Engagé dans le développement durable, le club d'Orsay se bat pour l'écologie dans le rugby
Orsay veut faire bouger les choses à son niveau. (Crédit : Audrey Killarney)
Le Rugby et l'Écologie sont deux choses qui deviendront indissociables au sein du CA Orsay Rugby Club, qui s'est engagé dans la première promotion de Match for Green.

Rugby & Écologie. Deux mots qui semblent ne pas se connaître à première vue, et pourtant. Le développement durable berce nos vies et les questions environnementales sont de plus en plus au coeur des débats. Si le rugby est un sport, il n'échappe pas au désir de changer comme la société. Pourtant, nombreux sont ceux qui n'ont jamais mis un pied là-dedans dans le rugby amateur, avec pour première cause les clichés et réticences qui ne devraient pas avoir lieu d'être : budget, temps, investissement, changements. Nous avons interrogé le CA Orsay Rugby Club, dans l'Essonne, qui évolue actuellement en Fédérale 2. Depuis un an et avec le premier confinement de 2020, le club a décidé de s'engager sur plusieurs points sur les questions de développement durable. Entretien avec Colomban Soleil, responsable communication du club du 21e siècle.

Comment vous est venu cet engagement sur les questions écologiques ?

Comme souvent, ça vient à la base d'une ou deux personnes qui sont sensibilisées à ça et engagées. Concrètement, il y a à peu près un an, un peu avant le premier confinement, une bénévole du club m'a parlé de plusieurs sujets sur lesquels on pourrait être meilleur. Moi aussi, c'est un sujet qui me touche, j'avais fait mon mémoire de Master 1 sur les questions du développement durable et d'écoresponsabilité lors des événements sportifs. Je n'avais pas encore vraiment mis les pieds dedans depuis que je suis à Orsay, mais on a entamé une réflexion là-dessus.

On est aussi accompagné par la mairie d'Orsay, par une salariée responsable du développement durable. Elle nous a donné des pistes et nous a accompagnés, avec des réunions au sein du club avec une dizaine de personnes intéressées.

Et comment on démarre tout ça avec les joueurs, dirigeants, supporters ?

Tu as tellement de choses que tu peux faire qu'il faut faire attention à ne pas trop se disperser. On a déterminé un certain nombre de "cases", sur lesquels on pouvait faire des choses. Alors en 1, le plus important, c'est la sensibilisation. En tant que club de rugby, on a beaucoup de jeunes (et des moins jeunes) chez nous. On a donc tous un rôle de sensibilisation que ce soit sur les aspects du rugby comme les valeurs, le respect, le fair-play, mais aussi un rôle sur la question du développement durable. On a fait une petite charte : club éco-responsable, les gestes du quotidien. C'est une affiche plutôt sympa puisqu'on a fait travailler notre dessinateur dessus, en mettant en scène la mascotte du club qui jette bien ses déchets à la poubelle, qui n'utilise pas trop d'eau, etc. C'était plus à destination des jeunes.

Le deuxième point concerne la question des déchets. Déjà, une chose assez facile à faire est de bannir le plastique jetable de tout le club, que ce soit sur les petits événements ou les gros. Tout ce qui se fait au club house, on utilise la vaisselle du club house et ça peut paraître chiant parce qu'on doit faire la vaisselle, etc. Sur des gros événements, type Challenges ou tournoi qu'on organise avec les enfants, ce n'est pas possible de faire ça, mais à partir de maintenant on va utiliser de la vaisselle en carton ou des choses qui sont recyclable ou compostable. De toute façon, je pense que tout le monde sera amené à faire ça. Dans quelques années, ce sera comme ça, mais autant prendre les devants. Nous avons aussi des éco-cup lorsqu'on fait des goûters pour les enfants par exemple.

La question du tri des déchets a été mise en place très récemment au sein du club house et c'est en cours autour du stade. C'est quelque chose qui est pris en charge par la mairie donc nous n’avons pas totalement la main dessus. On a pour projet d’installer un collecteur de mégots lors des matchs des seniors, un collecteur de téléphone usagés, etc. C'est de la sensibilisation également. On est également en lien avec la mairie pour une action : le plogging. C'est une course à pied qui a dû naître dans les pays du nord dont le but est de ramasser les déchets en même temps. C'était prévu pour mai de l'année dernière, ça a été évidemment annulé, mais on espère pouvoir le faire prochainement.

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Pour la grande majorité des actions, la sensibilisation est au cœur. Ça permet de toucher les jeunes et les moins jeunes comme nettoyer les abords du stade, les berges de la petite rivière à côté du stade, etc.

La troisième concerne le gaspillage. C'est notamment faire attention à l'utilisation d'eau, à l'électricité même si on a pas encore fait de diagnostic sur ces questions énergétiques. Sur le gaspillage alimentaire, on a mis en place un système d'étiquetage au club house. On s'est rendu compte que les catégories mettent des aliments dans le frigo, souvent à moitié entamés. Au final, tout fini à la poubelle. Chaque fois qu'une catégorie range de la nourriture au frigo, ils mettent une étiquette avec la date à laquelle ça a été ouvert. Si c'est une étiquette rouge, ça veut dire ne pas toucher, l'étiquette verte signifie que n'importe qui peut se servir. Ça permet d'éviter de gaspiller, une petite action simple. Toujours sur le gaspillage, on souhaite donner une deuxième vie au matériel. On fait régulièrement des brocantes à l'école de rugby avec du matos de rugby ramené par les gamins. Ensuite, les parents peuvent se servir gratuitement et ça marche super bien. Beaucoup de parents n'ont pas eu à racheter du matériel, c'est une chose qui existait déjà quand j'étais petit.

Le plastique est-il si facile à bannir au rugby, quand on voit des vestiaires après un match ?

C'est vrai. Quand je parlais de plastique, je pensais surtout à la partie convivialité et pas sportive. Sur cette partie-là, c'est quelque chose qu'on n'a pas encore tellement travaillé, même si on sensibilise tous les licenciés à venir avec leur propre gourde.

Est-ce que tout ça a un coût pour le club ?

Sur tout ce que j'ai énoncé, franchement, le coût est très minime voir presque nul sur un certain nombre d'actions. Par exemple, le fait de se dire "plus de plastique", ça peut éventuellement être un gain économique quand on voit les assiettes et verres en plastique achetés et jetés. Tu te forces à acheter du réutilisable, donc tu peux gagner un tout petit peu d'argent. Tu as d'autres actions qui peuvent être un peu coûteuses comme acheter un éco-compacteur. Tout le reste est gratuit et le système d'étiquettes ne coûtent pas grand-chose, seulement une impression d'étiquette. Le système des eco-cup permet de mettre une consigne sur les verres, donc tu peux presque gagner un peu d'argent dessus. On demande aux licenciés d'avoir leur propre gourde également. On pourrait acheter les gourdes et les distribuer, mais on est parti du principe que tous les enfants ont déjà une gourde chez eux.

Les seniors ont-ils été réticents sur ces actions ?

Là encore, on a très peu de recul. On l'a lancé il y a un an seulement. On n'a pas senti de réticence, car la plupart des actions menées ne nécessitent pas un effort monstrueux de la part des joueurs ou autre. D'autres sont intéressés et sont déjà engagés. J'ai plutôt le sentiment qu'aujourd'hui, c'est une question qui me semble importante pour pas mal de monde. Je ne sais pas si des gens sont réticents aux questions de développement durable. Peut-être que je me trompe.

Et sur l'alimentation ?

C'est un truc sur lequel on travaille, qui peut sembler plus compliqué avec des coûts peut-être plus importants. On veut notamment proposer des choses bio et plus équilibrées. Avant, aux goûters de l'école de rugby on proposait du coca et des mars et c'est clair que ce n'est pas terrible. On a repris très récemment les goûters en travaillant avec un partenaire, un magasin bio d'Orsay qui s'appelle La Fourmi Verte. On proposera du pain avec des carrés de chocolat bio, une pomme, une banane. Là encore, sur la question de la sensibilisation, tu as quand même un pouvoir. Si toi, club de rugby, tu files une barre de Twix à tes gamins, ce n'est quand même pas terrible d'un point de vue exemplarité. Ça veut un peu dire : "Tu vois, après le rugby, après du sport et ton effort, tu peux manger des Twix, c'est bien". On se doit de sensibiliser dans ce sens-là et travailler avec des producteurs locaux c'est super. À terme, si on peut éviter d'aller dans des grandes surfaces même si c'est bien pratique et que c'est moins cher sur les grandes quantités. Sur un certain nombre de produits, si on peut travailler avec des producteurs locaux, ce serait parfait : le caviste, le fromager, le boucher, etc. On le fait déjà, mais aller encore plus loin serait pas mal. Ça peut être coûteux de faire ça, mais c'est vertueux pour tout le monde.

Vous avez axé votre plan sur l'école de rugby ?

Pas seulement, il y a aussi le pôle jeunes et les seniors. On a beaucoup axé notre travail sur le club house. Là en ce moment, on accueille l'équipe de France féminine à 7 car elles ne peuvent pas s'entraîner à Marcoussis avec les règles sanitaires : on essaie pour les repas de travailler avec des commerçants et producteurs locaux.. Le but n'est pas de rester cantonné à l'école de rugby même si c'est important. L'objectif est d'être présent partout.

Vous estimez qu'un club de rugby est un socle idéal de sensibilisation au développement durable ?

C'est sûr, ou en tout cas, on le pense vraiment. L'école est importante, mais ça reste différent. Le club de rugby, le gamin choisit d'y venir. Passer des messages de manière différente, en lien directe avec notre activité, c'est hyper important.

Est-ce qu'il y a une action qui te tient à cœur ?

Comme je disais au début, cette charte est axée éco-responsabilité. Après ce que j'aime bien rappeler, c'est la partie développement durable ne contient pas que la partie environnementale et écologique, mais aussi sociétale. Au sein du club, on essaie de ne pas l'oublier. On s'appuie notamment sur les chantiers de la Ligue Île-de-France. En plus de cette partie environnementale, on veut vraiment être un club impliqué sur notre territoire. Par exemple, on est sur des questions de rugby santé et rugby adapté. Ça fait une petite année qu'on y travaille en partenariat avec un certain nombres d'organismes, soit la mairie, soit des associations. On est également engagé avec la Ligue Île-de-France au sein de 24 clubs pour développer les sports dans les quartiers prioritaires. Récemment, on a accueilli des enfants de la ville des Ulis grâce à l’Association Nazario, autour du ballon ovale. Le développement durable est également cette partie sociétale, c'est important d'avoir tout ça. Le club de rugby peut aller plus loin que la pratique sportive. On peut être un vrai acteur local et engagé.

Avez-vous du soutien de la part des instances comme la Ligue IDF ou la FFR ?

Justement, je te parlais des chantiers de la Ligue sur les questions de rugby santé et rugby adapté. On faisait déjà du rugby santé sans le savoir avec le rugby à 5 par exemple. Mais de se dire, on va se lancer dedans, ça vient de la Ligue IDF. Derrière, on est soutenu à travers une mise en-avant sur les réseaux, des échanges, etc. J’ai le sentiment que France Rugby comme la Ligue sont engagées là-dedans. On va avoir une personne qui va être salarié pour le club et pour développer le rugby sur la ville des Ulis pendant une année. Cette personne est salariée de la Ligue Île-de-France, c’est aussi un éducateur du CA Orsay Rugby Club. Il y a une vraie volonté des instances d'accompagner les clubs. Mais ça doit aussi venir d'une conviction, ça ne peut pas être imposé.

ECOLOGIE. EXCLU. Julien Pierre : ‘’S’il y a bien un sport qui a la capacité de mobiliser autour de l'environnement, c’est le rugby !’’ECOLOGIE. EXCLU. Julien Pierre : ‘’S’il y a bien un sport qui a la capacité de mobiliser autour de l'environnement, c’est le rugby !’’

Est-ce que c'est facile de se lancer ? Les informations sont-elles accessibles ?

J'ai l'impression aujourd'hui que pas mal de choses existent. Je conseille aux clubs de se rapprocher d’acteurs comme Match For Green ou Fair Play For Planet. De notre côté, nous nous sommes engagés dans la première promotion de Match for Green qui propose une solide formation de 70 heures répartie sur une année sur les déchets, l’alimentation, la mobilité, les bâtiments, la solidarité… ça va nous permettre d’aller beaucoup plus loin dans notre démarche et de partager avec d'autres clubs sur d'autres sports, échanger sur les idées, les changements au sein des clubs, etc. La formation vient de commencer et promet d’envoyer du lourd ! On peut aussi se rapprocher de collectivités ou d’associations locales qui peuvent accompagner les clubs... L’important c’est de se lancer !

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On est en 2021, et on en train d'applaudir un club qui arrête de filer des twix et du soda à des mômes ...
Ca fait 40 ans qu'on sait que c'est de la m.... ce genre de produits...
Bravo à Orsay, mais je ne comprends tjrs pas pourquoi ce n'est pas la norme !
Homo Sapiens est mal barré ...

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