Innovants ou borderline ? Les Sud-Africains bousculent le rugby avec leurs nouvelles trouvailles
Entre intelligence tactique et interprétation limite des règles, l’Afrique du Sud joue avec les frontières du règlement. crédit photo : screenshot Super Rugby Pacific
Coup d’envoi volontairement litigieux, lift au milieu du terrain, mauls surgis de nulle part… Les Sud-Africains n’en finissent plus d’innover.

Les Springboks n’ont pas besoin de gadgets pour écraser l’Italie (45-0), et pourtant, ils continuent d’innover. Samedi dernier, les doubles champions du monde ont une nouvelle fois pris tout le monde à contre-pied, au sens propre comme au figuré. Et leurs choix font jaser.

Le premier est visible dès le coup d’envoi : Manie Libbok tape un ballon volontairement court, réceptionné par Esterhuizen dans les 10 mètres. Résultat recherché ? Une mêlée au centre du terrain. Les Springboks veulent marquer physiquement leurs adversaires dès les premières secondes du match.

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Un coup d’envoi "raté"… volontairement

L’idée est simple : provoquer une phase de jeu que les Boks maîtrisent mieux que personne. Une mêlée centrale, terrain de chasse favori d’un pack taillé pour l’écrasement. Et si l’adversaire obtient la balle, ce sera au prix d’un engagement frontal. Le problème ? La règle 9.7 de World Rugby interdit de transgresser volontairement le règlement pour en tirer un avantage. Pour Mathieu Raynal, ancien arbitre international et désormais à la tête de l’arbitrage en Top 14 et Pro D2, c’est une tentative très limite :

"Ils ont volontairement enfreint la règle pour obtenir une situation qui leur est favorable. Ce genre d’action devrait être sanctionné par une pénalité, pas récompensé par une mêlée."(via le Midi Olympique)

Le corps arbitral international devra désormais se positionner sur ce genre d’initiatives, car si l’intention est claire, l’interprétation reste floue.

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Un lift en pleine course pour créer un maul

Deuxième innovation sud-africaine, encore plus spectaculaire : un lift au cœur du jeu courant. Deux joueurs soulèvent leur coéquipier pour récupérer une chandelle. À la retombée, maul. Et forcément, une grosse avancée derrière. Une séquence inédite, mais totalement légale selon Raynal :

"Ce sont des phases vues en URC. Tant que l’adversaire vient au contact, ça reste dans les clous. Sinon, ça devient un coin volant et là, c’est pénalité."

Bref, une stratégie parfaitement maîtrisée, rendue possible par la réactivité (ou l’erreur) de l’adversaire. L’Italie, prise de court, n’a jamais su comment défendre.

Erasmus et Peyper, les cerveaux

Derrière ces trouvailles, un homme : Rassie Erasmus. Et dans son ombre, un autre profil tout aussi influent : Jaco Peyper, ancien arbitre international, désormais au cœur du staff. Une association explosive qui permet aux Boks d’explorer chaque recoin du règlement.

"Quand les Sud-Africains font quelque chose, ce n’est jamais par hasard. Tout a été analysé, testé, validé. Ils jouent avec les limites, mais toujours avec une connaissance parfaite des textes", confirme Raynal.

Robertson les défend, Quesada s’agace

Côté adversaires, l’opinion est partagée. Gonzalo Quesada, coach de l’Italie, n’a pas du tout apprécié l’approche, qu’il juge inutilement provocante. Mais Scott Robertson, sélectionneur des All Blacks, prend la défense de son homologue :

"Ce sont des lois, pas des règles figées. Tant que c’est dans l’esprit du jeu, ça fait partie de l’innovation. Et puis ça fait parler, c’est bien pour le rugby."

Pour le Néo-Zélandais, le rugby moderne doit continuer d’évoluer, et l’inventivité des Sud-Africains en est une preuve.

Rien de nouveau sous le soleil ?

En réalité, les Springboks ne sont pas les premiers à tenter ce genre de séquences. En 2017 déjà, l’Italie avait surpris l’Angleterre en refusant de former des rucks pour contourner la ligne de hors-jeu. Raynal, qui était juge de touche ce jour-là, s’en souvient :

"Ils nous avaient prévenus avant le match. Ça avait désarçonné les Anglais. Ce sont des coups tactiques, permis par les failles ou les zones grises du règlement."

Ce qui pose question, ce n’est pas la légalité stricte, mais l’intention. Ces stratégies forcent les instances à trancher : faut-il sanctionner l’exploitation volontaire d’un vide réglementaire ? Ou faut-il au contraire saluer la capacité d’adaptation d’une équipe qui joue avec intelligence (et puissance) ?

Ce qui est sûr, c’est que tant que les Boks domineront mêlées et mauls, ils continueront d’inventer pour y revenir. À l’arbitrage de suivre, et au rugby de s’adapter.

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Aux instances de trancher ? Vraiment ? Les instances laissent une équipe utiliser le dopage en parfaite connaissance de cause! Alors non les instances vont pas trancher ... les sud africains sont 4 fois champions du monde et sont une pointure du rugby mondial autant dire qu’ils font ce qu’ils veulent ! Et comme ils sont pas très malins ils s'en vantent même !

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