Il a fait son premier match de Champions Cup : découvrez Yannick Youyoutte, le Guadeloupéen du Stade Toulousain
Le jeune deuxième ou troisième ligne commence à rentrer dans la rotation du Stade.
Nouveau visage toulousain cette saison, le polyvalent Youyoutte a même fait ses débuts en coupe d'Europe au début du mois. Un garçon au parcours étonnant.

Au vrai, la première fois que le nom de Yannick Youyoutte nous remonta jusqu’aux oreilles, c’était lors d’un match de pré-saison du Stade Toulousain contre Colomiers, à l’été 2018. Malgré la défaite des Rouges et Noirs ce jour-là, le colosse (1m97 pour 120kg) nous avait tapé dans l’oeil de par son abattage et sa capacité de déplacement, au milieu des meilleurs jeunes du club, presque tous alignés. Malgré tout, son jeu présentait aussi de vraies lacunes et, a pas encore 19 ans à l’époque, le deuxième ligne dû se contenter du groupe Espoirs pendant de longs mois, sans jamais avoir sa chance avec les pros’ en suivant.

Alors, en début de mois, lorsque l’on vit son nom couché sur une feuille de Champions Cup pour la première fois face à l’Ulster, on eut une pensée toute particulière pour le Guadeloupéen de 21 ans désormais. Et l’on se dit alors que sa progression avait dû être éclair pour se retrouver sur le banc toulousain au Kingspan Stadium de Belfast, à peine plus de deux ans après notre première rencontre. En Irlande du Nord, ce grand amateur de basket avait profité des blessures des uns et des autres pour faire son apparition à 18 minutes de la fin, en guise de baptême du feu. Entré à la place d’Arnold juste après l’heure de jeu, le Stade Toulousain était en effet mené lors de ce changement opéré par Ugo Mola puis luttait pour conserver sa petite avance en fin de rencontre (victoire 22 à 29). Des débuts sur la principale scène européenne qui faisaient suite à une première titularisation au poste de numéro 4 la semaine précédente face à Bayonne. La suite logique - mais rapide - pour un garçon qui s’affirme comme l’une des belles surprises de la première partie de saison stadiste avec son compère Emmanuel Meafou (22 ans, 2m03 et 140kg).

Formé en Guadeloupe

Lui ? C’est un garçon qui a fait toute son école de rugby dans les Caraïbes, en Guadeloupe, au club du Good Luck de Gosier, sur son île natale. Sur Cibuqueira (Grande Terre, en langue caribéenne), sa grande carcasse détonne au milieu des autres mais Youyoutte doit encore largement progresser lorsqu’il est repéré par le Stade Toulousain, lui qui ne battait le pavé sur le pré jusqu’alors que pour suivre les traces du pater familias. J’ai eu du mal au début notamment sur le plan physique et technique parce que le niveau est beaucoup plus faible en Guadeloupe, admettait le principal intéressé sur le site de la FFR en 2018. Le fait d’enchaîner les matches a aussi été compliqué d’autant plus que l’éloignement de la famille ne faisait rien pour améliorer les choses. » Arrivé en métropole en 2014, l’enfant de l’île papillon doit s’adapter aux exigences du rugby hexagonal, notamment dans le déplacement. Au Pôle France, il est même parfois installé à la pile à cause d’un « excès de matière », pour le formuler joliment. Mais au profit de ses qualités physiques, c’est tout naturellement en deuxième ligne qu’il s’installe ensuite du côté des jeunes du Stade. C’est d’ailleurs à ce poste qu’il sera sélectionné pour la première fois avec les U20 en janvier 2018, lui, le premier joueur formé en Guadeloupe à connaître les joies des équipes de France jeunes. Du Top 14 aussi, mais ça, il ne le sait pas encore.

Jeune à fort potentiel

Et les Mondiaux victorieux avec ses partenaires de club ? Non, le Toulousain n’y participera pas, barré par des garçons comme Geraci ou Lavault que ce soit en 2018 ou en 2019. Pour autant, cet amateur de breakdance est placé sur la liste des joueurs à fort potentiel par l’encadrement du vingtuple champion de France la même année. En août, au nom d’un partenariat entre le club le plus titré de France et les Yamaha Jubilo, Yannick Youyoutte fait partie des deux joueurs Haut-Garonnais à s’envoler pour le Japon et la ville d'Iwata, dans la province de Shizuoka. Avec son compère Malanda (21 ans à l’époque), il part disputer la coupe du Japon mais connaîtra également le privilège d’affronter l’équipe de France - alors en préparation au Mondial nippon au pied du mont Fuji - lors d’un entraînement dirigé. Une aventure exceptionnelle aussi bien sur le plan sportif que culturel pour les deux Espoirs, qui avaient immortalisé l’instant avec les « grands » du Stade, Huget, Médard, Dupont et consorts. 

Crédit photo : Stade Toulousain Rugby

De cette aventure pour le moins exotique, le principal intéressé en aura également tiré une meilleure capacité de déplacement. C’est d’ailleurs depuis son retour de prêt que Youyoutte a apporté une palette importante à son jeu : la polyvalence. Sur avis des coachs et grâce à sa mobilité ainsi que ses aptitudes ballon en main, l’ami de Peato Mauvaka glisse donc de plus en plus souvent sur le flanc de la troisième ligne, autant qu’il s’entraîne avec le groupe professionnel. Jusqu’à sa pleine intégration à celui-ci cette saison. Aperçu lors des amicaux, l’enfant de Grande Terre a donc ensuite connu ses débuts en Top 14 en octobre dernier, sur la pelouse du Racing. « Je me suis dit qu’il fallait faire ce que je savais faire. Il ne fallait pas se prendre la tête et m’envoyer à fond. Par la suite, j’ai tout donné car je ne voulais pas avoir de regrets pour mon premier match. (…) Les coachs m’ont aussi beaucoup parlé et mis en confiance. Cela m’a énormément aidé pour ce premier match », déclarait-t-il après le match.

Et puis, trois semaines plus tard, c’est au milieu d’une équipe très rajeunie et d’une rouste reçue à Paris (48 à 14) que son salut vînt. Une performance intéressante en numéro 7 et voilà que l’on sentait Youyoutte capable d’élever son niveau pour tutoyer ce fameux très haut niveau. Bien intégré et encadré par les « anciens » du vestiaire, son profil hybride ainsi que son aisance en l’air et dans les déplacements ont tout pour s’épanouir dans le style de jeu prôné par le Stade Toulousain. Pour l’heure, lui jure s’en tenir à une envie de travailler et de progresser, ainsi qu’aux conseils de « Lucho » Madaule au sujet de la touche. « Apprendre de chacun et se créer son propre rugby », comme il aime le rappeler. Avec déjà 7 feuilles de match à son compteur depuis le début de la saison dont ses entrées remarquées en Ulster et face à Bordeaux dimanche dernier, on jurerait pourtant qu’il a un peu plus que ça à jouer.

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