Fédérale 3 -Le Havre. Ludovic Mercier le timonier du club doyen
Ludovic Mercier, l'ancien international qui guide les destinées du HAC Rugby. Credit Photo: Hac Rugby / Tiphaine Ky
Fédérale 2
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Le club normand qui fut précurseur du rugby français, se structure et vient de monter en Féd2. Sous la houlette de l'ancien 1/2 d'ouverture de Gloucester, Ludo Mercier : Le HAC gravit les échelons pas à pas.

Sur les bords de la manche, dans l'estuaire de la Seine, le HAC Rugby vient de renaître de ses cendres, après de nombreuses décennies de vaches maigres. Dans le sillage du grand frère, Le Rouen Normandie Rugby avec qui un partenariat fort est en place, le club havrais participe à amener ce vent de fraîcheur, qui souffle sur le rugby normand.

Nous avons joint, Ludovic Mercier pour faire le bilan de cette saison, qui fera date au pays de Caux. L'entraîneur, ex international français, et ce, malgré un palmarès long comme le bras (Challenge Européen, Champion d'Angleterre, Coupe d'Angleterre) détonne par sa modestie et sa simplicité.

« On a regardé, pris le temps, on a adhéré avec une dimension humaine. »

Quand on lui demande comment, il a débarqué au Havre Athletic Club Rugby, il explique posément que sa situation dans le club précédent, était loin d'être idyllique et qu'il avait besoin relever un nouveau challenge : « Il y avait des contacts avec plusieurs clubs, j’arrivais d’Italie. Ça s’était bien passé avec les joueurs mais plus compliqué avec l’encadrement et le Président. On m’avait caché des choses. Quand on a commencé l’entraînement , il y avait 1 groupe de 40 joueurs et au final je me retrouve avec 19 joueurs de 2e ou 3e division. Car il manquait de l’argent et donc on passe la saison comme ça, difficile, un bon groupe, 1 bonne ambiance mais en fin de saison, les 5 derniers mois, on n'était pas payé, donc très compliqué de continuer là-bas. Des clubs m'ont appelé dont le Havre avec un projet ambitieux, sur de l’humain, plus que sur le financier. Je voulais me mettre en danger par rapport au monde amateur que j’ai connu il y a longtemps ! » Et de rajouter : « Le club m’a contacté, ça s’est bien passé : on a regardé, pris le temps, on a adhéré avec une dimension humaine. On savait que ça allait être dur en Fédérale 3. C’est un projet sportif dur, axé sur la formation, qui allait aider le club à franchir un cap ; il fallait mettre les bases, améliorer le club. On s’est de suite trouvé. »

Même si pour lui cette plongée au plus profond du microcosme fédérale était une véritable aventure : « Le monde amateur, je ne le connaissais pas forcément ; j’ai arrêté ma carrière de joueur ; j’ai passé 8 ans à l’étranger sur 17 ans de compétition. Ils m’ont appris ce qu’était le plus vieux club de France. Je suis parti sur un challenge et je l’ai relevé ».

« On revient de loin avec la réforme de la Fédérale 3 »

Quand on revient sur le bilan de cette saison historique pour le club havrais, qui selon la légende importa le rugby par le biais d'anciens d'Oxford et de Cambridge employés dans les agences du Havre, qu'ils pratiquaient aux débuts des années 1870 sur le terrain vague situé à l'angle des actuels boulevard François 1er et avenue Foch via un jeu tenant à la fois du football et du rugby, qu'ils appelaient Combinaison. L'ancien demi d'ouverture international avoue que ce fut loin d'être un long fleuve tranquille : « Oui, on revient de loin avec la réforme de la Fédérale 3 et ses 12 équipes. On s’est dit que cette année, il fallait apporter une plus-value à l’équipe avec 2 ou 3 joueurs importants ; ça a apporté du sang neuf et les joueurs ont adhéré à un projet sportif ambitieux, ou on met du mouvement. On s’adapte aux joueurs en place, on n’a laissé tomber personne ; on a regardé qui pourrait jouer en Fédérale 3, qui avait le niveau pour monter. Dès le départ, on a commencé à enchaîner les victoires. »

L'entraîneur tient à rajouter que dans la ville portuaire de la Seine-Maritime : « Tout le monde s’est pris au jeu, a mis la pierre à l’édifice. L’entraînement se passait bien et beaucoup de joueurs étaient à l’entraînement. Cela a fait qu’aux matches Aller, on était 2e ou 3e, ce qui n’était pas forcément l’objectif de départ. L’objectif était d’être dans les 10 premiers. Puis au final, les joueurs ont pris goût, conscient qu’ils étaient capables d’intégrer le top 3 et au final, on finit 2e. »

Surtout que l'ancien joueur de Grenoble et de la Section Paloise, peut arborer fièrement un temps d'avance sur le plan de marche, fixé par le club : « Oui on est un peu en avance, ce n'était pas prévu, on s’est adapté aux joueurs. On a pris le train en marche et augmenté les objectifs au cours de la saison, les entraînements et le projet de jeu pour avancer plus vite. La mayonnaise a pris entre les dirigeants, tout le club et au bout on fait les phases finales. Un match difficile avec un retour très difficile. On a joué avec la peur de gagner, on ne méritait pas forcément de gagner. Ça nous a réveillé….. On était à 2 matches de la montée. »

«  Si on peut-être le club phare derrière Rouen, on va pas s’en priver »

Ludovic Mercier, est conscient aussi de l'adhésion populaire en Normandie autour du Rugby, et de l'exploit réalisé : « Les joueurs avaient envie de marquer l’histoire du club, on a qualifié 2 équipes en phases finales : l’équipe première finit 2e et l’équipe 2 à la 3e place. Les joueurs avec la montée ont marqué l’histoire du rugby normand. » Et quand on lui parle du grand frère de Rouen, le coach du Havre est dithyrambique : "ça se passe très bien ; on appelle ça le Rouen Normandie Rugby, et le terme « Normandie » est important. On essaie de s’aider pour faire connaître la Normandie, comme Vannes la Bretagne. Si on peut-être le club phare derrière Rouen, on ne va pas s’en priver. C’est sûr que Rouen est au niveau supérieur avec des moyens extraordinaires. On est le Petit Poucet qui est monté ; on ne va pas faire n’importe quoi, ni brûler les étapes. Retrouver la fédérale 2 et maintenir le club le plus vieux de France, c’est déjà bien. Le maintien, c’est très bien, mais il faut aussi avoir des ambitions. »

Deux clubs qui voguent sur la spirale positive qui envahit le rugby normand. Toujours dans le registre des liens fort entre les deux clubs, son entente avec son homologue rouennais, Richard Hill : « On s’est vu plusieurs fois ; après, c’est compliqué car chacun à ses objectifs ; c’est sûr qu’on va échanger, partager, prendre des choses qui vont bien et inversement. »

À l'instar de Richard Hill, coach Mercier n'hésite pas à importer les préceptes qu'il a emmagasiné outre-manche dans sa carrière de joueur : « Je suis parti avec des joueurs amateurs, qui travaillent la journée, mais je les considère comme des professionnels. J’ai commencé par mettre en place un programme sportif, de la rigueur, du travail : ils ont adhéré. Trois entraînements par semaine très durs, préparation physique, commission médicale, Kinés. J’ai mis en place des bases, de la récupération. Il faut que le soir, les joueurs prennent du plaisir à l’entraînement, mais par contre un système très dur avec de la discipline et de la récupération. J’ai appris ça en Angleterre, ça a bien fonctionné et les joueurs sont contents. »

« On doit continuer à travailler pour aller le plus loin possible »

Quand on lui parle de la double confrontation, face au club du Val de Marne, le GTO (Gretz-Tournan-Ozoir), le manager du HAC Rugby, ne cache pas que cela fut loin d'être une sinécure : « Oui, on fait le 1er match Aller : équipe solide, joueuse avec des individus très forts. On a exploité à la vidéo leurs failles ; on mène jusqu’à la 71e de 16 points , puis on met les deux derniers essais:  Ils n'ont pas pris le point de bonus, c’était le plus important !!! Pour le retour, ils avaient rien à perdre. On a mis en place un nouveau plan de jeu : on a anticipé et on les a contrés devant et derrière et on termine sur le score de 20 à 12 ; on a fait le job !» Mais une fois cette ascension en fédérale 2 en poche, le club doyen ne compte pas se reposer sur ses lauriers : « Tout est nouveau, on travaille sur le recrutement pour améliorer les choses, activer le réseau pour amener des joueurs, continuer avec le groupe qui est enthousiaste. Mais il y a eu la fin de saison et un huitième ; les garçons sont fatigués ; il faut aller le plus loin, un 8e ou un ¼, c’est toujours bien d’aller le chercher (Depuis Le Havre à Perdu en 8eme dans les ultimes secondes contre Pontault-Combault : 18-14)  . Pour la Fédérale 2, on ne va pas forcément jouer le maintien : si on joue le maintien, on va redescendre. On va chercher des joueurs, apporter du bonus au groupe, tous les joueurs le savent. Pour relever le défi pendant 1 ou 2 ans en Fédérale 2, on doit continuer à travailler pour aller le plus loin possible.". 

Mais malgré cela, loin du sempiternel « Rugby cassoulet » du sud-ouest , le HAC Rugby sait aussi jouer sur les valeurs qui étaient les leurs il y a de cela quelques saisons quand il squatté les tréfonds du monde amateur. ! Car au pays du « Rugby Calva » ou du « Rugby Camambert » les 3es mi-temps n'ont rien à envier aux cousins du midi : « Ils sont très forts en 3e mi-temps !!! Maintenant, on fait moins la fête…. C’est plus regardé…Mais je n'ai pas voulu tout changer, il faut garder les valeurs du club : s’était plus important que d’habitude !!!! Ils l’avaient bien mérité. Dans la saison, on a gagné des matches : dans le bus, la bière coulait un peu à flots. Ces dernières semaines, je leur ai demandé de faire attention ; ils étaient à 2, 3 matches de faire quelque chose de grand. Ils ont écouté et assumé, après ils se sont lâchés et se sont rattrapés, je n'avais pas de souci pour qu’ils se rattrapent !!!"

Le HAC Rugby, trace sa route sans fanfaronner et compte bien s'installer durablement en fédérale 2, voire qui sait un jour plus haut... Avec Ludo Mercier aux manettes bien sûr !!!

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ps : CamEmbert 😉

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