Je suis allé voir pour vous… Dendermonde - Liège, finale de la Coupe de Belgique
Le combat fut rude entre Liège et Dendermonde. Crédit photo : LLefebvreSports.
Dendermonde RC - RFC Liège, affiche prometteuse de la finale de la 51e édition de la Coupe de Belgique. Qui a succédé à Soignies ?

On ne va pas se mentir : en Belgique, il sera plus simple de se faire entendre en parlant d’Eden Hazard, le prince de Chelsea, ou d’Eddy Merckx et son deux-roues qu’en hurlant le nom de Jens Torfs, trois-quarts centre de Mont-de-Marsan, passé par Perpignan et fer de lance des Diables Noirs. En terres belges, le ballon ovale n’est pas Roi. Pourtant, nombreux sont ceux qui œuvrent à son développement : la  présence de la sélection dans le 6 Nations B et la récente arrivée de Fabrice Landreau dans le staff de l’équipe nationale le démontrent. 

Avant-match

Samedi 30 mars, Bruxelles. Le soleil frappe le synthétique et la grande tribune du Stade Mandela. Celui qui m’avait recommandé les cols roulés pour rallier la Belgique reverra ses conseils vestimentaires. En cet après-midi de fin mars, l’enceinte va recevoir les quatre finales de la Coupe de Belgique à XV (féminine, cup et plate et masculine, cup et plate). La grande et ultime affiche de la journée entre le RFC Liège et Dendermonde RC se joue à 18 heures. Le RFCL, pensionnaire de deuxième division et surprise du tournoi, défie une référence du rugby national, déjà vainqueur de la compétition à deux reprises et fréquemment champion national. Le deuxième de D2 affronte le troisième de D1. Le parallèle avec David et Goliath est aisé. Les Flammands, et leur armée de pros sont logiquement favoris face aux Liégeois, menés par l’entraîneur français de 31 ans Clément Imbert (cinq matchs de Top 14 avec Toulon en 2008, trois essais). Pour l’anecdote, lorsque dans le cadre de la Coupe, une formation de D2 affronte une équipe de D1, elle mène par 7-0 au coup d’envoi, et quand c’est une D3 face à une D1, la rencontre commence à 14-0 (cela ne s’appliquant pas pour la finale)… Battus de quatre points, en demi, par La Hulpe (leader de D1), les Liégeois ont donc arraché leur ticket pour la finale à la faveur de la différence de points. 

C’est la deuxième fois de son histoire que le RFCL se hisse à ce stade de la compétition. Pour l’occasion, les supporters sont venus en nombre et la Jupiler coule à flots. Ici, l’eau ne semble pas exister. En tout cas, elle ne sert pas à s’hydrater. Après que Frameries a remporté la Coupe nationale féminine, les joueurs de Dendermonde et du RFCL débarquent sur le terrain pour l’échauffement. D’un côté, les consignes fusent en anglais ou en flammand. De l’autre, en français, à Liège où notamment sept joueurs formés dans l’Hexagone figurent sur la feuille de match dont l’ouvreur Thomas Bornert-Antelo, champion de France Belascain avec Chambéry, les ailiers Camille Potey et Elliott Brouder et le trois-quarts centre Valentin Mazet, tous titulaires. 

Le soleil est à son paroxysme quand les deux formations reviennent sur la pelouse pour la photo officielle puis le coup d’envoi. Les supporters de Liège se font entendre avec des chants à la gloire de leur équipe. ‘’Si t’es fier d’être un Liégeois, tape dans tes mains’’, alors t’es fier ?  Les mascottes, pour lesquelles, la rencontre doit se jouer sous 45 degrés font le show. Mais avant de parler jeu, faisons un point Cristina Cordula. Le 10 de Liège, l’ex-Chambérien et buteur, porte un casque rayé. Il fera face à un dix maori : crampons blancs, tatouage, tape noir, passé par l’ITM Cup à Northland. Le choc des styles s’annonce brutal. 

Mon voisin revient encore une fois avec des bières. Je me cache pour boire du Fanta. J’aperçois un drapeau breton, je suis rassuré. La rencontre peut donc débuter. 

Première période

Dendermonde impose d’entrée une grosse intensité dans les contacts et un jeu direct pour tenter de franchir le premier rideau du RFCL. L’entame de match est tout à l’avantage du pensionnaire de D1 qui plante deux essais entre la 8e et la 10e minute de jeu. Le premier, en force, après une multiplication de séquences. Le deuxième sur un superbe mouvement collectif, initié par l’ouvreur Whiria Meltzer et conclu par un deuxième centre avec un capillarité digne d’un acteur allemand des années 80 et une omniprésence dans le jeu proche de celle d’un contrôleur anti-dopage à un concours olympique d’haltérophilie. Peu à peu, les Liégeois vont relever la tête dans le sillage de l’ouvreur Bornert-Antelo qui distille des ogives de partout : un rasant pour occuper, une pénalité qui réduit le score (12-3, 13e) et un autre rasant pour envoyer l’arrière Salerno dans l’en-but.

À la 23e minute, les Liégeois sont menés par 12-10 et dix minutes plus tard, ils prennent le score grâce à un drop, plein de sang-froid, de leur ouvreur. ‘’Que des numéros dix dans ma team’’ disait un poète français. Bornert-Antelo récompense les efforts de son équipe qui ne lâche rien, malgré la différence de division et le rude combat imposé par Dendermonde. À l’heure de la pause, le RFCL mène donc d’une courte tête (12-13). 

Deuxième période

Les Liégeois sont les premiers de retour sur la pelouse à l’heure de l’entame du deuxième acte. Et les Flammands reprennent rapidement le score grâce à un nouvel essai amené par une séquence de pick-and-go (19-13, 44e). Le staff du RFCL décide alors de faire entrer le numéro 18, le susdit ‘’Brioche’’. Imaginez 300 personnes scander ‘’Brioche, Brioche’’. Je connais des types qui auraient payé pour voir ça. Les supporters liégeois l’ont fait. À la 50e minute, Dendermonde est donc devant au score porté par un projet simple fait de percussions et de jeu à une voire deux passes où le numéro huit Nick Cording, également néo-zélandais, fait figure de plaque tournante. Les joueurs du RFCL ont peu de ballons pour s’exprimer. Prenons les ailiers : à eux deux, les deux français (Potey et Brouder) ont dû toucher cinq ballons pendant la rencontre. Mais ils n’ont cessé de s’envoyer en défense avec des plaquages décisifs. Il fallait se mettre au niveau du courage dont les avants ont fait preuve. 

56e minute, le DRC décide d’écarter la gonfle. Et Simon Thibaut surgit, le deuxième-centre du RFCL intercepte, et file dans l’en-but au bout d’une course de quarante cinq-mètres. Il plonge derrière la ligne devant son public. Son ouvreur transforme (19-20). Les bières volent sur la pelouse. La fin de rencontre promet et les Noir et Vert gardent la même ligne directrice : pénaltouche dès que possible, soutiens réactifs autour du porteur de balle pour mettre de l’avancée, jeu direct. En soit, il vaut mieux apprécier la lutte au près pour signer à Dendermonde. Un CA Brive à la Belge finalement. Et à la 77e minute, les Flammands marquent, en force, l’essai de la victoire (24-20). Une ultime partie de cache-ballon, à la sauce Munster, leur offre la Coupe. Comme un symbole. 

Au coup de sifflet final, les supporters du RFCL ne cessent de chanter et rejoignent la pelouse pour réconforter leurs héros qui n’auront rien lâché. Dendermonde glane la troisième coupe de Belgique de son histoire. Les deux formations vont désormais se tourner vers d’autres objectifs : le retour en D1 pour l’une, le titre de champion national pour l’autre. 

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Super article ! Merci !
(Et puis le "après que" suivi de l'indicatif : chapeau bas, mon Jeannot !)

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