La Coupe de l'Immonde N°20
Chronique satirique : présentation de l'équipe de rugby d'Afrique du Sud...
La Coupe de l'Immonde N°20

La Coupe de l'Immonde c'est fini. Bouuuh. Mais ça n'est pas forcément une mauvaise nouvelle puisque cela signifie que la Coupe du Monde, la vraie, commence. Et pour conclure en beauté avec la fiche de l'Afrique du Sud, nous avons fait appel au consultant vedette de la Boucherie Ovalie, Pierre Villegueux. Vous pouvez retrouver l'ensemble de ses chroniques et analyses de match ici, en attendant de le retrouver régulièrement pendant la Coupe du Monde où il nous livrera un compte rendu de tous les matchs du XV de France.
En attendant, il nous semblait évident qu'un homme tel que Pierre, ouvert sur le monde, tolérant et porteur des belles valeurs de l'Ovalie, paraissait l'homme idéal pour vous parler de la Nation Arc-En-Ciel...

Présentation : le XV de l'Afrique du Sud


L'Afrique du Sud est un pays situé au Sud de l'Afrique. En même temps, c'était facile à deviner. Je parie d'ailleurs que pour la plupart d'entre vous, lecteurs incultes, c'est le seul pays que vous avez réussi à situer sur une carte lors de votre épreuve de géographie au bac... Néanmoins ne nous trompons pas : si nous sommes bien en Afrique, il s'agit là d'un pays où les blancs sont riches et les noirs sont pauvres, donc quasiment un pays occidental finalement.

Historiquement, le rugby en Afrique du Sud est donc réservé aux blancs. Descendants de colons hollandais, allemands ou français, la plupart des rugbymen sud-africains portent des patronymes de nageuses est-allemandes. Et souvent, les physiques qui vont avec. Le meilleur exemple étant probablement Schalk Burger, ce grand blond aux yeux bleus qui aurait tout à fait pu jouer le rôle d'un officier nazi dans un épisode d'Indiana Jones. Avec la fin de l'Apartheid et la Coupe du Monde 95, organisée sur le sol sud-africain, le rugby s'est néanmoins démocratisé petit à petit. Depuis l'ailier Chester Williams, unique champion du monde noir en 1995, on peut bien sûr citer Bryan Habana et JP Pietersen, eux aussi sacrés en 2007. Et aujourd'hui, même des avants comme Mtawarira ou Ralepelle. Preuve de leur grande tolérance, les sud-africains sont également prêts à sélectionner des manchots comme Adi Jacobs ou les frères N'Dungane, des psychopathes échappés d'un asile comme Bakkies Botha, ou encore des joueurs de football comme François Steyn.

Nation la plus efficace de l'histoire de la Coupe du Monde (4 participations, 2 victoires) l'Afrique du Sud débarque en Nouvelle-Zélande dans la peau d'un tenant du titre affaibli. Après avoir marché sur la planète en 2009 (Tri Nations et Tournée des Lions victorieuse) les Boks marquent le pas depuis 2010. Preuve ultime de ce déclin ? Lors de la victoire de la France face aux Boks à Toulouse en novembre 2010, Maxime Mermoz a réussi à rester sur le terrain pendant 80 minutes. Je déconne pas, vous pouvez vérifier...

Autre drame ayant porté atteinte au prestige du rugby sud-africain, la sortie d'Invictus, sorte de téléfilm M6 à gros budget avec Morgan Freeman, sans doute réalisé par le stagiaire chargé d'apporter le café de Clint Eastwood. Lui n'en a rien à foutre du rugby, il cherchait juste un prétexte pour aller en Afrique du Sud à l'oeil et visiter le Parc Kruger. Bref, en 2011, c'est pas gagné pour les Boks.

La star : Victor Matfield


Que reste t-il des champions du monde 2007 ? John Smit est tellement lessivé qu'il pourrait se faire tordre en mêlée par Ducalcon. Bryan Habana est toujours un finisseur mais son explosivité semble maintenant proche de celle de Jean Baptiste Gobelet. Schalk Burger est constamment blessé. Juan Smith carrément forfait. Jean de Villiers n'est plus ce qu'il était non plus et Jacques Fourie a toujours été un Florian Fritz de luxe (Florian Fritz étant lui-même un David Marty de luxe, bref on va pas bien loin avec ça).
Finalement, si il y a un secteur où les Boks assurent encore, c'est en seconde ligne. Pas grâce à Botha, qui entre les blessures et les suspensions, a lui aussi perdu de sa superbe. Mais Victor Matfield, lui, est toujours là. Le sosie de Bill le Boucher pèse du haut de ses 2 mètres et de ses 105 sélections. Dans une équipe qui n'a plus le temps de faire évoluer son jeu et qui devra miser sur les basiques (conquête & destronchage) le bon vieux Victor aura un rôle primmordial.



Le joueur à suivre : Heinrich Brussow


Souvenez-vous fin 2009. Le jeune Heinrich Brussow débarquait de nulle part, avec son physique de gringalet (1m81, 102 kilos) et son casque de tocard. Esthétiquement, il payait pas de mine, mais le jeune flanker n'a pas tardé à briller et à montrer ses impressionnantes capacités à voler des ballons dans les rucks, grâce à ses appuis de gymnaste roumaine. Puis en mars 2010, le drame, il se pète les ligaments. Les Boks enchaînent les défaites, et dans le style plaqueur-gratteur, un australien nommé Pocock lui vole carrément la vedette. Après une année blanche, il rejoue enfin au rugby début aout. Mieux, il fait partie de l'équipe des Boks qui bat les (seconds couteaux) All Blacks à Durban, et se voit nommé homme du match. Son retour inespéré suscite beaucoup d'espoir au pays. Mais il ne pourra pas tout faire tout seul...



Ou Patrick Lambie


Après l'Australie avec James O'Connor, c'est au tour des sudaf de sortir leur propre sosie de Justin Bieber. Comme O'Connor, on tient là un jeune blondinet de 20 piges au physique fluet mais super polyvalent puisqu'il est capable de jouer ouvreur, centre ou arrière. Il a également l'avantage d'avoir pu apprendre aux cotés d'un des meilleurs ouvreurs du monde aux Sharks, en la personne de Frédéric Michalak. Non je déconne. Quel sera le rôle de Lambie chez les Boks ? A l'arrière, à la place d'un F. Steyn décevant ? Ou bien à l'ouverture, ou ni Butch James, ni Morné Steyn n'arrivent à convaincre ? Peut être aussi en tribunes. Ca dépendra du niveau d'audace de De Villiers, mais au point où en sont les Boks, c'est un pari à tenter.



Le joueur à suivre de loin : Bakkies Botha


On ne présente plus Bakkies Botha, ses coups de boule, ses coups de poing, ses fourchettes, et surtout sa grande spécialité : le déblayage à la carotide. Ici, il essaye de mettre fin à la carrière de son coéquipier chez les Boks Gio Aplon. Va y avoir une bonne ambiance dans le groupe...



Le joueur qui suivra sa Coupe du Monde depuis son canapé : Juan Smith


Injustement méconnu comparé à ses compères de la troisième lige comme Burger, Spies, Brussow et d'autres ailiers refoulés comme Kankowski, il faut se souvenir que Juan Smith fut peut être le meilleur joueur des Springboks en 2007. Un joueur élégant, qui sait à peu près tout faire sur le terrain, et dont l'abattage est énorme. Il manquera, assurément.

Le joueur qu'il fallait suivre en 2007 : François Steyn


Vous pouvez aussi essayer en 2011, surtout qu'avec le gros cul qu'il se traîne, ça ne devrait pas être difficile. En 2007 donc, François Steyn avait débarqué au sein des Boks avec l'insouciance de ses 20 ans. On se rappelle tous de sa première sélection face à l'Australie durant le Tri Nations, où il claque deux drops lointains en entrant en cours du match. Lors du Mondial, il se retrouve titulaire au centre suite à la blessure de Jean de Villiers, et démontre qu'il n'a pas qu'un gros coup de tatane : sa vitesse, ses appuis et son style un poil foufou font merveille au sein d'une équipe Bok qui manque de créativité. Plus jeune joueur de l'histoire sacré champion du monde, auteur de la seule percée des Boks de la finale et d'une pénalité de 50m en bonus, on l'imagine déjà devenir le meilleur joueur du monde.
Une vidéo de ses exploits pas si lointains avec une musique de Cat Stevens. Oui, ça change des highlights avec du hard metal destroy...



Puis finalement non. Starifié et fatalement plus surveillé, Françou peine à s'imposer chez les Boks, que ce soit au centre, à l'arrière ou à l'ouverture, et brille surtout par ses coups de pied. Il décide ensuite de filer au Racing Métro, s'attirant les foudres de son sélectionneur, qui n'hésitera pas à dire que le jeu européen a appauvri le niveau de notre chevelu favori. En même temps, c'est vrai que le Racing, c'est pas vraiment une équipe de rugby à 7 fidjienne. Finalement revenu dans le squad des Boks (faute de réelle concurrence à l'arrière), il n'a pas vraiment convaincu lors de ses dernières sorties. Ce serait quand même le bon moment pour lui de se réveiller et de relancer une carrière qui stagne...

Le joueur préféré de la Boucherie


C'est évidemment Ruan Pienaar. Un mec avec un nom d'alcoolique, qui pousse le vice jusqu'à aller jouer en Irlande, ça ne peut que nous plaire...

L'entraîneur : Peter de Villiers


Sa belle moustache et sa petite voix aigüe vous dit quelque chose ? Mais c'est bien sûr, Apu des Simpson ! Ca tombe bien car comme l'épicier de Springfield, Peter s'obstine à nous proposer des produits périmés depuis des années. Le jeu ultra-basique qui fit le succès des Boks en 2007 et 2009 ne fonctionne plus avec l'avènement des nouvelles règles. Certains « cadres » demeurent intouchables, à l'image du capitaine John Smit, qu'on ne sait plus où foutre et qui se retrouve à brouter de l'herbe au poste de pilier droit. Malgré tout, ce grand provocateur qu'est Peter est confiant. Il a bien reposé son effectif durant le Tri Nations et il sait que le climat néo-zélandais de cet automne pourrait favoriser le jeu de son équipe. Le pire, c'est qu'il a peut être raison...

Pour le plaisir, Peter en interview qui nous explique que le rugby c'est pas de la danse et que les fourchettes, ben c'est pas bien grave.



Le scénario idéal :


Les sud-africains jouent le match d'ouverture contre des gallois toujours aussi cons, qui pensent qu'ils vont devenir champions du monde juste parce qu'ils ont réussi à battre l'Angleterre et l'Argentine en match de préparation. L'arrogance du Poireau est punie par les champions du monde qui l'emportent 88 à 7. Bakkies Botha termine au passage la carrière de Shane Williams en tapant un drop avec son crâne, après l'avoir décapité au préalable à la sortie d'un ruck (pour l'anecdote, le coup de pied passe entre les perches, et Waynes Barnes accorde les 3 points). Les Fidjis dépouillés, puis les samoans limités ne peuvent rien non plus contre les Boks. Pas plus que ces losers d'irlandais, qui estiment avoir déjà réussi leur Coupe du Monde en évitant de perdre contre l'Italie en poule. En demi-finale contre les Blacks, les « chokers » sont de retour : écrasés par le poids de l'évènement, les tout noirs enchaînent les maladresses. Morné Steyn tape 152 chandelles consécutives. Le jeune Israel Dagg, titularisé à la place de Muliaina, se mue en Clément Poitrenaud sous la pression. Les Boks l'emportent 20 à 16.

En finale, tout le monde attend le sacre de ces australiens jeunes, beaux, joueurs, et qui semblent tellement s'amuser sur le terrain. Erreur fatale : le rugby n'a pas tant changé que depuis 2007. Au terme d'une finale terne et sans essais, les Boks l'emportent 15 à 6 grâce à la botte des deux Steyn. Peter De Villiers se frise les moustaches, des milliers d'amateurs déprimés décident de passer au XIII et le rugby à XV meurt aux alentours des années 2030, plus personne n'osant diffuser un sport aussi chiant.

Le scénario catastrophe :


Pardon, je crois qu'en fait, il est au dessus...

Le pronostic


Les Boks sont dans une situation idéale : plus personne ou presque ne les prend au sérieux, et ils n'auront absolument rien à perdre si ils parviennent en demi-finale face aux Blacks, qui eux, auront tout le poids de la nation sur le dos. L'expérience et le réservoir de talent est toujours là chez les Boks et une Coupe du Monde ne se gagne pas en envoyant bêtement la balle à l'aile comme le feraient des japonais sous LSD. Le climat néo-zélandais risque également de jouer pour eux : je prédis donc une finale face à l'Australie, remportée par les Wallabies, car aucune équipe n'a réussi à conserver son titre depuis la création de la Coupe du Monde, et parce qu'il faut pas déconner quand même.

Le bonus so 80's


Une chanson dédiée à François Steyn...



Crédits


Pierre Villegueux qui a écrit cette fiche en 41 minutes. A peine le temps de descendre sa bouteille de whisky. Capitaine pour le drapeau, comme toujours.
Si comme Ovale Masqué vous avez la même coupe de cheveux que François Steyn et que vous le vivez bien, venez aimer la page Facebook de l'Immonde du Rugby ou bien aussi sur celle de la Boucherie Ovalie.

Et aussi sur Twitter :
@BoucherieOvalie
@OvaleMasqué

Remerciements de fin d'année


Toute l'équipe de la Boucherie Ovalie, qui pour une fois, s'est montée particulièrement motivée et efficace pour faire ces fiches. Ovale Masqué pour l'idée originale, tellement géniale qu'elle a été copiée en moins bien par 20minutes.fr. Enfin merci aussi à Sudrugby pour sa participation à la fiche australienne, et à Philippe Manhes, dit l'homme de la Pampa, pour ses excellents commentaires sur notre facebook. La bise à tous, je vous aime, à demain dans notre club échangiste préféré, vous connaissez l'adresse...


Dans la même série :


Poule A :

La France par Ovale Masqué
Les Iles Tonga par Ovale Masqué
Le Canada par Fourchette & Desman
La Nouvelle-Zélande Par Vern Crotteur
Le Japon Par Capitaine

Poule B :

L'Angleterre Par Poteau Feu
L'Argentine Par Ovale Masqué et Ovale de Grace
La Roumanie Par Capitaine
L'Ecosse Par Damien Try
La Géorgie Par Capitaine

Poule C :
L'Irlande Par Ovale Masqué
L'Italie Par Thomas Perotto
La Russie Par Damien Try
Les USA Par Desman
L'Australie Par Sud Rugby

Poule D :
La Namibie Par Jonny WillKillSoon
Le Pays de Galles Par Guilhem Guy Crado Les Fidji Par Capitaine & Ovale Masqué
Les Samoa Par Ovale de Grace
L'Afrique du Sud Par Pierre Villegueux
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  • Grosbill
  • il y a 13 ans

Bravo les cocos et les cocottes, vous avez réussi à me faire marrer tous les 2 paragraphes sur les 3/4 de vos fiches. Je les relirai avant les matches et saluerai votre esprit visionnaire quoique potache. Puisque Leblack nous fait faux rebond, c'est Grosbill qui régale: caresses et bises à l'oeil. Bonne RWC, forcez pas trop sur la Ch'ti.

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