Champions Cup. ASM - ST. Lebel vs Penaud : duel au sommet du Michelin
Duel de garçons souriants, dimanche. D'immenses talents, aussi...
Matthis Lebel, l'ailier en forme du moment, affrontera dimanche Damian Penaud, la référence offensive au poste en France. En vue d'une place avec les Bleus ?

Savez-vous quel est le recordman français d’essais en une saison de Top 14 ? Exit les Ashton, Nalaga et Caucunibuca, donc, et oubliez aussi les Vincent Clerc, Roro et Arbo, tout en dirigeant votre regard plutôt vers les meilleurs marqueurs… en activité. Dès lors, Maxime Médard (86) et ses 15 réalisations lors de l’exercice 2010/2011 doivent vous sauter aux yeux. Pour autant, alors que Wolverine (34 ans) est plus proche de la fin que du début, il se pourrait bien qu’il voit sa marque tomber avant même d’avoir raccroché les crampons. Et pourrait même vivre ça de très près si l’exploit venait de son propre vestiaire. Pour l’heure, Matthis Lebel est en tout cas le plus à même de réaliser une pareille performance, puisqu’il affiche déjà 12 essais en 18 matchs de championnat, à 6 journées de la fin. Ce qui tourne pourtant dans les têtes de tout le monde ces derniers jours, bien au-delà de son incroyable propension à finir les coups, c’est son très grand match sur la pelouse du Munster la semaine passée. Là, le Toulousain a montré s’il le fallait encore qu’il n’était pas qu’un excellent chasseur d’essais, mais également un dynamiteur, capable de faire de vraies différences et de s’avérer décisif pour ses partenaires.

« Matthis ? Il est incroyable !, pose d’emblée son partenaire Cheslin Kolbe. C’est quelqu’un qui adore courir avec le ballon entre les mains. C’est un gros finisseur, mais je le vois comme un joueur complet, car il est aussi super en défense et fiable sous les ballons hauts. » Tout ça, il l’a donc prouvé lors d’un match à élimination directe, même si ce sont ses fameux appuis courts dans son couloir qui restent de Thomond Park. Notamment ceux sur l’essai d’Antoine Dupont - en soutien intérieur, cela va de soi -, qui lui permirent d’asseoir le pauvre JJ Hanrahan, coupable d’un mauvais réflexe en défendant sur les talons face à un joueur lancé. Lebel lui rappela alors les fondamentaux de cette règle de base, d’un tchik-tchak aussi ridiculisant que d’être mis au piquet, en bon élève studieux qu’il est. Une nouvelle performance de haut-vol, qui confirme son statut d’homme en forme du côté de Toulouse et lui permettra donc d’être à nouveau titulaire à l’aile, ce week-end face à Clermont, malgré le retour de l’expérimenté Yoann Huget. Dans une épopée qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre jeune du Stade ayant, lui aussi, gagné sa place sur les extérieurs à la force des bras, lors des phases finales de coupe d’Europe 2019 : Lucas Tauzin. Avec un meilleur dénouement collectif et individuel on l’espère, puisque le natif de Mont-de-Marsan, 20 ans alors, s’était gravement blessé au pectoral dans la foulée du quart de finale gagné à Nanterre, et Toulouse incliné en demie sur la pelouse du Leinster.

Un Penaud averti en vaut deux

Néanmoins, ce qui l’attend ce dimanche sur la pelouse de Marcel-Michelin est probablement d’un tout autre calibre que ce qu’il a eu à affronter jusqu’ici. Face à Clermont, il sera en effet opposé dans son couloir à ce qui se fait certainement de mieux offensivement dans l’Hexagone : Damian Penaud. Certes, on attend beaucoup de l’international de 24 ans et le fait est qu’il ne demeure souvent que peu rassurant dans le jeu sans ballon, avec, qui sait, parfois la tête un peu dans les nuages. Mais il serait injuste d’oublier qu’il est aussi l’un (le ?) des meilleurs franchisseurs et casseurs de plaquages du pays, décisif plus d’une fois sur deux (ratio de 0,52) lorsqu’il débute les matchs depuis le début de sa carrière. Mieux, le natif de Brive l’est encore davantage depuis son replacement à l’aile, il y a presque 3 saisons maintenant, puisqu’il l’est presque 3 fois sur 5 (0,59) depuis, toutes compétitions confondues. En Bleu, il culmine d’ailleurs à 9 essais en 22 sélections, dont 3 rien que lors du Tournoi 2021 ! Alors, n’est-ce pas le propre du joueur fantasque que de proposer tous les exploits du monde, accouplés des risques qui vont avec ? Là-dessus, chacun aura sa propre opinion. Toujours est-il qu’à chaque fois qu’il a été ciblé, l’Auvergnat a répondu présent, à l’image de son match face au colosse Duhan Van der Merwe il y a deux semaines. Ou encore de ses 4 franchissements, 81 mètres parcourus la gonfle entre les mains et deux offloads, samedi dernier face aux Wasps.

6 Nations 2021. On a suivi pour vous le duel de feu entre Damian Penaud et Duhan Van der Merwe6 Nations 2021. On a suivi pour vous le duel de feu entre Damian Penaud et Duhan Van der MerweAlors qui sera le plus fort dimanche ? Difficile à dire, même si le Clermontois part avec l’avantage de connaître les matchs couperets, tandis que Lebel n’a disputé son premier chez les grands que la semaine passée, en Irlande. Dans des styles tous deux très athlétiques, mais aussi bien différents - le Toulousain étant plus un pur finisseur doté de petits appuis très efficaces, quand Penaud joue de ses grands compas (1m89 pour 95 kg) et de son raffut redoutable pour être un danger offensif permanent -, chacun aura donc son mot à dire, lors de ce quart de finale de Champions Cup. Et Dieu sait que si « Dam » veut conserver sa longueur d’avance sur cadet (22 ans), il aura fort à faire, puisque Ugo Mola et bien d’autres l’annoncent prochainement en équipe de France. On ne traitera pas ici le boss toulousain de gourou, mais à chaque fois ou presque qu’il a prononcé ce type de tirades, celles-ci se sont vérifiées en suivant… Premier volet de la prophétie dimanche à 16 h, 35 Rue du Clos Four, 63100, Clermont-Ferrand.

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Penaud, pour moi, c'est Elasticman!
A chaque course ou chaque appui, je me dis qu'il va se faire couper en deux ou arracher un bras, tellement il est dégingandé dans son allure. Mais il glisse dans les mains des défenseurs comme une anguille gluante contorsionnée! Ses lignes de courses sont complètement déroutantes et inédites. Elles donnent autant de frissons d'angoisse que de bonheur!
Lebel, je le vois plus comme un puriste très moderne, avec un bagage technique insolent, un engagement sans faille, une lecture des situations de jeu exceptionnelle de réactivité, et une obsession permanente: le drapeau de coin!!!
Vraiment, entre les deux, mon coeur balance (tout comme pour ces deux grands clubs d'ailleurs) !!!

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