WTF - Vis ma vie de chauffeur de bus du Stade Toulousain après le 20e titre
C'est moi, en haut à gauche ! Crédit photo : Instagram Joe tekori
À la base je devais juste les amener de l’aéroport au stade Ernest-Wallon. Mais je me suis fait avoir. Je suis actuellement à Barcelone.

Tout commence en demi-finale de Top 14 à Bordeaux. Des Bordeaux-Toulouse, j’en ai fait des centaines pour amener des touristes asiatiques visiter les grands domaines bordelais. Mais amener des rugbymen, ça, jamais. Ils ont été calmes, de ce que j’ai compris, ils avaient gagné contre La Rochelle. Je savais même pas qu’un petit village de province pouvait avoir une équipe de rugby au plus haut niveau. C’est beau les valeurs du rugby. En plus la dernière fois que j’ai amené un groupe de retraité à La Rochelle j’ai eu 5 malaises. Pas à cause de ma conduite ni de leur âge, mais le port était rempli de gens qui venaient voir des hommes sauter en slip depuis le haut d’une tour. Ils appellent ça le Red Bull Clyff Diving, mais va expliquer ça à un retraité qui est persuadé d’assister à une épreuve d’Intervilles. Bref, je m’égare et pour un chauffeur de bus ce n'est pas le summum de la rentabilité.Le Stade Toulousain ne s'arrête jamais de fêter son titre ! [VIDEO]Le Stade Toulousain ne s'arrête jamais de fêter son titre ! [VIDEO]

Samedi

Direction Lutèce pour accompagner les joueurs du Stade Toulousain jouer une finale de leur championnat. Je n’y connais rien au rugby, mais je les connais les rugbymen, à l’aller, c’est calme et pas un bruit. Ils jouent aux cartes, regardent un film, discutent, dorment. C’est un moment agréable. Mais au retour, après la douche, ce sont des Gremlins. Mais on verra ça plus tard. 

Arrivé à Paris dans un hôtel pour préparer leur finale. Ils s’entraînent et restent entre eux H24, on dirait presque qu’ils sont amis. Moi, je n’ai rien à faire jusqu’à la finale hormis les trajets hôtel/terrain d’entraînement et quelques arrêts au Drive pour Faumuina. Mais ça doit rester entre lui, moi et le jeune étudiant qui a cru qu’il servait un groupe de 12 personnes. Du coup, je me suis baladé dans Paris. Quelle belle ville ! On dirait presque une capitale tellement il y a du monde, quand je dirais ça à mes amis, ils n’en reviendront pas. J’ai même fait quelques piges en tant que chauffeur de bus parisien ! Entre Colin McRae Rally et le boulevard Haussmann, je préfère marcher. Paris est devenu une map de Mario Kart et je suis Wario.

Direction la finale. Je reste dans mon bus comme à mon habitude, je ne vais pas aller voir des personnes courir après un ballon. Minuit, je vois un groupe heureux comme s’ils avaient gagné un truc important. Chemises, cravates, blazers et des bières à la main :

« Hey ! Les bières, c’est dehors, je veux pas une goutte d’alcool dans mon bus ok ? Et ça c’est quoi ? Le Bré quoi ? M’en fous ! Tu me le mets dans la soute, si je freine tu seras bien content de pas l’avoir derrière toi ! »

Ils ont compris, mais le président m’a convaincu de leur laisser juste pour le trajet. Mon "oui" n’était pas infini, il était censé s’arrêter à notre retour à Toulouse. Heureusement qu’ils prenaient l’avion, mon pote pilote originaire de Clermont leur a fait quelques frayeurs, de jalousie, en sortant les masques à oxygène. Mais même ça, il l’a encore raté cette année

Dimanche

Je les récupère à l’aéroport le lendemain. Je laisse des joueurs professionnels pour récupérer des soldats de retour d'Irak. Allez, ce n’est que quelques heures, après je suis ENFIN en vacances. Le programme est simple : Garden Party au stade, puis direction le Capitole. Mais les joueurs traînent avec leurs familles sur le terrain, j’ai beau gueuler, mais rien n’y fait !

« Hooo toi là ! Oui toi ! Oui Kaino pas Kaino je m’en fous ! Chez moi le Kéno, c’est une loterie alors tu bouges tes joueurs et on se casse j’ai pas que ça à foutre moi ! »

Direction le Capitole de Toulouse. Le bus a un toit ouvert et ils sont contents comme des chiens qui sortent la tête par la vitre sur une route de campagne. Il y a un grand là qui ne lâche pas le bouclier, ils l’appellent Gayraud. Ça doit être lui qui a marqué le doublé en finale, je ne sais pas. Sur le périphérique, je les ai calmés, 130 cheveux aux vents, je peux te dire que y’avait que Kolbe qui ne clignait pas des yeux tellement il était habitué à cette vitesse. J’ai dû ralentir quand le petit Bézy a voulu lever le bouclier à l’avant et qu’il a fini à l’arrière retenu par Elsdadt. 

« Bah oui mais on est retard bordel ! Je dois ramener le bus au dépôt après ! L’heure c’est l’heure et je ne sais pas pourquoi tous les gens nous klaxonnent ! J’espère que vous ne montrez pas vos culs à la fenêtre sinon je m’arrête, je vous le dis ! »

Arrivée en centre-ville. Quel bordel… Je leur avais dit que les gens le dimanche ils allaient tous bruncher et que c’était le bordel à Toulouse. J'aurais dû ramener les Clermontois. Je klaxonne pour pousser tous ces piétons qui bouchent la route. La place du Capitole était noir et rouge de monde, je n’avais jamais vu ça depuis la dernière campagne de don du sang.

«  - Klaxons chauffeur !
- Mais bien sûr ! Tu sais combien c’est l’amende pour Klaxon en ville ?? En plus y a des flics partout. Si tu veux klaxonner, tu attends qu’on sorte de la ville merci ! 
- Klaxon chauffeur !
- Ho Galan bouge ton slip rouge de mon pare-brise ! »

Lundi

Mon jour de repos. Enfin, c’est ce que je pensais. Mon patron m’appelle pour conduire… le petit train des joueurs ! Je veux bien qu’ils aient joué une finale de Top 14, mais ils peuvent marcher non ? Ou ils ont décidé de ne plus jamais poser un pied au sol ? Je me retrouve à faire la tournée des bars avec des animaux à l’arrière, même L214 pouvait nous épingler avec ces conditions de voyages. Les trois petits prodiges Dupont, Ntamack et Tauzin montent sur le toit, mais ne voulant pas m’écouter, à la première barrière seul le petit Antoine Dupont restait souriant avec le bouclier. Pour la 117e fois de la journée, ils écoutent la chanson de Big Flo et Oli alors qu’aucun d’eux ne sait qui est Big Flo et qui est Oli. Après 18 bars dans la ville rose et 13 amendes de stationnement, ma journée se finit. Là, c’est fini, STOP !

Mardi

Mon téléphone sonne. Mon patron me demande de les amener quelque part. Il me double les horaires. Je démarre le bus illico presto et je découvre des joueurs avec des teintures de coiffeuses de villages de campagnes. Ils m’annoncent qu’on part pour… Barcelone. Je n’y crois pas, quel humain après Alex Goode et un trésorier de 4e série peut tenir autant de jour ? Premier arrêt à Leucate, chez Ginette, un bar de plage sympa. Sympa jusqu’à l’arrivée des joueurs. Plus de stock, plus de nourritures, plus de sable et plus de clients jusqu’en 2022 après leur passage. Plus efficace que la démolition des paillotes en Corse. Ils reviennent après avoir surfé sur le bouclier, et on part :

« Hey Galan tu te frottes les poils de dos avant de monter ! Les autres vous l’aidez, je m’en fous, mais il ne monte pas dans le bus ! Et ramène le poulet que t’as pris, je ne veux pas de nourriture dans le bus c’est écrit juste là, t’as même une image ! »

Arrivée en place catalane. Enfin, le trajet le plus long du monde est enfin fini. Durant 3h, Maks Van Dyk tentait de me parler français, tout en me complimentant sur le plus beau métier du monde que je faisais. Il a dit pareil à la boulangère, le barman, le policier municipal, la femme au péage et Pierre Gayraud. Au final, je les ai détestés ces joueurs, mais je les aime bien ces énergumènes. Ils m’en ont fait voir de toutes les couleurs, et je parle pas des tomates que buvait Sofiane Guitoune. Je suis actuellement à Barcelone avec eux, le bus est garé en bas et ils sont à la piscine. Je fais partie de la famille Stade Toulousain maintenant et je ne pense pas revenir chez moi ou changer de famille. N’en déplaise à certains, ils m’ont montré que le rugby avait les plus belles valeurs du monde, même au plus haut niveau possible. Merci les gars.

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Cela me rappelle un retour de match à Aire sur l'Adour, avec un conducteur de bus que nous n'avions pas l'habitude d'avoir et nous avions rapidement vu qu'il n'était pas un amoureux de rugby ! Sur le retour, après la victoire, nous mettons la pression pour faire un arrêt dans un bar qui est sur le chemin ! Avec de grosses réticences mais sans trop le choix, le conducteur accepte de s'arrêter en nous signalant que nous devons remonter dans le bus dans 15 minutes ! Quelques coups de klaxon plus tard et après que l'on ait vidé toutes les bières du bar, lorsque nous sommes sortis......... Le bus n'était plus là !!!!!!!!!!
Nous étions à 40 kms de notre club en pleine nuit 🤣.... Bizarrement le conducteur n'a plus fait les déplacements des joueurs de rugby 🤔

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