L'Immonde du Rugby N°24
Pour commencer, il faut souligner la présence d'esprit de la FFR qui a décidé de désigner un arbitre irlandais pour ce match, Monsieur Fitzgibbon...
L'Immonde du Rugby N°24
Le week end dernier, alors que je songeais à écrire ma chronique un peu plus tôt que d'habitude (commencer le mercredi à 17h20 pour une livraison à 18h n'étant pas toujours gage de qualité au final) je me suis retrouvé sévèrement à court d'inspiration. J'ai donc fait ce que tout homme en proie au syndrome de la page blanche aurait fait (non, pas surfer sur youporn) en allant me coucher, espérant trouver meilleure inspiration à mon réveil. C'est là qu'au beau milieu de la nuit, ma plus grande groupie, Cathyfans (ou bien en était-ce une autre ? En fait j'étais un peu bourré) m'est arrivée en songe.  « Ovale ! Ça devient n'importe quoi cette chronique. Zac Guildford contre Vincent Clerc... sérieusement ? Tu passes ton temps à valoriser les exploits de rugbymen avinés, sans doute pour justifier ton style de vie de débauché. Mais quand est-ce que tu nous parles du rugby, du vrai ? Du jeu ? Aimes-tu seulement le rugby ? Pour aut'chose que la troisième mi-temps, j'veux dire ». Toujours ouvert à la critique et prompt à la remise en question, je me suis contenté de lui répondre « Tu m'emmerdes avec ta question » et de me rendormir.


La révélation

Ce n'est que le lendemain après 6 dolipranes que j'ai réalisé que Cathytruc avait raison. J'étais en dépression post-Coupe du Monde. Après 2 mois d'orgie de rugby et d'émotions fortes, le retour à la routine et aux joutes stériles du Top 14 m'avaient fait perdre ma passion pour ce sport. Bien décidé à retrouver la flamme, je décidais donc de consacrer ma prochaine chronique à l'analyse d'un match du Top 14, que j'aurais regardé en entier, minutieusement, sans twitter, sans envoyer des SMS d'insultes à mon stagiaire, et sans prendre un shot de vodka à chaque en-avant. Mon premier choix était le match entre Clermont et Montpellier. Hélas, à la vue des compositions, j'ai déchanté. Mon chouchou Rémy Martin, la victime, l'homme brisé (une sorte de Tristane Banon sous stéroïdes) n'était pas titulaire et se morfondait sur le banc, ce qui ne devait pas trop le dépayser de ceux des tribunaux, remarque. Coté clermontois, Vern Cotter faisait clairement l'impasse en alignant sa charnière des Intouchables, avec Kevin Senio dans le rôle d'Omar Sy et David Skrela dans celui de François Cluzet. Non, ce n'était pas ce match là qui allait me faire rêver. Heureusement, je me suis souvenu que mardi avait lieu le tant attendu Derby des oreillons entre le Biarritz Olympique et l'Aviron Bayonnais. Une histoire de supériorité régionale, un match reporté, un soupçon de complot Blancorleonien, deux équipes qui traînent en bas de classement : voilà un match susceptible de faire vibrer mon cœur de boucher...

Et je dois dire que je n'ai pas été déçu. Pour commencer, il faut souligner la présence d'esprit de la FFR, qui a décidé de désigner un arbitre irlandais pour ce match, Monsieur Fitzgibbon. Habitué aux joutes feutrés et aux silences de cathédrales des enceintes de la Verte Erin, notre ami a été lâché dans la fosse aux lions pour le match le plus difficile à arbitrer de tout le Top 14. Un peu comme si Amélie Poulain se retrouvait brutalement téléportée en plein Escape From New York de John Carpenter. Au moins il ne sera pas le seul à vivre un choc culturel : citons Joe Rokocoko, qui est passé des Auckland Blues à l'Aviron Bayonnais, une sorte de transition douce vers la retraite sportive puisque Joe est désormais plus spectateur qu'acteur sur le terrain.


Coup d'envoi

C'est donc dans cette ambiance apocalyptique que le derby débute. Sur les chapeaux de roue. Ou presque. Après 5 ou 6 échanges de chandelles (les habituels préliminaires à tout bon match du Top 14) intervient la première mêlée, et les premières gifles sortent. Comme toujours, Marconnet chambre allègrement la première ligne adverse. En même temps, la déstabilisation psychologique est sûrement la dernière option qu'il lui reste pour dominer son adversaire. On se dit que c'est bien parti et on est encore loin d'imaginer à quel point on a raison puisqu'à la 7ème minute, l’événement le plus surréaliste de l'histoire du Top 14 va se dérouler devant nos yeux déjà injectés de sang. Mike Phillips part au ras – on se demande comment ça marche encore, sachant qu'il fait ça 12 fois par match – et s'échappe sur plusieurs mètres. Quelques temps de jeu plus tard Iguiniz inscrit le premier essai du match. Un essai qui va être annulé par Mr Fitzgibbon, car une bagarre avait éclaté auparavant entre Imanol Harinordoquy et Jean-Jo Marmouyet. Et là, c'est l'action du match : l'alcoolo du village décide de descendre sur le terrain et de se bastonner avec les Bayonnais. Pourquoi pas, après tout c'est le folklore local. Mais Canal+ nous apprend quelques secondes plus tard qu'il s'agit en fait de Lucien Harinordoquy, le père d'ImaLOL ! Incroyable. Imaginez si Jean Claude Skrela avait dû venir en découdre à chaque fois que son fils avait été mis KO sur le terrain, il serait probablement interdit de stade à vie...





L'Immonde du Rugby N°24

Vivement le remake sous titré en basque.

Hélas pour lui, Lulu apprendra que l'amour paternel ne vaut rien contre une bonne prise d'Ultimate Fighting. C'est Benjamin Boyet qui se charge de lui administrer et de clore l'incident. On se demandera quand même pourquoi ce monsieur d'une soixantaine d'années a cru qu'il était nécessaire d'aller défendre un fils d'1m90 et 110 kilos ayant fait ses preuves dans l'art subtil du pugilat (vidéo Horwill). Enfin bon, on a bien rigolé. Mais les Bayonnais ne se marrent pas tant que ça puisqu'ils ont quand même découvert la façon la plus conne du monde de se faire refuser un essai. Et en plus, c'était même pas en Coupe d'Europe contre des Anglais ou des Irlandais. Le Bého s'en tire donc bien et ouvre même le score après une bonne domination en mêlée. Bayonne va vite égaliser et on va alors se lancer dans un duel de buteur entre Peyrelongue et Boyet. Marcelo Bosch nous offrira également de nouveaux interludes comiques (rappelons sa stat au pied en Top 14 : 4/272) en ratant quelques pénalités lointaines.

Mais l'ambiance est de plus en plus tendue, et ce qu'on attend surtout, c'est la prochaine baston et le premier carton. Erik Lund aurait pu se rappeler au bon souvenir de ses ancêtres vikings (voir de son contemporain Anders Behring Breivik) et fracasser un ou deux adversaires (et brûler le stade en partant, pour le fun) mais il se contentera d'une petite échauffourée avec Lauaki : David Couzinet n'a décidément pas été remplacé au BO. On se console avec quelques belles chandelles, notamment une de Peyrelongue, récupérée par Damien Traille au nez et à la barbe de Cédric Heymans : le cauchemar du mondial se répète pour le pauvre arrière bayonnais. Damien Traille va également se distinguer avec un joli drop. Le Bého fait le premier vrai écart du match et mène 9 à 3. Humilié une fois de trop par le McGyver du rugby français, Heymans est colère et décide de désintégrer le bizut du Mondial Lakafia, qui fait pourtant bien 30 kilos de plus que lui.





Malgré cette révolte, le Bého continue de monopoliser le ballon et avance avec un jeu simple mais efficace. En même temps, il n'est jamais très judicieux de tenter des doubles sautées et des passes croisées dans le dos un jour de derby. Damien « El Mago » Traille passe un nouveau drop, 12-3. On commençait à désespérer, mais Boyoud reçoit enfin le premier carton jaune du match pour un coup de boule, l'honneur est sauf avant la mi-temps, d'autant plus que Boyet a réduit le score à 12-6 après une énième poussée en travers de Barcella.

La mi-temps nous donne l'occasion de prendre des nouvelles de Dimitri Yachvili, mis au repos après avoir joué blessé depuis quelques semaines : vu sa vitesse, nous on dirait même quelques années. Malheureusement le journaliste de Canal+ ne lui pose aucune question pertinente, comme par exemple « Vous pensez vous capable de mettre les pénalités que rate Marcelo Bosch avec un pied dans le plâtre ? ». En exclusivité, nous vous dévoilons la réponse : c'est oui. Nous avons également droit à l'avis passionnant de Jack Isaac, qui est un peu l'anti Jacques Delmas, puisqu'il a prouvé à maintes reprises son instinct de survie hors du commun, évitant toujours de se faire virer lors les nombreuses crises sportives du BO depuis 3 ans. Sans doute est-ce le brillant jeu de ligne biarrot qui joue en sa faveur... non, on déconne. Au retour des vestiaires le public d'Aguiléra sort d'ailleurs son arme fatale : le célèbre chant « Béhoooooooooooo », cette berceuse hypnotisant aussi bien les adversaires du BO que ses propres joueurs.


La seconde mi-temps

Le match s'installe donc dans un faux rythme (enfin, si on pouvait considérer la première période comme rythmée), et plus les minutes passent, plus le piège se referme sur les pauvres Bayonnais. Des Bayonnais qui sont sans solution et qui se contentent de donner la balle à Lauaki, N°8 néo-zélandais avec une coupe de cheveux de Fidjien, une puissance de Tongien et une vision du jeu et une dextérité de pilier Géorgien. Au bout d'un moment, les supporters biarrots arrivent presque à s'endormir eux-même et décident donc de déconner un peu en chantant « Huget est dopé ». Un chant particulièrement injuste pour Yoyo qui avait tenu à prouver qu'il était clean en étant absolument transparent depuis le début du match (d'habitude, il s'illustre au moins en faisant des conneries). Le Bého rajoute une nouvelle pénalité et prend à nouveau 9 points d'avance. Peyrelongue, décisif par son jeu au pied mais aussi par son jeu d'acteur, puisqu'il réussit à obtenir une pénalité en faisant passer une caresse de Haare pour un dangereux plaquage à retardement. 18-6. Le BO n'a plus qu'à gérer les 25 dernières minutes. Évidemment, s'ils savaient faire ça, ça se saurait. Traille commet un plaquage haut sur Marmouyet. Mais grâce à Marc Lièvremont, nous savons déjà que Damien Traille est au dessus de toutes les lois (même celles du bon sens) et c'est donc Jerôme Thion qui prend le carton à sa place. L'Aviron profite de ces 10 minutes de supériorité numérique pour provoquer deux pénalités et revenir à 18-12. Mais jouer intelligemment pendant plus de 10 minutes, c'est un peu trop en demander aux bleus et blancs qui prennent le troisième et dernier jaune de la soirée après une tentative de décapitation de Troy Flavell sur Balshaw. Cette fois, on se dit que la partie est terminée puisqu'on assiste à 8 minutes de rien du tout (en dehors de 6 ou 7 nouveaux en-avants).

C'est donc à la 72ème minute, alors qu'on n'attend plus rien du match, que Benjamin Boyet se décide à avoir son second éclair de la soirée (après sa tentative de meurtre sur un négociant en bétail sexagénaire). D'une superbe diagonale, il sert... Ngwenya. Mais l'Américain est bien élevé et préfère laisser Sam Gerber récupérer la balle sous son nez – sans doute un truc que Traille lui a appris lors de son arrivée sur la cote basque. Le trois quart centre sudaf se joue ensuite d'un ou deux spectateurs biarrots avant d'envoyer Lacroix à l'essai. On notera au passage que c'était bien utile de recruter Heymans et Rokocoko pour que ce soit encore et toujours Gerber qui créé ou marque des essais à l'Aviron. Boyet transforme dans la foulée : 19-18 pour Bayonne. Le crime est presque parfait, mon dîner aussi car j'ai préparé d'excellentes tagliatelles, mais ça vous vous en foutez pas mal. Il reste donc à peine 7 minutes de jeu. L'Aviron n'a plus qu'à gérer la fin de match. Mais s'ils savaient le faire, ça se saurait. C'est le moment où Serge Blanco doit utiliser ses ruses de chevalier noir des Sith pour entrer dans le cerveau de Monsieur Fitzgibbon. Ce ne sera même pas utile puisque sur une mêlée à 35 mètres des perches à la 80ème minute, la mêlée bayonnaise s'effondre. À cette distance là, Marcelo Bosch se porte volontaire pour la tenter. Mais ce que vous n'avez pas vu sur Canal+, c'est que Lulu Harinordoquy est revenu sur le terrain pour assommer l'Argentin in extremis... Un geste salutaire : c'est finalement Peyrelongue qui tape et passe la pénalité de la gagne. Laurent Rodriguez peut enfiler son chapeau de détective des années 40, et quitter le stade comme Christophe Hondelatte terminant un numéro de Faîtes entrer l'accusé. Même pas une petite générale de fin de match ? Ne soyons pas trop gourmands, nous avons déjà assisté à un match mythique. Enfin du vrai rugby.


Les titres auxquels vous avez échappés dans la presse :

Allo papa Bého
Boyet, fréquence star
Mon papa à moi est un gangster
Laisse pas traîner ton fils
Au nom du père
Au rayon derby (celui là est difficile à comprendre si vous êtes idiots, attention)
Mon fils, ma bataille
Imanol était Barbouillé
Roumieu que rien
Heymans, hypé
Aupapa BO
Imano country for old men
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  • leminet34
  • il y a 10 ans

Encore du n'importe koa lol
C'est rigolo quand même votre chronique lol

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