Le trophée Webb-Ellis passera par le Nord de la France. Lille, pour être plus précis ! Le 14 septembre 2023, le XV de France foulera la pelouse du Stade Pierre-Mauroy, une enceinte moderne de 50 187 places. L’adversaire ? “Amériques 1”, soit vraisemblablement les États-Unis ou l’Uruguay. Quatre autres rencontres sont prévues du côté de Villeneuve d’Ascq : Angleterre - Amériques 2, Écosse - Europe 2, Angleterre - Océanie 1, sans oublier Asie/Pacifique 1 - Europe 2.
Pour l’occasion, Fulgence Ouedraogo est revenu sur son expérience datant de 2012, dans ce qui s’appelait encore le Grand Stade Lille Métropole. A l’époque, les Bleus s’étaient imposés 39 à 22 contre l’Argentine...
On a l'habitude de voir les Bleus évoluer au Stade de France. En tant que joueur, qu'est-ce que ça change de jouer un autre stade avec l'équipe nationale ?
On l’a fait plusieurs fois quand même, en novembre pendant la tournée, de se déplacer dans des régions qui n’ont pas toujours l’habitude de voir du rugby. On est toujours bien accueillis. L’atmosphère est sympathique, très chaleureuse, ça fait chaud au cœur et ça donne beaucoup d’envie pour le match, pour essayer de faire une belle performance, et pourquoi pas de gagner un nouveau public.
En 2012, ce match face aux Pumas était le premier disputé sur le sol français avec le toit fermé. Qu’est-ce que ça change réellement ?
C’est vraiment fou hein ! Vraiment, le bruit que ça fait (rires). C’est une salle, comme au basket ou au hand, où ils ont plus l’habitude de jouer dans ces atmosphères-là. C’est vraiment fermé, tu as à peu près 40 000 personnes qui poussent derrière toi…
Et en tant que joueur, sur le terrain ?
Moi je préfère, ça donne de meilleures conditions ! C’est vrai que là où il pourrait y avoir de mauvaises conditions, avec un temps pluvieux, un terrain gras, un ballon mouillé, ça change. Le ballon est sec, il y a moins de vent : les conditions se prêtent plus à jouer, à faire du rugby de mouvement, c’est vraiment agréable.
On se souvient de cette tournée 2012 comme de la meilleure période du mandat de Philippe Saint-André, en tout cas, d’un point de vue sportif. C’est aussi ton ressenti ?
Oui, c’est vrai qu’on avait gagné nos trois matchs, il y avait une bonne atmosphère dans le l’équipe. Le jeu, les résultats… Cette tournée avait été très positive. Contre l’Argentine, on voulait concrétiser. On venait de gagner l’Australie au Stade de France (33-6, ndlr), et ça faisait un moment qu’on n’avait pas battu les Wallabies. On savait que l’Argentine allait être un gros morceau, une équipe assez rugueuse à jouer. Sur ce match, on a pu se lâcher, poussés par le public dans ces conditions. On a vraiment pris du plaisir sur le terrain. Je me rappelle qu’à la fin de la rencontre, l’ambiance était toujours aussi folle, avec un public lillois très chaleureux. J’en garde un excellent souvenir.
Pourquoi est-ce important de jouer devant un public peut-être traditionnellement moins “rugby” ?
Pour faire découvrir la discipline, notre sport ! Regarder un match de rugby à la télé, et le vivre en vrai, c’est complètement différent. L’atmosphère est différente, on se rend compte des impacts dans le jeu. Même si on ne connaît pas bien les règles, on appréhende ce qu’il se passe d’une autre façon. Souvent, les gens sont conquis. A la télé, ils n’auraient pas forcément adhéré, mais quand ils viennent au stade, on peut se rendre compte de tout ce que véhicule un match de rugby. Avant, pendant, après… Ils sont pris par ça. C’est aussi l’esprit rugby.
Deux ans plus tard, tu retournes à Lille, avec Montpellier cette fois. Demi-finale contre Castres. Mais cette fois-ci, une défaite à la clé… Au-delà du score, c’est différent quand on joue avec son club, dans un stade sans repère ?
Entre un match de club, et un match de sélection, c’est sûr que c’est différent. Déjà, pour nous Montpelliérains, c’était difficile de déplacer beaucoup de supporters à Lille. La différence avec l’équipe de France, c’est que le stade n’est pas acquis à notre cause. Forcément, on garde un mauvais souvenir, avec ces prolongations (défaite 19-22, ndlr)… C’était un match compliqué. Après, on était dans un beau stade, c’était magnifique, les conditions étaient bonnes ce jour-là. C’était engagé !
Le Mondial 2023 arrive très vite, et les Bleus joueront à Lille, en pleine semaine. Toi qui as joué deux Coupes du monde, décris-nous un peu le contexte de ces rencontres.
Ce sont des matchs importants ! Il ne faut pas qu’il y ait des surprises. On a vu à la dernière Coupe du monde que certaines équipes, qui étaient annoncées plus “petites” que l’adversaire, ont créé des surprises (l’Uruguay a notamment battu les Fidji, ndlr). Il y a eu des résultats assez étonnants. Ce sont des matchs sur lesquels il faut capitaliser, les prendre sérieusement. Ils ne sont pas forcément faciles à aborder, surtout en sortant d’une grosse confrontation. Les Bleus sortiront d’un premier gros match face aux All Blacks. Au niveau émotionnel, physique, c’est difficile à préparer, c’est pour ça qu’il faut que le groupe puisse avoir une rotation, pour continuer à être performant.
Et au niveau de la préparation, qu’est-ce qui change concrètement ?
Émotionnellement, on ne va pas se mentir, ce n'est pas forcément le même effet. Un premier match de Coupe du monde face aux All Blacks, niveau motivation, il n’y a pas à aller chercher très très loin ! C’est surtout au niveau de la préparation, de la stratégie ou de la gestion du stress qu’il faut travailler. Sur le deuxième match, il faut surtout se concentrer sur la stratégie à mettre en place, mais aussi sur l’énergie ou l’agressivité et le combat qu’il faut mettre. Ces équipes-là, elles vont se réconforter là-dessus. Il faut les prendre sur les basiques pour mettre en place son jeu.
Un petit mot sur le XV de France de Fabien Galthié qui performe depuis un an ?
Tout le monde prend plaisir à les voir jouer, ils font de grands matchs. Franchement, je suis le premier à être devant ma télé ! Ils jouent bien, il y a l’air d’avoir une superbe ambiance entre eux, ça donne envie de faire partie de cette équipe (rires). Je leur souhaite le meilleur, ça fait plaisir à tous les amateurs de rugby, donc il faut que ça continue comme ça.
à l\'aile et bleu !
Toujours un plaisir de lire un monsieur comme lui.
Un fidèle, un travailleur, un exemple et une personnalité accessible, toujours là pour discuter avec les supporters à la buvette.
Fufu est grand !