J'ai été voir pour vous ... C.A Lannemezan VS Stado Tarbes Pyrénées Rugby en Fédérale 1
J'ai été voir pour vous ... C.A Lannemezan VS Stado Tarbes Pyrénées Rugby en Fédérale 1. Crédit photo : Régis Parrens
Je te vois dans ton sofa. J'ai encore été au stade pour toi. Pour ce deuxième épisode je suis passé de la 2e série à la Fédérale 1. Sans me mouiller la nuque.

Mes aventures en terres bigourdanes

Nous sommes le dimanche 11 Novembre, un dimanche férié donc, pour commémorer nos poilus. Pour ma part, je décide d’aller voir d’autres poilus. Cela tombe bien, je suis dans les Hautes Pyrénées et c’est jour de derby. Direction le Stade François Sarrat à Lannemezan, où les gars du plateau reçoivent le Stadoceste Tarbais. Non, le Tarbes Pyrénées Rugby ? Non plus. Ah, le Stado Tarbes Pyrénées Rugby pour ne pas la faire compliqué… Pour l’anecdote, ces deux équipes avaient tenté une fusion dans les années 2000. Le monde du rugby tourne autour de CE match. Enfin le monde du rugby bigourdan, plutôt localo – local quoi.

Toujours au volant de ma Clio moutarde, je pars retrouver mes acolytes Julien et Florian. Direction l’Auberge « Le Mascaras » dans un petit village des Hautes-Pyrénées. Là-bas, Tonton Jeannot nous accueille. Ne vous fiez pas aux apparences, il n’a pas 70 ans, mais plutôt 24. Le sobriquet est trompeur. Jean c’est le fils de « Tachounet », qui tient ce fameux restaurant situé sur la Route de Toulouse depuis des années. Il en a fait un lieu incontournable pour les rugbymans du coin. Ses enfants, Jean et Julie, ont donc repris le flambeau avec brio, sous l’œil avisé de papa Jean-Pierre, qui traine toujours en cuisine pour concocter de bons plats qui tiennent chaud l’hiver.

Salut les gars, vous voulez boire l'apéro avant de manger ?

Je vous passe le combo Entrecôtes, Frites, Vin rouge, Café, Digestif et feu de cheminée. Je pars bien repu vers le plateau de Lannemezan, alors que le temps est plutôt nuageux en ce jour de Derby.

J’arrive à l’entrée du stadium municipal. On me soutire 12€ pour rentrer. 12€. Ce qui représente quelques tournées à la buvette, vous concevez. Il y a du monde, les tribunes sont bondées, pour l’occasion le club avait organisé un repas avec supporters et partenaires. Il a fallu se trouver une place. C’est chose faite derrière les poteaux. Malheureusement, à cause de la tournée du patron, j’ai loupé le début du match.

Un début de match en fanfare

D’un côté Lannemezan, avec un joli maillot spécial pour le centenaire de l’Armistice, en rouge et blanc. De l’autre Tarbes, en noir, classique. Mais l’Armistice, ce n’est pas pour aujourd’hui. Première mêlée après quelques temps de jeu. C’est le moment choisi par les deux équipes pour s’envoyer quelques marrons de saison. L’arbitre ne se démonte pas et décide de calmer tout ce petit monde en distribuant un carton rouge de chaque côté aux deux talonneurs. Aux deux talonneurs. Ce poste est ingrat, ce sont eux qui sont sanctionnés alors qu’ils viennent de se faire gentiment bourrer le pif. Le jeu continue, et c’est Tarbes qui se procure la première occasion mais l’essai est refusé pour un en-avant. Deuxième mêlée de la partie, les supporters venus en masse retiennent leur souffle. Ils attendent impatiemment un autre échange d’amabilités. Il n’en sera rien, la mêlée est dominée par les visiteurs qui ouvrent leur compteur 0-3, on joue depuis treize minutes.

Crédit photo : Régis Parrens

Les minutes qui suivent sont plutôt longues, le jeu est haché. Pendant ce temps, les Tarbais bénéficient d’une pénalité qui passera à côté des poteaux. On se renvoie la balle de part et d’autres, on se rentre dans la couenne jusqu’à ce que le Cercle Amical Lannemezanais (CAL) vienne enfin chercher un ballon chaud dans le camp adverse. Ils ouvriront le score à la 21e minute, alors que les esprits s’échauffent encore. Ce match sent bon les valeurs du rugby, j’apprécie. Le match se poursuit, alors que les locaux effectuent un beau contre-ruck devant un public de corrida qui demande déjà l’estocade de la bête adverse ! Un peu prématuré si vous voulez mon avis.

De mon côté, je m’ennuie. Nous en sommes à la 26e et on assiste à une énième mêlée. Pourtant les deux équipes essaient d’emballer le jeu, c’est plein de bonne volonté, mais ça devient longuet. Je regarde donc les remplaçants du CAL s’échauffer. On dirait des maternelles dans un parcours de motricité. Des maternelles remplis de testostérone certes. Tiens, le Stado marque une pénalité… sur une mêlée emportée, 3-6. Finalement entre la 1e série et la Fédérale 1, il ne semble n’y avoir qu’un pas. Suivra une action rocambolesque. Le ballon virevolte de part et d’autres, on y balance des coups de godasse dedans à tire larigot et c’est finalement le 14 tarbais, plutôt intenable ce jour, qui va prendre un intervalle et assener un post it à son vis-à-vis provoquant un joli « OOOUUUUUUH » dans les tribunes. Ce frisson a eu le mérite de me réveiller.

Nous sommes toujours dans la demi-heure de jeu, le pilier droit des visiteurs est remplacé. Tu m’étonnes, il vient de se cogner 43 mêlées. Il y a de quoi être claqué. Franchement, on n’est pas loin du match plaisant, les deux équipes tentent des trucs hein, mais c’est souvent un fiasco, c’est dommage. Ah une mêlée ? Cette munition sera suffisante pour les Tarbais qui plantent un essai entre les poteaux par le fils de Louisou Armary, qui, le saviez-vous, ne joue pas pilier comme son papa. 3 -13. Lannemezan ne se démonte pas et récupère le ballon sur le coup d’envoi tel des Springboks ! Et obtiennent même une pénalité sur plaquage à retardement.

« VOYOUUUUU ! CARTOOOOOON ! LE 12 ENC***LEEEEEE ! »

Un peu de tendresse ne fait jamais de mal dans ce monde de brutes. On siffle la pause sur le score de 6-13. Le CAL est valeureux, ils s’envoient mais restent imprécis alors que les Tarbais eux sont opportunistes et réalistes. Ça sera le paragraphe le plus construit de cet article.

Il y a du beau monde sur le Plateau de Lannemezan. Nans Ducuing s’est déplacé pour l’occasion et arbore même une belle moustache.

Mêlée - Pénalité - En avant and Repeat

Au retour des citrons, les Noirs se mettent (déjà) à la faute, gonflant le ratio de pénalités à 2 par minute, je vous laisse imaginer le calvaire... On repart sur les mêmes bases que la 1e mi-temps.  9 – 13 désormais. Ce match a tout pour être intéressant, je me répète, mais je regrette à cet instant mes pauvres 12€ qui ne demandaient pas à s'envoler de la sorte.

Il y a des sursauts de jeu entre toutes ces pénalités. En parlant de pénalité, l’artilleur local officie toujours, 12 – 13. Joli retour des locaux. Le match décide de s’emballer côté rouge et blanc à la 58e (après une heure de jeu...). A la sortie d’un ballon porté ayant avancé d’une dizaine de mètres, le 8 décale son demi de mêlée qui décale lui-même son ailier, qui aurait pu à son tour décaler l’arbitre de touche cet ingrat. Les locaux sont dans les 22m et le Camille Lopez du plateau fait briller son pied droit pour envoyer l’ailier opposé à dame grâce à une jolie ogive en diagonale, 19 – 13. Le public est en délire : « LES ROUGES ! LES ROUGES ! LES ROUGES ! » Ce n’est pas très original mais ça fait du bruit.  Les Tarbais sont sonnés, mais ne se rendent pas. Ils manquent même de marquer un essai.

Les minutes suivantes sont dominées par Lannemezan. Ils font sauter la première ligne adverse comme un bouchon en mêlée fermée, ils envoient des buches aux 4 coins du terrain, c’est une veritable furiaaaaa ! « Les mouches ont changé d’aaaaane ! » s’exclamera un supporter. Le score gonfle encore, 22-13. Alors que le buteur tarbais échoue à réduire l’écart. Sur le renvoi au 22 qui suit, le numéro 8 noir sonne la révolte et se crée une brêche tout seul. Derrière ça accélère, ça colle des pomettes, ça court à 10 000, et le troisième ligne remplaçant s’écroulera enfin en terre promise. 20 – 22, le suspense est maintenu et la tension palpable. C’est le moment choisi par le speaker pour se la jouer chauffeur de salle. BIP BIIIIIIIIP OUAAAAIS !

Crédit photo : Régis Parrens

Je vais vous passer les 10 dernières minutes en accéléré. De toute façon, je n’ai pas suivi grand-chose. Lannemezan ne s’embête pas avec le ballon, ils se contentent de le garder en abusant de pick and go. On ne peut pas leur en vouloir non plus. La 98e et dernière mêlée se joue à la 81e minute, les visiteurs se font rouler dessus une dernière fois et le numéro 15 lannemezanais, enfant du pays, enfonce le clou. 25 -20 score final.

Le village entier exulte, l’hymne local résonne sous un air de Nadau, « on est les meilleuuuuurs ! » entends-je sur les bords du terrain. Ça sent la bringue ce soir. J’interroge alors un ultra tarbais plutôt mécontent « Il nous manque 20 minutes ! » Le surnom de monsieur ? Bigours (comme la mascotte de Tarbes). Ça ne s’invente pas. J’ai tout de même assisté à un match engagé entre toutes ces mêlées et pénalités, ça a tapé fort, je n’aurais pas tenu 2 minutes sur le pré ou alors j’aurais fini dans un sale état. Je me dirige vers le chapiteau, je sens que c’est l’endroit où il faut être pour recueillir quelques sentiments à chaud. Je navigue entre les groupes de supporters qui me tendent les bras. Je dois avouer que d’autres sont surpris par mes questions. Extraits :

Rugbystiquement c’était pauvre. Je ne comprends pas pourquoi Tarbes n’a pas saisi tous les points. Ils ont aussi lâché en 2e mi temps. Nos Lannemezanais voulaient vraiment gagner ce match.

Historiquement c’était un derby, à Tarbes ça a toujours été la guerre mais on a su mettre les ingrédients. Nous on s’est retrouvés entre anciens adversaires et ça ne nous empêche pas de profiter ensemble, il a fait beau en plus.

Il y avait du monde aujourd’hui, ça a été profitable pour la buvette.

J’ai joué dans les 2 clubs, mais en tant qu’ancien entraineur des espoirs du TPR ça m’a fait plaisir de voir quelques jeunes sur le terrain. Pour le match, la conquête a été déficiente de part et d’autre, ça s’est joué à toi à moi. Pas de jeu et un match de buteurs. Et le buteur du CAL on connait ses qualités… Le match se gagne là. Il y a encore du travail.

Il y a eu une bonne ambiance, un bon public et la bière était bonne.

Les gars s’y sont filés, ils ont été vaillantasses et n’ont rien lâché. 4 points qui vont compter dans la saison, des points pris face à un concurrent et pour un derby.

Je quitte cet endroit chaleureux, dans une ambiance festive et très bon enfant. Je remonte dans ma voiture et je me demande déjà qui pourra m’accueillir bientôt… On me dit le plus grand bien du rugby féminin d’ailleurs.

La décla :

Les gars, je peux vous offrir le digeo ?

Par Tonton Jeannot qui est vraiment un hôte admirable.

La stat :

2. C’est le nombre de minutes qu’auront passé les deux talonneurs sur le terrain. 

Le geste :

La reprise de volée en première intention que j'ai effectué sur un ballon qui m'arrivait droit dessus. Devant un ramasseur de balle ébahi et un tantinet jaloux.

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  • cahues
    198010 points
  • il y a 5 ans

A 23 heures 45 sous le chapiteau il etait question de fusion après moultes effusions.

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