Coupe du monde - La petite finale, vrai match ou lot de consolation ?

"Est-ce que les joueurs veulent jouer pour la 3e place ? Personnellement, une fois éliminé de la compétition, je voudrais simplement rentrer chez moi et m'éloigner de tout." C'est la réaction de Matt Giteau sur son compte Twitter au match de la 3e place en finale de Coupe du monde. C'est une tradition lors de toutes les compétitions mondiales d'un sport collectif, mais la question peut se poser sur la motivation que peuvent avoir les joueurs à jouer ce match. 

Une opportunité

Ces matchs de 3e place sont souvent plus libérés dans le jeu mais également dans le choix des joueurs y participant. Chez les Blacks, Ben Smith, Ryan Crotty et Kieran Read ont été titularisés ce vendredi afin de faire leurs adieux à la scène mondiale. La finale de bronze est également un tremplin pour les jeunes joueurs avec peu de temps de jeu. On se rappelle de Damian de Allende qui fut élu meilleur joueur de la petite finale en 2015 face à l'Argentine. Mieux encore, six des titulaires Springboks ce week-end étaient sur la feuille de match en 2015. 

"Ce groupe ne sera plus jamais ensemble - ce n'est jamais le cas d'ailleurs d'une année sur l'autre. On sait que pour certains c'est fini. Vendredi, on va avoir l'opportunité d'exprimer certaines choses qui comptent tout spécialement pour nous. On doit être à la hauteur de tout ce que ce maillot représente", pour Steve Hansen.

Des matchs ouverts

Sur les 8 précédentes finales de bronze, les scores ont montré que les équipes souhaitaient se faire plaisir avant tout. La victoire tactique n'est donc pas la priorité absolue mais le beau jeu est de rigueur. On se rappelle, malheureusement de la finale de bronze en 2003 où les All Blacks s'étaient imposés 40 à 13 en marquant 6 essais... Seule une finale s'est terminée avec un score inférieur à 20 points marqués en 1991 et encore une fois, la Nouvelle-Zélande était un protagoniste de la 3e place face à l'Écosse, remportée 13 à 6. 

La motivation

C'est le problème de la finale de bronze. Il est difficile pour un joueur de se remotiver afin d'aller chercher une 3e place, alors qu'une semaine aupravant, il touchait du bout des doigts le match ultime, celui pour lequel il travaille depuis plusieurs mois. D'un autre côté, un compétiteur voudra absolument aller chercher cette médaille de bronze. Là est toute la compléxité pour un staff de remotiver son groupe.

"J’imagine que ma tête dit ce que je ressens. Ça fait mal évidemment, je suis déçu, mais nous avons encore l’opportunité d’écrire un peu l’histoire. Ce ne serait pas vraiment une consolation, mais c’est ainsi", affirmait Alun Wyn Jones.

"Le match pour la troisième place est une stupidité complète. C'est la dernière chose que les joueurs veulent faire", déclarait Alan Shearer, international anglais du ballon rond entre 1992 et 2002. Les All Blacks, où la motivation et la compétition règne au sein du groupe, ont notamment eu du mal à se remobiliser après le revers subi face à l'Angleterre. Ian Foster en a longuement parlé en conférence de presse, estimant que ce match est important pour le "rachat" de l'équipe et la construction d'une nouvelle ère : "Nous le voyons comme une chance de montrer que nous sommes une meilleure équipe que celle que nous avons montrée la semaine dernière. Et pour nous, en tant que groupe, c'est vraiment important. Ce n'est pas facile d'être assommé, puis de rentrer à la maison et de passer tout l'été à se demander «et si» ?" 

Les troisièmes en Coupe du monde :

• 1987 : Pays de Galles 22 - 21 Australie
• 1991 : Nouvelle-Zélande 13 - 6 Écosse
• 1995 : France 19 - 9 Angleterre
• 1999 : Afrique du Sud 22 - 18 Nouvelle-Zélande
• 2003 : Nouvelle-Zélande 40 - 13 France
• 2007 : Argentine 34 - 10 France
• 2011 : Australie - 21 - 18 Pays de Galles
• 2015 : Afrique du Sud - 24 - 13 Argentine
• 2019 : ?