Hassane Kolingar (Racing 92) : ''Dans la vie, il y a beaucoup d'obstacles : il faut les surmonter ou les casser en deux !''
Entretien avec Hassane Kolingar. Crédit photo : un touriste anglais.
Le pilier du Racing 92, blessé au genou pendant la Coupe du Monde U20, s'est confié avant son retour. Entretien.

Rendez-vous donné dans Paris après un entraînement avec le Racing. Hassane a l'air costaud à la télé ? C'est pareil en vrai. Il a répondu à toutes les questions, sans appuis ou cadrages-débordements mais à vrai dire, ce n'était pas étonnant. On débute avec du classique.

Peux-tu te présenter pour commencer ?

Je m'appelle Hassane Kolingar, je suis né le 6 mars 1998 à Paris, dans le quatorzième. J'ai grandi dans le 95 à Villiers-le-Bel puis j'ai vécu à Soisy-sous-Montmorency avec ma mère et c'est là-bas que j'ai commencé le rugby.

D'ailleurs, comment as-tu commencé le rugby ?

J'ai fait de la boxe avant de jouer au rugby. Mon père était boxeur à très haut niveau, et il nous a entraînés avec mon frère. Il avait eu l'occasion d'essayer le rugby et il m'a proposé d'y jouer. J'avais quinze ans. J'ai tout de suite accroché.

Quelles sont tes mensurations ?

1,86m pour 116 kilos actuellement. Comme je suis blessé, je suis plus léger. En compétition, je préfère être plus lourd, aux alentours de 119 kilos. 

Ton meilleur souvenir sur un terrain ?

La Coupe du Monde U20 en France, c'était énorme franchement. Avec l'engouement autour de cette équipe de potes.

Et le pire ?

Le double carton rouge que l'on prend avec Pierre-Henri Azagoh contre l'Angleterre, à Béziers, lors du 6 Nations 2018. On a mal géré le match collectivement et en plus, on prend ces deux cartons rouges. Il y a quand même du positif car on a vraiment appris de ce match sur l'équipe, sur les matchs à haute intensité. Et puis il y a eu la revanche, dans le même stade, à la Coupe du Monde. 

Tu as un geste préféré dans ta panoplie de joueur ?

Longtemps, ça a été la percussion, aller défier l'adversaire. Mais maintenant, j'essaie de me développer ailleurs, de progresser sur la réflexion du jeu, l'attaque des bons intervalles. Il faut tendre vers le profil du joueur moderne.

Tu es actuellement blessé, comment se déroule ton processus de retour ?

Je me suis rompu le ligament croisé du genou droit, en juin, lors du dernier match de poule de la Coupe du Monde, contre l'Afrique du Sud. Je suis resté avec le groupe ensuite et l'opération s'est déroulée deux jours après la finale. J'ai directement attaqué la rééducation à Capbreton ensuite. Ça m'a permis de bosser mentalement, techniquement, de me reposer et de retrouver de l'assurance. Au CERS, j'ai appris sur moi, sur la vie. J'ai pu rencontrer de supers mecs là-bas, m'inspirer d'autres disciplines et mentalités.

Mon retour au club sans béquille était déjà une étape de franchie. Je suis assez perfectionniste et je me suis abimé l'épaule pendant la rééducation, sur un mauvais mouvement à la musculation ; donc les médecins ont dû me nettoyer le cartilage de l'épaule. Ça a retardé mon retour de trois ou quatre semaines mais c'était mieux de le faire à ce moment-là. Je devrais pouvoir rejouer début mars, j'ai hâte.

Quels sont tes objectifs cette année ?

Retrouver le terrain, d'abord. Pendant mon absence, le groupe s'est formé. Je suis un compétiteur, je veux gagner ma place dans l'effectif, c'est l'objectif. Mais pour ça, il va falloir que je charbonne et que je charbonne encore et encore.

Tu as un rituel précis avant les matchs ?

D'abord la sieste, ensuite une douche. Toujours. Je me mets dans ma bulle avec de la musique. Et surtout j'essaie d'être joyeux. Il faut être content de jouer au rugby. Et puis, ça m'est arrivé d'être très tendu avant certains matchs et de passer à côté. Depuis, j'essaie de changer ma manière d'aborder les rencontres. La pression, c'est bien, mais il faut doser.

Ça représente quoi pour toi d'être au Racing 92 ?

C'est une grande fierté. Le club m'a ouvert des portes, m'a fait confiance aussi. Le Racing m'a permis devenir ce que je suis aujourd'hui. Il faut maintenant que je m'impose, je veux pouvoir évoluer là où on m'a lancé.

Où en es-tu contractuellement ?

Je suis en contrat espoir jusqu'à l'année prochaine. 

On avait vu Demba Bamba dire qu'il n'aimait pas la mêlée par le passé. Quels sont tes rapports avec ce secteur du jeu ?

C'était pareil que Demba, avant je détestais la mêlée. Je me concentrais sur le jeu. Avec le temps, je me suis dit qu'il fallait s'y mettre. Je suis pilier quand même ! Ça doit devenir mon domaine de prédilection, mon point fort, il faut s'accrocher. Désormais, je la travaille et j'essaie de développer mes qualités.

Quel regard portes-tu sur son ascension d'ailleurs ?

Demba, mon colocataire pendant le Tournoi et la Coupe du Monde. On a accroché et c'est vraiment devenu un très bon pote. Le voir en équipe de France, c'est un kiff. C'est comme si c'était moi et c'est aussi une source de motivation. Il le mérite, il bosse pour. Je pense que ce n'est que le début, il a une grosse marge de progression encore pour un pilier. Demba a eu un parcours atypique et il montre que le travail paie toujours.

Tu as un mentor en dehors du terrain ? Et rugbystiquement ?

En dehors, il y a mon père qui est beaucoup derrière moi. Et au rugby, j'ai Yannick Nyanga. C'est comme un grand frère pour moi, il me pousse.

Tu te souviens de lui comme joueur ?

Bien sûr ! Quand j'ai commencé le rugby, mon ami William Nyoungue - le frère d'Olivier Missoup - jouait au Racing, et était fan de Yannick Nyanga. Il me parlait de lui et j'ai commencé à regarder des vidéos de lui avant les matchs, ses courses en montées de genou inarrêtables. Ça m'a motivé et de le côtoyer maintenant, c'est comme un rêve.

Qu'est-ce que la boxe représente pour toi ?

C'est une grosse partie de ma vie. Je suis encore, je regarde les combats. Il y a des principes communs avec le rugby, des valeurs de respect, de partage que j'ai pu retrouver au rugby mais restranscrites dans le collectif.

Comment vois-tu les autres piliers gauches du Racing comme Eddy Ben Arous ou Vasil Kakovin ?

Ben Arous, ce que j'aime énormément chez lui, ce sont ses qualités de déplacement. Son activité dans le rugby, avec le ballon. Il m'inspire. Kakovin est très bon en mêlée, tonique. Je dois analyser leurs points forts pour progresser. Apprendre auprès des anciens.

Coupé-décalé, enfin surtout décalé.

Tu préfères te retrouver en un contre un avec Tameifuna ou Zebo ?

Avec Tameifuna (rires).

Tu gagnerais contre Sonny Bill Williams en boxe anglaise?

(Rires) ça reste à voir.

Qui s'habille le mieux dans le vestiaire du Racing ?

Teddy Thomas et Simon Zebo.

Et le moins bien ?

(Il réfléchit) Ah non, je ne dirais pas (rires).

Le joueur le plus drôle de l'effectif ?

Simon Zebo. Dans son attitude, il est très drôle et toujours joyeux.

Celui qui a les meilleurs goûts musicaux ?

Ben Tameifuna.

Le meilleur danseur ?

Ole Avei. Il danse très bien.

Et toi t'écoutes quoi plutôt ?

Rap US, rap français. J'écoute toutes les variétés, de tout, du Garou comme du Booba.

Est-ce que tu es jaloux des cheveux de Teddy Thomas ?

Non (rires), pas du tout, mais c'est un bon style.

L'international Australien Nick Cummins a fait ''The Bachelor's'', qui pourrait se lancer là-dedans chez les Ciel et Blanc ?

Je verrais Antoine Gibert, Boris Palu ou Teddy Thomas (rires).

Et dans un programme de survie, du style Koh-Lanta ?

J'aimerais bien tester ça ! Sinon, Teddy Baubigny ou Bernard Le Roux.

Selon toi, qui gagnerait le combat entre Booba et Kaaris ? 

(Rires). En boxe, avec des règles, je miserais sur Booba mais sans règles, Kaaris.

Si demain, tu invites quelqu'un à manger, tu lui prépares quoi ?

Ma spécialité, c'est des crevettes avec du lait de coco et du riz (sourire). Ça j'aime beaucoup.

C'est comment la U Arena ?

Magique. Je n'ai pas encore eu l'occasion de jouer en match mais à l'entraînement, j'avais l'impression de voler sur le terrain. Le stade, l'ambiance, quand je suis aux matchs, je regarde tout autour. C'est un film.

Un lieu de vacances à conseiller ?

Le Tchad, allez-y (rires). Je suis originaire de là-bas. La capitale, N'Djaména, c'est convivial, il fait très beau, les gens sont très gentils. Il y a de quoi faire : tu peux aller dans la brousse, faire un safari. Surtout la convivialité des gens, c'est impressionnant. Et c'est un très beau pays. On voit aussi la souffrance des autres, cela permet de se remettre en question. 

Si tu devais miser sur un joueur que tu connais qui évolue en Espoirs ou en Fédérale et qui va exploser, ce serait lequel ?

William Nyoungue, que j'ai cité déjà, il joue à Nevers. Je le verrais vraiment exploser. Il a vraiment le rugby en lui, il aime le combat. J'espère qu'il va y arriver mais il faut qu'il s'accroche.

Quel autre métier que rugbyman, aurais-tu voulu faire ?

Boxeur, travailler dans l'armée ou dans la sécurité rapprochée. Médecin, aussi.

Tu mets souvent les mêmes hashtags sur tes publications, est-ce que tu peux les expliquer ?

#ironmike : C'est pour Mike Tyson. C'est son surnom, et c'est vraiment un sportif que j'admire. Sur ses qualités physiques, mentales, le combat, l'énergie qu'il a en lui. Et autour l'aspect philosophique aussi. 

#beastmode : C'est dans le même délire qu'ironmike, c'est un état d'esprit : le combat, la détermination, toujours croire, croire, croire (il répète) même si on a des pépins, il faut aller vers l'avant.

#shakazulu : Alors celui-ci, c'est parce que mon père me raconte beaucoup d'histoires sur l'Afrique, sur nos ancêtres. Et Shaka Zulu, c'était le Roi d'une très grande tribu de guerriers qui allait de l'Afrique du Sud jusqu'au Tchad. Il était très costaud et déterminé, très intelligent. Son histoire m'inspire.

#theprocess : L'objectif vers le haut niveau. Dans ce processus, il y a beaucoup de murs, beaucoup d'obsacles, et ceux là il faut essayer de passer par-dessus, de les casser en deux. Quand tu viens de loin, tu n'as pas le temps de penser à ça, il faut avancer.

Si tu devais choisir un talonneur et un pilier droit pour jouer vec toi ?

(Rires). Quelle question, elle est dure ! Je me mets dedans aussi ? Donc moi à gauche. Au talon, Camille Chat, Teddy Baubigny. Et à droite, Cedate Gomes Sa, Demba Bamba, Georges-Henri Colombe ou Daniel Brennan. C'est vraiment des potes et des joueurs avec qui je voudrais jouer.

Peux-tu présenter Georges-Henri Colombe, Ibou Diallo et Teddy Baubigny, qui sont de la même génération que toi au Racing ?

Georges-Henri, c'est la force tranquille avec des qualités énormes, tant humainement que sportivement. Ibou Diallo (rires), c'est Pierre Richard. Il fait beaucoup de gaffes, il est très maladroit mais c'est ce qui fait son charme. Sur le terrain, il a de grosses qualités, en défense, c'est un sécateur. Et il a un très grand coeur. Teddy, enfin, c'est un vrai leader avec une grosse vision du jeu, et il ne s'échappe jamais. Tu peux aller à la guerre avec lui.

Pour conclure, je te propose de me poser une question à laquelle je répondrai franchement. 

Quelle image avais-tu de moi avant l'interview ?

J'avais déjà eu l'occasion de t'interviewer pendant le Tournoi de l'an passé avec Ibou Diallo et je trouve que vous étiez très disponibles et intéressants. Cet entretien me confirme que c'est le cas, j'epère maintenant que tu vas t'imposer au Racing et ensuite en équipe de France. Je suis persuadé que tu vas le faire. #beastmode on a dit.

Un dernier mot ?

La Dalle d'abord et Beast Mode (rires).

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Quand Mourad avait dit qu'il voudrait gagner le top14 avec une équipe uniquemnt francaise, je disais que le racing le ferait surement avant sans pour autant faire autant de bruit autour de ca. C'est assez impressionnant le réservoir de piliers qu'ils ont et surtout j'aime comment ces joueurs ont l'occasion de se montrer. Peut être qu'il fera une pige à la Rabine qui sait!

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