Les idées nouvelles de cet ancien joueur de Toulouse pour plus d'écologie dans le rugby
Ferdinand Richter veut amener plus d'ecologie dans le rugby. Crédit photo Welovegreen : Joshua Gottlieb.
Ancien joueur du Stade Toulousain chez les Espoirs, Ferdinand Richter veut amener plus d'écologie dans le rugby. Il y a urgence, mais les clubs sont timides.

Avant de devenir responsable France d’Ecosia, le moteur de recherche qui participe à la reforestation dans certains pays du monde, Ferdinand Richter a eu 1000 vies. Coach en entreprise, permaculteur dans le Gers et même joueur de rugby professionnel. S’il a terminé sa carrière du côté de la Vallée du Girou, il a notamment porté les couleurs du Stade Toulousain. Comme beaucoup de jeunes rugbymen, celui qui est né en Allemagne avait beaucoup d’admiration pour le club le plus titré de France. Après avoir envoyé son CV en France, il a tout quitté pour jouer avec les Espoirs rouges et noirs. Il y est resté deux ans avant de signer un contrat professionnel à Blagnac tout en menant une carrière à l’international puisqu’il a représenté l’Autriche, car sa mère est autrichienne. “J’ai joué contre des équipes de l’Est et fait des voyages dans des pays où je ne serais jamais allé. Mais grâce au rugby, j’ai découvert des cultures vraiment différentes.”

Il a aussi côtoyé des grands noms du rugby français et mondial comme Fabien Pelous. “Pour moi, c’était des demi-dieux. Quand je suis arrivé en France pour la préparation d’avant saison, ils étaient en train de déménager la salle de musculation. Et le seul qui était là, c’était Fabien Pelous et il m’a demandé de déplacer un banc de muscu. J’étais aux anges. C’est la première personne que j’ai rencontrée.” Lors des oppositions du mercredi, celui qui a évolué en 3e ligne a servi de sparring-partner à Frédéric Michalak, Xavier Garbajosa ou encore Yannick Jauzion. “Les plaquages d’Isitolo Maka, je les ai encore bien en tête”.

Le rugby fera toujours partie de sa vie. Il continue d’ailleurs de suivre les résultats du Stade Toulousain et le Tournoi des 6 Nations. Cependant, ses parcours professionnel et personnel l’ont conduit à s’engager dans l’écologie et promeut notamment la permaculture. Cela fait plusieurs années qu’il essaie de mettre plus de vert dans l’ovalie. Récemment, des clubs professionnels sont venus vers lui pour discuter de ce qu’il était possible de faire sans savoir par où commencer. Des débuts timides alors qu’il y a pourtant urgence.

Est-ce que le rugby vit dans sa bulle ou a-t-il conscience des enjeux environnementaux ?

On peut dire que le rugby est en retard ou complètement déconnecté d’une réalité. Mais ça ne concerne pas que le rugby. Tout simplement, et pour l’avoir vécu, parce que lorsque tu ouvres les yeux sur ce qui se passe dans le monde, on se demande si ça vaut encore le coup de courir après un ballon. J’ai eu cette prise de conscience à peu près au moment où j’ai commencé à arrêter le rugby de manière professionnelle. Il y a des choses inquiétantes qui se passent dans le monde et c’est important de se poser certaines questions. Aujourd’hui le sport professionnel est un moyen fantastique pour toucher le grand public, de faire des choses financièrement. Il ne faut pas forcément arrêter de jouer, mais ouvrez les yeux et demandez-vous à votre niveau comment vous pouvez influencer les gens autour de vous parce qu’il y en a vraiment besoin. Est-ce que le rugby de demain sera ce qu’il a été quand je jouais ? Je n’y crois pas.

Arthur Keller, qui prévoit les risques systémiques de la société, emploie cette métaphore marquante en disant que c’est comme si on était sur le Titanic. Il y a un iceberg devant et il y a ceux qui l’ont compris et qui essaient de tout faire pour arrêter les machines, de construire des canots de sauvetage, etc. Et en même temps, il y a ceux qui sont encore en train de divertir les gens pour qu’ils continuent de s’amuser sans prendre conscience de ce qu’il se passe. Le risque du sport de haut niveau, et tout ce qui est divertissement, c’est que le choc, s’il doit se produire, soit encore plus violent. Et on le voit avec la crise actuelle. C’est pour ça que moi j’ai choisi un autre chemin qui est de dire qu’on ne peut peut-être pas arrêter le bateau, qu’on va peut-être se prendre l’iceberg ou bien le contourner qui sait. Mais plus il y aura de gens qui sont conscients, qui ne sont pas complètement surpris par ce qui est en train de se passer, et moins la réaction sera violente.

Dans la vie comme au rugby, il y a toujours des chocs. À un moment donné, tu vas tomber sur plus fort que toi. Tu vas mettre le genou à terre et la question ce n’est pas uniquement de savoir si tu peux te relever ? Mais qui est-ce qu’il y a autour de toi pour t’aider à te relever ? Et là, on est en plein dans les valeurs du rugby. On cultive le fait que le collectif prime sur l’individu. Ce qui n’est pas le cas dans tous les sports. Et c'est ce que j’ai adoré dans le rugby.

Est-ce que le rugby ne pourrait justement pas être le sport “vert” des années à venir ?

J’ai un exemple qui montre que ça marche déjà. Le fondateur de l’association Terre en mêlée a compris que l’éducation par le rugby n’était pas assez donc il a aussi inclus l’écologie et ça fait un. Il voit que dans certains pays on peut aider les populations par le rugby, mais vu ce qu’ils vivent, on a besoin d’inclure l’écologie. Donc, oui, au niveau des valeurs du rugby, il y a vraiment quelque chose à faire. Et des clubs l’ont compris, car j’ai quelques équipes du Top 14 qui m’ont contacté pour en parler. C’est tout nouveau et ils sont encore très timides, beaucoup trop même. Ils sont pris dans la crise. Ce n’est pas facile financièrement. Mais ça commence à venir. Je leur dis toujours qu’il faut arrêter de croire que la force, c'est la compétence. Ce n’est pas parce que tu sais faire une passe vrillée que tu vas faire la différence. Aujourd’hui tout le monde sait le faire. C’est l’esprit que tu vas mettre derrière qui va faire la différence.

Tu ne peux pas parler de solidarité sans parler d’écologie aujourd’hui. Il faut vraiment vivre dans une grotte pour croire que ça peut être dissocié. Le sport, et notamment le rugby peut être un moyen et pas une finalité. Tu as la chance de vivre de ta passion, qui est de jouer avec des gens sur un terrain, mais demande-toi en quoi ça peut être au service de toute la société. Et ça donne un tout autre sens à ce que tu fais. Imagine que lorsque tu rentres sur un terrain, tu ne défendes pas que les couleurs du club, mais quelque chose qui dépasse ça. D’après moi, ça peut même être inclus dans la stratégie d’un club. Si je prends pour exemple Ecosia, c’est une entreprise qui a choisi de proposer un outil avec lequel les gens peuvent “jouer”, ça va être “un moyen pour” et des milliers de gens l’utilisent.

Imaginons qu’un club où il y a beaucoup de Fidjiens se dise que sa mission c’est d’aider les Fidji en termes de réchauffement climatique, montée des eaux, déforestation, etc. Il pourrait définir toute sa stratégie de communication, de sensibilisation, de recherche de sponsors en lien avec ça. Imagine ces Fidjiens-là quand ils vont entrer sur le terrain en sachant qu’ils ne sont là pas uniquement pour jouer au rugby, mais parce qu’ils ont toute une ville qui pense à eux et qui les soutient dans quelque chose qui impacte toute leur famille. Ça pourrait créer quelque chose de magnifique entre une ville française et un pays à l’autre bout du monde.

Quels autres types d’initiatives pourraient être mises en place ?

Des équipes pourraient mettre en avant des associations en grand sur leur maillot pour leur donner de la visibilité et pas seulement les sponsors financiers. Les réseaux sociaux pourraient être utilisés pour servir une cause. Si le Stade Toulousain se disait “nous, en tant qu’écosystème, on veut être reconnu pour cette cause-là”. Sa stratégie ce ne serait pas seulement, “on veut aller battre Clermont mais on va essayer de changer le monde”. Alors dès que vous achetez un billet, vous pouvez faire la différence. Il faut voir le club pas uniquement comme un vase clos, mais comme un collectif de gens passionnés, engagés qui peuvent faire du bien dans ce monde. Et quand tu le regardes de cet angle-là, tu ne peux pas imaginer à quel point les joueurs ont des idées brillantes. Ça vaut de l’or ! À la place de la direction, je demanderais aux joueurs comment est-ce qu’on peut intégrer tout ça à la stratégie du club.

Il y a une urgence climatique qui n’est pas uniquement à l’autre bout du monde, mais aussi en France si on ne prend pas soin de nos terres qu’on a exploitées depuis des décennies parce qu’on ne connaissait pas l’impact négatif.  Il y a des anciens joueurs qui sont reliés à la terre comme Yannick Jauzion qui est dans le vin. Le Stade Toulousain pourrait par exemple créer des fermes estampillées Stade Toulousain dans la région, lesquelles fourniraient le club pour les repas. On peut imaginer que la boutique du Stade ne vende pas uniquement des maillots, mais aussi des légumes cultivés dans le coin. On peut aller loin dans ces idées en créant quelque chose autour des valeurs qu’on représente, pas uniquement de ce qu’on fait, mais de ce qu’on est. Selon moi, les seuls clubs qui vont survivre à l’avenir seront ceux qui font ça.

Qui doit prendre les choses en main ? La Ligue, les clubs ou bien les joueurs ?

C’est une question qui revient souvent : est-ce que ça doit venir d’en haut ou d’en bas ? Je répondrais les deux car on n’a plus le choix. Si je prends une fois de plus l’exemple du Stade Toulousain, tu as deux/trois joueurs qui sont assez engagés pour y consacrer du temps au-delà de leur activité de sportif professionnel. Si tu es dirigeant, il faut sauter sur l’occasion et réfléchir avec lui avant de le proposer au reste de l’équipe. Au lieu de faire un stage de pré-saison où tu vas faire du canyoning chaque année au même endroit, une randonnée et tu vas boire un coup, on pourrait se poser pour réfléchir à la stratégie du club et faire une différence dans ce monde. Je suis persuadé qu’il y aurait une cohésion supérieure dans le groupe parce qu’ils vont comprendre qu’ils ne sont pas que des êtres humains qui sont là pour se faire des passes. Tu vas mettre ton coeur sur la table et c’est là que tu crées des liens. Quand les gens t’expliquent pourquoi ils sont investis là-dedans, pourquoi est-ce que l’écologie les touche. En termes d’esprit on gagnerait énormément à dépasser cette espèce de fausse virilité en se disant “t’es qui toi en fait.”

Il faut que ça vienne d’en bas et d’en haut, mais ça vient déjà d’en bas. La seule question est de savoir si les dirigeants sont assez intelligents pour soutenir ça ou “assez bêtes” pour attendre que ça deviennent une obligation. Quand je parle dans les entreprises, je leur dis qu’aujourd’hui c’est une opportunité ; demain ça va être une obligation si tu ne veux pas être à la bourre ; après-demain ce sera imposé par la loi et si tu ne l'as pas fait tu seras le grand perdant. Si dans dix ans tu commences à parler d’écologie dans les clubs de rugby, tu seras celui qui aura raté le train.

Comment les clubs peuvent-ils faire pour ne pas rester à quai ?

Il y a dix mille choses à faire et il ne faut pas hésiter à faire appel à des experts comme Julien Vidal. Mais je pense aussi qu’il faut voir plus grand, car il y a urgence. En premier lieu, il faut se poser et se demander par exemple : c’est quoi l’écosystème de Toulouse ? Quels sont les gens qu’on pourrait soutenir ? Comment est-ce qu’on peut les aider avec nos valeurs ? Une des idées que j’avais pour les clubs, mais que je n’ai pas encore réussi à proposer concerne les centres de formation. Ils sont focalisés sur le rugby, mais si les centres de formation étaient focalisés sur le fait de former des leaders en utilisant le rugby comme outil pédagogique ? On pourrait imaginer de vraies académies de leadership basées sur les valeurs du rugby. Certains vont devenir joueur pros, d’autres feront quelque chose de totalement différent. Je suis persuadé que ça aurait un succès fou parce que c’est un écosystème qui incarne tellement ces valeurs qu’en faire partie va te marquer à vie. Moi, je le sens avec mes potes : même si on ne joue plus, on les porte encore ces valeurs. On n’a pas besoin d’être joueur pour les incarner.

Comment un club peut devenir un acteur dans le “reverdissement” de l’écosystème dans lequel il se trouve ? Ça peut passer par le fait de repenser un stade pour qu’il soit plus écologique, pour qu’il y ait plus de vie et qu’il ne soit pas vide 80 % du temps. Je parlais avec une coiffeuse toulousaine qui rêve d’ouvrir un salon pour hommes parce qu’il n’y en pas forcément dans la ville. Et je lui dis de voir avec le Stade Toulousain pour avoir un salon au stade avec un côté écolo, mais surtout mettre en place de l’échange, de la vie. Ça aussi ça fait partie de l’écologie. En permaculture, on dit souvent qu’on crée du lien. Si tu utilises le stade pour que ce soit un lieu où les gens se rencontrent pour parler de sujet qui sont importants pour eux comme l’écologie, mais aussi d’autres thèmes la diversité, l’égalité homme/femme, tu peux faire des choses vraiment intéressantes. Aujourd’hui, c’est vase clos, le stade est vide, et il n’y a pas grand-chose d'intéressants. Ce serait une opportunité de garder des stades, car si demain on n’a plus de moyens de les entretenir à cause de la crise comme c’est le cas actuellement, comment est-ce qu’on fera ?

Quel a été le discours des formations qui sont venues vers toi ?

Il y a deux cas : d’un côté il y a ceux qui ont compris qu’il fallait faire quelque chose pour l’écologie, un petit geste comme planter des arbres, donner un peu d’argent. Mais ça ne va pas forcément plus loin. Il y en a d’autres, plus rares, qui sont venus vers moi en mode : le rugby va changer, il faut se mobiliser maintenant pour se poser les bonnes questions, mais on ne sait pas comment faire. Peu ont conscience de leur ignorance, mais ce n’est pas de la mauvaise volonté. C’est juste qu’ils n’ont pas le temps. Ils gravitent dans un écosystème où ils entendent parler de l’écologie au journal de 20h alors qu’il y a des conférences de deux ou trois heures qui te mettent une claque. Et ça fait mal parce que tu te dis “je ne savais pas qu’on en était là”. Si tu regardes seul, tu vas déprimer au bout de 20 minutes, mais si tu le fais collectivement, tu te dis “ok, on a compris, qu’est-ce qu’on fait”. Pour le moment, c’est encore trop timide, car une crise comme on la vit actuellement, on ne sait pas comment ça va évoluer. Mais si on regarde de plus près, la tendance montre que ça pourrait se reproduire régulièrement.

On a encore le temps et les moyens pour se préparer. Dans 10 ou 5 ans, on sera tellement dans l’urgence qu’on va prendre le train en pleine figure. Donc j’ai envie de dire que c’est le moment d’en profiter en demandant  de l’aide à des gens qui sont engagés en disant : “Viens nous parler, on n’a l’impression qu’on doit changer quelque chose, mais on n’a aucune idée de comment faire.” On ne peut pas tout rattraper tout seul en lisant des bouquins. On ne sait pas par où commencer. Il faut accepter sa propre ignorance et ne pas se juger pour ça. Mais se dire qu’on est assez clairvoyant pour réfléchir à ce qui peut être fait. Quitte à entendre quelqu’un nous dire que demain il n’y aura plus de stade pour jouer.

Peut-être que ça n’arrivera pas, mais si ça se produit, il vaut mieux avoir un plan de secours en se demandant à quoi pourrait ressembler le rugby de demain si on ne peut plus rassembler 40 000 personnes. On ne sait pas si on va se prendre l’iceberg, mais le minimum, c'est d’être un peu prévoyant et de ralentir un peu, de construire quelques canots de sauvetage en cas de problème. Malheureusement, on est dans une société qui se dit “on fait le minimum, t’inquiètes pas tout va bien, on n’a pas besoin de canots de sauvetage”. 80 % du temps ça marche, mais les 20 % restant, ça fait mal. C’est comme au rugby : tu peux jouer contre l’équipe 1 du Stade sans avoir fait de muscu et de préparation physique et peut-être que tu t’en sors. Mais si tu ne t’en sors pas, ça pique.

Qu’est-ce qu’il faut aujourd’hui pour que les choses avancent dans le sens de l’écologie dans l’ovalie ? Un gros plaquage ?

La crise liée à la pandémie en a déjà mis un gros, mais je suis étonné de voir à quel point c’est encore timide. Ce qui est triste, c'est que plus la crise est grave, et plus on va vouloir se divertir pour oublier ce qui est en train de se passer. Les matchs ne vont pas s’arrêter, car on va tout faire pour que les joueurs soient sur le terrain. Mais être joueur va représenter un sacré défi. Aller dans ses stades vides, évoluer dans une bulle sanitaire, ne plus avoir le contact avec les supporters, et juste être un pion qui est là pour une performance, c’est pas super cool comme vie. Tu laisses de côté beaucoup de valeurs du rugby qu’on aime.

Et c’est ça qui me pose question, car le divertissement ne va pas disparaître puisque les gens en ont besoin. Comment va-t-on le vivre ? Est-ce qu’on va tout faire pour que la machine tourne encore en s’éloignant des valeurs ? Ou est-ce qu’à un moment donné on va dire stop pour s’asseoir avec des personnes qui s’y connaissent un peu mieux pour aider les clubs à survivre dans les années à venir ? Et ça peut aller très vite quand un club ne peut plus payer. Je l’ai vécu à Blagnac, c’était pas très bien géré et la relégation est arrivée très vite. Même si certains clubs sont très forts, ils seront également touchés.

On pourrait imaginer qu’un club comme Montpellier soutenu par Altrad connaisse aussi des problèmes à l’avenir tout comme le Stade Toulousain avec Airbus. Ne serait-il pas temps pour les clubs de repenser leur sponsoring ?

Oui, Airbus a pris un sacré coup avec la crise sanitaire et je ne suis pas certain que ça revienne un jour à la normale. Et il ne faudrait pas pour l’écologie. Quant au domaine de la construction, on sait que le sable est en train de devenir une denrée rare. Écologiquement, c’est déjà une catastrophe. Il va y avoir de plus en plus de gens qui vont dire qu’il faut arrêter d’exploiter le sable. Ce qui veut dire plus de ciment et de béton pour construire. Toutes les grandes industries sont touchées. Il vaut mieux en parler maintenant, car lorsque ça va devenir trop grave, des gouvernements vont par exemple dire d’un jour à l’autre : on arrête le sable. Et ce sera très compliqué. Si on prend les pneus avec Michelin, c’est pareil. Quel est l’avenir de Michelin dans un monde où le pétrole va manquer ou il y aura de moins de moins de voitures ?

C’est très complexe, mais tout est lié et tout est à faire. Et c’est ça qui est passionnant dans ce sujet. Aujourd’hui, et malgré le confinement, on a encore les moyens pour réfléchir. On n’est pas dans une urgence pour savoir ce qu’on va manger demain, du moins pour la société dans son ensemble. Car dans certains pays où il y a de la reforestation avec Ecosia par exemple, on ne plante pas des arbres pour faire joli. On le fait parce que c’est le désert et qu’il n’y a plus rien qui pousse. Si on ne le fait pas, il n’y a plus rien à manger. On est confrontés à des problèmes bien différents de ce qu’on vit là, mais qui risquent aussi de nous impacter avec le réchauffement climatique. On le voit déjà en France avec le gel qui a touché les vignes. Le réchauffement climatique, ce n’est pas que la chaleur, mais c’est surtout un dérèglement climatique.

Et les médias dans tout ça, que peuvent-ils faire pour sensibiliser les supporters à l’écologie ?

Internet crée des bulles où tu vois toujours la même chose. Ça fait cinq ans que j’essaie d’amener plus d’écologie dans le rugby, et pour le moment, c’est la galère, car il n’y a pas encore une prise de conscience. Oser donner la parole à des personnes qui ne sont pas ou plus du milieu du rugby, c’est génial. Il faut aussi soutenir ceux qui osent comme les joueurs. Un joueur qui assume une certaine sensibilité en disant “ça me touche, j’essaie de faire quelque chose”, il faut le soutenir parce qu’on est un milieu où c’est presque comme si on faisait un coming out. J’ouvre mon coeur, je ne suis pas qu’une machine, voilà ce qui me touche. On a besoin que les médias soutiennent les gens qui essaient à leur échelle.

Ça n’a pas besoin d’être quelque chose d’extraordinaire : ça peut être un gars fan de rugby qui veut redonner vie à son village en créant sa boulangerie. Et il a besoin d’un coup de pouce du club en termes de visibilité pour que les gens achètent son pain. Ça peut être un agriculteur qui n’a pas de repreneur pour sa ferme, mais grâce au réseau de partenaires, on en trouve un et on l’aide financièrement lors des premières années. Il faut montrer que c’est sexy de prendre soin de notre belle planète. Et si les médias peuvent faire ça d’une certaine façon, ça aidera la cause. On essaie d’avoir un discours qui donne envie aux gens de prendre soin de la planète, qu’en vivant avec un peu moins on peut vraiment s’éclater. Lâcher certaines choses qu’on croyait indispensables va nous rendre beaucoup plus libre, nous reconnecter à l’essentiel qui est “je m’éclate à jouer au rugby avec mes potes sur un terrain” et pas la marque des chaussures que je porte.

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