup on était arrivés un peu cramés. C'est donc peut-être un mal pour un bien d'avoir ces deux tournois en moins. Même si je suis très déçu de ne pas retourner à Hong Kong. Cette finale face aux Fidji dans ce stade, c'est l'un des plus beaux souvenirs de ma carrière. On ne peut rêver meilleur match, même si la victoire n'a pas été au bout. 

Que penses-tu de la décision de World Rugby d'avoir reporté ces tournois ?

On ne sait pas encore ce qu'il va en être, ils vont peut-être les annuler finalement. Dans tous les cas, s'ils les maintiennent, ça risque de fausser la saison. Les JO seront passés, il y aura des nouveaux effectifs, les équipes n'auront rien à voir. 

« Peu de gens se rendent compte à quel point le 7 est compliqué... »

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Concernant ton cas personnel avant France 7, même si tu es là depuis seulement deux saisons, as-tu aujourd'hui un rôle de « papa » au sein du groupe pour gérer les plus jeunes ou es-tu en phase découverte encore ?

On est toujours en phase de découverte avec France 7, car sur le terrain, il y a énormément de situations à gérer. Et c'est compliqué quand la fatigue apparaît. Mais malgré tout, je vais en être à mon quinzième tournoi, donc je commence un peu à mieux connaître ce sport formidable. Et je continue d'en apprendre tous les jours, que ça soit sur les lignes de courses ou sur la défense. Peu de gens se rendent compte à quel point le 7 est compliqué... Il m'a fallu au moins six mois l'an dernier pour réussir à faire de bons matchs à haute intensité. Car ça arrive à tout le monde de pouvoir être en feu sur une rencontre, mais enchaîner les performances, c'est beaucoup plus complexe. Dans les tous cas, il faut pratiquer pour être un bon joueur à 7. Et je me sers beaucoup de l'expérience des mecs qui ont aujourd'hui plus de 50 tournois comme Bouhraoua ou Dall'Igna. On est souvent ensemble d'ailleurs avec Terry, Mano, JP (Barraque) et Pierre-Gilles (Lakafia), ce sont des joueurs que j'ai connus lors de mes premiers pas à 7 en 2015 et on représente un peu les « anciens » au sein du groupe. Même si je n'aime pas trop ce terme, car je ne suis pas le genre à aller donner des conseils. J'aime juste être garant de l'état d'esprit du groupe, que ça soit en dehors ou sur le terrain, car j'aime ne rien lâcher. Et c'est plutôt pratique pour mon poste, car je suis souvent dans le trafic.

Aujourd'hui, tu joues uniquement talonneur à 7, mais est-ce qu'un autre poste t'intéressait ? Dans la mesure de tes capacités bien sûr...

On se rend pas trop compte, mais il y a des postes très spécifiques à 7. Le talonneur est souvent plus petit et plus tonique, et joue avec deux piliers plutôt grand et aérien. Jouer derrière, c'est compliqué, car il faut une très bonne gestuelle. Ayant une formation d'ailier, je n'ai pas la passe d'un ouvreur...(rires). Demi de mêlée, c'est aussi un poste particulier, sûrement le plus spécifique de tous. Il faut avoir une grande expérience sinon, c'est très compliqué, pour ne pas dire impossible, de s'en sortir. Je pourrai éventuellement jouer 6 ou 7, mais au Sevens, ce genre de profil, ce sont des gars qui bombardent niveau vitesse. J'avais beau être plutôt un joueur rapide à XV, j'ai vite vu qu'à 7, ça n'avait rien à voir. Les joueurs en bout de ligne courent souvent le 100 mètres entre 10,2 et 10,4 secondes. Je suis vraiment très loin de ça. Surtout que l'on a des mecs qui tapent proche de ces records comme Tavite (Veredamu) ou Sefo (Siega). Sefo possède un record à 10,5 il me semble. 

Qu'est-ce qui te plaît aujourd'hui dans le rugby à 7 par rapport au XV?

C'est simple, à 7, on a une implication totale sur le terrain. En 14 minutes, on a l'impression d'être passé par toutes les actions d'un match de rugby à XV. Alors que quand on joue ailier à XV et que le match est tendu ou que la météo est mauvaise, on peut vite passer un match sans toucher de ballons. 

Ça te fait quoi aujourd'hui de porter le maillot bleu, quand on sait qu'à XV tu es passé proche d'une sélection ?

C'est toujours une énorme fierté. J'ai commencé chez les jeunes et continuer de porter ce maillot aujourd'hui, c'est une grande satisfaction. Je suis fier de représenter le pays partout à travers le monde. Même si j'aurais toujours cet énorme regret de ne pas l'avoir porté à XV. J'aurais dû faire ma première sélection au Pays de Galles en 2016, car Teddy Thomas s'était blessé. Non retenu pour les deux premières rencontres (Italie et Irlande), j'étais redescendu faire un match avec Montpellier et là, je me suis tordu le genou à quelques minutes de la fin du match contre Pau. Mais bon, maintenant je suis passé à autre chose...

Le XV j'imagine que tu suis ça quand même de près. Parmi les clubs où tu es passé, lequel supportes-tu aujourd'hui ?

Franchement...(il hésite). Je suis resté proche de plein de joueurs dans les différents clubs où je suis passé. Mais aujourd'hui, je vais dire Bayonne et le Stade Français, car ce sont eux qui ont le plus besoin de soutien. J'espère vraiment qu'ils vont se maintenir. Montpellier, je me fais moins de soucis pour eux. Et puis, je serai neutre pour Bayonne-Stade Français

Concernant le Stade Français, Jean-Bouin, ce n'est pas loin de Marcoussis, y retournes-tu de temps en temps voir des amis ou alors évites-tu un peu cet endroit après ce qu'il s'est passé ?

Je n'aime pas vraiment retourner là-bas... Ça s'est mal fini, je n'ai pas eu de chance sur coup-là et ça a été dur à encaisser. En revanche, je reste très proche de mes potes là-bas, je les vois régulièrement. Les Paul Gabrillagues, Mathieu De Giovanni, Jonathan Danty. 

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Le futur de Marvin O'Connor, ça pourrait être un retour à XV après les Jeux olympiques ?

J'y pense forcément, car mon contrat se terminera après Tokyo. Même si mes deux dernières saisons en Top 14 n'ont pas été à la hauteur de mon début de carrière professionnel. À 7 en revanche, je sens que je suis revenu à mon meilleur niveau. Maintenant, on verra en temps voulu.

Un dernier mot pour la fin ?

J'espère que l'on va se qualifier pour les Jeux olympiques et que l'on va aller chercher une médaille. Et puis...force au Rugbynistère ! 

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