L’UBB s’est donc imposé après une magnifique demi-finale contre le Stade Toulousain, un match dans lequel les avants de la Gironde se sont montrés dominants face aux Emmanuel Meafou, Thibault Flament, Julien Marchand, Jack Willis… Une rencontre où la charnière Maxime Lucu / Matthieu Jalibert s’est distinguée par son alternance, sa gestion, notamment au jeu au pied. Bordeaux a parfaitement su occuper le terrain, grâce à un plan de jeu bien précis, adapté aux absences de Thomas Ramos et Blair Kinghorn.
L’option du jeu au pied long
Dès le coup d’envoi de ce match, le ton fut donné par les joueurs bordelais. Un jeu au pied long, au-delà des 22 mètres pour mettre la pression sur les Toulousains dans leur camp, grâce à la vitesse de Louis Bielle-Biarrey qui a pu gêner la réception du porteur de balle, en l’occurrence Jack Willis, qui s’en sort adroitement.
Cette stratégie a fonctionné grâce à la longueur du jeu au pied de la charnière bordelaise Jalibert/Lucu. À l’image de sa pénalité de 60 mètres, le demi de mêlée du XV de France a impressionné avec la puissance de son jeu au pied, que ce soit face aux perches, mais aussi dans le jeu courant. L’ancien Biarrot a multiplié les très longs dégagements, souvent après des phases de rucks, pour permettre à ses avants de souffler et surtout d’enlever une grosse pression sur les épaules de son équipe.
Yannick Bru et son staff ont également fait le choix de ne pas sortir systématiquement les ballons en dehors du terrain pour éviter les contre-attaques toulousaines, une stratégie osée, quand on connaît les qualités de relances des joueurs haut-garonnais présents sur le terrain (Ange Capuozzo, Juan Cruz Mallia, Dimitri Delibes…).
Ce parti pris peut fonctionner à deux conditions : avoir une défense très rapide et hyper efficace, mais aussi posséder des joueurs avec un jeu au pied plus puissant que les adversaires. Ce fut le cas samedi dernier pour les coéquipiers de Yoram Moefana, qui ont remporté le duel de gagne-terrain sur la globalité des longs échanges de jeu au pied. Principalement grâce aux trois botteurs majeurs de l’UBB : Maxime Lucu, Matthieu Jalibert et Romain Buros. Nul doute que cette tactique des Bordelais prenait en compte l’absence de Thomas Ramos et Blair Kinghorn.
Mais cela n’enlève rien à l'investissement des joueurs de Bordeaux, qui devront rééditer cette performance en finale de Champions Cup. D’autant plus que Northampton s’appuie sur un « kicking game » similaire, avec l’utilisation quasi-systématique d’un long jeu au pied de pression de la charnière internationale Alex Mitchell / Fin Smith. Pour permettre à leurs deux ailiers du XV de la Rose, Tommy Freeman et Ollie Sleightholme, de jouer un duel aérien.
Le sang-froid bordelais
Au-delà de cette tactique de jeu au pied de pression très long, la charnière de l’UBB a parfaitement maitrisé le rythme de cette rencontre. Matthieu Jalibert, et son partenaire Maxime Lucu, ont bien su alterner entre ces dégagements pour repousser le troisième rideau adverse et les chandelles pour permettre à ces ailiers et notamment Louis Bielle-Biarrey de récupérer des ballons dans les airs. Comme le prouve l’essai de Ben Tameifuna, auteur d’une magnifique rentrée, suite à un jeu au pied du demi de mêlée international en fin de rencontre.
Matthieu Jalibert a souvent été critiqué pour son manque de constance au jeu au pied, mais il a su rester lucide tout au long de la partie. Que ce soit pour sortir son équipe de la pression toulousaine, mais aussi sur des détails, comme la pénaltouche de 50 mètres qui conduit à l’essai de Pierre Bochaton, alors que Bordeaux ne menait que de 7 points. Un sang-froid qui a fait la différence, même sur des détails comme la qualité de ses coups d’envois, toujours avec beaucoup de hauteurs pour permettre à ses coéquipiers de contester le ballon dans les airs.
Un point-clé du match, puisque c’est sur le coup d’envoi de la seconde mi-temps, trop long et sans pression, que le Stade Toulousain a encaissé l’essai de Louis Bielle-Biarrey, suite à une formidable chevauchée de l’ailier tricolore, bien aidé par le relais de Pete Samu.
La couverture de Romain Buros
S’il y a bien un joueur indispensable à cette équipe de Bordeaux, c’est Romain Buros. Le natif d’Aire-sur-l’Adour n’est pas l’élément le plus médiatique de la ligne de trois-quarts de l’UBB, pourtant sa présence est primordiale pour le bon fonctionnement de cet effectif.
Contre le Stade Toulousain, il a su déjouer la stratégie des joueurs d’Ugo Mola de multiplier les jeux au pied rasants à l’entrée des 22 mètres bordelais. Romain Buros était toujours très bien positionné, mais il arrivait surtout à se dégager de la pression mise par les Toulousains. Ces derniers le « chassaient » en espérant, à minima, récupérer le ballon proche de cette zone de marque après un mauvais dégagement en touche. Mais ces erreurs n’ont jamais eu lieu, grâce à l’anticipation, la vitesse et la longueur de jeu au pied de l’ancien joueur de la section paloise.
Ce positionnement impeccable et ses qualités le rendent très complémentaire avec ses deux ailiers du XV de France. Damien Penaud possède un profil plus créateur grâce à ses appuis et ses courses déstabilisantes, tout en étant le joueur le plus physique de ce triangle arrière. Louis Bielle-Biarrey est (sûrement) un des joueurs les plus rapides du circuit mondial de rugby à XV, assurant un incroyable rôle de finisseur. Romain Buros permet ainsi d’ajouter un très bon jeu au pied et une superbe vision du jeu à ce redoutable trio.
Le plan de jeu de l’UBB concernant le jeu au pied s’est donc révélé être un choix tactique payant. En s’appuyant sur une occupation importante pour imposer au triangle arrière toulousain de relancer du fond de terrain ou d’engager un jeu de « ping-pong » rugby qui a fini en défaveur des champions de France en titre. D’autant plus que les absences de Thomas Ramos et Blair Kinghorn ont obligé Ugo Mola de titulariser des joueurs plus réputés pour leurs qualités de relance que leur jeu au pied. Bordeaux devra évidemment renouveler cette performance pour décrocher le premier titre européen de son histoire. Une finale face à Northampton particulière, entre deux équipes qui possèdent un système de jeu et des profils de joueurs plutôt similaires.
Vieille Gloire
Oui, grâce à leur pack, L'ubb a bien tenu le choc, malgré quelques difficultés en mêlée. Mais "Big Ben" a rapidement rectifié le tir. Par contre, dans les rucks, les Toulousains se sont tout simplement fait manger, avec des ballons systématiquement ralentis. Résultat : Toulouse a été incapable de mettre de la vitesse dans son jeu.
Dans ces conditions, la charnière de L'ubb a pris le dessus sans contestation. Lucu a plaqué comme un fou, a éjecté vite et juste, tout en jouant parfaitement autour des rucks. Il a aussi su soulager son équipe avec de longs dégagements au pied.
Son compère Jaja, lui, a illuminé le match : précis au pied dans tous les angles, avec sa spéciale (le petit par-dessus) mais il a aussi su flairer de superbes coups en attaquant la ligne balle en main, notamment lorsqu’il recevait le ballon à plat devant la défense.
Cette pression constante, ce jeu au pied varié mené à deux, a littéralement éteint la charnière toulousaine. Incapables de proposer des prises d’initiatives ou des éclairs, ils n’ont tout simplement pas su répondre. Romain dort depuis plusieurs matchs, et Graou peine à soutenir la comparaison. C’était à lui de se libérer de ça (il en a été incapable sur ce match).
Et comme derrière, à Lubb, ça va très vite, et que ça combine bien au centre (où le duel a été un peu plus équilibré), ça a fini par faire mouche. Toulouse, lui, n’a jamais réellement existé. Toujours en train de courir après le score…
Jacques-Tati-en-EDF
L'UBB a maintenu le ST avec du jeu au pied long mais souvent aussi du jeu au pied après une ou deux passes obligeant Mallia à monter pour couvrir les ailes, la couverture étant assurée par Capuozzo ou Delibes. ET Capuozzo et Delibes c'est pas Kinghorn ou Mallia en ce qui concerne le jeu au pied. Les coups de pieds étaient souvent donnés dans les couloirs de 15 obligeant les toulousains à revenir, à se replier dans les angles et après pour sortir de là, coincés... ben c'est compliqué. Jeu au pied souvent puis touche pour l'UBB. Je n'ai pas compris pourquoi le ST n'essayait pas de remonter un peu le ballon à la mai, ou taper très loin en laissant le ballon sur le terrain quitte à monter très fort en défense ensuite.
Schloukamar
Toulouse n'avait pas son niveau de jeu habituel. Il en était même fort éloigné. Pas sûr que Northampton présente autant d'absences et de lacunes.
dusqual
"Matthieu Jalibert a souvent été critiqué pour son manque de constance au jeu au pied"
ah beh voilà autre chose...
celle là on lui a pas encore collée sur le dos, si on lui balançait une nouvelle étiquette...
sinon, pour parler vraiment rugby, oui, le jeu au pied de l'ubb a été meilleur or sans ramos et kinghorn, c'est pas vraiment difficile.
ntamack a un jeu au pied décent, (il s'est même amélioré parce qu'il y a pas si longtemps, il loupait presqu'une pénaltouche par match), graou et malia également. mais face à lucu, jalibert et buros c'est un peu léger en effet.
surtout, ils ont très bien su les enfermer dans un coin de terrain quand ils leur ont rendu les ballons, à chaque fois qu'il y avait un jeu au pied, il y avait une chasse cohérente qui si elle n'aboutissait pas empêchait de ressortir proprement et rapidement...
et donc ça a en effet été un des points où l'ubb a été meilleure, mais ce n'est pas que le jeu au pied c'est aussi ce qui l'accompagne.
et le match il s'est pas gagné là. y a avant tout eu une défense de fer, les avants ont répondu dans les rucks alors que c'est un des points forts du stade, ils ont empêché les lancements de se faire correctement.
y a ça notamment et les entames. un essai à chaque entame de mi temps. en n'en déplaise à érèbe, c'est du grand art et pas des errements défensifs. on a jalibert en 1e et bielle biarrey en 2e qui naviguent dans la défense toulousaine, enchainant changements de courses et de rythme avec brio et à chaque fois le soutien de samu qui permet de finaliser l'essai.
Pil2Dax
J'avoue ne pas très bien comprendre le nombre d'articles au sujet de la défaite du ST comme si c'était inimaginable....défaite logique et sans appel. Je rappelle juste qu'un énième miracle pour eux a eu lieu en 1/4 contre le RCT avec une victoire a la dernière minute offerte sur une erreur de Gabin Villiere, formidable joueur international qui plus est. Qui l'aurait cru avant le match ? Ce qui confirme que le ST n'a pas la marge qu'on veut luiaccorder, ce qui n'enlève rien au fait que c'est très fort. Leur force est dans leur régularité a nulle autre pareille. Mais que d'autres s'en approchent de très près, sans que cela ne soit a considérer comme une sous-performance du ST.
Jacques-Tati-en-EDF
Au ST , énième miracle pour eux ou régularité à nul autre pareille ?
Pianto
grande régularité au haut niveau MAIS ils passent de plus en plus souvent par des trous de souris, ils font tout le temps depuis 6 mois des erreurs "inhabituelles".
On se leurre peut-être sur ce qui est le niveau normal et ce qui est un niveau exceptionnel permis par une conjonction de beaucoup de facteurs dont des joueurs exceptionnels au top de leur forme ce qui rejaillit sur tout le monde.
En ce moment je suis les playoffs NBA, aux Golden State Warriors, il y a Stephen Curry qui est un des top players. Là, il est blessé et ses coéquipiers sont moins bons que d'habitude, parce que l'attention de la défense adverse n'est pas tournée vers le phare habituel laissant des opportunités aux autres...
On ne prend peut-être pas la mesure de ce qu'on perd dans le fonctionnement collectif d'une équipe quand on perd des cadres.
AKA
Ce n’est pas le jeu au pied qui a été déterminant, les Stadistes ont une grosse part de responsabilité, une charnière qui a grincé (surtout un genou) , l’essai sur le renvoi de la 2ème mi-temps, la pénalité bête sur un grattage en période de domination (pénal touche=essai) n’en jettez plus….
Pianto
Le jeu crée des fautes, quand on est dépassé, ben, on fait des fautes.
AKA
Justement les fautes que je cite étaient dans des temps forts Stadistes, il faudrait une vidéo pour argumenter
Pianto
L'essai en début de seconde, ce n'est pas une faute "bête", c'est une faille d'organisation décelée par LBB en première mi-temps qui dit à MJ que Caupozzo monte en pointe sur les renvois pour plaquer et que c'est mal défendu derrière lui et que si l'occasion se présente, il faudrait essayer de jouer le coup. Bingo dès le premier renvoi... C'est de l'intelligence situationnelle pour exploiter les failles de l'adversaire.
Les toulousains étaient sous pression par le score, par la défense qu'ils ne parvenaient pas à breaker clairement (toujours des rattrapages), par les rucks où ils étaient contestés, par la pression de l'évènement, par le contexte des blessures qui leur donnent moins d'assurance dans leur collectif, par beaucoup de choses.
C'est beaucoup de détails qui font qu'il y a plus de fautes que quand tout rigole, pas juste le hasard, le pas de chance, le moins impliqué ou autre.
Pour moi, voir les choses comme ça, c'est juste une manière de retirer à l'adversaire le mérite de la victoire pour conserver sa confiance et son sentiment de supériorité.
C'est exactement ce dont je parlais dans la semaine avant le match, les défaites c'était parce qu'on avait mis les espoirs, mais quand on s'est mis à jouer on a dominé (sans voir que l'adversaire avait 20 pions d'avance et donc baisse de régime) les temps forts adverses c'est parce qu'on fait des erreurs inhabituelles, qu'on n'est pas rentrés dans le match (l'adversaire n'y est encore pour rien). Les matchs à réaction où le ST ne joue qu'une mi-temps mais gagne c'est parce qu'on peut se le permettre mais le jour J on saura faire tout comme il faut (pas parce qu'on subit parfois)...
Moi, j'y vois un manque de maitrise par rapport à l'équipe des deux dernières années.
Est-ce qu'on ne se leurre pas un peu sur le niveau réel du Stade Toulousain de 2025 ?
Est-ce que cette suffisance et cet excès de prétention permet de préparer les matchs correctement ?
p.coutin
Il est clair que sans Ramos, Kinghorn et Dupont les Toulousain sont moins bon en réception et surtout en "réponse" au jeu au pied adverse. Ce qui est une de leur force et qui leur donne souvent du gain de terrain gratuit. En face de l'UBB qui à un très bon jeu long au pied, et des capacités hors normes sur les ailes, il leur fallait ratisser le terrain plutôt largement et donc être moins compacte en défense... Leur choix tactique était une équipe physique (Mais avait ils d'autre choix ? ) l'UBB a joué tactiquement comme il a joué toute l'année et il aurait fallu une perfection clinique en défense et en phase de possession à Toulouse pour l'emporter. Mais ils en ont été assez loin. On pourrait voir un match du même genre en finale, hormis qu'à l'heure actuelle Northampton semble au point en défense, et plus fringuant que Toulouse en contre attaque. Mais là aussi le jeu au pied va compter.
Chandelle 72
J'espère à l'avenir que Buros pourra éviter les blessures et avoir à nouveau ses chances en EdF.
Je l'aime beaucoup sous les ballons hauts...
Pianto
Le meilleur arrière français à mon avis mais Barré n'est pas loin.
JFMA
Je ne crois pas que nos avants aient été globalement « dominants ». En tous cas, ce n’était pas si évident sur la conquête.
Lucu aurait excellé dans les coups de pied de sorties de camp ? Tu parles d’un scoop !
Au pied toujours, Buros et Jalibert, dans leurs registres, ont été guère moins adroits ? Tu m’en diras tant…
En revanche, le travail de nos gros dans les regroupements… ça, ce fut magnifique !
Et probablement déterminant…
Pianto
disons qu'on s'attendait à ce que les avants du stade dominent, et ils l'ont fait en première mais ont été dominés en seconde. Ce qui fait que ça fait globalement jeu égal mais c'était une surprise.