Rugby Europe Championship - Bousculée, la Géorgie s’est imposée par la puissance et l’expérience en terre espagnole
La joie des Géorgiens lors du match face à l'Espagne.

Le contexte

En cette troisième journée de Rugby Europe Championship, le XV del Leon recevait les Lelos à Valladolid, véritable bastion du rugby espagnol. Dans des conditions climatiques agréables et devant 5 000 spectateurs réunis pour l’occasion, les adversaires du jour se sont livré un combat âpre.

Les équipes

La Géorgie :

Après avoir fait tourner leur effectif face à la terrible mêlée belge et aux Allemands, les Lelos enregistraient les renforts provenant du MHR, de Shalva Mamukashvili et Konstantin Mikautadze, pour affronter une des équipes en forme de ce championnat : les valeureux Espagnols. Derrière, Vasil Lobhzanidze, après avoir passé 6 mois à la salle de muscu à Brive (qui va à Brive pour jouer au rugby ?), fait enfin son apparition sur le terrain. Malheureusement, les hommes en forme des deux derniers matchs, Giogi Koshadze (le centre qui ne sait pas plonger dans l’en-but), et Beka Gogagdze ("le futur Gorgodze"), victimes du syndrome du joueur géorgien savant jouer au rugby ne sont pas présents. Dommage de ne pas les voir face à une meilleure opposition. C’est donc avec une équipe expérimentée et proche du XV type que les Géorgiens se présentent en Espagne pour poursuivre leur tournée des stades de campagne. Plus accueillant que les Belges, les Espagnols ont tout de même convié le soleil à cette rencontre.

L’Espagne :

C’est un XV remanié qui s’est présenté face aux Champions en titre. Le pilier Fernando Martin Lopez Perez a gardé sa place à gauche de la 1re ligne. En revanche, Alberto Blanco Alonso a suppléé Jonathan Garcia à droite. Auzqui, titulaire face aux Roumains, a pris place sur le banc, tandis que les 2es et 3es lignes ont été intégralement renouvelées. Absent, l’emblématique Jaime Nava De Olano cède sa place, propulsant le Montalbanais Gautier Gibouin en 3e ligne centre et capitaine. Si Mathieu Bélie a été reconduit à l’ouverture, Guillaume Rouet a cédé sa place à son frère Sébastien derrière les gros. Chez les ¾, Jordi Jorba (11), Thibaut Alvarez (12) et le canonnier Bradley Dean Linkdater (15) ont été reconduits. Daniel Ross Snee (13) et Silvio Castegioni Algorritz (14) ont fait leur apparition pour compléter la ligne.

Le match

Géorgie :

La seule lumière du match est donc venue de ce fameux soleil convié par les Espagnols. Pour le reste, un désastre rugbystique. Les Géorgiens ont livré une prestation indigne de leurs qualités en étant aussi inspirés que le plan de jeu de PSA. Prenant de haut les Espagnols, ils se sont fait bouger, encaissant même quelques belles cartouches : le centre espagnol décapitant son vis-à-vis géorgien (30e).

En résumé : aucun rythme, que des mauvais choix, incapables d’aligner une passe, une conquête en touche désastreuse et des mêlées dominées mais mal exploitées. Ils se sont contenté d’aller percuter l’adversaire sans y ajouter une once d’incertitude ; comme dans une cour d’école, chacun voulant mettre son cul aux vaillants Espagnols. Ce samedi, les Géorgiens étaient très loin du top 10 mondial. Heureusement pour eux, leurs qualités physiques (et non-techniques) largement supérieures aux Espagnols, ainsi qu’une défense de fer, leur permettront de prendre le dessus sur les adversaires du jour. Même avec ce genre de prestation, les Lelos gagnent. Simplement pas la même catégorie.

Espagne :

Auteure d’une bonne entame, l’Espagne a franchement tenté d’envoyer du jeu mais s’est heurtée à une défense très physique. Les hommes de Santiago Santos ont souffert physiquement face à la Géorgie, qui a su s’appuyer sur sa supériorité en conquête pour investir le camp des locaux à de nombreuses reprises. Le pack espagnol a subi face aux avants des Lelos : dominés sur les ballons portés, les locaux ont carrément été châtiés en mêlée. Leur abnégation en défense leur a permis d’opposer une résistance très sérieuse. Ils ont toutefois payé leur déficit de puissance et concédé quelques fautes, permettant à leurs adversaires de rester au contact.

Beaucoup plus entreprenant dans le jeu, le XV del Leon a été récompensé à la 25e par un essai inscrit au ras tout en détermination par le 2e ligne Gavidi, à la conclusion d’une séquence de plusieurs minutes dans les 22 adverses. Par la suite, les locaux se sont montrés trop imprécis en attaque, rendant leurs lancers sur pénaltouches en ne trouvant pas les sauteurs. La conquête dans son ensemble a été assez défaillante… Quand ils ont tenté d’emballer le jeu, ce sont plusieurs en-avants, ou autres passes non assurées, qui n’ont pas permis de développer des mouvements fluides. Malgré tout, ils viraient en tête à la pause grâce à leur engagement défensif et leur détermination.

Durant le deuxième acte, les Espagnols ont subi les offensives géorgiennes, bien menées par une paire de centres incisifs.
Le XV del Leon a craqué à deux reprises en défense. Pourtant plein d’intentions, les locaux n’ont eux pas su concrétiser leurs temps forts. Face au froid réalisme géorgien, les hommes de Santiago Santos ont vu une victoire de prestige leur échapper. La gestion de la fin de rencontre à l’expérience de la part de la Géorgie a été impeccable.

En résumé, ce match a été à l’image de la rencontre perdue en Roumanie. Les Espagnols ont tenté de produire face à une équipe plus solide physiquement, qui a su s’appuyer sur sa conquête et son expérience pour l’emporter. N’oublions pas que la Géorgie est tenante du titre et domine largement le Rugby Europe Championship depuis plusieurs années. Les Espagnols ont fait mieux que résister, ils ont fait déjouer pendant une heure une formation qui leur était nettement supérieure sur le papier. Et c’est rageant d’échouer pour si peu. Si elle parvient à remporter ces matchs, ce sera un (très) grand pas de fait vers la qualification au Mondial 2019.Crédit vidéoSPORT GEORGIA

Tops :

Kalokalo Gavidi : Percutant, et présent dans les zones de combat, il est récompensé par un essai en force. Les Géorgiens ont été pris à leur propre jeu.

Merab Kvirikasvhili : Manque un premier coup de pied dans ses cordes mais se rattrape en enquillant des quatre coins du terrain. Il a su mettre son équipe à l’abri. Présent en attaque, il a été l’arrière le plus dangereux.

Giorgi Tkhilaishvili : Belle performance du flanker Géorgien. Un match plein récompensé par un essai tout en puissance.

Flops :

Lasha Malaguradze : Une prestation honteuse. Incapable de faire une passe, il a réussi l’exploit de réaliser plus de coups de pied contrés que de passe (au singulier). Aucune inspiration, a passé son après-midi à taper des rasants.

Thibaut Alvarez : C’est franchement un crève-cœur de le citer ici tant son engagement a été total. Toutefois, son superbe caramel à la 30e minute a coûté une pénalité aux locaux, et il a commis de petites fautes de main en attaque…

Les moments fun : 

10e minute, quand la mêlée géorgienne a martyrisé son homologue : on ne savait pas que c’était possible de reculer aussi vite… ça pique.

30e minute, quand le centre Thibaut Alvarez est pénalisé pour avoir collé un énorme timbre au 22 géorgien. C’est discutable, on n’est pas à la danse classique, mais la règle est appliquée à la lettre La cartouche monumentale du centre espagnol a tout de même été un régal face à des Géorgiens amorphes. Alors, plaquage à l’épaule méritant une pénalité ? À vous de juger.

La décla d’après match

Titulaire à la mêlée pendant ce match, Sébastien Rouet nous donne ses impressions.

Sébastien, quelle est ta sensation après cette défaite face aux Géorgiens ?

Déjà que le match a été compliqué en mêlée, je crois qu’on a été sanctionnés sur toutes les mêlées. À partir de là, c’est compliqué de lancer le jeu. Mais on a eu une très bonne défense malgré une équipe de Géorgie bien plus dense physiquement. Au-delà de ça, on n’a pas su concrétiser nos occasions et nos temps forts.

Sur ce match, le scénario fait penser au match en Roumanie, vous aviez plus d’intentions dans le jeu mais ils vous ont pris devant et usé à l’expérience…

Je pense qu’on a quand même eu plus de ballons que sur le match face à la Roumanie, mais oui ils nous ont pris en mêlée !

Votre jeu a pu être un petit peu pollué par des imprécisions en attaque, mais défensivement, vous êtes costauds, c’est d’autant plus rageant. Quel est ton regard là-dessus ?

C’est clair, on l’a vu à la vidéo, un coup c’est la dernière passe, parfois certains s’oublient… cela compromet le système de jeu. Ce sont de petits détails qui doivent nous permettre, à terme, de battre ces grosses équipes.

Quoiqu’il en soit, quand on connait les performances de la Géorgie ces dernières années, on peut dire que l’Espagne a répondu présent face au cador du championnat. Il y a de bonnes choses, comment abordez-vous les deux confrontations à venir contre l’Allemagne et la Belgique ?

On va s’appuyer sur notre défense. Ensuite, il va falloir gommer toutes ces imprécisions en attaque, et améliorer la mêlée et la conquête. Ces deux derniers matchs sont très importants, il faut absolument l’emporter, c’est notre objectif !

Conclusion :

Géorgie : Rendez-vous dimanche 12 Mars pour le derby face aux Russes. Match à fort enjeu émotionnel pour les Géorgiens, qui auront à cœur de se rattraper et d’écraser la Russie.

Espagne : Après avoir joué les deux grosses écuries du tournoi, les Leones ont un déplacement en Allemagne au menu et ont l'occasion de remettre l’église au milieu du village.

Article co-écrit avec Guillaume.

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  • mimi12
    121506 points
  • il y a 7 ans

Les Espagnols se sont bien battus !

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