Toujours indispensable et complémentaire, l’association Maxime Lucu et Matthieu Jalibert a parfaitement su mener cette rencontre, en dominant la charnière du XV de la Rose : Alex Mitchell et Fin Smith.Champions Cup. Et si l’homme le plus important de l’UBB n’était ni Lucu, ni Jalibert, ni Bielle-Biarrey ?Maxime Lucu, récompensé à juste titre du statut d’homme du match, a parfaitement alterné les moments forts et les moments faibles de son équipe. Il a réussi à accélérer le jeu grâce à sa qualité de passe et son sens de l’anticipation, tout en se servant de la longueur et de la précision de son jeu au pied pour dégager son équipe quand elle était sous pression.
Du pied, des idées, du timing : l’UBB a dicté sa loi
De son côté, Matthieu Jalibert a réalisé un match parfait, avec une première mi-temps exceptionnelle, où l’on retiendra son activité offensive marquée par ses deux passes décisives. La première pour Adam Coleman, après un magnifique slalom à travers la défense de Northampton. La deuxième est moins spectaculaire, mais reste impressionnante, avec un arrachage du ballon après l’avoir perdu sur un jeu au pied rasant, pour servir Damian Penaud.
Mais au-delà de ces performances individuelles, les deux internationaux français ont décidé de s’appuyer sur deux points tactiques principaux pour perturber les Saints : les retours sur les côtés fermés, ainsi que l’utilisation d’un jeu au pied long qui ne sort pas en touche.
Une stratégie efficace, bien aidée par l’impact de leurs coéquipiers, qui ont remporté le duel physique de cette finale. Les avants bordelais ont réalisé un match très propre, notamment en touche et sur leurs ballons portés, même si le secteur de la mêlée fut parfois en difficulté. Cette domination physique a duré durant l’ensemble de la rencontre, Northampton a d’ailleurs semblé craquer en fin de partie, subissant l’apport des remplaçants comme Ben Tameifuna, Pierre Bochaton ou encore Marko Gazzotti. Un scénario similaire à la demi-finale contre le Stade Toulousain, qui doit plaire à Thibault Giroud et à l’ensemble des préparateurs physiques de l’UBB.
Les retours côtés fermés
Avec une ligne d’arrières internationaux, Bordeaux nous a habitués à jouer sur les largeurs, profitant de la vitesse et de la qualité de duels de joueurs comme Louis Bielle-Biarrey, Damian Penaud, Matthieu Jalibert… Pourtant, lors de cette finale, l’équipe de Yannick Bru a décidé d’insister sur les retours côtés fermés après le premier temps de jeu.
Après une première phase de jeu, généralement une phase de conquête comme la mêlée ou la touche, les Bordelais ont choisi de fixer la défense. En réalisant un premier point proche du centre de terrain, dans la zone du demi d’ouverture adverse. Ils se sont beaucoup appuyés sur l’impact de Yoram Moefana, toujours très précieux pour mettre son équipe dans l’avancée et gagner des précieux mètres. Mais au lieu de continuer dans le sens, à leur habitude, Matthieu Jalibert et Maxime Lucu inversaient le cours du jeu, en revenant dans le côté fermé d’où venait le ballon sur le temps d’avant.La fête à Cardiff, la gueule de bois à Mayol en TOP 14 ? L'UBB face au défi mental et physique de l'après titreUne tactique qui a eu pour intérêt de surprendre les joueurs de Northampton, qui s’attendaient sûrement à défendre énormément sur les extérieurs pour contrer la vitesse des Bordelais. C’est d’ailleurs ce que les Anglais ont essayé de réaliser avec des montées en pointes pour empêcher les coéquipiers de Nicolas Depoortère de transmettre le ballon aux flèches de l’UBB sur les ailes.
La charnière bordelaise a parfaitement suivi cette consigne, en revenant quasi-systématiquement sur les côtés fermés pour profiter d’un surnombre. Cette tactique a globalement fonctionné puisque les Saints ont souvent trop anticipé, se projetant rapidement dans le sens, avec la mobilité de leur pack et des joueurs comme Henry Pollock, Curtis Langdon ou bien Alex Coles. Les essais d’Adam Coleman, Damian Penaud (le deuxième) et Cyril Cazeaux (sur les images ci-dessous) sont d’ailleurs construits suite à des retours dans les côtés fermés.
C’est en suivant cette stratégie que Matthieu Jalibert a beaucoup attaqué la ligne d’avantage, se servant de son crochet intérieur pour ensuite jouer dans un second temps dans le côté fermé. La charnière bordelaise s’appuyait ensuite sur des avants lancés ou la paire de centre Yoram Moefana / Nicolas Depoortère. Ces derniers ont créé des intervalles pour Louis Bielle-Biarrey, Damian Penaud et Arthur Retière, auteur d’une très bonne rentrée suite à la blessure en début de match de Romain Buros. La sortie de l’arrière français a d’ailleurs contraint l’UBB à modifier ses plans concernant le jeu au pied, avec la sortie de son meilleur joueur sous les ballons hauts.
Un « kicking game » remporté par l’UBB
Dans la continuité de ce que Bordeaux a réalisé dans cette Champions Cup, notamment lors de la demi-finale face à Toulouse, les coéquipiers de Pete Samu ont décidé de ne pas sortir les ballons en touche. Ils ont décidé d’opter pour un jeu au pied long, afin d’obliger leurs adversaires à relancer de leur propre moitié de terrain, sous la pression des sprinteurs bordelais.
Une stratégie qui a d’autant plus fonctionné après les sorties sur blessures de l’arrière international George Furbank et de l’ailier australien James Ramm. Des joueurs qui possèdent un meilleur jeu au pied que leurs remplaçants, ces derniers ayant plutôt un profil de relanceur avec des qualités de vitesse comme Ollie Sleightholme. L’international anglais a d’ailleurs été en difficulté pour dégager son équipe à plusieurs reprises, comme sur son coup de pied totalement dévissé en seconde mi-temps.
L’autre adaptation importante de la charnière de l’UBB, suite à la blessure de George Furbank, fut de multiplier les jeux au pied de pression entre la moitié de terrain et les 22 mètres adverses. L’arrière du XV de la Rose, très bon sous les ballons hauts, étant remplacé par le Tom Litchfield, évoluant au poste de centre et ne possédant pas les automatismes des joueurs du triangle arrière.
Grâce à la qualité du jeu au pied de Maxime Lucu, réalisant des coups de pied dans la bonne zone et très haut, les Saints de Northampton étaient obligés de jouer un duel aérien, sans pouvoir réaliser un arrêt de volée. Damian Penaud s’est particulièrement illustré dans ce secteur, gênant constamment les récupérations de balles adverses. L’ancien Clermontois a même récupéré une pénalité précieuse en fin de match, suite à une faute du demi de mêlée Alex Mitchell, le déséquilibrant dans les airs.TOP 14. Tous les cadres au repos, les espoirs sur le pont : la compo probable de l'UBB à Mayol
En cumulant la gestion de cette finale, le jeu au pied, les qualités offensives et l’application de stratégies qui ont permis de maitriser cette finale de Champions Cup, la charnière de l’UBB peut être considérée comme l’atout majeur de ce brillant collectif. Avec un Maxime Lucu, de plus en plus impressionnant par sa maîtrise, un Matthieu Jalibert toujours aussi brillant en attaque et plus efficace en défense, le club de Laurent Marti fait partie des sérieux favoris pour remporter le Bouclier de Brennus. L’occasion de réaliser un doublé historique pour le club girondin.
Amis à Laporte
Merci pour cet article très intéressant. Même le titre est bon car il aurait pu être "Quelle est cette charnière qui a fait basculer cette finale de Champions Cup ?" 🙂
Sweet Charlot
Merci pour l'analyse. j'ai quand même été surpris par Northampton, assez rapidement pris physiquement (oui perte de joueurs...) mais ils ont néanmoins subi vite, dès le milieu de première MT.
On s'était fait, peut être à tort, une montagne de Northampton, et ce d'autant que la presse était dithyrambique sur les nouvelles stars anglaises, un peu trop...
On peut les comprendre, le rugby anglais connaît une crise, ils n'ont plus de résultats depuis quelques années ainsi que l'équipe nationale, et il faut bien briser l'hégémonie française. Nous on relativise dans la victoire. Peut être qu'ils s'y voyaient donc déjà, surtout après leur succès V Leinster. D'une certaine manière cette défaite met fin aussi à certaines illusions outre-manche...Ils devront patienter
Barraka
Je pense qu'il leur manque pas mal de profondeur d'effectif. La perte d'Augustus est plus pénalisante pour eux que l’absence de Tatafu côté Bordeaux par exemple. Pollock en 8 c'est pas la même chose, il s'était déjà fait secouer la semaine précédente face aux Saracens (mais il passe quand même très proche de marquer deux fois). Et aussi beaucoup de blessés durant le match.
Maintenant Smith a été moins inspiré que d'habitude, et Mitchell a fini par déjouer.
Pianto
Charnière très complémentaire qui fait taire ses détracteurs cette année.
L'UBB manque toujours de puissance devant mais c'est bien mieux que l'an passé. A Toulouse et à Bordeaux, on a très envie de retrouver cette équipe en finale du top14.
La Rochelle, Toulon et les autres ne le voient pas comme ça, à suivre.
Ce qui est sûr, c'est que l'UBB est cohérente, en pleine confiance et n'a pas beaucoup d'absents. Ca n'en fait pas une équipe imbattable, l'histoire de chaque match est différente mais ça rend les choses très intéressantes.
Chandelle 72
Intéressante explication de la stratégie de jeu de l'UBB en fonction des forces en présence et des changements en cours de match.
HS : Bru successeur de Galthié, je vote pour des 2 mains
Vieille Gloire
On ne peut que féliciter Bordeaux.🍇🍇🍇
Lucu devient extraordinaire, c’est une pièce maîtresse de l’UBB. Après tout ce qu’il a vécu en EDF, c’est une juste récompense de son travail fourni. L’UBB en dépend, mais qui ne le serait pas ? Par contre, le fauteuil roulant, moi j’appelle ça une "table de chevet". Pour moi, c’est un accident de fiesta, parce qu’il n’avait rien à la fin du match. Pour info, une grosse béquille à te mettre en fauteuil roulant, pendant le match, mais tu sors direct, donc là, pour moi, il y a mensonge.
Coups de pied défensifs incroyables, encore des plaquages à gogo, il prend le but, il fait tout ou presque, bravo.
Jaja se complète, il est devenu important. J'avais dit : un grand joueur, c’est dans les grands matchs qu’il se révèle, bravo il l'a fait. Encore un qui en EDF est bridé, il travaille sa défense, donc encore bravo. Attention, c’est un joueur qui se nourrit du négatif. Il est chambreur et c’est du genre "je célèbre au max si je suis impliqué". ⚠️ Il n’est pas encore arrivé. Des fois, ils défendent en 13/2 à cause de lui, où il se décale après Moefana !
Beaucoup de ballons en touche déviés, mais attention, le lanceur est à l’intérieur du terrain, ça, l’arbitre l’a zappé. Beaucoup de remises intérieures en bout de ligne. L’UBB est costaud cette saison, ils ont bien progressé, c’est ce que l’on demande à un entraîneur en priorité. Meilleure attaque de la compétition.
Quant à Northampton, trop de cartons, trop de blessés avant et pendant le match. Leur banc était plus faible et l’UBB avait une plus grosse densité physique, mais attention, ce n’est que le 13e budget du Top 14. Northampton s’est bien battu, ils doivent avoir des regrets, et l’UBB va se faire chasser.
Ps: Retière fait un excellent match, et dire que certains disent qu’un ratier sur une aile ne sert à rien. 3⭐️ étoiles dans trois clubs différents où il a participé activement à la victoire finale.
🚨🚨🚨 QU’EST-CE QU’IL A ? IL N’EST PAS INSTAGRAMMABLE, C’EST ÇA ?
pascalbulroland
Merci pour cette analyse...