Initialement, rien n’aurait pu laisser présager qu’ils formeraient un jour l’un des plus solides attelages de cette poule 3 de Fédérale 2 cette saison. Car il y a encore quelques années, Jérôme Habot enchaînait ippons et soumissions sur les tatamis de Marseille avant de découvrir le rugby à 35 ans, quand Gaël Davisseau, lui, imposait sa grosse carcasse sur les terrains de handball de la région.
AMATEUR. +81 de goal-average en 2 journées : qui arrêtera l’ogre de Monaco en Fédérale 2 ?
Et puis, motivés par des physiques adéquats et une envie de voir autre chose, les 2 colosses prirent le chemin de la balle ovale. Sur le même complexe du 11ème arrondissement marseillais mais à l’Huveaune dès 2017 pour le garde-forestier, au Stade Phocéen en 2021 pour l’ancien Top 5 national de judo chez les -100kg, banquier à la ville.
J’étais un peu lassé du handball et je comptais probablement arrêter le sport. Et puis mon frère m’a chauffé à venir essayer le rugby, à 22 ans… - Gaël Davisseau
Un peu timides au début, les deux 2èmes lattes ont peu à peu pris la mesure de leur potentiel, grâce à leurs aptitudes naturelles et leur envie de progresser qui dénotaient en Régionale, dans les méandres du rugby amateur français. Si bien qu’en 2022, alors que les clubs voisins fusionnent pour donner le MRM, Davisseau est enrôlé par le RC Aubagne, futur vice-champion de France de Fédérale 3 et désireux de faire des "bons coups" dans les divisions régionales du coin.
Arrivé sur la pointe des pieds à l’époque, il est rapidement devenu montagne du RCA avec ses dimensions (1m98 pour 124kg) et son profil à la David Ribbans. Mobile pour son gabarit, fort comme un bûcheron en mêlée, pénible en défense de mauls et par-dessous tout diabolique sur ses charges frontales - lorsqu’il lève les genoux - en premier attaquant, "Gagou" fut d’ailleurs contacté cet été par 2 clubs de Nationale 2.
Découverte de la Fédérale 2 à 39 ans
À 39 ans, conscient qu’il était plus proche de la fin que du début malgré sa routine irréprochable, Jérôme Habot a donc tenté le saut chez un prétendant aux phases finales de Fédérale 2, lui. Et ce après 2 saisons de Fédérale 3 à couteaux tirés et une grave blessure au genou dont il semble s’être remis comme un jeune de 20 ans, à le voir gambader sur la pelouse du stade Martelli façon Charles Ollivon, en ce dimanche après-midi grisonnant.
Comme son compère Davisseau à l’époque, le grand brun (1m91 pour 103kg) Jérôme Habot a donc franchi l’Huveaune cet été pour n’avoir aucun regret et tenter de grappiller quelques feuilles de matchs avec la première du 3ème club des Bouches-du-Rhône.
Après 6 semaines de compétition, ce grand compétiteur cumule déjà 5 titularisations en autant de rencontres, à un poste où les profils comme le sien ne sont pas légion dans la région. Et où le RCA, qui n’était pas des plus fournis non plus, fut bien heureux de voir débarquer ce voisin au visage anguleux…
Avant mon arrivée, on ne se connaissait que par biais interposés mais c’est vrai qu’on a très vite accroché. On sort du même club, on a des parcours qui se ressemblent, on joue au même poste et, par-dessous tout, on a des profils complémentaires sur le terrain. Ça a facilité mon intégration à Aubagne. - Jérôme Habot
Si bien que ce dimanche face à Grasse, leur association à près de 1m95 et 115kg de moyenne a donc encore une fois fait des dégâts. Elle coupa du bois et ferrailla au près même si elle manqua dans l’ensemble de munitions pour faire parler sa puissance brute, dans ce match haché et pollué par un jeu de dépossession, soldé par une défaite sur le gong sur RCA (22 à 23).
C’est vrai qu’on ne joue pas en Top 14 non plus. Mais si on nous avait dit il y a 4 ans qu’on formerait un jour la paire en Fédérale 2, on ne l’aurait jamais cru. - Gaël Davisseau
Bien qu’atypique de par son parcours et ses tout juste 10 ans de rugby en cumulé, elle s’affirme donc, rencontre après rencontre, comme la poutrelle du RCA. Son option puissance qui confère à ce pack des dimensions de prétendant au phases finales, même si la défaite de ce dimanche est venu rappeler que l’équilibre était encore fragile. A l’inverse de l’épais duo Davisseau/Habot, finalement…