De Bizanos au Brésil, Laurent Bourda-Couhet vise maintenant la Coupe du monde 2023
Laurent Bourda-Couhet vit sa passion au Brésil.
Laurent Bourda-Couhet vit sa passion au Brésil, lui qui a grandi à Bizanos. Il est à deux doigts de toucher un rêve : jouer une Coupe du monde.

Il a fait toutes ses classes dans le Sud de la France, à Bizanos, avant de prendre son billet pour le Brésil. Aujourd'hui, il continue le rugby, et ce, de belles manières puisqu'il est joueur de la sélection brésilienne à 7 et à XV. Au téléphone, il vient de revenir pour 15 jours de vacances avec sa famille dans le Béarn après avoir participé aux Jeux Panaméricains au Pérou. Découvrez le portrait de Laurent Bourda-Couhet.

Comment tu t’es retrouvé en équipe nationale brésilienne ?

Je jouais à Bizanos à côté de Pau quand j’étais jeune, à l’âge de 7 ans. J’ai fait toutes les catégories jeunes et je suis passé par toutes les sélections de jeunes de la région. À mes 17 ans, j’ai passé mon bac en France et j’ai eu l’opportunité de partir au Brésil par le biais de Paparemborde, son fils. Je suis donc parti en vacances chez lui et c’est là que j’ai connu le rugby brésilien en faisant mes premiers tournois là-bas. J’ai commencé à être contacté par la Fédération pour la sélection. J’avais à peu près 18 ans, donc je suis passé par les sélections de jeunes au Brésil aussi avec les moins de 18. Je suis ensuite retourné en France pour mes études avant de revenir au Brésil à 19 ans où j’ai fait mes premières sélections à XV puis à 7.

Le rugby au Brésil grandit beaucoup. Pour l’anecdote, on avait pris 55 points contre la Roumanie il y a deux ans. Cette année, on perd à la dernière seconde contre eux.

Vous êtes sous contrat avec la Fédération Brésilienne ?

Je joue à Bandeleros, un club de Sao Paulo en première division. Je suis en contrat avec eux et on s’entraîne tous les jours le matin. Je dois me rendre disponible pour la sélection à XV et à 7. On a un programme tous les jours. On s’entraîne du lundi au jeudi tous les matins. C’est de l’entraînement journalier, et quand il y a une compétition, on est prêts. C’est tout le long de l’année comme ça. S'il y a des compétitions, c’est la priorité à la sélection. Et quand on a des matchs en club, on est libéré. Ça ne pose pas de soucis.

La sélection brésilienne à 7 lors des Jeux Panaméricains il y a deux semaines (crédit : Laurent Bourda-Couhet)

On voit souvent la mêlée brésilienne dominer ses adversaires, quel est le secret ?

C’est du costaud en effet ! Notre entraîneur est Argentin, donc il est assez pointilleux sur la mêlée. Après on a des joueurs assez imposants en mêlée, c’est assez atypique. J’y connais pas grand chose en mêlée, mais c’est une bonne forme d’entraînements qu’ils ont. Ils s’entraînent beaucoup et ça marche.

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La vie d’un rugbyman au Brésil est aussi belle qu’on le pense ?

On va dire que le jeu est un peu différent. Les gens connaissent le rugby plus tard, à la fac, parce qu’il y a pas mal d’équipes de rugby en université donc les gens s’y intéressent à partir de 18/19 ans. Ceux qui aiment le rugby commencent à le pratiquer en club. C’est le mode de fonctionnement au Brésil. Il y a quand même quelques équipes qui ont des catégories de jeunes. Par exemple, le club des frères Sancéry a toutes les catégories de jeunes. Mais dans mon club non, c’est des gens qui commencent le rugby sur le tard. Ça reste un sport de copain, comme en France. Les gens sont sympas et en 3e mi-temps, c’est pareil qu’en France… C’est plutôt sympa ! (Rires) Par exemple, je me suis fait mes premiers potes au Brésil grâce au rugby universitaire.

Le niveau aux Jeux Panaméricains est élevé ?

Je ne sais pas si c’était le niveau des World Séries, mais il y avait des équipes de tous les niveaux. D’un côté l’Argentine qui était très très forte avec l’équipe type des World Séries, mais surtout très bien entraînée. Il y avait le Canada aussi. Mais les États-Unis avaient une équipe sans ses 7 meilleurs qu’ils ont généralement, avec les Baker, les Carlin Isles, etc. Mais c’étaient ceux qui jouaient un peu moins sur les World Séries, mais quand même avec un bon niveau. De l’autre côté, il y avait le Chili qui était au complet. Nous aussi, on avait la grosse équipe. D’autres équipes comme la Guyane ou l’Uruguay étaient présentes. Je pense que c’était un niveau comme le championnat européen.

Déception de ne pas avoir eu la médaille, mais satisfaction par rapport au parcours.

Quel a été votre résultat ?

On a fini premier de poule en gagnant largement contre la Guyane, 56 à 0 je crois. On a fait match nul contre le Chili et on finit sur une belle victoire contre les États-Unis. À la sortie, on joue le Canada en demi-finale et on perd. Pour le match de la troisième place, on retombe contre les États-Unis, mais malheureusement, on perd en prolongation. On perd la médaille de peu, à une minute près. C’était un bon tournoi, on a battu les États-Unis qui est quand même une puissance mondiale du rugby à 7 en les mettant en échec, puis on finit premier de poule. Mais il y a quand même une petite déception personnelle de louper une médaille de si peu. On menait à une minute de la fin du match.

On va dire que ça a été globalement un tournoi réussi, puisque personne nous attendait. On s’entraîne plus à XV mais depuis les Jeux olympiques on se met au 7.

Laurent lors des Jeux Panaméricains 2019 à Lima, Pérou. (crédit : Laurent Bourda-Couhet)

Quels sont les objectifs de la sélection maintenant. La Coupe du monde 2023 est en ligne de mire ?

Oui, la Fédération a mis le focus sur le XV pour qu’on se qualifie pour la Coupe du monde 2023. On a donc un peu laissé le 7 de côté. Le projet est basé sur les joueurs actuels, parce que pour amener des étrangers aujourd’hui c’est compliqué puisqu’ils doivent jouer 5 ans au Brésil pour être naturalisés avec la nouvelle règle World Rugby. C’est donc surtout basé sur les Brésiliens ou ceux qui ont du "sang brésilien" de père ou grands-parents.

Où en est le projet de ligue professionnelle ?

À partir de la semaine prochaine, il devrait y avoir de nouvelles franchises en Amérique du Sud, avec une ligue professionnelle, mais rien n’a été mis en place encore. On aurait deux franchises brésiliennes avec d’autres franchises uruguayennes, une chilienne, en Argentine, sûrement une colombienne et paraguayenne. Ce sera un championnat qui permettra d’élever le niveau en Amérique du Sud.

Laurent, lors des Jeux olympiques de Rio. (Crédit vidéo : Missura e Bandeira)

Et toi, quels sont tes projets et objectifs personnels ?

J’aimerais participer à la Coupe du monde déjà. Ensuite, je suis diplômé en chiropractie donc j’exerce également. Je fais les deux en même temps, je m’entraîne le matin et l’après-midi et le soir, je deviens chiropracteur. Pour l’instant, ce serait de vivre à fond l’aventure du rugby au Brésil en travaillant à côté. Après la Coupe du monde, si on se qualifie ou pas, je verrais si je ne fais pas à 100% la chiropractie ou non. Mais je vis l’aventure à fond ici avant. Pour l’instant, j’ai jamais pensé à un retour en France. Je me vois plus rester au Brésil, mais on ne sait jamais.

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Est-ce que les frères Sancèry sont vraiment les stars du Brésil ?

Un peu ouais ! C’est "les jumeaux" ! (rires) Ce sont un peu les stars au rugby, ils font partie des meilleurs joueurs et Philippe, le centre, est quand même capitaine à 7 et à XV !

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  • oli 30
    9069 points
  • il y a 4 ans

Petite correction svp, le club dans lequel il joue ce sont les "bandeirantes". Club d'ailleurs affilié aux Saracens.
J'ai joué avec Laurent, il était un des meilleurs joueurs du championnat brésilien.

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