JAPON : L'aventure en plein coeur du rugby amateur avec un Français, Matthieu Papin
Shuto League : le All France Rugby Club s'éclate au Japon.
Dans cette nouvelle chronique du Rugbynistère des affaires étrangères, retrouvez le témoignage de Matthieu Papin, expatrié au Japon.

Au Japon, le rugby s'impose désormais comme une évidence après l'excellent mondial des Braves Blossoms. Mais à 23 ans, Matthieu Papin n'a pas attendu la folie entourant les performances de Goromaru & co pour tâter du ballon ovale au pays du soleil levant. Après avoir goûté brièvement à ce sport du côté de Soyaux (Charente) lorsqu'il avait 14 ans, celui qui est aujourd'hui ingénieur passe à autre chose... mais le virus le rattrape à l’école nationale de l'aviation civile de Toulouse. Depuis ? Impossible d'arrêter, même à l'autre bout du monde.

Konnichiwa Matthieu ! Dis-nous d'abord comment tu t'es retrouvé dans cette aventure au Japon ?

Il y a un an, j'ai décidé d'aller au Japon pour mon stage de fin d'étude. Un rêve de gosse ! C'est sûr qu'au début, c'était assez compliqué. Je ne parle pas le japonais et le plus dur, c'est de ne rien comprendre quand tu te balades, tu te rends compte que t'es vraiment pas d'ici. Et puis les Japonais séparent vraiment les "Japonais" des étrangers, qu'ils appellent "Gaijin". Mais malgré tout, ils restent extrêmement accueillant. Aujourd'hui, je connais des phrases, mais rien de plus. Côté rugby, un ancien diplômé de mon école y avait déjà joué, du coup je me suis renseigné auprès de lui et auprès des managers avant d'arriver au Japon.

JAPON : L'aventure en plein coeur du rugby amateur avec un Français, Matthieu Papin

Raconte-nous un peu l'histoire de ton club, qui est le plus vieux club d'étrangers, c'est ça ?

Le club, All France Rugby Club, a été créé en 1987 à Tokyo par deux Français expatriés au Japon. Il est inscrit au niveau amateur, dans la Shuto League, qui possède elle-même plusieurs clubs "d'étrangers" comme les Tokyo Crusaders ou les Tokyo Gaijin, et beaucoup de clubs composés exclusivement de Japonais. Notre équipe a connu un très bon succès, puis, en 1990, un des managers a décidé de former son propre club suite à une mésentente. Derrière, il y a eu des hauts et des bas, se rapprochant d'une structure pro pour redescendre dans l'amateurisme pur quelques années après. Le problème avec ce genre de clubs composés d'étrangers, c'est qu'un grande partie des ses joueurs ne sont que de passage. Les effectifs tournent vite, le nombre de personnes varie énormément en fonction des années.

Actuellement, combien de joueurs y-a-t-il chez les seniors ? D'où viennent les étrangers ?

En ce moment, on est moitié français, moitié japonais, avec quelques "autres". On est autour de 30 réguliers je dirais. Les Français sont soit des expatriés, soit juste de passage, avec un petit nombre de néophytes et d'autres y ont joué dans des clubs en France ou en école d'ingénieur comme moi. Sinon, il y a quelques Australiens, Américains, Anglais... Le gros des troupes est franco-japonais !

Côté actu, dans quelle division/championnat le All France Rugby Club évolue-t-il ? Et qu'est-ce que tu peux nous dire sur le niveau de jeu ?

Le championnat, c'est la Shuto League, composée des club amateurs de Tokyo. Il y a deux divisions. Les terrains restent à Tokyo... mais c'est une grande ville ! Les infrastructures ne sont vraiment pas terribles, on a l'impression d'être au plein cœur des pays basques pour un match opposant les deux villages voisins. Un pré, avec de l'herbe des fois, des perches de chaque côté et des lignes à tracer avant le match. Le niveau de jeu est relativement modeste en Division 2. Par contre, il y a un fossé avec la Division 1. Par exemple, les Tokyo Crusaders qui jouent en 1ere division recrutent chez les marines basés à Tokyo, mais aussi beaucoup de Néo-zélandais. Tout ça pour te dire que physiquement, le challenge n'est pas le même.

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En tant qu'expatrié, quel est ton avis sur le rugby japonais en général ? Selon toi, quels sont les points forts et les points faibles du rugby nippon ?

Le sport n'est pas autant développé que le foot. Avant la Coupe du monde, la plupart des Japonais ne savaient pas que leur équipe se débrouillait de mieux en mieux, même si les passionnés étaient impatients de voir la compétition. Il n'y en a vraiment que pour le foot et le baseball. Comme notre championnat est assez modeste, les infrastructures qu'on a à disposition ne sont vraiment pas top, des bandes d'herbes près d'un canal, des terrains pas si plat, etc...

Le rugby nippon a un très bon potentiel selon moi. De base, les Japonais ont un esprit collectif, et ils sont très disciplinés. Ce n'est pas un hasard si la mêlée de l'équipe nationale a pu retourner celle des nations majeures. En plus, le sport universitaire est bien plus médiatisé qu'en France. Les élèves se donnent à fond pour un sport et c'est souvent là qu'ils sont déniché pour se lancer complètement dans le rugby. Une bonne formation, de bonnes valeurs déjà présentes, bref c'est pour moi que du bon ! En plus, ils auront une équipe en Super Rugby. Le gros point faible, c'est le faible engouement pour ce sport, ce qui fait qu'il y a peu d'effectif.

Imaginons qu'un Français débarque à Tokyo et souhaite continuer à jouer au rugby... Comment faire pour intégrer votre équipe, et qu'est-ce que tu lui dirais pour le convaincre de venir ?

Il y a une ambiance formidable ! On est ni plus ni moins qu'une bande de copains qui se retrouve sur le pré et encore plus dans les bars ! La structure n'est pas trop professionnelle mais c'est aussi grâce à ça que c'est un plaisir de passer du temps ensemble, on se côtoie plus, on est plus proches les uns des autres. La saison dernière, on a fini 1er invaincu de la Division 2. Du coup, la saison prochaine on joue en 1ère division et on aimerait pouvoir recruter pour jouer contre des Marines américains, des Fidjiens, des Néo-zélandais ou des Japonais semi-pro ! Alors si des Français passent par Tokyo...

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Enfin, j'imagine que tu as quelques anecdotes à raconter sur ton aventure au Japon, en 3ème mi-temps ou autre ?!

Il y a eu pas mal de 3ème mi-temps, j'aurais du mal à faire le tri, surtout qu'il y en a pas mal qui sont restées assez flou dans ma tête ! Mais il y a une soirée, qu'on organise tous les ans, dans un restaurant français, la Peña Festayre. Comme pour une peña, on est tout de blanc vêtu avec nos bérets rouges et on (se) sert le temps d'une soirée des ricards, du vin, et autre, avec musique et chants basques à une majorité de Japonais(es) qui ne connaissent absolument pas. Leur faire faire le paquito était à se tordre de rire !

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La mêlée, le voyage, la touche, la rencontre, le jeu au pied, la découverte, le plaquage, la libération, la passe, l'envolée, la liberté, la complicité, l'essai, la troisième mi-temps , l'amitié. Le rugby c'est magique et merci au rugbynistere pour cet interview qui nous redescend tous, en crampons, sur le gazon🏉🇯🇵🇫🇷💙💛

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