Morgan Parra ne sera jamais une légende du rugby français, et voici pourquoi
Morgan Parra, l'immense gâchis.
Son talent est énorme, mais Morgan Parra n’aura jamais assumé le statut qu’on lui prêtait à ses débuts chez les Bleus. Un immense gâchis.

A vrai dire, personne n’en doutait. Morgan Parra est donc absent de la liste dévoilée par Fabien Galthié, sa première comme sélectionneur du XV de France. Entre demis de mêlée, pas de quartier : on ne verra plus jamais Parra sous le maillot bleu, lui qui compte seulement 71 sélections sur la scène internationale. 

“Seulement” ? C’est qu’à ses débuts, on imaginait le n°9 formé à Bourgoin aller plus haut, tellement plus haut. Laissant aujourd’hui une impression de gâchis, au moment d’effectuer un premier bilan de sa carrière.

XV de France - Qui sont les grands absents de la liste de 42 pour le 6 Nations ?XV de France - Qui sont les grands absents de la liste de 42 pour le 6 Nations ?

Retour vers le futur. Nous sommes en 2008, et Marc Lièvremont tranche dans le vif. Son premier groupe a des allures de petite révolution, après huit ans de mandat sous Bernard Laporte. Plusieurs nouveaux découvrent la grande équipe de France, d’Arnaud Méla à Julien Brugnaut, en passant par Julien Malzieu ou Lionel Faure. Dans ces bleus parmi les Bleus, on découvre une nouvelle charnière, avec François Trinh-Duc (21 ans) et Morgan Parra (19 ans). Le premier surfe sur la vague des Quatre Fantastiques de Montpellier. Le second est annoncé comme une pépite depuis son plus jeune âge. Le CSBJ n’a-t-il pas demandé une dérogation (refusée) pour qu’il effectue ses débuts professionnels avant d’atteindre la majorité ?

Très vite, Parra s’impose chez les Ciel et Grenat, et finit par forcer la porte d’entrée de Marcoussis. Le rugby français se prend à rêver d’en faire un successeur aux plus grands demis de mêlée de son histoire : Fouroux, Berbizier… ou un certain Galthié.

Grand Chelem 2010 et Mondial à l’ouverture

En concurrence avec Jean-Baptiste Elissalde ou Dimitri Yachvili en sélection, Parra rejoint l’ASM Clermont, où il prend une nouvelle dimension. Buteur, il s’impose finalement avec le XV de France lors du 6 Nations 2010, où il termine meilleur réalisateur de la compétition. C’est - à ce jour - la dernière victoire des Tricolores dans le tournoi, Grand Chelem à la clé. Quelques mois plus tard, il soulève un nouveau trophée : le bouclier de Brennus, le premier de l’histoire des Jaunards…

La prophétie semble s’accomplir : le merdeux termine meilleur joueur du championnat, semble lancé sur la trace des plus grands. Et s’affirme au passage comme un leader, “un petit chef  autoritaire et sûr de lui, hargneux et gueulard”, raconte alors Lionel Nallet dans les colonnes de L’Equipe. Sauf que. Pour la première fois de sa carrière, le n°9 va se retrouver en difficulté. Sur le papier, du moins. Lors de la Coupe du monde 2011, le Clermontois est remplaçant face au Japon, puis titulaire contre le Canada. Yachvili lui est préféré, et lors du 3e match de poules, c’est au poste de demi d’ouverture que Marc Lièvremont choisit de l’aligner. Malgré la défaite, il y restera jusqu’en finale, avec plusieurs matchs aboutis.

France - All Blacks 2011 : y avait-il un contrat sur Morgan Parra ?France - All Blacks 2011 : y avait-il un contrat sur Morgan Parra ?

Mais ce 23 octobre 2011, le genou de Richie McCaw brise ses rêves de trophée Webb-Ellis.

Victime du naufrage collectif tricolore ? 

La suite fut encore plus difficile, dans une période de “vache maigre” et une courbe de résultats descendante qu’il n’aura jamais pu redresser, avec les Bleus. Référence en club, sa place dans la hiérarchie est bousculée (Dupuy, Machenaud, Doussain, Tillous-Borde…) sous le mandat de Philippe Saint-André. Pire : à quelques mois du Mondial 2015, le sélectionneur voit dans le Sud-Africain Rory Kockott l’homme providentiel du XV de France.

Preuve que Parra n’a jamais su passer le cut pour accéder au statut que tout le monde lui promettait ? 

Pour moi, Parra était le meilleur demi de mêlée il y a dix ans. Il aurait dû être le plus grand capitaine de l’histoire de l’équipe de France. - Olivier Magne dans le Midol, en février 2019.

Finalement titulaire en 2015, le demi de mêlée participe au naufrage collectif face aux All Blacks, vainqueurs 62 à 13 en quart de finale. Las, il n’aura jamais pu prendre sa revanche, ou redorer son image. Si Guy Novès l’appelle pour le 6 Nations 2016, Parra doit déclarer forfait. Le début des problèmes, entre blessures et arrivée de la nouvelle génération. Et si Brunel finit aussi par le convoquer (lui confiant même le brassard en juin 2008), son image de héros ne tient pas : le Clermontois est sacrifié sur l’autel d’un début de 6 Nations 2019 catastrophique. Lâchant au passage que les Bleus “ne travaillent pas assez.

Parra et les Bleus, une histoire manquée ? Moins qu’un des grands capitaines de l’histoire de l’équipe de France prédit par Olivier Magne, le n°9 aura finalement été l'un des lieutenants d’une génération vierge de trophée chez les Bleus. Celle des Huget, Slimani, Picamoles, Fofana ou Guirado, qui n'auront pas aidé leur coéquipier à s'inscrire dans la légende, ou atteindre le cap mythique des 100 sélections.

Reste son héritage et son image, celle d’un très bon joueur de club. Ces derniers mois, les spéculations allaient pourtant bon train quant à son avenir. Allait-il se retrouver sur le marché, alors que les Jaunards venaient de signer Sébastien Bézy. Les fidèles du Michelin - où sa cote a toujours été haute - peuvent se rassurer : Parra ira bien au bout de son contrat (2022). Reste les objectifs, avant de prendre une retraite méritée : aller chercher un troisième Brennus, ou la première (grande) coupe d’Europe de l’histoire de l’ASM.

Rebelote avec Dupont ?

Douze ans ont passé depuis la première sélection du Messin d’origine. Et l’histoire peut parfois se montrer si cruelle... qu’elle pourrait bien se répéter avec le nouveau petit prodige du rugby français, Antoine Dupont. Le parallèle est légitime, tant le début de carrière des deux joueurs se ressemble. Ouvreurs chez les jeunes, c’est au poste de n°9 qu’ils se révèlent dans un club “intermédiaire” (Bourgoin pour Parra ; Castres pour Dupont), jusqu’à se faire remarquer par les sélectionneurs (1ère sélection à 19 ans pour Parra ; à 20 ans pour Dupont). Pour ensuite rejoindre une des formations majeures du Top 14 (Clermont et Toulouse, respectivement), et soulever le Brennus (la première année pour Parra ; la seconde pour Dupont).

La seule différence, pour le moment ? Une victoire dans le 6 Nations qui manque à Dupont mais qui pourrait vite arriver au vu du potentiel des Tricolores, le Tournoi n’ayant jamais paru si ouvert en cette période post-Coupe du monde… Parra l’avait gagné dès sa troisième édition. Le Toulousain s’apprête à disputer sa quatrième. S'il veut lui s'inscire dans la légende pour s'installer à la table des plus grands, ce dernier doit gagner des trophées. Et vite.

Vous devez être connecté pour pouvoir participer aux commentaires

Ce n'était pas les astres mais les teubés ( PSA ) qui étaient alignés pour Parra... Parce que lui préférer Kockott et Tillous !... Quant à Dupont, je sais que je suis ultra-minoritaire, mais je ne le vois pas devenir un grand 9... Manque de vista, une certaine lenteur dans les sorties de balles, les choix, les passes, des joueurs mal ciblés... Dupont est un monstre de physique, d'appuis courts, d'accélérations sur les premiers mètres, mais il a plus le profil d'un centre que d'un cornac du paquet ou d'une moitié de chef d'orchestre...

Derniers articles

News
News
News
News
News
News
News
News
News
News
News