Alors que la famille Narjissi réclame que la FRR et Florian Grill soient poursuivis en justice, L'Équipe dévoile ce qu'il s'est passé sur la plage de Dias Beach le 7 août 2024. Jour où Medhi Narjissi, jeune joueur du Stade Toulousain présent en Afrique du Sud avec l'équipe de France U18, a disparu en mer.
En ayant accès aux interrogatoires des jeunes joueurs et des membres du staff, le quotidien sportif relate la journée du 7 août, débutée dans "une ambiance géniale", déclare un joueur.
Une sortie avec toute la délégation française
Ce jour-là, dédié à la récupération, était à la charge des préparateurs physiques. Mais c'est bien l'ensemble de la délégation française, les 28 joueurs et 12 membres du staff, qui a fait une excursion. Après la visite de différents sites, la délégation s'arrête pour un pique-nique.
Après le déjeuner, ils repartent en car et en début d'après-midi se garent sur un parking en aplomb de Dias Beach. Un aller-retour jusqu'au phare du cap de Bonne-Espérance, puis la quasi-entièreté du groupe descend sur la plage où Robin Ladauge, préparateur physique, a dit : "on va faire la récup ici."
Ce qui a surpris un bon nombre de joueurs puisqu'ils n'avaient pas d'affaire sur eux. Le prépa physique avait, le matin, prévenu, dans le groupe WhatsApp avec l'ensemble des joueurs, à travers le message suivant. :
Obligation de faire un bain froid aujourd'hui. Deux options s'offrent à vous. 1) Bain froid sur la plage du cap de Bonne-Espérance - attention petite descente d'une centaine de marches pour y descendre. Prévoir serviette et maillot de bain. 2) Bain froid en rentrant à l'hôtel vers 17h.
Visiblement peu de joueurs avaient pris connaissance de ce message. Une mise à l'eau un peu improvisée puisqu'un garçon raconte qu'en voyant une bouée en descendant sur la plage, Ladauge a déclaré la prendre "au cas où il arrive quelques chose."
RUGBY. Et si les Lions débarquaient dans le Sud Ouest ? Benazzi y croit dur comme fer
"Il est où Medhi ?"
Les enfants sont invités à aller dans l'eau. "Il n'y avait pas d'exercice particulier, c'était complètement ludique", rapporte l'un d'eux. Le prépa physique se contentait "de faire la police" quand certains allaient trop loin. Après 15 minutes, Ladauge déclare que la séance est terminée, mais certains réclament 5 minutes supplémentaires.
Medhi va à la rencontre d'un coéquipier et lui propose d'aller voir un joueur dans l'eau qui est immergé jusqu'aux pectoraux. Sauf que ce dernier mesure 2,02 mètre et Medhi 1,68 mètre. Le Toulousain y va visiblement seul. Après les 5 minutes, tout le monde sort et un garçon dit : "il est où Medhi." Le groupe le voit s'enfoncer dans l'eau et pense d'abord à une blague et qu'il va tenter de prendre une dernière vague puisque c'est son humour, mais ils ont vite vu "qu'il galérait à revenir."
VIDÉO. Antoine Dupont malmène les machines de muscu : son retour plus proche que jamais ?
Si les adultes "ne savaient pas quoi faire", Oscar, le coéquipier à qui il s'est adressé, saute dans l'eau pour tenter de le rejoindre. Il parvient à son niveau et tente de le ramener vers le rivage. Sauf que, même s'il y parvient dans un premier temps, les vagues se sont intensifiées et ils finissent par être immergés. Le joueur a eu l'impression d'être "resté sous l'eau une vingtaine de secondes" avant qu'il ne retrouve la surface. C'est à cet instant qu'il a perdu Medhi et en se retournant, il ne le voyait plus. Il parvient, tant bien que mal, à rejoindre le rivage.
Dans @lequipe du jour, le témoignage poignant d’Oscar Boutez, le jeune joueur du Stade Rochelais, 17 ans au moment des faits, qui a tenté de sauver Medhi Narjissi des flots de Dias Beach, en Afrique du Sud. pic.twitter.com/Ea89nWO3SV
— Gauthier Baudin (@GauthierBaudin) August 1, 2025
TOP 14. Du costaud devant, une ligne de 3/4 flamboyante : l'équipe type de Pau en 2025-2026
"Un non-respect des consignes" d'après le manager de France jeune
Le staff, de son côté, était choqué. Un analyste déclare être resté "figé", ne pas savoir comment réagir. Ladauge tentait d'envoyer la bouée qu'il avait récupérée à l'entrée de la plage, mais avec les vagues, elle revenait vers lui. Sur l'ensemble des interrogés, un seul encadrant ou joueur a déclaré avoir vu un panneau indiquant la dangerosité du site. Et un kiné, qui n'est pas descendu, affirme ne pas savoir que les enfants allaient se baigner.
Cédric Laborde, manager de l'ensemble des équipes de France jeunes, qui ne participait pas au voyage, déclare qu'il a "un témoignage direct d'un joueur évoquant un non-respect des consignes et des challenges entre joueurs d'aller affronter les vagues." Les joueurs n'avaient pas été prévenus de la dangerosité du site, si tant est que le staff l'avait aussi mesuré. Robin Ladauge et Stéphan Cambos, respectivement préparateur physique et manager de l'équipe de France U18, en 2024, sont tous deux mis en examen et s'accusent mutuellement.
LAmiDeTous
Il semble avoir beaucoup de non dits dans la relation de cette affaire. Cet article laisse à penser que le choix de la plage était décidé avant la journée. Des repères étaient pris, l'encadrement savait où le groupe allait. Y avait-il eu des discussions à ce sujet? Et pourquoi cette plage et pas une autre? Comment le choix s'est-il opéré?
dan0x
A la lecture du récit, on a l'impression qu'on met en avant deux erreurs commises. La première des encadrants qui choisissent ce site dangereux et la deuxième de certains joueurs qui n'ont a priori pas respecté les consignes et auraient fait les c.ns.
Tous ceux qui ont déjà encadré des équipes de jeunes savent pertinemment qu'il est impossible de leur faire confiance pour respecter justement et strictement les consignes, il y a toujours ceux qui vont profiter de n'importe quelle situation pour faire des c.onneries et l'effet de groupe fait qu'il sont souvent suivis. L'article laisse donc suggérer que les gamins ont une part de responsabilité mais le staff n'étant pas novice en la matière, je dirai que c'est bien leur entière responsabilité qui est engagé dans ce drame. Je suis loin d'être juriste, mais je vois au moins deux points que l'on pourrait reprocher aux encadrants : mise en danger d'autrui et non assistance à personne en danger.
Nicolas Sans Chaise
De mémoire la non assistance à personne en danger ne s'applique pas au gens "lambda" en cas de noyade. Parce qu'il est reconnu que si tu n'es pas sauveteur côtier la seule chose qui risque d'arriver si tu plonges sauver quelqu'un c'est mourir toi aussi.
dan0x
Merci, effectivement j'avais pas vu ça sous cet angle. N'empêche que le fait d'essayer uniquement de jeter une bouée, qui avait été trouvée en chemin, ça fait quand même un peu léger en terme de préparation à cette activité et d'assistance.
jujudethil
Pour ceux qui ne connaissent pas bien l’océan, déjà le fait de se jeter à l’eau quand ça tabasse, on va dire qu’il faut déjà être un excellent nageur quand a aller chercher quelqu’un dans ces conditions, c’est très risqué surtout qu’une personne qui se noie est prise de panique et peut précipiter défavorable les choses à votre
encontre.
Nicolas Sans Chaise
Oui je suis d'accord, la bouée jetée depuis le bord de l'eau à quelqu'un qui se fait emporter au large c'est très léger...
De ce que je comprend il n'y avait personne à l'eau ce jour là, pas de surfeur ni rien. C'est vraiment quelque chose qui aurait du les alerter.
dan0x
Apparemment personne ne se risque à se baigner là-bas en raison des forts courants et sûrement aussi de la température de l'eau. Par curiosité je suis allé voir sur maps cette plage, elle est vraiment paradisiaque. Sur les photos on s'imagine pas le danger.
potemkine09
On peut arrêter avec ce "glaçant" repris par tous les journalistes qui veulent jouer sur l'émotion ?
Ce qui me choque dans cette histoire, c'est qu'aucun encadrant n'ait tenté de venir au secours de Mehdi, seul un joueur l'a fait. Parmi les encadrants, combien avaient le Brevet de Surveillant de Baignade, le titre de Maître Nageur Sauveteur (MNS) ou le Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique ? C'est ce qui demandé pour les colonies de vacances en dehors d'une zone amenagée et surveillée.