La (nouvelle ?) stratégie assumée de Galthié pour aller chercher le titre en 2027
Entre exigences et convictions : Galthié pose le cap du XV de France. Crédit image : Screenshot Youtube France Rugby
Une déclaration, un virage. Galthié assume une transformation majeure du projet bleu. On en révèle les implications en vue de la Coupe du monde.

À l’occasion de l’annonce de la composition du XV de France pour affronter les Fidji, Fabien Galthié a clarifié la stratégie sportive qui guidera les Bleus jusqu’à la Coupe du monde 2027 en Australie. Le sélectionneur a insisté sur une idée directrice forte : “L’ambition, c’est au moins d’avoir trois joueurs par poste”.2 titularisations inattendues : le staff prépare déjà demain face aux Fidji avec une composition ambitieuse2 titularisations inattendues : le staff prépare déjà demain face aux Fidji avec une composition ambitieuseSelon lui, la progression du groupe passe désormais avant tout. Les rotations, déjà anticipées avant le match contre l’Afrique du Sud et toujours envisagées pour la suite, s’inscrivent dans cette vision de moyen terme. Galthié a aussi détaillé les difficultés traversées — notamment les défaites à domicile et la reprise après neuf mois sans match commun — tout en affirmant que ces moments “ne posent pas de problème” au staff, qui s’en nourrit pour avancer.

Une vision assumée : pourquoi trois joueurs par poste ?

L’idée peut sembler ambitieuse, mais elle répond à une logique limpide dans les propos du sélectionneur. Galthié l’a martelé : “On a compris qu’aujourd’hui il fallait développer le groupe, il fallait donner de l’expérience à d’autres joueurs, il fallait essayer d’avoir trois joueurs par poste en capacité de porter le maillot de l’équipe de France.”

Dans son discours, deux notions ressortent :

  1. La nécessité d’élargir le vivier, car l’équipe de France doit pouvoir traverser blessures, méformes et aléas inhérents au haut niveau. Elle ne doit pas se retrouver démunie en cas d'imprévu juste avant le Mondial et même pendant.
  2. La création d’un vécu commun, essentiel selon lui avec des éléments ''potentiellement capables de jouer en équipe de France. Capables, ça veut dire avoir un peu d’expérience, avoir quelques matchs, avoir quelques vécus, avoir quelques repères avec nous, parmi les 42, parmi les 28, et aussi sur les matchs internationaux.”

Dans la logique rugbystique, cette stratégie rapproche l’équipe de France des nations qui ont structuré leur réussite sur la profondeur (Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande). L’idée : chaque poste doit pouvoir basculer vers une alternative fiable sans perte dramatique de repères. On le sait, les All Blacks veulent quatre joueurs par poste tandis que l'Afrique du Sud cherche à construire deux équipes capables d'être championne du monde.

Cet aspect apporte de la valeur ajoutée : au-delà du discours, c’est un changement structurel majeur. Le staff n’est plus dans la simple gestion d’un XV titulaire, mais d’un groupe élargi évoluant par “unités”, capables d’être interchangeables selon les fenêtres internationales et l’état physique des joueurs. Si le premier mandat avait servi à construire le noyau dur de l'équipe de France. Le second est celui de la confirmation et surtout de l'évolution. 

Ce que révèlent réellement ces rotations

Les propos du sélectionneur permettent de mieux comprendre certaines décisions récentes qui ont pu surprendre la communauté. Comme le fait de se passer de Grégory Alldritt face à l'Afrique du Sud avant de lui confier le capitanat samedi face aux Fidji. Les rotations parfois massives ne sont donc pas des ajustements réactifs mais une stratégie planifiée entre gestion du temps de jeu et émulation interne : “Nous sommes sur une compétition qui nous permet des rotations… envisagées avant le match Afrique du Sud et toujours envisagées pour le match après les Fidji.

L’importance du vécu collectif

Le technicien insiste sur l’importance du temps passé ensemble : “Notre dernier match ensemble, c’était l’Écosse… c’était il y a neuf mois et on a eu cinq entraînements pour se retrouver.” Une information clé pour comprendre pourquoi le staff ne veut plus dépendre de fenêtres trop courtes pour reconstruire des automatismes. Plus le groupe élargi aura vécu de situations, mieux il répondra sous pression.

Un discours qui assume les difficultés

Galthié ne nie rien : blessures, défaites, doutes… Il parle même de nécessité : “Il faut qu’on soit en capacité de traverser des moments compliqués… Les défaites amènent le doute, amènent la pression. Mais ça ne nous pose pas de problème. Au contraire, c’est quelque chose qui nous rend plus forts.” Du quart de finale perdu face aux Boks au revers concédé à Marseille face à l'Irlande, les défaites à domicile doivent servir à élever le groupe. Et non à l'enfoncer comme on peut le faire certains 'supporters' sur les réseaux sociaux.

Une sélection adaptée, assumée et contextualisée

Le sélectionneur de rappeler que là où les nations du sud peuvent passer des mois ensemble, le calendrier du TOP 14 oblige l'encadrement tricolore à des ajustements : “La meilleure équipe de France, vous l’avez cet hiver. L’équipe de la Nouvelle-Zélande, c’est une sélection qui est à peu près du troisième niveau… construite en fonction du planning et de la forme des joueurs.” On le sait, le staff doit faire avec ces contraintes, mais il se sert aussi de ces contextes variables comme opportunités pour donner du vécu à des joueurs qui en ont besoin.

Ce que ça change pour le XV de France

Un effet levier pour la Coupe du monde 2027

Si Galthié veut trois joueurs “capables” par poste, cela signifie que les fenêtres de rotation vont continuer. Les joueurs déjà installés devront conserver un niveau de performance constant, tandis que les potentiels nouveaux entrants auront davantage d’opportunités de se montrer.

On pense ici à Guillard qui a profité de la tournée face aux All Blacks pour se montrer et qui a été récompensé de son bon début de saison avec Lyon par une titularisation face aux Boks. Un parcours qui n'est pas sans rappeler celui de Jaminet, parti en Australie sans aucun match de TOP 14 dans les jambes, avant d'avoir sa chance à l'arrière. Une notion de "porte ouverte" chère à Galthié.

Même sans citer de noms, l’idée est limpide : préparer une équipe capable d'encaisser toute forme d’aléa en Australie. L’objectif affiché : “Développer un potentiel, un groupe élargi équipe de France.” Et même au-delà de 2027. Le Mondial 2031 aux USA se préparent également maintenant avec une jeune génération talentueuse incarnée par les Bielle-Biarrey, Jauneau, Le Garrec, Gailleton, pour ne citer qu'eux. Le tout, entouré de tauliers comme Dupont et Alldritt qui seront encore en âge de jouer si leur corps le permet.

Une conséquence sur la dynamique interne

Plus de concurrence, mais aussi plus de complémentarité. Chaque rassemblement devient une micro-compétition mais aussi un laboratoire tactique permettant au staff d’identifier des associations de joueurs utiles sur la durée. Sans s'en plaindre outre mesure, staff travaille avec les contraintes du calendrier, mais les transforme en avantage dès que possible. Cela clarifie la logique derrière certaines sélections estivales ou hivernales. 

Avec ces déclarations, Fabien Galthié envoie un message clair : le XV de France se reconstruit avec méthode, profondeur et lucidité. Les Bleus avancent avec une vision, celle d’un groupe élargi, capable de performer malgré l’adversité, le calendrier, les blessures et les méformes. Et pour les supporters comme pour les joueurs, cela ouvre un nouveau chapitre passionnant.

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  • Ronnie64
    7277 points
  • il y a 15 minutes

La stratégie de Galthié, c'est un peu 'continuer de tirer pour faire croire à l'ennemi qu'on a encore des munitions'. 🏈

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