1ère Série : l'amour du rugby plus fort que le handicap, la belle histoire de Dorian Veyet (AS Succieu)
La belle histoire de Dorian Veyet, de Saint-Savin à Succieu.
Le rugby amateur, c'est aussi de belles histoires à raconter. Rencontre avec Dorian Veyet, 3/4 de Succieu, en 1ère Série.

On dit souvent que le rugby est l’histoire d’un ballon, avec des copains autour. Et quand il n’y a plus de ballon, il reste les copains. Jean-Pierre Rives, puisque la citation est de lui, avait vu juste. Et si l’image du rugby professionnel a été quelque peu écornée ces derniers mois, son pendant amateur continue de nous offrir de belles histoires. Avec les copains en toile de fond, toujours.

À 25 ans, Dorian Veyet a su s’en faire au bord du terrain. D’abord à Saint-Savin, où il débute “pour pouvoir rendre les timbres que me mettait mon frangin, rugbyman lui aussi.” Dix ans plus tard, ce ¾ centre découvre l’équipe première, en Fédérale 2 à seulement 17 ans et demi ! “J'ai joué la saison 2011-2012 sous les ordres de Stéphane Glas, un coach exceptionnel. J’étais pas trop mauvais en plaquage, mais en attaque, c'était une autre histoire : j'ai passé plus de temps à reculer à l'impact qu'à gagner du terrain !” Son objectif à l’intersaison ? S’entraîner, progresser et revenir plus fort pour continuer de porter fièrement les couleurs de son club de coeur.

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????J’ai eu de la chance je suis pas passé très loin de l’échec et mat Mais j’avoue que j’ai encore souvent la nostalgie de 10 heures du mat’ ????

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Sauf que la vie va en décider autrement. Et que son destin de rugbyman, d’homme, bascule le 9 juillet 2012. “J’ai été victime d’un accident de bécane. Il percute une voiture. Verdict : plexus brachial.En gros, la plupart de mes nerfs étaient arrachés, confie-t-il. C’est irréversible. Et les autres ont été sectionnés. Je me suis donc fait opérer sur Paris pour récupérer ce qu'on pouvait. J'étais plein d'espoir, puis le médecin m'a ramené sur terre en me disant qu’avec un peu de chance, je pourrai amener ma fourchette à la bouche avec mon bras gauche, d’ici un an ou deux.” C’est la désillusion. Et surtout la fin de ses rêves de rugbymen. “Soyons honnête, je n'avais pas le niveau pour aller plus haut que la Fédérale 2. Mais j'avais 19 ans et j'aurais aimé lutter pour pouvoir encore faire une ou deux petites paires de saison…

Football, attelle… et revanche

Après son accident, Dorian perd 23 kilos, et passe un an et demi sans pouvoir pratiquer de sport. Avant de s’essayer… au football, où une attelle plaquant son bras contre son corps lui permet de jouer au CS Four pendant quatre ans. Avec une nouvelle bande de copains. “Les joueurs n'ont pas fait cas de mon handicap, et m'ont aidé à relever la tête, à aller de l'avant. Je leur en serai toujours reconnaissant.” Mais dès le début, son objectif est de reprendre le rugby. “Mes potes me répétaient : “vas-y, ne lâche pas, mon rêve c'est de rejouer avec toi…” Le genre de phrases qui restent gravées, et te font refaire surface quand ça va moins bien.” L’ancien joueur de Saint-Savin n’a plus besoin de son attelle. Et va prendre sa revanche. “Les chirurgiens m'ont dit que c'était fini, je voulais leur prouver que non.

Il tente alors un retour au SSS. Sans pouvoir prétendre au niveau de l’équipe réserve… “Aujourd’hui, je ne peux pas dissocier mes doigts lors de mes mouvements. Je peux fermer et ouvrir ma main, et plier mon coude à un peu plus de 90 degrés.” Le ballon ovale en compétition semble s’éloigner à nouveau. L’Association Sportive Succieu Terres Froides, club de 1ère Série, va alors lui donner sa chance.

Les nouveaux copains de l’ASSTF

En début de saison, il rejoint la formation iséroise. S’habitue à jouer à une main, accepte la frustration de devenir ce joueur incapable de faire une passe sur un pas, ou de raffuter. Le roi des en-avants, qui se fait prendre épaule inté’. Mais il travaille son placement, trouve la confiance des coachs, dont il salue le travail. Et c’est avec Succieu que Dorian dispute à nouveau un match.

J’avais peur de ne pas être à la hauteur, mais les copains m’ont rassuré. J’avais une énorme envie de chialer, et de hurler : “put***, on l’a fait !” Je dis on, parce que si je rejoue au rugby, c'est grâce au soutien et à l'amour de tous ceux qui ne m'ont jamais lâché. Mon frangin, ma sœur, mes parents et tous ces potes, ça m'en fout des frissons encore aujourd'hui. Je compare souvent ce combat un match de rugby : une équipe qui avance, se fait des passes, et à la conclusion, c'est moi qui marque l'essai. Un marqueur, sans son équipe, il ne marque pas.

Comment fait-il pour jouer avec un bras à peine valide ? A-t-il développé des qualités face au handicap ? “Je mets plus d'engagement sur les plaquages. Parce qu'avec un bras, si tu n’avances pas sur le plaquage... Mais ce qui est beau, c'est que ce n'est même pas moi qui m'adapte le plus : ce sont mes potes sur le terrain. Ils apprennent à me donner les ballons pour me faciliter la tâche.

Ben Pellissier, ailier de l’ASSTF, confirme, et salue l’état d’esprit de son coéquipier. Il a su nous mettre à l'aise avec ce handicap, et on en rigole parfois à l'entraînement. Lors d'un toucher deux mains, il y en a toujours un pour faire un blague, mais parfois, c'est lui qui l’a fait ! On oublie vite son handicap quand il découpe son vis-à-vis pendant un match. Il ne s'échappe pas.” Et inspire même les siens grâce à ses passes… en chistéra. “On essaie tous de les reproduire à l'entraînement, sans réussite.

Le bouclier en fin de saison ?

Cinquième de sa poule, Succieu peut toujours croire à un bouclier en fin de saison. La fin d’une belle histoire… Et un message à faire passer ? “Je ne suis personne pour donner des leçons, on réagit tous différemment à ce genre d'événement. Mais comme dirait Grand Corps Malade : fixez vous des "espoirs adaptés". Il reste encore tellement d’émotions à vivre ! Tous les dimanches, je joue avec mes copains avec qui on va à la guerre, ce n'est pas ça le plus beau ?” Dorian de souhaiter de nouveaux... apéros pour cette fin de saison. "Et rester la bande de copains que nous sommes, pour encore bien des saisons.Il disait quoi déjà, Jean-Pierre Rives ?

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Le rugby est un sport unique grâce à des personnes comme toi Dorian. Bravo!!!

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