6 Nations - Hastings vs Ntamack : qui est le meilleur des fistons ?
6 Nations - Duel à l'ouverture dimanche entre Adam Hastings et Romain Ntamack.
Avant le match entre l'Ecosse et la France dans le Tournoi des 6 Nations, focus sur deux joueurs aux lourdes responsabilités : Adam Hastings et Romain Ntamack.

Nous sommes en 2020, les Français sont les seuls à rêver de Grand Chelem. Relisez cette phrase autant de fois que vous le souhaitez, elle fait du bien en période de crise.


Le rugby en 2020, c’est une affaire de famille, on a l’impression que chaque année apporte son lot de neveux ou fils de quelqu’un. On ose donc croire qu’en 2040, on retrouvera des petits Dupont en équipe de France ou des petits Russell pour l’Écosse. Le fantasque a peut-être lancé quelques cadets en route. J’espère que vous avez saisi la vanne.

Avant la rencontre de dimanche, intéressons-nous au duel opposant les demis d’ouverture des deux nations. Adam Hastings dans le coin bleu face à Romain Ntamack dans le coin bleu, blanc, rouge.

Deux parcours, deux ambiances

Les enfants de Gavin et Emile, les neveux de Scott et de Francis, tous les deux portent le lourd poids du patronyme sur leurs épaules.

L’Ecossais a fait ses premières armes à l’académie de Bath en 2014 à l’âge de 18 ans, évoluant même dans l’équipe sénior où évoluait personne d’autre que George Ford à son poste. Rude concurrence, mais quelques 12 apparitions tout de même. En 2017, il rejoint les Glasgow Warriors qu’il a amenés vers la finale du Pro 14 la saison dernière. En équipe nationale, il passe par toutes les sélections de jeunes, en moins de 20 ans en 2016 (même génération que Penaud ou Belleau), jusqu’à recevoir sa première cape avec la grande équipe en juin 2018, il n’a alors que 22 ans. Aujourd’hui, à 24 ans, il totalise 19 sélections et une Coupe du Monde, certes décevantes, à son actif.6 Nations 2019 - Ecosse : Adam Hastings, l'autre ''fils de''6 Nations 2019 - Ecosse : Adam Hastings, l'autre ''fils de''Le Français est de trois ans son cadet. Il n’a connu pour le moment qu’un seul club, le Stade Toulousain, et ce même si son père part pour entraîner l’Union Bordeaux Bègles en 2015. Dès cette année-là, on se rend compte du potentiel de Romain Ntamack qui se voit surclasser en Crabos en 2016 puis en Espoirs en 2017. Il en sera de même en équipe de France puisqu’il fera sa première apparition en U20 à l’âge de 17 ans et 9 mois… Contre l’Écosse. Cette année est dorée puisqu’il fait ses premiers pas en équipe première du Stade Toulousain alors qu’il est à peine majeur. Ensuite, tout est allé très vite ! Un titre de champion du monde U20, un titre en Top 14, une Coupe du Monde à 20 ans, un titre de révélation de l’année. Une ascension fulgurante, il compte aujourd’hui 15 apparitions sous le maillot bleu. Un palmarès déjà impressionnant.

Deux joueurs, deux progressions différentes. L’un qui a gravi les échelons pas à pas pendant que l’autre les sautait déjà 3 par 3.

Deux joueurs portés sur l'offensive

Comme son père, Adam peut jouer aussi à l’arrière, mais c’est bien avec le numéro 10 dans le dos qu’il fait les joies de la sélection. Libéré de l’ombre que lui faisait Finn Russell, il enchaîne les rencontres avec 240 minutes disputées depuis le début du Tournoi, soit 3 matchs dans leur intégralité. Son jeu est plutôt proche de celui du Racingman, en moins fantasque évidemment, un style décontracté et porté sur l’offensive, n’hésitant pas à aller attaquer la ligne, il totalise 20 courses et 164 mètres parcourus, pour mettre ses coéquipiers sur orbite.

Il ose porter le ballon également avec 68 ballons joués à la main et 48 passes dont une décisive pour son équipe dans le Tournoi.
68

De son côté, Romain Ntamack tient sa polyvalence entre le numéro 10 et le numéro 12, poste qu’il occupe souvent en club quand il est associé à Zack Holmes. Il fait partie du pack des « grandisses » espérés en France depuis des années, avec Matthieu Jalibert et Louis Carbonel. Cependant, c’est lui qui tire son épingle du jeu avec 226 minutes jouées pour le moment. Comme son futur adversaire, il porte lui aussi beaucoup le ballon (145 mètres parcourus, 15 courses) et aime les grands espaces en témoigne son essai en solo contre l’Italie. Dans l’animation, Romain Ntamack est aussi très efficace dans l’alternance ballon joués à la main (51 ballons pour 37 passes dont 3 décisives) et ballons joués au pied. 

On se souvient tous de cette magnifique diagonale pour un essai refusé à Gaël Fickou contre les Gallois. Mais c’est dans ce dernier domaine qu’il se démarque puisqu’il utilise plus le pied plus souvent qu’Adam Hastings, 1170 mètres gagnés contre 803.
Drop-2

Fini le temps des gros canonniers à l’ouverture pour arc-bouter l’adversaire dans son camp avec des coups de pieds de mammouths de 90 mètres. Coucou Damien Traille. La preuve ici, avec deux ouvreurs au profil très similaire, redoutables dans l’animation offensive et dangereux ballon en main, un calvaire pour la 3e ligne.

Quelle influence sur leur équipe ?

Ce n’est pas une nouveauté, mais un demi d’ouverture par définition est en quelque sorte la tête de proue d’une équipe. De ce fait, ils se doivent d’apporter leur influence dans le jeu de leur équipe, que ça soit dans le rythme imposé par l’alternance main/pied, comme développé au-dessus, ou la capitalisation des points pour leurs équipes.

Gregor Townsend peut s’appuyer sur un ouvreur qui score beaucoup dans un XV du chardon en cruel manque de réalisme. Adam Hastings a inscrit 25 des 35 points de son équipe depuis le début du Tournoi. Comptablement, ce sont 6 pénalités, un essai et une transformation.

86%
En plus d’être joueur, c’est aussi un buteur fiable puisque son ratio avant le match contre l’Italie était de 86 %. Pour seulement 17 % contre l’Italie, c’est très peu, mais il a déjoué ce jour-là.

Fabien Galthié peut se permettre d’aligner un demi de mêlée très joueur et bon défenseur, Antoine Dupont, car Romain Ntamack assure dans l’exercice du but. C’est pour cela qu’on retrouve un Anthony Bouthier au poste d’arrière dont on connaît les capacités de relance. En effet, l’ouvreur français peut se targuer d’un 12/16 au pied, 75 % donc, ce qui n’est pas mal quand on sait qu’il n’est pas le buteur numéro 1 de son club. Il a aussi marqué 39 points des 86 points d’une équipe tricolore plutôt prolifique. Soit 2 essais, 7 transformations et 5 pénalités.

La deuxième chose marquante, c'est le calme de Romain Ntamack. Il n'avait pas été parfait contre l'Italie, mais c'est un jeune joueur armé de la confiance qui permet de réussir des interventions cruciales dans les moments décisifs. Il a cet air du type né pour gagner et la France n'a pas eu souvent des joueurs de cette trempe ces dernières années. (Clive Woodward dans le Daily Mail)

Tous les deux ont beaucoup d’influence sur le jeu de leur équipe, numéros 10 oblige, mais on se rend beaucoup plus compte de celle d’Adam Hastings dans un effectif écossais peut-être moins pléthorique mais non pas dénuée de talents.

Deux ouvreurs qui défendent

Non, vous lisez bien, des demis d’ouverture qui défendent quand ce poste était autrefois promis aux toréadors et autres coureurs landais.

Pourtant, ce n’est pas la faute d’une 3e ligne inefficace ni une défense laxiste. Là où les Français plaquent beaucoup, 621 plaquages, et efficacement, 90 % de plaquages réussis, Romain Ntamack s’octroie un ratio de 73% de plaquages réussis. Soit 22 sur 30. Là où les Écossais plaquent moins, 450 plaquages, mais avec autant d’efficacité, 92 % de plaquages réussis, Adam Hastings lui en réussi 81 %. Soit 35 sur 43. Avantage à l’Ecossais dans un duel de défenseurs qui ne se sortent pas du tour, comme on dit.

Il apprend tout le temps et ce qui m’a plu aujourd’hui, c’est qu’il a été capable de renverser la vapeur en seconde mi-temps. Je pense qu’il a très bien défendu avec quelques très bons plaquages décisifs sur certains de leurs gros porteurs de balle. Il a même réalisé un grattage important", expliquait Gregor Townsend à propos de son joueur après la victoire en Italie.

Disciplinairement parlant, aucun des deux ne se fait remarquer puisqu’ils n’ont concédé seulement 1 pénalité pour Romain Ntamack et 2 pour Adam Hastings, la balance s’équilibre un peu plus. C’était la stat un peu nulle de tout le lot.

Bilan ? Deux joueurs pas si différents

En conclusion, aucun des deux joueurs ne peut réellement tirer son épingle du jeu. Leur profil très similaire impose le rythme de leur équipe. On l’a vu contre l’Italie, quand Adam Hastings déjoue, c’est toute l’Écosse qui bascule. Le Français lui n’a pour le moment pas failli, preuve que le XV de France vit des moments meilleurs et possède un plan de jeu stable.

Par conséquent, et dans un élan de chauvinisme, on donne l’avantage au petit Toulousain pour mener les Bleus vers la victoire ce week-end encore. Mais au joueur de Glasgow, enfin sorti de l’ombre, on lui souhaite une régularité qui l’installera sûrement avec le maillot floqué du 10 pendant quelques années encore.


Je vous laisse, je pars décider de l’issue de la rencontre sur Jonah Lomu Rugby avec les Hastings et Ntamack d’il y a 15 ans. J’en profite pour remercier Antoine Vauthey (@A_Vauthey) pour son éclairage précieux sur le rugby outre-Manche. Lui, supporter de Glasgow, Edimbourg et de la Section Paloise. Autant vous dire qu’il aime beaucoup la pluie.

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Même pas lu !... Hastings n'a fait que de pauvres matchs sur ce tournoi 2020...

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