Décryptage. Comment la défense du XV de France a perturbé les All Blacks de Beauden Barrett ?
Les All Blacks de Beauden Barrett ont été mis en difficulté par la défense du XV de France lors du premier Test. Crédit image : Screenshot Youtube CANAL + Sport
Bien que remanié, le XV de France a fait plus que rivalisé face aux All Blacks, en s’appuyant sur une défense en rush très agressive et efficace.

Avec huit nouveaux capés, on promettait l’enfer au XV de France lors de ce premier test match en Nouvelle-Zélande. Pourtant, les Bleus ont réalisé une magnifique performance, faisant douter les triples champions du monde jusqu’à la dernière minute.

Les coéquipiers de Mickaël Guillard ont notamment impressionné en défense, empêchant les All Blacks de développer leur jeu grâce à des montées « en rush » très agressives. Même s’il ne faut pas oublier les trois essais refusés aux hommes de Scott Robertson, qui indique que certains points sont à revoir dans la défense française en prévision du prochain affrontement entre les deux pays.

Des All Blacks sous pression

Une des forces du jeu des All Blacks est la qualité technique de ses avants. Comme de nombreuses nations au niveau international, les avants néo-zélandais sont généralement regroupés en cellule de trois joueurs. Le joueur central réceptionne le ballon, en ayant trois, voire quatre options. La première étant de porter le ballon, la deuxième de jouer avec son coéquipier sur son extérieur, la troisième de jouer dans le dos pour un joueur des lignes arrières, fréquemment le numéro 10. La dernière option est de passer la balle au partenaire à son intérieur, mais ce choix est bien moins utilisé, car la défense est souvent située dans cette zone en sortant du ruck.

Cette phase de jeu est parfaitement maitrisée par les avants néo-zélandais, qui arrivent à fixer la défense tout en réalisant leur passe dans le bon tempo. Il s’agit du premier lancement qui donne de la vitesse et crée le premier décalage. C’est pour cela que les Français ont réalisé une défense très agressive, en montant en pointe sur cette cellule d’avants pour les empêcher de transmettre le ballon dans ce système.

Une stratégie globalement payante puisque les All Blacks n’ont pas eu beaucoup d’espaces durant l’ensemble de la rencontre et ont été mis sous pression par des joueurs comme Alexandre Fischer, Gabin Villière ou encore Gaëtan Barlot, tout au long de la rencontre. Les essais des coéquipiers de Scott Barrett résultent d’ailleurs des rares fois où la défense tricolore n’était pas montée ensemble, laissant des intervalles libres. Le premier essai de Will Jordan en est le parfait exemple, avec Joris Segonds qui essaie de combler un espace, se trouvant ensuite en retard pour défendre sur Beauden Barrett.

Le pari de Fabien Galthié et de son staff de réaliser une défense en rush pour bloquer les cellules d’avants, couper les possibilités de passes et laisser le moins d’espaces à des joueurs très rapides comme Damian McKenzie et Rieko Ioane s’est donc avéré payant. Cette jeune équipe de France a tenu le bras de fer en Nouvelle-Zélande, en mettant constamment la pression dans les rucks et sur le premier porteur de balle. Une belle défense collective, avec les ailiers Tom Spring et Gabin Villière, qui montaient très rapidement sur les extérieurs, quitte à délaisser des espaces sur les ailes. Une défense déroutante pour les attaquants, mais également risquée.

La défense « en rush » à double tranchant 

Monter en pointe en défense est une prise de risque, car en cas de mauvaise lecture ou de plaquage manqué, le porteur de balle se trouve directement en situation d’essai. C’est pour cela qu’il s’agit d’une défense collective, avec des défenseurs qui doivent monter en ligne pour empêcher les attaquants de revenir jouer sur les intérieurs. Sinon cela laisse des espaces comme sur l’essai du joueur des Chiefs Tupou Vaa’i, une action dans laquelle Damian McKenzie créé le décalage grâce à ses crochets intérieurs.

Les All Blacks ont donc été en difficulté dans ce match face au XV de France, mais ils ont pu s’appuyer sur le talent de leur ouvreur Beauden Barrett. Le joueur des Blues a permis à ses coéquipiers de sortir la tête de l’eau, grâce à sa justesse technique et son sens de l’anticipation. L’essai de son frère Jordie Barrett en est la preuve, puisqu’il efface la montée en pointe de Gabin Villière grâce à une passe sur un pas pour décaler Will Jordan.

Les Bleus ont donc réalisé une superbe performance collective contre la Nouvelle-Zélande malgré l’absence de certains cadres comme Thomas Ramos, Damian Penaud, Yoram Moefana ou Thibaud Flament. Une rencontre où l’on retiendra des révélations comme le troisième ligne Alexandre Fischer ou bien l’ailier bayonnais Tom Spring, tous deux auteurs d’un très grand match pour une première avec le maillot floqué du coq.

Une équipe bien coachée par le staff des Bleus, notamment sur le secteur défensif, avec le choix d’opter pour une défense agressive et d’étouffer les Néo-Zélandais. Une stratégie audacieuse qui a porté ses fruits, même si le talent des All Blacks et surtout de Beauden Barrett ont permis aux triples champions du monde de trouver des intervalles dans la défense tricolore. Nul doute que cette tactique va être reconduite dans ce second test, après un premier choc plein de promesses.

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Merci pour cet article qui nous fait bien comprendre les rouages d'une stratégie défensive avec ses plus et ses moins.

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