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[INTERVIEW] Laurent Violle, manager France 7 U18 : ''Une expérience fabuleuse''
La délégation française qui a participé aux JOJ à Buenos Aires. Crédit photo : FFR
Laurent Violle, manager de l'équipe de France U18 masculine de rugby à VII, revient sur les Jeux olympiques de la jeunesse.

Du 6 au 18 octobre, les équipes de France masculine et féminine U18 étaient présentes à Buenos Aires pour disputer les Jeux olympiques de la Jeunesse. Les jeunes tricolores ont ramené de ce voyage, deux médailles d'argent. Le manager de l'équipe masculine, Laurent Violle, a accepté de nous faire partager cette expérience.VIDÉO. JOJ 2018 - Comment les Bleues ont fait douter les Baby Black Ferns en finale

C'était votre première participation à des Jeux olympiques, quel a été votre ressenti ?

C'est une expérience qui est fabuleuse. Comparé à l'édition d'il y a quatre ans, toutes les équipes se sont préparées pour cette échéance. Puisqu'à Nankin, hormis l'Argentine et la France, les pays présents n'étaient pas d'un très haut niveau. Pour l'anecdote, il y a quatre ans, c'était l'Angleterre qui avait été sélectionnée pour représenter la zone Europe, mais ils avaient décliné l'invitation. C'était alors la France qui avait été retenue à la place de l'Angleterre. L'équipe de France, qui avait participé à cette compétition avec une génération de joueurs pas forcément préparés, avait tout de même décroché la médaille d'or. Pour cette édition, les choses ont changé puisqu'il y a eu des phases de qualifications inter-continentales. Pour la zone Europe, il y a eu un tournoi en Lituanie au mois de mai et nous avons gagné contre l'Irlande en finale, nous qualifiant ainsi pour les Jeux olympiques de la Jeunesse.

Durant cette phase de qualification, le groupe sélectionné était-il similaire à celui qui est parti en Argentine?

Tout à fait. L’année dernière, il y avait eu un championnat d'Europe qui n'était pas qualificatif pour les Jeux. À ce moment-là, on avait déjà pris l'optique de prendre des joueurs de la génération 2000, en se disant qu'on avait peu de chances de décrocher un titre de champions d'Europe. L'objectif étant de leur faire acquérir une expérience internationale. Cette année, en repartant avec le même groupe au championnat d'Europe, cette fois-ci qualificatif pour les Jeux, nous avons gagné. C'est un choix payant, puisqu'il y a deux ans, en Allemagne, on était la seule nation à avoir eu cette stratégie, puisque toutes les autres équipes avaient pris des joueurs nés en 1999. Excepté les Anglais qui avaient six joueurs nés en 2000.

Comment se sont passé les premières sélections pour les joueurs ?

La détection s'est faite lors du tournoi Howard Hinton à Tours. Parmi les différents tournois présents sur cet événement, il y a celui qui rassemble les Pôles Espoirs. Chaque Pôle dans son département constitue une équipe et c'est sur ces joueurs-là que l'on réalise l'ossature de l'équipe de France. Nous avions fait un rassemblement à 20-25 joueurs il y a un an et demi. Au fur et à mesure de la saison, on a réduit le nombre de joueurs à seize pour chaque stage. Sachant que pour les Jeux olympiques, on avait la possibilité d'inscrire sur une liste simplement dix-huit joueurs. Sur les joueurs champions d'Europe, il y a eu quatre changements. Jordan Joseph, qui, entre-temps a signé un contrat professionnel et n'a pas été libéré par le Racing 92, Maxime Espeut de Béziers a été touché au genou, Malcom Bertschy de la Rochelle s'est blessé au tendon rotulien et Romain Fusier de Grenoble à l'épaule. On a donc dû puiser sur la liste des réservistes pour pouvoir constituer un groupe de douze joueurs pour ces Jeux.

Continuer dans la lignée des aînés

Comment s'est ensuite déroulé la préparation à ces Jeux olympiques ?

Avant les qualifications, nous avions déjà eu quatre stages de préparation qui ont duré trois à quatre jours chacun. Puis, les joueurs qui étaient sélectionnables avec le XV de France des moins de 18 ans ont participé au Festival des Nations. Une fois la qualification acquise en Lituanie, les joueurs ont suivi un programme de préparation individuelle qui a été établi par la cellule de recherche et de performance de la Fédération Française de Rugby. Ils ont été alors suivis dans leurs clubs par le préparateur physique de l'équipe de France de rugby à VII. Avec l'aide notamment de montres GPS, qui permettaient de voir si les séances avaient été réalisées. Nous avons par la suite eu un stage début septembre avec l'équipe de France de rugby à VII à Capbreton pendant cinq jours. Nous sommes ensuite partis aux Jeux, car nous jouions à la fin de la première semaine. On est arrivé le samedi 6octobre avant de jouer le samedi suivant, donc on a eu une semaine sur place pour se préparer.

Qu'est-ce que le stage avec l'équipe de France professionnelle a apporté en plus à cette équipe ?

Le principal élément a été l'apport d'expérience de joueurs qui ont l'habitude de matcher sur le circuit mondial. On a pu faire chaque jour une opposition, raisonnée, ce qui nous a fait du bien. Sur la première partie, nous avons réussi à rivaliser, mais ensuite, ils ont remis les pendules à l'heure et cela nous a offert une préparation optimale. Notamment pour travailler les repères face à une équipe organisée.

À la suite de ce stage, quels ont été les objectifs définis pour les Jeux olympiques de la Jeunesse ?

Sur ce stage, on avait rassemblé seize joueurs. Les douze qui sont partis aux JOJ, plus quatre réservistes au cas où, puisqu'il y avait deux journées de championnat avant de partir aux Jeux. L'objectif annoncé était de continuer dans la lignée des aînés et d'aller chercher une médaille d'or. Sachant qu'avec l'augmentation du niveau général, on espérait à minima faire un podium. Mais il faut dire que si on avait dû se contenter de la médaille de bronze, cela aurait été perçu comme un échec, la Fédération nous ayant donné de gros moyen pour se préparer.

J'espère qu'ils pourront revivre ce genre d'événement

Quel est, de ce fait, votre bilan sportif ?

Le bilan est satisfaisant. D'autant que, dès le deuxième match contre l'Afrique du Sud, on perd notre capitaine Théo Louvet, qui était une des pièces maîtresses de notre dispositif. C'était le facteur X de cette équipe, mais il se fait une entorse de la cheville. Du coup, nous avons dû revoir l'organisation du système de jeu, surtout qu'il jouait demi d'ouverture, ce qui est un poste crucial. Après, nous avions prévu ce genre de cas avec la présence de joueurs capables d'occuper plusieurs postes. Mais malgré ça, je pense que cela a nui à notre performance. Peut-être qu'avec lui, on aurait pu rivaliser avec l'Argentine, qui était l'équipe la mieux préparée. D'autant plus qu'ils étaient le pays organisateur et qualifié d'office. Cela faisait trois ans qu'ils se préparaient avec le même groupe et ils avaient vraiment mis un objectif sur cette compétition.

Avez-vous des regrets d'avoir perdu cette finale ?

Oui, sur la finale, nous avons un vrai regret. On entame parfaitement le match, puisqu'on récupère le ballon sur le coup d'envoi. Mais ensuite, les jeunes, pour en avoir parlé avec eux, ont été un peu pris par l'ampleur de l'événement. Il faut dire que face à 5000 spectateurs, ce n'est pas facile. Sur notre première possession, on balaye le terrain de gauche à droite, mais il ne se passe pas grand-chose. Finalement, au lieu de garder la balle, nous rendons le ballon au pied. Sur ce ballon rendu, nous prenons un premier essai. On prend ensuite un autre essai sur un hors-jeu annoncé par l'arbitre de touche, mais pas suivi par l'arbitre de champ. On a finalement été mené 19-0 à la pause, mais je ne pensais pas que les joueurs réagiraient comme ça.

On remplace deux joueurs à la mi-temps et on marque deux fois d'affilées pour revenir à 19-14. Puis, sur un contre-ruck, régulier pour notre part pour l'avoir regardé plusieurs fois à la vidéo, l'arbitre nous pénalise et un de nos joueurs prend un carton jaune. À six contre sept à quelques minutes de la fin, menés 19-14, j'ai compris que ça allait être compliqué. C'est dommage, car en marquant deux fois après la mi-temps, je pense qu'on les avait pas mal assommés et il y avait moyen de faire quelque chose. À en voir l'attitude des Argentins sur le terrain, je pense qu'ils perdaient un peu le fil du match. Mais ça a été une superbe expérience pour ces joueurs et si certains ont l'occasion de jouer au plus haut niveau, j'espère qu'ils pourront revivre ce genre d'événement.

En parlant de l'avenir de ces jeunes joueurs, certains peuvent-ils ou veulent-ils se lancer dans une carrière à VII comme l'ont fait Sacha Valleau et Alexandre Lagarde avant eux ?

Pour l'instant, ils sont forcément plus attirés par une carrière dans le XV. La logique étant dans un premier temps financière, car, clairement, les salaires qui sont proposés dans le rugby à XV sont beaucoup plus attirants que ceux que proposent la Fédération Française de Rugby pour les joueurs à VII. Malgré ça, ils sont tous très attirés par la pratique du VII et sur les douze joueurs, trois voire quatre d'entre eux vont se voir proposer quelque chose par l'équipe professionnelle à VII, dans un futur plus ou moins proche. Ils vont sûrement dans un premier temps passer par la filière de l'équipe de France Développement, mais ils sont déjà dans le collimateur du manager de France VII.

Merci à Antoine Poussin pour cet article ! Vous pouvez vous aussi nous soumettre des textes, pour ce faire, contactez-nous !

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@Antoine Poussin
Intéressant de traiter d'un événement dont on a bien peu parlé.

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