La santé plutôt que le rugby : Fin de carrière à 26 ans pour l’un des plus grands talents de la Pro D2
Très rapidement, le Pumita De La Vega avait conquis le club haut-garonnais et illuminé la ProD2. Screenshot : Canal Plus
Très rapidement, le Pumita De La Vega avait conquis le club haut-garonnais et illuminé la ProD2. Il arrête le rugby à seulement 26 ans.

Moins d’une semaine après le grenelle sur les commotions cérébrales organisé à Paris par la LNR, de nouvelles conséquences de ce fléau apparaissent dans le rugby français.

''Tu peux péter un os, tu reviendras. La blessure du cerveau...'', Paul Willemse (MHR) raconte l’invisible''Tu peux péter un os, tu reviendras. La blessure du cerveau...'', Paul Willemse (MHR) raconte l’invisible

Cette fois-ci, elles ne concernent pas un garçon qui ferraille au cœur des rucks ou un joueur rugueux plus que de raison, mais un numéro 10 virtuose : Joaquin De La Vega.

International U20 et maître à jouer de Colomiers

Lui ? C’est un Argentin de 26 ans qui vient de vivre sa première saison en France du côté de Colomiers.

Très rapidement, le Pumita avait conquis le club haut-garonnais et illuminé la ProD2 en inscrivant 144 points (dont 3 essais) en 14 apparitions. Joueur d’instinct, de caractère et aux prises d’initiatives nombreuses, sa vista, ses accélérations au cœur des défenses adverses et son jeu au pied de qualité avaient conquis tout le monde, dans la meilleure 2ème division de la planète.

Si bien qu’on lui promettait rapidement un avenir avec les Pumas (lui qui avait déjà été international avec la réserve officielle) et peut-être quelques touches en Top 14. Mais au mois de février dernier, après une 3ème commotion cette saison, l’ancien du Hindu Club devait mettre un terme à sa saison pour se régénérer.

Finalement, après plusieurs consultations avec un neurologue, le porteño doit tout simplement mettre un terme à sa carrière. Le choix de la sécurité avant tout, bien raisonnable, pour un jeune homme de son âge. 

Aujourd'hui, je dois prendre du recul par rapport au sport que j'aime le plus depuis toujours
Même si c'est difficile, j'essaie de penser aux moments incroyables que j'ai vécus, et non à ce qui se serait passé.
Merci à tous ceux qui ont pris un moment pour me témoigner leur amour pendant cette période. - Joaco De La Vega sur son compte Instagram

Très apprécié du vestiaire columérin et de sa confrérie de latinos, De la Vega va laisser un vide à la conduite du jeu du dernier barragiste de ProD2, même s’il a recruté les jeunes Delpy et Giral. Une triste fin pour le grand ami de Santiago Chocobares, qui avait d’ailleurs affronté et battu la France durant le Mondial U20 2019. Buena suerte, amigo...

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  • Yonolan
    212452 points
  • il y a 2 jours

Ce sport est devenu une forme de roulette russe pour tous les joueurs

Et effectivement ils peuvent entrer en zone rouge de plus en plus tôt

Je ne sais pas si on imagine qu'un jeune homme de 26 ans doive stopper sa carrière

Non pas qu'il ne soit plus apte à jouer au rugby (seul le risque de sur commotion étant pris en compte actuellement dans la suppression d'une licence)

Mais pour garantir son intégrité cérébrale

26 ans alors qu'on sait tous les efforts qu’ils ont dû consentir pour en arriver là et ils ne peuvent même plus avoir le juste retour de tous ces efforts

Il apparait maintenant essentiel d'imposer un double projet obligatoire pour tous les professionnels du rugby

Au moins pour garantir une forme d’atterrissage face à ce genre de nouvelles brutales

Car cela se rajoute bien sûr aux arrêts des carrières liés à des blessures physiques

Et en ce qui concerne ce joueur c’est son choix personnel que d’arrêter

Parce que le paradoxe est là : quel que soit le risque qu’un professionnel encourt pour son avenir cérébral à distance de sa pratique sportive, celui-ci n’est pas pris en compte par l’employeur, au même titre que sa responsabilité financière

Et ça risque de changer dans un avenir plus ou moins proche sous la pression judiciaire ( class actions en cours outre manche) mais pas que

La semaine dernière se tenait le premier Grenelle des commotions cérébrales organisé par Provale

Il y a un vrai bougé puisque pour la première fois le responsable du comité médical de la FFR Oivier Capel a planté le decor

« Il y a cette poignée de joueurs qui est à risque parce qu'ils jouent trop, on le sait. On doit trouver une façon de réguler leur exposition au risque de commotion cérébrale sinon on le regrettera dans vingt ans quand ils auront justement des signes cognitifs. »

Pas une reconnaissance formelle bien sur mais un début de chemin de la cause à effet qui finira bien par s’imposer entre la pratique du rugby et les risques pour l’avenir de l’homme dans un monde professionnel

Et aussi un premier constat sur les données que révèlent les protèges dents connectées et pour le moins c’est édifiant

Et L’Equipe nous livre la déclaration de Julien Piscione, responsable des sciences du sport et de la performance à la FFR, lors de ce Grenelle

« L'alerte est importante. Depuis le début de la saison, neuf de ces alertes ont détecté des commotions avérées que n'avaient pas repérées le médecin de match ou l'arbitre. Mais au-delà de l'alerte, cet outil nous donne accès aussi au nombre d'impacts répétés avec des "G" élevés pour tous les joueurs, ce qui nous permet de mesurer l'accumulation d'accélérations de la tête tout au long d'un match en fonction d'un certain nombre de seuils. La moyenne pour un joueur dans un match, c'est vingt accélérations de la tête supérieures à 5 G, dont cinq accélérations de la tête supérieures à 20 G et une supérieure à 40 G (on parle d'accélérations très courtes, mesurables en milliseconde). Mais il y a une très très forte variation en fonction des postes, bien sûr, mais aussi en fonction des profils de joueurs. On découvre des joueurs qui peuvent subir trois accélérations au-delà des 40 G dans un match. Ça ouvre même des portes sur des aspects techniques pour mieux les protéger C'est en s'appuyant sur ces données qu'il va falloir définir une vraie stratégie de régulation pour adapter la charge de travail d'un joueur, ses périodes d'entraînement sans impacts à la tête... »



Les valeurs parlent d’elles-mêmes et on peut maintenant légitimement se dire que les commotions cérébrales ne sont que la face visible de l’iceberg ..

Alors si on veut que la pratique du rugby professionnel respecte l’intégrité neurologique à venir des salariés joueurs, il y a un réel besoin d’adapter cette pratique aux réalités de ce que subit un cerveau

Sous peine de continuer à injecter un poison lent à chaque match et a chaque entrainement haute intensité

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