TRANSFERTS : non mais c'est quoi cette équipe de malade que se construisent les London Irish ?
Waisake Naholo jouera en Premiership la saison prochaine !
Retour sur un recrutement XXL du promu anglais, qui cache les limites du système anglais au plus haut niveau.

Ils s'appellent Sekope Kepu, Waisake Naholo, Paddy Jackson et Adam Coleman. À eux quatre, ils cumulent 185 sélections sur la scène internationale avec l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Irlande. Leur point commun ? Tous ont vu leur arrivée du côté des London Irish s'officialiser au cours de la semaine... Et ce n'est pas tout : ces derniers mois, le futur promu en Premiership a déjà enregistré les venues d'Allan Dell (Ecosse), Nick Phipps, Curtis Rona (Australie) et surtout Sean O'Brien (Irlande, Lions), ce qui porte à... 342 le nombre de sélections au total.

Imaginez un peu Brive ou Oyonnax recruter de tels joueurs, à l'heure de retrouver le Top 14 ? Improbable.

C'est pourtant le pari d'une équipe des Irish qui a su - sans grande surprise de l'autre côté de la Manche - prendre l'ascenseur pour ne pas végéter dans un Championship pas vraiment taillé pour un club de ce calibre. Les Exiles, relégués l'an passé, ont gagné vingt matchs sur vingt-deux, pour un total de 99 points, soit 13 d'avance sur le second, Ealing Trailfinders.

En Angleterre, un autre Alivereti fait d'énormes dégâts dans les défenses [VIDÉO]En Angleterre, un autre Alivereti fait d'énormes dégâts dans les défenses [VIDÉO]Si dans le même temps, le club londonien s'apprête à perdre l'historique Topsy Ojo (retraite) ou Ian Keatley (Trévise), nul doute qu'un tel effectif devrait lui permettre de survivre en Premiership. Une première division anglaise souvent sans pitié avec les formations venues de deuxième division.

Les limites d'un système

C'est là le symbole des limites d'un système où rien n'existe (ou presque) en dehors de l'élite, en termes de haut niveau. Peut-on parler d'échec ? Le rugby anglais est souvent cité comme modèle, lui dont la structure - avec ses clubs et son championnat en montée / descente - est ce qui se rapproche le plus du système français. Mais ce n'est pas un secret : une ligue fermée est à l'étude en Angleterre, qui ne compte "que" treize clubs de haut niveau... pour douze places en Premiership.

Résultat ? Chaque année, à l'image des Irish, le relégué en Championship roule sur tout le monde pour retrouver l'élite à la place d'une équipe qui ne reste bien souvent qu'une seule saison en 1ère division, faute de recrutement approprié. Un cercle fermé dont veulent sortir les Londoniens, imitant les Bristol Bears, dernier promu à s'être maintenu. Après avoir largement recruté à l'intersaison, tiens, tiens...

Les promus / relégués depuis cinq ans : 

  • 2019/2020 : London Irish / Newcastle
  • 2018/2019 : Bristol / London Irish
  • 2017/2018 : London Irish / Bristol
  • 2016/2017 : Bristol / London Irish
  • 2015/2016 : Worcester / London Welsh
  • 2014/2015 : London Welsh / Worcester

Vous l'aurez compris : sauf énorme surprise, les Falcons de Newcastle retrouveront la Premiership dès la saison prochaine.

Quelles solutions ?

En cas de ligue fermée, combien d'équipes seraient amenées à évoluer définitivement en Premiership ? A l'heure actuelle, la 1ère division compte douze clubs. Pas de changement, et une formation serait alors "condamnée" à disparaître, ou à sensiblement changer de dimension... Treize, alors, avec une équipe exempt chaque week-end ? Voire quatorze, comme en France ?

Encore faudrait-il trouver cette dernière formation. Les Ealing Trailfinders, entraînés la saison prochaine par Richard Wigglesworth, sont ambitieux sur le marché des transferts (Shingler, Fowles, Bell, Grant, Cannon) mais l'équipe de l'ouest londonien, avec son stade de 3000 places (dont 1000 assises) n'est pas vraiment faite pour le rugby de haut niveau. Seul le Yorkshire Carnegie semble avoir le potentiel : basé à Leeds, le club de l'ancien Palois Elijah Niko a les infrastructures pour jouer dans l'élite avec son enceinte de 20 000 places. De plus, la descente de Newcastle voit le nord du pays être totalement rayé de la carte de la Premiership. Mais le XV n'a jamais vraiment pris à Leeds (6ème cette saison), dans une région où le rugby à XIII reste la discipline phare.

Et si la solution, pour éviter d'obliger un promu à recruter massivement pour tenter de se maintenir, était de renforcer la deuxième division ? Réduire le nombre de clubs dans l'élite (à 10 ?) pour permettre au Championship d'être attractif avec plus d'enjeu et de niveau est une piste. Mais pas sûr que dans la conjoncture économique actuelle, une telle idée soit retenue, la faute à la baisse de revenus due au plus faible nombre de matchs...

Se renier pour survivre

Le cas des London Irish interroge donc sur les réformes à mettre en place au pays des chips au vinaigre, et du fish & chips dégusté au pied de la City. Recruter pour tenter de se maintenir semble logique : nul doute que Brive ou Oyonnax, pour reprendre leur exemple, se renforceront en cas de promotion en Top 14. Mais jusqu'à quel point faut-il s'adapter ? Avec un tel recrutement à l'international, les Exiles renient quelque peu leur profil de club formateur ayant lancé au plus niveau les frères Armitage, Gerharty, Corbisiero, Joseph, Watson, Yarde ou plus récemment, Joe Cokanasiga...

Les internationaux rejoignent un club déjà très cosmopolite (Saulo, Fainga'a, Cilliers, Cowan, TJ Ioane) où seuls les U20 Tom Parton et Ben Loader semblent destinés à porter le maillot du XV de la Rose. Pas anodin, alors qu'Exeter et Saracens occupent le devant de la scène nationale depuis trois ans, en misant majoritairement sur des joueurs sélectionnables.

Et le salary cap dans tout ça ? En Angleterre, le plafond est fixé à 7 millions de £ par club, soit environ 8,1 millions d'€ (contre 11,3 millions d’euros en Top 14). Un tel recrutement - surtout pour un promu - interroge forcément, alors que le Daily Mail révélait, il y a quelques semaines, les pratiques douteuses mises en place par les Saracens pour détourner le règlement.



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  • gjc
    13593 points
  • il y a 4 ans

La grande différence avec la France est que bien des clubs de Championship seraient incapables d'avoir un stade aux normes en cas de promotion. Donc le club du groupe des 13 qui n'est pas dans les 12 de Premiership a toutes les chances d'y retourner vite. De fait c'est une ligue quasiment fermée ce qui rend logique ce genre de recrutement.
Cela dit quand Pau s'est payé Smith et Slade ce n'était pas si différent de Kepu et Naholo.

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