INTERVIEW. Sarah Goss, capitaine des Black Ferns Sevens : ''Nous avons une connexion avec les Bleues''
Sarah Goss veut mener les Black Ferns Sevens jusqu'au titre mondial. Crédit photo : Sylvain Lewis
La capitaine des Black Ferns Sevens, Sarah Goss, se livre avant le début de la Coupe du monde 2018 de rugby à 7.

On pense que tous les enfants en Nouvelle-Zélande jouent au rugby. Êtes-vous aussi tombée dans le rugby quand vous étiez petite ?

Je suis originaire de Manawatu où j’ai grandi dans une ferme. C’est lorsque je suis partie en internat à la Feilding High School que j’ai commencé à jouer au rugby. J’avais alors 13 ans et c’est à ce moment-là que ma passion et mon amour pour ce sport a débuté. À l’époque, je faisais du hockey, et c’est pour me renforcer physiquement que mes coachs m’ont conseillé de jouer au rugby. J’ai tout de suite adoré. Pas seulement le jeu, mais aussi les personnes qui étaient impliquées. Je n’ai pas arrêté depuis.

Que représente pour vous le sport et surtout le rugby ?

Quand j’étais plus jeune, je n’aimais pas être enfermée entre quatre murs. Faire du sport, que ce soit du rugby, du hockey ou du netball, était pour l’occasion de sortir et d’être à l’extérieur. Plus je passais du temps à faire du sport et moins j’en avais pour faire mes devoirs (rires).

Contrairement à ce qui est pratiqué en France, vous êtes sous contrat avec la Fédération depuis plusieurs années. Qu’est ce ça change concrètement ?

A 7, nous sommes professionnelles depuis trois ou quatre ans. La Fédération néo-zélandaise prend bien soin de nous. Avant cela, nous étions comme les Françaises. Certaines travaillaient à côté, d’autres étaient étudiantes, et il y en a encore qui étudient même si nous sommes payées. Être professionnel a changé beaucoup de choses. Cela veut dire que tu peux t’investir à 100 % dans le rugby, passer plus de temps à t’entraîner pour progresser individuellement et collectivement. C’est vraiment incroyable. Je n’aurais jamais pensé ça possible quand j’étais plus jeune. C’est un rêve qui est devenu réalité. Être payé pour faire ce que tu aimes, voyager aux quatre coins du globe, ce n’est pas donné à tout le monde.Crédit photo : Sylvain Lewis

Plus jeune, rêviez-vous d’une telle carrière ?

Oui, comme tous les enfants. Mais il y a encore six ans, il n’y avait pas de joueuses professionnelles. Si vous vouliez faire carrière dans le sport en tant que femme, il n’y avait que le netball. Quand j’ai commencé, j’ai caché à mes parents que je faisais du rugby car je pensais qu’ils chercheraient à m’en dissuader alors même qu’ils sont fans de ce sport. Quand je leur ai dit que je voulais être une joueuse professionnelle, ça les a fait rire. Mais je suis du genre têtu. Désormais, je vis mon rêve mais je sais que rien n’est acquis.

Si vous n’aviez pas percé dans le rugby, qu’auriez-vous fait ?

Je ne sais pas vraiment. Je me suis entièrement consacrée au rugby depuis mon adolescence alors c’est difficile d’imaginer ma vie sans le rugby. Mais je veux vraiment passer mon diplôme de pilote donc peut-être quelque chose dans cette branche. Piloter, c’est quelque chose que j’aimerais faire quand ma carrière sera terminée. Quand j’ai quelque chose en tête, je vais jusqu’au bout.

Si vous aviez un conseil à donner à une jeune joueuse qui comme vous rêve de jouer au niveau international, quel serait-il ?

Si tu es vraiment passionné par ce sport, et si c’est vraiment ce que tu aimes faire, alors il faut tout faire pour progresser. Il ne faut laisser personne, ni aucun obstacle se mettre en travers de ta route, peu importe d’où tu viens.

Vous avez affronté les Françaises à 7 comme à XV. Est-ce une nation que vous redoutez ? Que leur manque-t-elle pour vous battre ?

La France est une des équipes qui joue avec le plus d’envie sur le terrain. Elles sont très agressives. On sort souvent rincées d’un match face aux Françaises. C’est toujours un honneur de les affronter. Le rugby est un sport majeur en France comme en Nouvelle-Zélande. Nous avons une sorte de connexion avec les Bleues. Même si j’aime les affronter, je n’ai pas trop envie qu’elles nous battent (rires) car je n’aime pas perdre alors je ne vais pas trop en dire.Crédit photo : Sylvain Lewis

Préféreriez-vous remporter une médaille d'or aux Jeux olympiques, à la coupe du monde de rugby ou aux jeux du Commonwealth?

Je veux tout gagner (rires) même si c’est un peu égoïste. Nous avons remporté les jeux du Commonwealth récemment et aussi la Coupe du monde à 7 comme à 15. Terminer la saison sur une victoire finale sur les Sevens Series (les Black Ferns ont terminé deuxièmes à deux points de l’Australie, ndlr) et remporter la Coupe du monde à San Francisco serait quelque chose d’énorme. Si ça arrive, ce sera incroyable. Dans le cas contraire, ça voudra dire que ce n’était pas le moment pour nous.

La question bonus : Dan Carter ou Beauden Barrett ?

Pour moi, Dan Carter dans le sens où il a fait évoluer aussi bien sur le terrain qu’en-dehors. Il est connu mondialement. Beauden accomplit des grandes choses et il sera peut-être aussi connu voire plus connu que Dan mais j’ai grandi en le regardant. Je ne l’ai malheureusement jamais rencontré mais il a vraiment fait grandir le rugby et détient encore de nombreux records en Nouvelle-Zélande. C’est un de mes modèles dans sa façon d’attaquer la ligne, de jouer au pied et son excellente vision du jeu. Il a porté le jeu des All Blacks à un niveau supérieur. Sans lui et d’autres joueurs, nous n’aurions sans doute pas remporté les deux dernières Coupes du monde.

Comme Dan Carter, avez-vous déjà pensé à partir jouer en Europe ?

Oui, j’y ai beaucoup pensé. Pour le moment, ce n’est pas possible étant donné que je suis engagé avec les Black Ferns mais un jour j’espère venir en France où il y a d’excellentes équipes de rugby à XV. J’aimerais vraiment vivre cette expérience quand j’en aurai terminé avec ma carrière dans le rugby à 7.

Merci à Tudor, chronométreur officiel de la Rugby World Cup Sevens 2018 et partenaire des équipes à 7 néo-zélandaises, de nous avoir permis de réaliser cet interview.

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Sarah Goss, c'est sur elle qu'on a trouvé le fameux manuscrit ?

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