Brendan Le Galludec, un Breton au pays de l'Oncle Sam
Brendan aux côtés des deux autres Frenchies de l'équipe : Numa à gauche et Kiefer à droite.
Découvrez l'histoire de Brendan Le Galludec ancien joueur de Vannes qui vit le rêve américain à la Penn State University.

Quel est ton parcours rugbystique en France ?

J’ai commencé le rugby à l’âge de 5 ans au Rugby Club de Grand-Champ (Bretagne). Je suis ensuite passé par 3 autres équipes jeunes : Ploemeur-Guidel-Hennebont (PGH - Bretagne), Lorient (Bretagne) puis le Rugby Club de Vannes. Je suis rentré au « centre de formation » en année de terminale à Vannes et j’ai pu jouer à plusieurs niveaux. J’ai tout d’abord joué en junior Balandrade puis en Fédérale B et enfin en Espoir 2 l’année dernière grâce à la montée en Pro D2 du club. Enfin, j’ai effectué six mois à Antony Métro lors de mon stage à Paris (cité plus loin)En parallèle de ce parcours rugbystique, je préparais une licence en Economie à l’Université de Bretagne Sud à Vannes. À la fin de mon diplôme, j’ai dû partir à Nantes pour poursuivre mon Master en finance de marché. Dans mon école, nous devons passer au minimum 6 mois à l’étranger en université.

Pourquoi les USA et comment as-tu atterri là-bas ?

J’ai toujours aimé les USA. Leur vision du sport, et la culture en général par exemple. J’ai toujours eu envie d’y aller et même après quelques voyages là-bas, j’avais toujours envie de découvrir la vraie « vie à l’américaine ». Donc quand on m’a proposé de partir à l’étranger, j’y ai tout de suite pensé ! Mais avant ça, en janvier 2017, j’ai dû effectuer un stage sur Paris pour 6 mois. C’est là que j’ai rencontré et contacté un agent sportif (Athletes USA) qui s’occupe de mettre en relation joueurs et universités. Après avoir été contacté par plusieurs d’entre elles, j’ai décidé de choisir Penn State University pour plusieurs raisons. En effet elle se positionne comme une équipe majeure en 1re division universitaire (classée 6e) et propose une formation scolaire de qualité (top 100 universités mondiales).

Quel est le niveau du rugby universitaire ?

Le championnat universitaire est divisé en 2 championnats majeurs : D1AA et D1A (respectivement 2e et 1re division). Au sein de la D1A, il y a une dizaine de conférences car le pays est très grand et cela serait impossible de jouer des équipes se situant à 3 jours de route. Dans ces conférences, le niveau est TRES hétérogène. On peut assister à des rencontres au score de 100-0 par exemple. Les plus faibles équipes sont de niveau similaire à de la 1re série tandis que les champions de conférence sont similaires à un milieu de fédérale 2. Globalement, le niveau du top 8 des équipes ressemble au championnat de Fédérale 2 (Berkley, Saint Mary’s, BYU, Life, Penn State, Navy, Central Washington, Lindenwood). 

Quel est le contenu des entraînements ? Est-ce que la muscu a une place importante ? Ou bien le travail des skills ?

En saison, nous nous entraînons 4 fois sur terrain dans l’ordre suivant (jour 1 : contact, jour 2 : avant/ trois-quarts, jour 3 : entraînement à haute intensité, jour 4 : mise en place). En plus de cela nous avons 2 séances de musculation par semaine. On pourrait penser que les joueurs sont des « golgotes » musclés mais j’ai été surpris de voir qu’il n’était pas si « musclés » que cela. Les séances de muscu en saison sont plutôt établies pour s’améliorer sur le terrain (les performances comptent mais on va plus chercher à prévenir les blessures, stabiliser les résultats et cela permet d’être en forme sur le terrain). Les skills sont importants à Penn State mais surtout grâce à notre coach qui voue un intérêt tout particulier aux skills (que l’on soit pilier ou ailier tout le monde doit être capable de taper un coup de pied à peu près correct ou de faire une chistera).Crédit vidéoBrendan Legalludec

Comment s'est déroulée ton adaptation, sur le pré et en dehors ?

Lors de mon arrivée j’ai fait des tests (physique et rugby) comme tous les autres nouveaux joueurs : pas de favoritisme ou de différence. L’anglais a été la plus grosse barrière au début car les joueurs parlent vite sur le terrain ! Cependant je suis un « vieux » joueur comparé à tous les autres nouveaux car ils arrivent à 18 ans pour la plupart et j’ai 22 ans ! Le 1er jour de test, j’ai rencontré un Français qui a aussi passé les tests avec brio, Numa Pailhol, venant de Meudon. En plus de cela un autre Français était déjà dans l’équipe donc pour être franc cela m’a bien aidé au début ! L’adhésion en dehors a été très rapide car j’ai rencontré des internationaux lors d’une journée dédiée à cela et depuis, ce sont de très bons amis. 

Comment se déroule la saison ?

Tout dépend de la conférence (zone géographique) ! Ici on a commencé en septembre et finit mi-novembre car il fait -10/-20 en hiver et donc on ne peut pas jouer ... Au contraire en Californie ils commencent en janvier. La saison se déroule premièrement avec la conférence et ensuite les champions de conférence (+ 2 ou 3 équipes) vont en 1/16ème de finale (avril). Cette année nous avons fini invaincus en saison régulière et nous avons perdus 2 matchs amicaux (matchs serrés contre le 2e des USA notamment). Je pense que vous pouvons faire quelque chose de grand cette année. À la fin de la saison (juin), il y a un tournoi du rugby à 7 (appelé CRC pour collegiate rugby championship) qui réunit toutes les équipes de D1A sur 2 jours dans un stade plein de 10 000 personnes !

Quelle discipline est la plus populaire : le XV ou le 7 ?

Je pense que le XV est plus joué par les universités mais le 7 attire les foules ! Ici les tournois de 7 sont très attendus, même s’il n’y a pas de championnat de 7. Il y a juste à observer le CRC et les 10 000 personnes qui y viennent pour y faire la fête et regarder du beau jeu ! Mais cela va peut-être évoluer avec l’arrivée de la MLR (Major League Rugby), première réelle compétition de rugby professionnel.

Est-ce que tu as eu l'occasion de participer aux fameuses soirées étudiantes que l'on voit dans les films ?

Alors oui ça existe ! Ici, il y a eu un incident grave l’année dernière donc ils ont réduit la voilure mais oui, tu peux trouver de très grosses soirées dans les maisons de fraternités. Cela est aussi dû au fait que les gens ne peuvent pas boire en public ou même en privé avant 21 ans et que ces maisons leur permettre de le faire. Notre équipe de rugby organise tout de même chaque samedi soir des soirées dans la « Rugby House » après les matchs. Le rugby, c’est super, avec les copains c’est encore mieux !

Une anecdote marquante à raconter ?

Le fait d’avoir trois Français dans l’équipe de rugby suscite beaucoup de surprise chez le gens car à Penn State nous ne sommes vraiment pas beaucoup (une dizaine sur 40 000 étudiants). Le nombre d’habitants à State College (ville de Penn State Université) est de 20 000 si on ne compte pas les étudiants (2 fois plus d’étudiants : 40 000).

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