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Champions Cup. Stéphane Ougier : ''La Rochelle et Toulouse ont pris le meilleur de la culture néo-zélandaise''
Stéphane Ougier a remporté la première Coupe d'Europe avec le Stade Toulousain. Crédit photo : EPCR
L’ancien joueur du Stade Toulousain, Stéphane Ougier, revient sur le titre de Champion d’Europe en 1996 et lie le rugby actuel aux débuts du professionnalisme.

351. C’est le nombre de matchs disputés par Stéphane Ougier sous les couleurs rouges et noires. Il fait partie du cercle fermé des joueurs du Stade Toulousain à avoir dépassé les 300 apparitions avec le club. Pour dire, il est le 7ᵉ joueur à avoir le plus représenté la Ville Rose à Toulouse. Un palmarès de club important qui s’ajoute à un titre particulièrement d’actualité : celui de Champion d’Europe. Vainqueur de la finale opposant le Stade Toulousain au Cardiff RFC, Stéphane Ougier fait partie de la première génération championne d’Europe. Au cours d’un entretien, il est revenu sur cette rencontre et livre aussi sa vision actuelle du rugby.Champions Cup. Comme Toulouse et Exeter, savez-vous combien de clubs ont remporté leur première finale ?Champions Cup. Comme Toulouse et Exeter, savez-vous combien de clubs ont remporté leur première finale ?

Tout d’abord, que pensez-vous de l’effectif actuel des formations du Stade Rochelais et du Stade Toulousain ?

C’est deux équipes qui sont composées de beaucoup d’internationaux, ça montre une grande qualité d’effectif. Sur la manière de construire leurs équipes, le Stade Rochelais et le Stade Toulousain ont pris le meilleur de la culture néo-zélandaise. Les deux écuries recherchent avant tout à recruter des profils avec un grand sens du professionnalisme, des joueurs sérieux et exemplaires. On pense bien évidemment à Victor Vito et à Jerome Kaino quand je dis ça. On peut aussi parler de Ihaia West, Pita Ahki et Tawera Kerr-Barlow qui sont des joueurs très bien préparés physiquement et avec un excellent mental. Ils sont ensuite placés au milieu d’une colonne vertébrale de joueurs français talentueux et souvent internationaux. Les feuilles de matchs sont pensées avec une grande intelligence des deux côtés. La Rochelle et Toulouse ont un ADN de jeu de très grande qualité et qui transcende le collectif.

Vous avez l’air d’estimer les deux équipes de la même manière, quel est votre pronostic pour la finale ?

Je vois le Stade Toulousain s’imposer. À La Rochelle, le jeu est dans la maîtrise. Le but est d’étouffer l’adversaire jusqu’à ce qu’il n’arrive plus à jouer. Alors qu’à Toulouse, on est dans l’attente de la moindre faille à exploiter pour s’y engouffrer. Le tout avec une grande efficacité. Dès qu’ils rentrent dans les 22 mètres adverses, ils sont quasiment sûrs d’en ressortir avec des points en plus. Dans une finale, je pense que c’est le style de Toulouse qui est le plus apte à gagner. Il leur suffit d’une seule brèche pour produire un coup d’éclat, marquer un essai et changer le cours de la rencontre.

Est-ce que vous pouvez nous décrire vos souvenirs autour de la finale que vous avez gagnée avec le Stade Toulousain en 1996 ?

Je m’en souviens très bien, c’était une finale serrée. On gagne de trois points après être allé aux prolongations. L’équipe de Cardiff était très solide, la plupart des joueurs étaient internationaux gallois. On avait commencé très fort la rencontre, on avait beaucoup usé de French Flair. La fin de la rencontre était très différente, on a dû faire preuve de beaucoup de résistance. C’était une rencontre de très haut niveau.

Comment l’équipe du Stade Toulousain s’était préparée à cette finale inédite ?

Dans les années 90, on gagnait tout. Entre 1994 et 1999, le Stade Toulousain a remporté 5 des 6 titres de champions de France. Après, c'était une nouvelle compétition, même s'il y avait déjà eu des tentatives de compétitions internationales entre clubs, donc on arrivait humblement à Cardiff. Cependant, la motivation restait la même, il fallait gagner. C’est ce que l’on a fait. D’autant plus que le Stade Toulousain avait une vraie volonté d’être précurseur dans l’expansion du rugby européen. On voulait donner un nouvel impact au club.

Que pouvez-vous nous dire sur la place qu’avait cette compétition à sa création ?

C’était une ambition d’ancrer encore plus le rugby dans le professionnalisme. Avec cette compétition, on avait l’occasion de faire reconnaître le Stade Toulousain en dehors des frontières nationales et de rendre le rugby un peu moins régionalisé qu’il ne l’était. À l’époque, le rugby avait encore du mal à sortir du sud-ouest. Cette compétition, ainsi que la Coupe du Monde 1995, ont permis de s’ouvrir à quelque chose de plus large. Le but était aussi d’apporter du rugby dans les territoires où ce sport était absent.

Depuis cette finale, trouvez-vous qu’en 25 ans la compétition a réussi à trouver sa place et à se mettre en valeur ?

Selon moi oui, mais il y a beaucoup d'hétérogénéité. Les Français se sont toujours positionnés en tant que grands défenseurs de la compétition. Je ne dirais pas non plus qu’ils ont réussi à la mettre au même niveau que le Brennus qui est un trophée chargé d’histoire, mais je pense que l'on tend à le placer au même niveau. Les deux compétitions sont au coude à coude. Les clubs français mettent les moyens pour qu’il y ait autant d’intensité dans l’un que dans l’autre. 

Et à l’étranger, comment pensez-vous qu’elle est considérée ?

Il y a les provinces irlandaises qui se sont appropriés cette compétition afin d’en faire une antichambre du très haut niveau international. Des clubs comme le Leinster et le Munster sont particulièrement investis pour jouer le plus sérieusement possible cette Champions Cup. Du côté de clubs anglais, gallois et écossais, je trouve que leurs prestations sont à géométrie variable. On a l’impression qu’ils sont parfois pleinement investis, puis d’une saison à l’autre, ils y participent en ayant un peu la tête ailleurs. Leurs performances se font souvent sous forme de cycle. C’est dommage, car cela ne représente vraiment pas leur niveau. Donc je dirais que cette compétition est surtout portée par deux nations : la France et l’Irlande.

Cela expliquerait cette finale 100% française selon vous ? 

Oui, il suffit de regarder les affiches des demi-finales : trois clubs français et le Leinster. Ce n’est pas étonnant d’ailleurs quand on regarde bien, il y a très souvent au moins un finaliste français. Il y a eu des moments où une équipe anglaise a décidé de s’investir plus que les autres dans cette compétition, mais pas vraiment de domination historique de la part d’un club anglais. Actuellement, c'est Exeter, avant, c'était les Saracens et il y a encore plus longtemps, c'était Leicester. C’est peut-être dû au fait que ces pays mettent moins en avant les clubs que chez nous, mais quand on regarde, encore une fois, les Irlandais on se dit que ce n’est pas incompatible. Ces derniers l’ont utilisé afin d’en faire une plateforme pour l’équipe nationale. C’est un système qui marche.

Vous avez beaucoup mis en avant les modes de fonctionnement français et irlandais dans le cadre de cette compétition. Est-ce qu’il y a un système qui fonctionne mieux qu’un autre dans le cadre du rugby de très haut niveau ?

Le modèle irlandais, c’est un modèle de province. Le but étant que les provinces marchent dans le pas de la fédération. Tout est fait pour donner une équipe nationale la plus performante possible malgré le faible nombre d’habitants du pays. C’est un modèle cohérent et homogène qui est repris dans d’autres nations comme la Nouvelle-Zélande. Alors que la France a un modèle basé sur les clubs, ce n’est pas la fédération qui est en haut de l’échiquier. Les calendriers des clubs sont complètement incompatibles avec ceux de la fédération. C’est un problème qui suit le rugby français depuis le début du professionnalisme. D’un côté en France chaque club permet d’apporter un ADN différent sur la formation et l’encadrement de ces joueurs. Il y a donc deux modèles qui s’opposent, chacun avec leurs avantages. D’un côté celui des clubs, solide économiquement et qui permet de rentrer plus d'argent. De l’autre le modèle des provinces, qui est plus cohérent sportivement. Les deux ne sont pour autant pas incompatibles. On remarque par exemple qu’au Japon les clubs ont les moyens d’être extrêmement bien financés, tout en restant sur un calendrier restreint qui se déroule sur seulement quelques mois à l’image du Super Rugby.

Justement, que pensez-vous de l’évolution du calendrier en France comparé à l’époque où vous étiez joueur ?

Déjà, si on compare ma génération aux conditions actuelles, on se rend compte que les dynamiques sont totalement différentes. Le point principal étant que la gestion d’effectif n’a plus rien à voir. À mon époque, il y avait ce que l’on appelait l’équipe type. Tant que ceux qui composaient cette dernière étaient disponibles, il jouait. Aujourd’hui ça n’existe plus tellement. Quand vous voyez que Julien Marchand est remplacé par Peato Mauvaka, vous vous rendez compte que la notion de titulaire indiscutable n’est plus d’actualité. La logique d’équipe, au sens XV de départ, n’existe plus. Elle a été remplacée par une notion de groupe. C’est un moyen pour les gros clubs de pouvoir faire tourner de manière constante, mais aussi de s’adapter aux fenêtres internationales. Les doublons sont aberrants, ils sont symptomatiques d’un défaut de gestion. Je trouve que l’on commence à s’y adapter, mais il reste des périodes où pendant presque trois mois des équipes seront privées de sept de leurs meilleurs joueurs par exemple. C’est ubuesque et le pire, c’est que ça n’arrive qu’au rugby ! Au foot, par exemple, un club ne trouverait jamais ça normal de se priver de ses meilleurs joueurs. Si on prend du recul, on peut synthétiser en disant que l’on récompense les clubs les plus efficaces et ayant la meilleure formation en les pénalisant pendant un tiers du championnat. Ça n'a aucun sens.

Merci à Erwan Harzic pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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Il me semble que SO se trompe assez fortement quand il dit que seuls les Irlandais et Francais s'investissent vraiment en coupe d'Europe.
L'Angleterre a régulièrement plusieurs équipes parmi les dernières. Les Gallois ne gagnent pas beaucoup mais pour eux, c'est la competition la plus importante de l'année en club/province, et je serai pas étonné que des Ecossais confirment que c'est la meme chose pour eux

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