Il y a quelques années, le Castres Olympique lançait la mode des recrutements essentiellement basés en Pro D2, terre de talents avec lesquels il est possible de construire et qui coûtent logiquement moins cher que ce qui se trouve en Top 14.
TRANSFERT. TOP 14. Malin et musclé, le recrutement ciblé de Castres pour dynamiser son jeuCet été, c’est désormais 1/3 des transfuges dans l’élite du rugby français qui arrivent de Pro D2, si l’on inclut les retours de prêt. Si le CO - fidèle à sa réputation - n’a même recruté que dans ce championnat montant, la majorité des clubs se sont aussi penchés sur ce qui se fait de mieux en 2ème division. Ainsi et pêle-mêle, les cracks de la ProD2 comme Gabin Lorre, Ugo Seunes, Ugo Pacome, Mathis Ferté, Noah Néné ou Adam Vargas joueront tous en Top 14 à la rentrée.
Cette méthode de recrutement a-t-elle inspiré certains clubs du milieu de tableau fédéral, aux moyens toujours plus importants et qui pourtant, ont pour beaucoup recruté dans les divisions inférieures cet été ? En partant du principe que les dirigeants des clubs de Fédérale 2 que l’on va évoquer suivent de près les élites françaises, il se peut…
Un recrutement dans le voisinage
Exemple dans une région que l’on connaît bien, la PACA, où les clubs d’Aubagne, Avignon ou Cavaillon nous ont marqué par leur recrutement pour le moins osé (et rusé). Si quelques éléments forts viendront renforcer leur groupe depuis les divisions supérieures comme la Fédérale 1, la majorité des recrues viennent cette fois de Fédérale 3, voire de Régionale. Et pourtant, ces 3 clubs sont ambitieux…
Loin de ce qui se fait traditionnellement dans ce coin de la France lorsqu’un président veut bâtir un "champions project" à grands coups de fixe sur 10 mois, comme ont pu le faire Monaco ou les Angles dans cette même poule 3, Voiron en poule 2 ou Chartres en poule 8. Et bien d’autres clubs, en Fédérale 3.
Ainsi, le vaste recrutement effectué par le RC Aubagne - qui change d’air cet été avec un changement de staff et le départ notable de Dorian Hermet (vers Gaillac), parmi les grands artisans de la montée en Fédérale 2 en 2023 - se découpe en 2 principales salves. Les joueurs d’expérience qui arrivent depuis La Valette (Fed 1) dans les valises de leur coach, comme le centre/ouvreur Lucas Vaccaro (28 ans, passé par Aurillac en ProD2) ou le pilier Schonenberger, dont le statut se paye, à ce niveau-là.
Et les garçons qui débarquent depuis les divisions inférieures, de clubs voisins de Fédérale 3. Souvent moins gourmands financièrement et plus impliqués que leurs homologues au CV gonflé, ils ont donc été plébiscités plus qu'à l'accoutumée par Aubagne cet été. Comme l’explosif numéro 9 de 22 ans du Marseille Rugby Mediterrannée Robin Chevalier et le 2ème ligne Jérôme Habot, ancien judoka de haut-niveau, qui va découvrir la Fédérale 2 à 39 ans, après 4 années de rugby seulement.
Ou le très athlétique ailier du SMUC Dorian Palengat, dont les cannes ne demandaient qu'à s'étalonner au niveau supérieur, celui dans lequel évolue également son club formateur, Coarraze-Nay (Béarn), à près de 600km de la cité phocéenne...
Au bon souvenir du recrutement de 2022
Mention spéciale à l’ailier supersonique de La Ciotat Charles Varnadore, 29 essais la saison passée et qui va tenter le grand saut depuis la Régionale 3 en double-licence cette année. "Accrocher 4 ou 5 feuilles de match en Fédérale 2 serait déjà une belle récompense", nous disait récemment son coach du bord de mer Kamal Aissaoui.
Quand d’autres garçons de petits clubs du coin comme Romain Hervouet (Pennes-Mirabeaux) ou Santiago (Arles) vont aussi débarquer dans la ville du santon. Avec en tête, pour le club vice-champion de Fédérale 3 en 2023, les réussites de cette même saison que furent Maxime Hervouet ou Gaël Davisseau, aujourd’hui titulaires indiscutables de l’équipe première.
Ce dernier - 2ème ligne au physique de bûcheron (1m97 pour 124kg) - ayant même été approché par 2 clubs de Nationale 2 durant l’intersaison, alors qu’il évoluait encore en Promotion Honneur il y a 3 ans… Nos régions ont du talent !