VIDEO. 6 Nations - Autopsie des mêlées du match Ecosse - XV de France
Ecosse - XV de France : analyse de la mêlée.
6 Nations : Notre consultant en mêlée, Nicolas Crubilé, analyse en vidéo la performance du XV de France dans ce secteur face à l'Ecosse.
S'il y a bien un sujet qui prête à discussion au moment de commenter le match du XV de France face à l'Ecosse (défaite 28-19), c'est bien celui de la mêlée. Si le célèbre adage "No Scrum, No Win" s'est semble-t-il vérifié, pourquoi le pack tricolore a-t-il été mis autant en difficulté ? Réelle supériorité de la première ligne des Scots ? Arbitrage sévère ? Nous avons demandé à notre consultant Nicolas Crubilé (Ovalie Performance), d’analyser cinq mêlées du match. Images à l’appui, il décrypte les spécificités de ce secteur.

Sur ce match, les deux équipes ont joué 20 mêlées (13 + 7 refaites). Résultat ? Quatre pénalités + deux bras cassés contre le France alors que l’Ecosse n’a été sanctionnée que d’une pénalité et d'un bras cassé. Si on regarde les statistiques sèches, le constat est clair. Pourtant, en analysant un peu plus en détail, ce match me laisse une sensation de frustration. Comme si la lutte dans ce secteur n’avait jamais vraiment commencé. Pire, comme si la France n’avait pas pu tout à fait se battre avec ses armes... Et tout a commencé sur la 1ère mêlée.

La 1ère mêlée

Deux observations avant que cette 1ère mêlée (19’20) ne commence :

- Le placement des deux gauchers : leur épaule droite est cachée sous celle du talonneur, ce qui induit déjà un léger placement en travers. D’habitude, au niveau international, les arbitres sont très sensibilisés sur ça. Pourtant sur ce match, Glen Jackson n’a pas semblé y accorder une grande importance.
- L’excellent placement du droitier écossais (sosie officiel de Didier Bés) Willem Nel : qui, au commandement « Crouch » (= flexion), s’allonge parfaitement. A noter que comparé à d’autres piliers droits, il ne s’appuie pas avec son bras droit sur sa jambe droite (béquille), ce qui va lui permettre de déjà gainer le haut de son corps. Il est parfaitement en équilibre et va placer tout sons poids sous l’avant de ses pieds. Gray (4) et Barclay (6) sont entièrement au service de leur droitier et de leur talonneur en ne leur imposant aucune pression inutile : le bloc est très stable. C’est la 1ère mêlée, mais on est quand même à la 20ème minute. Tout cela est bien réalisé et il faut le souligner.

À « Bind » (= lier) : le 2 et le 3 écossais vont venir imposer une première pression avec le haut de leurs têtes sur les épaules droites de leur vis-à-vis. C'est rarement pénalisé par les arbitres même si le "pré-engagement" n'est pas autorisé.

À « Set » (= jeu) : dès l’impact, Nel va légèrement ouvrir l’axe gauche français et obliger Guirado à reprendre sa liaison sur Poirot. On a une stabilisation d’une seconde puis la mêlée s’écroule simultanément des 2 côtés. Mêlée logiquement à refaire. Il semblerait que les liaisons (souvent courtes) de Slimani soient particulièrement ciblées et sur celles-ci c’est le cas. Pourtant il ne me semble pas que celles de Nel soient bien meilleures.

Deuxième mêlée (20’) :

L’impact n’est pas filmé mais la vue aérienne de la 20’16 nous permet de voir que la reprise d’appui écossaise se fait en avançant, ce sont eux qui dominent donc cette phase et pourtant la mêlée va s’écrouler.

Le placement du gaucher écossais Dickinson me pose quand même un problème car c’est exactement ce sur quoi était pénalisé Thomas Domingo au niveau international il y a quelques saisons. Cette position tendancieuse (MAIS pas totalement en travers) est gênante pour la stabilité des mêlées. Je n’ai pas l’impression que Slimani exerce une grande pression sur l’Écossais dans ce cas-là. Et pourtant, malgré le fait qu’il avance, il passe quand même par le sol.

Une pénalité sur cette mêlée, dans cette zone, à ce moment du match et avec les images dont on dispose me semble sévère. De plus, le reste de la rencontre laisse à penser que M. Jackson s’est forgé son opinion sur cette première mêlée et restera sur le parti pris que l’Ecosse domine la mêlée française de manière régulière. Durant tout le match, on le verra dans les autres clips, le doute n’a que rarement été à l’avantage de la France dans ce secteur.

La liaison de Willem Nel

44’33 : la liaison courte de Nel sur le haut de l’épaule gauche de Poirot est pénalisable. Le ralenti de la 44’57 est encore plus flagrant : Poirot s’est parfaitement allongé pour transmettre la force de son bloc, il fournit son effort, le droitier subit et perd son appui gauche, et c’est à ce moment-là qu’il vient exercer une grosse pression sur l’épaule gauche de son vis-à-vis avec son bras droit. Le Français va ETRE OBLIGÉ de passer par le sol.

Cette attitude est clairement sanctionnable... Pourtant la mêlée sera refaite. M. Jackson n’observe que l’axe droit français, et l’arbitre de touche ne signale rien. PLUS QUE DOMMAGE...

La cohérence

Là encore, on a l’impression de deux poids deux mesures :

Sur la première mêlée (45’15) : dès l’impact, le gaucher écossais pose sa main au sol pour se reprendre : ce qui est déjà limite. Pourtant, c’est l’axe gauche français qui va être jugé et sanctionné d’une pénalité. Les images ne nous permettent pas d’analyser cette sanction, mais sur le clip précédent, Nel avait fait faute sur ce même côté et n’avait pas été pris.

Sur la deuxième mêlée (70’44) : 2 mêlées ont été refaites, on est sur la 3ème = (71’), M. Jackson sanctionne Atonio. Sa gestuelle n’est pas très claire, peut-être lui reproche-t-il une poussée légèrement vers le bas à la 70’59 avant de se reprendre... Mais difficile de comprendre une telle sévérité alors que la lutte n’a pas commencé, quand sur le 1er clip (45’15), la main au sol du gaucher est tolérée.

L’entrée d'Atonio n’a fait qu’accentuer l’incompréhension entre l’arbitrage de M. Jackson et les piliers français : 2 bras cassés, 1 pénalité en 8 mêlées dont trois refaites. La difficulté de trouver des solutions pour s’adapter à l’arbitre et à l’adversaire a forcément pesé sur le moral français tout au long du match.

Même quelques jours plus tard, c’est difficile de comprendre ce qui s’est réellement passé. La mêlée écossaise a tout de même rapporté 9 points à son équipe, c’est énorme à ce niveau là. Même si elle est très bien organisée, elle ne me semble quand même pas injouable. La blessure rapide de Pelo, n’a pas permis cet apport de fraîcheur qui aurait pu faire basculer le rapport de force, mais j’ai quand même l’impression que les deux arbitres de touche n’ont pas toujours aidé M. Jackson. Bref, un match bizarre.

Vous pouvez contacter Nicolas aux adresses suivantes : sur la Page Facebook Ovalie Performance ou [email protected]

VIDEO. 6 Nations - Autopsie des mêlées du match Ecosse - XV de FranceVIDEO. A la découverte d'Ovalie Performance avec notre consultant mêlée, Nicolas Crubilé
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Rien de nouveau chez les supporters francais: "Ouin ouin, c'est l'arbitre...".
Ca fait de la peine, tout de même.

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