Décryptage. Comment Jordie Barrett est devenu une pièce maitresse du Leinster ?
Le All Black Jordie Barrett est rapidement devenu un élément incontournable du Leinster. Crédit image : Screenshot Youtube Investec Champions Cup & EPCR Challenge Cup
Arrivé en décembre 2024 dans le club du Leinster, le All Black Jordie Barrett s’est déjà imposé comme un élément incontournable de la machine irlandaise.

Quand il débarque dans la capitale irlandaise de Dublin, de nombreuses questions se posent concernant le transfert de Jordie Barrett au Leinster. Quel poste va-t-il occuper ? Est-ce qu’il va s’adapter au style de jeu et au championnat de l’hémisphère nord ? Sera-t-il aussi brillant qu’en sélection néo-zélandaise ou avec sa franchise des Hurricanes en Super Rugby ?

Le natif de New Plymouth, dans la région de Taranaki, va très vite répondre à toutes ses attentes et s’inscrire dans une équipe qui peut être considérée comme l’une des meilleures au monde. Il va notamment décrocher le titre d’homme du match dès sa première rencontre avec les couleurs de Dublin face au Connacht.


Un rouage essentiel du jeu du Leinster

Cette saison, le Leinster n’a connu qu’une seule défaite, matchs de Champions Cup et d’URC confondus. Il s’agissait d’une rencontre face aux Bulls à Pretoria, le 22 mars 2025. Une opposition où les internationaux irlandais n’étaient pas présents puisqu’ils disputaient le Tournoi des 6 nations avec le XV du trèfle. Les joueurs de Dublin se sont donc inclinés sur le score de 21-20, mais sans James Lowe, Caelan Doris, Jamison Gibson-Park, Joe McCarty, Garry Ringrose, Hugo Keenan, Josh Van der Flier et bien d’autres.

Comme souvent, le Leinster impressionne, notamment après les deux larges succès acquis en huitièmes et en quarts de finale de Champions Cup. Des victoires à domicile face aux Harlequins et Glasgow sur les scores fleuves de 62-0 et 52-0. Cette dynamique s’explique principalement par l’énorme réservoir de joueurs du Leinster, à l’image de ce que propose le Stade Toulousain, avec deux équipes pouvant évoluer au plus haut niveau. Mais aussi par l’apport d’un joueur qui a fait basculer cette équipe dans une dimension encore plus imposante : Jordie Barrett.

À l’image de ce qu’il réalise avec sa sélection, le All Black s’est imposé au poste de premier centre grâce à sa densité physique (1,96m pour 102kg), mais surtout à l’aide de sa palette technique. Le Néo-Zélandais a longtemps évolué au poste d’arrière avec sa franchise des Hurricanes de Wellington. Ce qui reflète son aisance sous les ballons hauts, mais aussi au jeu pied, avec une longueur impressionnante qui peut suppléer Sam Prendergast, Jamison Gibson-Park ou encore Hugo Keenan.

Si l’on ajoute à cela son rôle de distributeur, avec de nombreuses passes en relais autour des cellules d’avants (comme ce que propose l’équipe d’Irlande), Jordie Barrett est devenu un élément incontournable de l’équipe de Dublin. Il a d’ailleurs été récompensé par de multiples titres d’homme du match, lui qui se montre très régulièrement décisif, comme lors de son dernier match face à Glasgow en Champions Cup.


Le soutien idéal de Sam Prendergast

Dans le même processus de développement pour l’avenir que le XV du trèfle, le Leinster a installé le jeune Sam Prendergast au poste d’ouvreur de son équipe. Une gestion qu’il semble bien maitriser, d’autant plus que son équipe domine sans trop de difficultés les adversaires qu’elle rencontre. Mais comme on a pu le remarquer lors du dernier tournoi des 6 nations, Sam Prendergast a plus de mal à mener la gestion de son équipe quand son pack d’avant n’est pas conquérant et qu’il subit une grosse pression du premier centre adverse. Ce fut notamment le cas face à l’Angleterre et la France avec Ollie Lawrence et Yoram Moefana.

C’est là que le rôle de Jordie Barrett est encore plus important, puisque le All Black a déjà évolué à ce poste de numéro 10 en sélection (face à la Namibie lors de la Coupe du monde au Japon). Il peut ainsi prendre le relais de son jeune ouvreur selon le scénario du match et lui enlever de la pression. En particulier sur les phases de sortie de camp pour se dégager, pendant le jeu courant ou même face aux perches en cas de défaillance. Le polyvalent néo-zélandais se retrouve donc au cœur du jeu avec une gestion entre les temps de jeu avec les avants et les arrières à réaliser. Un rôle dans lequel il se trompe rarement et touche quasiment à chaque fois les bonnes zones avec des situations de surnombre à exploiter.

Il ne faut pas négliger l’aspect défensif également, puisque Jordie Barrett est un gros défenseur et qu’il peut « protéger » son numéro 10, surtout sur les premiers temps de jeu après des phases de conquête. Sam Prendergast est régulièrement ciblé avec des lancements autour de sa zone défensive où des gros porteurs de balle arrivent avec de la vitesse. Ces deux joueurs peuvent donc changer de positionnement pour ne pas subir les premières phases de jeu.

Un joueur ultra-complet et complémentaire avec ses coéquipiers

Jordie Barrett est donc une très bonne pioche pour le Leinster, lui qui possède très peu de défauts dans son style de jeu. De par sa gestuelle, son jeu au pied et sa puissance (qui lui permet de dominer les collisions et de gratter des ballons), il s’associe parfaitement avec la vitesse et le sens de l’anticipation de Garry Ringrose. Comme l’illustre ce grattage de Jordie Barrett, qui s’occupe de prendre le haut du corps de son adversaire pour l’empêcher de jouer après contact. Tandis que Garry Ringrose le prend directement aux jambes pour le faire tomber le plus rapidement possible au sol.



Le All Black devance donc Robbie Henshaw dans la hiérarchie des premiers centres, lui qui a également perdu sa place de titulaire en équipe nationale au profit de la paire Bundee Aki / Garry Ringrose. Pourtant, on retrouve des similitudes dans les profils de Jordie Barrett et Robbie Henshaw, tout d’abord au niveau des physiques (1,91m et 100kg pour l’Irlandais). L’ancien joueur de football gaélique a, lui aussi, évolué au poste d’arrière avant de basculer sur celui de centre, et il possède lui aussi une très bonne technique avec une grande aisance sous les ballons hauts. Cependant, son jeu au pied est moins puissant que celui de son concurrent et son impact physique se fait moins ressentir sur les contacts. Ce qui explique sûrement le choix des entraineurs Leo Cullen et Jacques Nienaber de privilégier l’ancien joueur des Hurricanes.

Cette adaptation immédiate du quintuple vainqueur du Rugby Championship se traduit donc par une complémentarité avec son compère du centre Garry Ringrose, mais surtout par de superbes résultats. Nul doute que l’objectif des joueurs de Dublin est de réaliser le doublé URC / Champions Cup, eux qui abordent la demi-finale face à Northampton dans le statut de favoris. Le chemin restera cependant long avec une potentielle finale face à l’UBB ou le Stade Toulousain.

Jordie Barrett s’inscrit donc dans la lignée des joueurs néo-zélandais de la province du Leinster (Isa Nacewa, James Lowe, Jamison Gibson-Park et bientôt Rieko Ioane la saison prochaine). Son apport est tellement significatif que Franco Smith (entraîneur de Glasgow et ancien Springbok), estime que le Leinster joue mieux que l’équipe d’Irlande, au micro de la BBC.

Beaucoup d’argent a été dépensé. Est-ce qu’ils jouent mieux que l’Irlande ? Je le pense. Si l’on remplace Bundee Aki par Jordie Barrett et que l’on ajoute RG Snyman et Rabah Slimani, il y a de très bons étrangers qui ajoutent de la valeur pendant que le développement des jeunes joueurs irlandais continue. »

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  • Jak3192
    86241 points
  • il y a 1 semaine

Ya des gars comme ça tellement talentueux que tu te demandes à quel moment ils ne seront pas prépondérant

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