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France U20 - Matthias Haddad-Victor : ''on m’a toujours dit : aux jambes, ça tombe''
France U20 - Matthias Haddad-Victor a été une des révélations du Mondial des moins de 20 ans.
Après avoir crevé l’écran lors de la Coupe du monde U20, où il était doublement surclassé, le jeune troisième-ligne aile Matthias Haddad-Victor livre ses premières impressions.

Si vous n’étiez pas concerné par le bac ou les premières soirées de l’été durant le parcours triomphal des U20 à la coupe du monde, vous avez  vous vous posez cette question : qui est ce longiligne numéro 6 français avec son casque jaune ? Il s’agit de Matthias Haddad-Victor, tout juste 18 ans. Partant en tant qu’invité surprise de la liste, il a fini la compétition dans la peau d’un titulaire indiscutable. Véritable sécateur, il a impressionné tout le monde par son activité défensive. Vaincus en demi-finale (20-7), les Sud-Africains font toujours des cauchemars de ses plaquages aux chevilles à répétitions. La suite, c’est lui qui la raconte.France U20 - Matthias Haddad-Victor, qui est ce Crabos qui pourrait être champion du monde ?France U20 - Matthias Haddad-Victor, qui est ce Crabos qui pourrait être champion du monde ?

C’est ta première interview ?

Non, la Coupe du Monde ça a donné un petit coup de boost, j’ai eu de la chance !

Cela fait quoi, à 18 ans, de se dire qu’on est champion du monde ?

Cela surprend énormément car on ne s’y attend pas forcément. Mais cela fait énormément plaisir ! Il y a beaucoup de fierté. Je suis très heureux pour mon entourage, aussi, qui a toujours été présent pour moi. Ils ont fait des sacrifices, tout comme moi j’en ai fait, pour en arriver là. C’est un aboutissement de plusieurs années de travail, mais aussi de plusieurs années de toutes les émotions que peuvent procurer le rugby comme la joie, la déception… Mais finalement, on sait pourquoi on fait tout cela, pour avoir des moments magiques comme celui-ci, et je le souhaite à tout le monde.

Alors que tu as passé le reste de la saison avec l’équipe de France U18, t'attendais-tu à cette convocation de Sébastien Piqueronies ?

Non, j’ai été très étonné mais aussi très content ! Déjà en U18 cela a été compliqué car je sortais de trois mois de blessure (de janvier à mars) où je n’avais pas touché de ballon. J’ai déjà été surpris d’être au Festival des Six Nations et je remercie le staff pour leur confiance. De plus, je n’avais aucun vécu avec les U20 donc je ne m’attendais absolument pas à faire partie de l’aventure. Alors, quand j’ai appris ma convocation, j’étais le plus heureux ! Après, j’ai également eu de la chance et je pense à ce qui n’en ont pas eu et qui auraient mérité d’être là, comme Paul Boudehent. Malgré sa blessure qui l’a privé du mondial, il m’a soutenu durant le stage et la compétition. J’ai eu de la réussite on va dire, mais j’ai tout donné et ça a marché.

Cette saison, tu as évolué en Crabos alors que nombre de tes partenaires et adversaires évoluent déjà en professionnel. Comment as-tu compensé cela ?

J’ai eu la chance d’avoir un super entourage qui m’a aidé à ne pas y penser. Le staff et les joueurs m’ont aussi rassuré pour m’aider à rester concentré sur mon jeu. Comme ils me l’ont rappelé, en face ce n’était que des joueurs de rugby ! Il était important de faire abstraction du contexte afin que je ne me prenne pas la tête et que je me focalise sur mes performances individuelles et collectives.

Vous êtes trois joueurs de votre âge (avec Paul Mallez et Joshua Brennan) à être surclassé en U20. Comment s'est passé l'adaptation dans le groupe ?

Cela s’est fait progressivement. Quand l’on a deux ans de moins que les autres, l’intégration se fait différemment car on est un peu vu comme les « petits ». Au début ce n’était pas facile car on est arrivé dans une équipe qui se connaissait bien. Après au rugby l’intégration se fait aussi sur le terrain, en montrant que tu vas donner ton corps pour tes partenaires. Au final, nous avons eu la chance d’être très bien intégré, sur et en dehors du terrain, grâce aux supers bons mecs qui composent ce groupe.

De nombreux spécialistes ont loué ta technique de plaquage aux jambes. N’est-ce pas paradoxal étant donné que c’est de cette manière qu’est enseigné le plaquage à l’école de rugby ?

C’est vrai que c’est assez spécial… Moi je pense simplement que l’on est habitué à un rugby plus rugueux, avec des joueurs plus solides qui se permettent de prendre plus haut et cela donne des chocs plus spectaculaires. Maintenant, dans le monde professionnel, il y a de plus en plus de plaquages à deux pour bloquer les offloads. C’est des techniques qui se veulent efficaces aujourd’hui mais le seront-elles dans le rugby de demain, qui promeut davantage la santé ? Mais si je fais cela, c’est plutôt instinctif. Peut-être parce que je suis moins lourd et moins physique que mes adversaires ? De toute manière, on m’a toujours dit « Aux jambes, ça tombe ».

Avant de devenir troisième ligne aile il y a trois avant vous étiez un arrière polyvalent (centre, ouvreur et arrière). Vous avez donc acquit un bagage technique important. L’estimez-vous capital dans votre réussite ?

Au rugby c’est très important d’être technique, c’est même primordial. Tu peux faire 2 mètres et 120 kilos mais si tu ne sais pas faire une passe tu ne peux pas jouer avec tes coéquipiers alors que c’est le but du rugby, un sport collectif. Me concernant, c’est encore plus capital car à mon poste je prends des joueurs qui font 10, 20 kilos de plus que moi. On devrait plus être capable de faire de meilleures passes que de meilleures percussions. Après c’est ma philosophie de jeu, celle qui m'a été inculquée par mes professeurs du pôle espoir de Tours, Pascal Sassi et Olivier Dallot ainsi que par mes entraîneurs de La Rochelle, Baptiste Gatuingt notamment. Elle me correspond parfaitement car, à mes yeux, le plus important au rugby c’est la technique la vitesse et le déplacement. C’est le rugby de demain. Si ce sport veut continuer à garder sa cote de popularité, il faut tendre vers cela. Aujourd’hui, il y a trop de percussion, de rentre-dedans. C’est un rugby à l’usure je trouve et c’est plus nocif pour la santé.

L’an dernier, Jordan Joseph avait lui aussi été surclassé de deux ans à la Coupe du Monde U20 et a joué dès cette année en Top 14. Est-ce que tu penses pouvoir faire aussi vite que lui ?

Honnêtement, je n’y pense pas du tout. Je me dis que je ne suis pas Jordan Joseph : on n’a pas le même physique, ni le même style de jeu ou le même club. Il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en compte. Cela reste un rêve de jouer à Marcel Deflandre mais je ne me prends pas la tête avec ça. J’avance à mon rythme et quand l’occasion se présentera j’y croquerai dedans à pleines dents comme à cette coupe du monde. Après, on ne sait pas de quoi l’avenir est fait. Il y a trois mois tu m’aurais parlé de cette coupe du monde, je t’aurais ri au nez. Mais je ne m’enflamme pas du tout, j’ai mon chemin à faire et je dois déjà jouer en Espoir. Il est important de ne pas brûler les étapes. C’est beau de faire des performances mais le plus dur c’est de les maintenir.

Après plus d’un mois avec le groupe, comment s’est passé le retour à la réalité, une fois de retour chez toi ?

Quand je suis rentré à La Rochelle, j’étais content de retrouver ma famille, mes amis. Ils sont très fiers de moi et on a pu fêter ça ensemble. Avec toute l’équipe, on s’est également retrouvé chez Matthis Lebel pour célébrer le titre une dernière fois. Maintenant, je me dis que c’est une très bonne chose de faite et qu’il faut passer à autre chose. Il ne faut pas s’endormir sur ça et vite rebondir. J’ai d’autres objectifs désormais comme le titre de champion espoir avec mon club ou le titre de champion du monde avec la sélection. J’ai eu la chance d’avoir un entourage qui m’a fait revenir à la réalité.

Tes amis justement passaient le bac pendant que tu étais en Argentine, quand vas-tu le passer ?

Ah ce fameux bac… Je suis en section ES (Économique et Social) et je vais le passer à la rentrée en septembre. Je me suis engagé auprès de Seb (Sébastien Piqueronies). Il m’a dit « Si je te prends il faut que tu obtiennes ton bac ». Alors on croise les doigts pour que je l’ai. Ma saison 2018-2019 n’est pas terminé !

Merci à Loïc Bessière pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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P----n que cela fait plaisir de lire cela.
La nouvelle génération serait donc moins c-nne que la précédente.
Pour les joueurs apparemment c'est bon.
Il ne reste que les dirigeants...
Élections 2020 ?
SVP ne votez par une télé.

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