Julien Ory (Toulon) :  « C'est dans mon caractère de me débrouiller seul »
Julien Ory a un bel avenir devant lui sur la Rade. Facebook : Mayol-Berg jardins publics
Julien Ory revient sur ses premières minutes en Top 14, son titre de champion de France avec les Espoirs, mais également sur sa relation avec Bernard Laporte...

Quel est ton parcours rugbystique ?

J'ai commencé à la Seyne-sur-Mer quand j'avais 7 ans. J'y suis resté jusqu'en moins de 15 ans première année. Toulon m'a ensuite recruté. J'ai joué plusieurs années avec le RCT, jusqu'à ce que la Fédération supprime les Reichels. Toulon voulait alors me proposer un tutorat. Je ne connaissais pas trop ce système et je l'ai mal pris, car j'ai un caractère fort. Je suis alors parti du club et je suis retourné à la Seyne-sur-Mer. J'y ai passé deux ans avant de revenir au RCT à la demande de l'entraîneur des Espoirs Olivier Beaudon. 

Finalement, j'ai quand même fait deux ans en tutorat avec la Seyne-sur-Mer. Jusqu'à cette année où j'ai été conventionné avec le RCT. Mais l'année dernière, alors que je n'étais pas conventionné, j'ai quand même pu déjà intégrer le groupe professionnel sous Fabrice Landreau et Fabien Galthié. Et ce, dès le mois d'octobre de la saison 2017-2018. J'ai participé à deux feuilles de matchs en tant que 24ème joueur, mais le club s'est rendu compte après que finalement, à cause de mon tutorat, je n'avais pas le droit de jouer. Malgré tout, j'ai fini l'année en m'entraînant avec les professionnels et en jouant avec les Espoirs. On a le même parcours avec Bruce Devaux (pilier, 22 ans). On est de la même génération (1996).

Comment as-tu vécu l'arrivée de Patrice Collazo au sein du club ?

Au départ, il ne me faisait pas trop fait confiance. Je devais faire la préparation estivale avec le groupe professionnel, mais quand je suis arrivé, il m'a dit qu'il n'avait pas besoin de moi. Alors que ma convention signifiait pour moi que j'allais m'entraîner avec eux. Je suis donc un peu reparti à zéro et il a fallu que je fasse mes preuves. Et puis en janvier, Patrice est venu nous voir en Espoirs contre Clermont et j'ai fait un bon match. On a parlé et il m'a dit « Julien, lundi prochain, tu t'entraînes avec nous. »

J'ai donc réintégré le groupe, mais je servais surtout de bouclier. Je suis alors allé voir Patrice à la fin d'un entraînement et je lui ai demandé ce qu'il fallait que je fasse pour jouer. Il m'a répondu que pour l'instant, je n'avais pas le niveau pour jouer en Top 14. Il m'a dit notamment de travailler ma gestuelle en m'entraînant avec les trois-quarts. C'est ce que j'ai fait et j'ai même joué avec les arrières en Espoirs ! Ce qui arrangeait Olivier puisqu'en Espoirs, nous n'avons pas le droit d'avoir plus de deux 96 devant et deux 96 derrière. Du coup, en me positionnant derrière, l'entraîneur pouvait aligner devant Bruce Devaux et Corentin Vernet. Chez les trois-quarts, il n'y avait personne. J'ai donc disputé quatre matchs au poste de centre. 

Comment en es-tu finalement arrivé à découvrir le Top 14 ?

Nous avons eu une opposition à Mayol entre les Espoirs et quelques joueurs peu utilisés face à l'effectif professionnel. Je m'en suis très bien sorti lors de ce match. À partir de là, ils m'ont donné ma chance et j'ai pu jouer deux matchs contre Grenoble et Bordeaux-Bègles. 

Des beaux débuts, tu finis notamment homme du match face à l'UBB, comment as-tu vécu cette première expérience ?

J'étais assez surpris, car vu comment c'était parti, je m'étais fait à l'idée que je n'allais pas jouer en professionnel. Aujourd'hui, je suis encore sur un nuage. Je me dis que je reviens de loin. J'ai travaillé, j'ai fait le dos rond par rapport à toutes les critiques que j'ai reçues...

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On avait notamment beaucoup parlé de ton cas et de ta relation avec Bernard Laporte l'année dernière, quel regard portes-tu sur cette affaire aujourd'hui ?

Finalement, cette histoire m'a servi de force pour prouver aux gens qui ne me voyaient que dans les faits divers, que je pouvais faire mes preuves sur un terrain de rugby. Car ces personnes pensaient en partie que si j'en étais arrivé là, c'était grâce à Bernard Laporte. Je suis très proche de Bernard, nous avons une rôtisserie-traiteur ensemble, mais en aucun cas il n'est intervenu dans ma carrière ! C'est dans mon caractère de me débrouiller tout seul. Personnellement, j'ai pris ça comme un vrai challenge. Aujourd'hui, Patrice Collazo est content de moi et c'est tant mieux.

Tu as notamment réalisé une prestation exceptionnelle au micro de Canal +, ça n'a pas dû passer inaperçu au club...

Il faut dire que je ne m'y attendais absolument pas. Le plus drôle, c'est que la journaliste m'a souhaité mon anniversaire alors que ça ne l'était pas du tout. Mais comme je ne savais pas quoi dire, j'ai répondu : « Merci... ». Ensuite, elle m'a dit que j'étais l'homme de la première mi-temps. Mes genoux ont commencé à trembler et j'ai perdu tous mes moyens. Forcément, je me suis fait charrier à la fin du match et je me fais encore charrier. J'ai tellement bégayé qu'on m'a dit que j'avais fait démarrer la moto sur le stade Mayol...

Cette saison a également été belle avec les Espoirs puisque vous venez de remporter un titre de champions de France, peux-tu nous décrire cette aventure ?

ESPOIRS : le Rugby Club Toulonnais sacré champion de France face à La Rochelle ! [VIDEO]ESPOIRS : le Rugby Club Toulonnais sacré champion de France face à La Rochelle ! [VIDEO]On s'est énormément entraînés et on est un groupe vraiment soudé. Pour la finale, on s'est également très bien préparés. La Rochelle est une belle équipe, on avait perdu de peu là-bas, chez nous, on avait gagné, mais la rencontre était vraiment très serrée. Et même si on les connaissait, une finale est toujours un moment particulier. Tu ne fais pas ça tous les jours. Donc, forcément, il y avait un peu de pression. Mais les coachs ne nous ont pas lâchés. Ils nous ont poussés du début jusqu'à la fin. Nous étions menés lors de la première mi-temps 9 à 5, après avoir passé 40 minutes contre le vent. En seconde période, on a gardé la tête haute et on ne s'est pas affolés. En revoyant le match, ça se voit sur notre comportement. Autant nous nous sommes fait prendre dans le combat lors de la première mi-temps, autant nous avons déroulé notre jeu en seconde période.

En Espoirs, quel rôle as-tu personnellement ?

Forcément, je suis un des leaders, car j'en suis à ma troisième saison avec eux. Mais je ne suis pas le capitaine et je ne veux pas l'être.

Quels sont tes objectifs désormais pour les saisons à venir ?

Pour l'instant, je suis encore sur un nuage, car j'ai réalisé mon rêve d'enfant. Désormais, je souhaite pouvoir revivre ce genre de moments et poursuivre le plus longtemps possible ma carrière dans le monde professionnel. 

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Sans enlever le mérite d'Ory, je pense qu'au pays des aveugles, les borgnes sont rois. Sur le match contre Clermont, pour ceux qui y étaient, un joueur particulièrement s'est distingué: le n°12 , blessé sur la 1/2 finale et la finale, passé pour le coup sur Var matin, titulaire sur tous les matchs des espoirs et qui a eu la confiance des entraîneurs tout au long de la saison. Pour ceux qui ont réellement suivi et vu les matchs des espoirs, le RCT a eu une paire de centres parfaits : Cutayar/Zeghdar, intégrés sur la saison au groupe des pros, qui partent tous les 2 du club. Le premier 1,83m et 97 kg environ et le second 1,95m et 95 kg à peu près. Question gabarit, on y est et côté technique, les 2 ne sont pas des bidons, tant à la main qu'au pied. J'ai du mal à comprendre qu'on laisse partir un tel potentiel...

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