Malgré l'élimination en demi-finale de Champions Cup face à l’UBB ce dimanche (35-18), Ugo Mola n’a pas fui ses responsabilités. À chaud comme à froid, l’entraîneur du Stade Toulousain a livré une analyse sans filtre, fidèle à son style : droit dans ses bottes, protecteur envers son groupe, mais exigeant sur l’état d’esprit et les détails. Et surtout, pas question pour lui de se réfugier derrière l’absence de certains cadres.
« Quand tu gagnes tout le temps, c’est que tu joues à un jeu trop facile »
Dans un match où l’UBB a brillé par ses fulgurances — notamment grâce à une charnière Jalibert-Lucu en lévitation — Toulouse a semblé parfois à bout d'inspiration. Mais pas à bout d’engagement. « Nos joueurs n’ont pas abdiqué », insiste Mola via le Midi Olympique au sortir de l'une des rares défaites de la saison. Si les Toulousains ont connu des passages à vide, ils ont aussi manqué de tranchant dans les moments décisifs, comme cette touche cruciale perdue juste avant la pause.
TOP 14. LA grosse équipe ? La compo probable du Stade Toulousain pour le choc au Vélodrome face à ToulonCe genre de détail, en phase finale, coûte très cher. Surtout face à une équipe en état de grâce. « Aujourd’hui, nous sommes tombés sur une équipe euphorique », reconnaît Mola, soulignant que Bordeaux avait su « stratégiquement trouver des parades » pour annihiler les velléités toulousaines.
Une défaite, pas un effondrement
À ceux qui pointent du doigt les absents, et non des moindres comme Ramos, Dupont et Mauvaka, l’ancien 3/4 est clair : ce n’est pas le sujet. « L’excuse des absents, quand on voit les joueurs sur le terrain, elle est quand même malvenue. Je n’ai pas la sensation qu’un joueur du Stade soit passé à côté. » Une déclaration forte, presque à contre-courant dans un rugby moderne où les blessures et les doublons deviennent souvent des alibis tout trouvés pour certains.
Cette prise de parole fait aussi écho à l’état d’esprit affiché dans les rangs toulousains depuis plusieurs saisons : l’exigence de performance, quels que soient les hommes alignés. Si certains cadres manquaient à l’appel, les remplaçants ont tenu leur rang. Mais face à une UBB survoltée, cela n’a pas suffi.
« On va se regarder dans un miroir »
La défaite est amère, mais Mola refuse le catastrophisme. « On a beaucoup gagné ces derniers temps et on ne va pas tout remettre en question parce qu’on s’est fait attraper. » Pour lui, c'est une occasion de se remettre en cause sans renier ce qui a été construit. Car c’est aussi dans ces moments-là que se forge l’ADN des grandes équipes.
Lucide, le technicien toulousain évoque une préparation « énergivore », une équipe « peut-être en manque de jus », mais ne cherche pas à masquer la réalité. L’UBB a mieux joué. Point. Et Toulouse devra (va) en tirer des leçons. « Nous prendrons le temps de voir les choses froidement et comptez sur nous pour être plus difficiles à battre dans quelques semaines. »
L’UBB a gagné la bataille tactique
Dans cette demi-finale, Bordeaux a imposé son tempo, notamment en ralentissant les sorties de balle toulousaines et en empêchant le jeu de se développer dans la largeur. Résultat : Toulouse n’a jamais vraiment pu enclencher la vitesse qui fait sa force. « Un rugby qui ne nous permettait pas de mettre de la vitesse », regrette Mola. Même les temps forts, comme à la 74e minute, sont restés stériles.
Ugo Mola : "Quand tu gagnes tout le temps c'est que tu joues un jeu bien trop facile"
— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) May 4, 2025
Après la défaite de son équipe face à l'UBB, le manager toulousain en se cherchait pas d'excuses. Ils sont tombés sur plus forts qu'eux. pic.twitter.com/xEO19xh07b
Et quand les ballons de contre ne tournent pas dans le bon sens, l’histoire bascule vite. « Plein de petits faits de jeu ne sont pas tombés du bon côté », concède l’entraîneur toulousain. Mais à aucun moment, il ne remet en question la volonté de ses hommes. C’est bien une question de lucidité, pas de cœur.
Le Stade reste debout
Cette défaite ne remet pas en cause le travail de fond mené au Stade Toulousain. Elle rappelle simplement que même les meilleures machines peuvent caler quand les étoiles ne s’alignent pas. « Sincèrement, quand tu gagnes tout le temps c’est que tu joues à un jeu bien trop facile. » Une phrase qui résonne comme une piqûre de rappel, autant pour ses joueurs que pour l’ensemble du rugby français.
Toulouse est tombé, oui. Mais debout. Et comme souvent avec les grandes équipes, la réponse viendra sur le terrain. En Top 14, où les Rouge et Noir auront à cœur de rebondir et de faire taire les doutes. Ne comptez pas sur eux pour terminer en roue libre. Ils ont encore un titre à défendre. Et ce revers en demie pourrait être bénéfique dans cette quête. Et personne ne viendra leur rappeler cette défaite s'ils soulèvent un 24e bouclier de Brennus.
Jacques-Tati-en-EDF
Une introspection ... C'est déjà pas mal.
A bien y repenser et outre le niveau de l'UBB sur ce match, je trouve que ne pas faire jouer l'équipe type pendant 3 semaines peut aussi avoir ses désagréments comme celui surtout de dérégler un peu le mouvement collectif au niveau des soutiens offensifs et défensifs. D'où les maladresses et petites erreurs. Le ST a souvent exactement ce problème en début de saison et se fait gratter pas mal de ballons. En général ça se rétablit vers le début de la C Cup. Il me semble qu'il aurait fallu faire justement jouer davantage ces joueurs et en particulier la charnière. Au moins une mi-temps contre le CO. Mais peut-être était-ce le cas et qu'il était en fait prévu de faire jouer Ramos en 10 et Kinghorn en 15 pour cette demie ?
Pianto
Je suis d'accord sur les deux points :
- ils n'ont peut-être pas assez joué ensemble
- ce n'est sûrement pas la compo qui était prévue
Il est possible aussi que Mola ait pensé que ça suffisait et qu'il réalise aujourd'hui qu'il s'était trompé mais ce n'est pas facile. Il connait l'importance de la fraicheur pour les dernières échéances et s'il a beaucoup fait tourner c'est parce qu'il essayait d'avoir les mecs dans la meilleur forme possible à la fin.
On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Avoir les automatismes bien rodés et les corps reposés à tout moment. L'arbitrage entre ces deux choix n'a pas été concluant dimanche dernier. mais qu'en sera-t-il dans trois semaines ?
Toulouse est sûrement l'équipe qui fait le plus de turnover et ils ont fini en boulet de canon l'an passé quand leurs adversaires étaient cuits.
Jacques-Tati-en-EDF
Il me semble qu'ils avaient un peu plus joué ensemble, mais je ne peux pas l'affirmer. Après ça se joue aussi sur des formes du moment. Là, de nombreux joueurs du Stade ne sont pas en pleine forme, il y a des blessés importants. Comme j'évoquais ça avec RNP, je pense que ce serait légitime de faire jouer les joueurs les plus incisifs pour cette fin de saison: Jelonch, Chocobarres, Barassi, Lebel, ... Et pourquoi pas Daroque, Vergé, Merkler en titu, Ramos en 10 et Kinghorn en 15 s'ils reviennent bien ...
Bon, on verra bien...
Jièl
Vos arguments méritent la réflexion, clairement je trouve.