Dans la peau d'un arbitre vidéo
Sébastien Minery fait appel à son arbitre vidéo pour valider ou non un essai.
Ancien joueur de Béziers et ancien arbitre de champ, Philippe Bonhoure est aujourd'hui arbitre vidéo. Il a accepté de se faire suivre pendant un match.
«Je ne cours pas pendant le match, je reste assis, en tenue de ville.» Non, cette déclaration n'est pas celle d'un dirigeant, d'un supporter ou même d'un joueur blessé resté en tribune. Elle est signée Philippe Bonhoure. Ce nom ne vous dit rien ? Pourtant, chaque week-end, il est capable de renverser le cours d'un match sur une seule de ses décisions. Ancien joueur de Béziers, deux fois champion de France en 1983 et 1984, Philippe Bonhoure est aujourd'hui arbitre vidéo en Top 14 après avoir été arbitre terrain au plus haut niveau. Il a accepté de se faire suivre par arteradio lors de la rencontre opposant Perpignan à Grenoble au Stade Aimé-Giral, le 9 mars dernier. Au sifflet ce jour là, Sébastien Minery. Philippe reste lui isolé, dans sa cabine, devant un écran de contrôle. Les deux hommes communiquent via une liaison audio sans fil lorsqu'une action est jugée litigieuse par l'arbitre central. L'arbitrage vidéo ne peut intervenir qu'à partir de la zone des 5m précédant l'en-but. Philippe Bonhoure est principalement consulté pour valider des essais : savoir si le joueur a bien aplati, ne commet pas d'en-avant, ne met pas le pied en touche...

Essai ou pas essai ?

Pour prendre sa décision, Philippe est donc seul avec ses images. Une certaine solitude qui n'enlève rien à son rôle déterminant. «Je t'entends fort et clair.» Dès le début, l'assistant vidéo tente de rassurer l'arbitre de la rencontre. Non, le match ne sera pas facile. Mais Philippe Bonhoure sera l'assurance tout risque de son collègue durant 80 minutes. S'il n'a pas la pression des caméras, il sait que la moindre de ses décisions sera décortiquée. Les ralentis qu'il consulte sont analysés en direct à la télévision par les journalistes et les consultants. Parfois, les images sont retransmises sur les écrans géants des stades. Consulté pour accorder un essai à l'USAP durant cette rencontre, Philippe Bonhoure ne le valide pas et ordonne un renvoi aux 22m. Décision forcément contestée par les supporters catalans.

Éviter l'interprétation

Ce match, c'est Perpignan qui le gagne sur le fil, 20 à 18. La décision de Philippe Bonhoure a donc été primordiale. L'arbitre de champ a la possibilité de lui poser deux questions pour déterminer si un essai est valable. «Essai ou pas essai ?» lorsque l'arbitre ne voit pas le toucher à terre. «Y'a-t-il une raison de ne pas accorder cet essai ?» quand l'arbitre identifie bien le toucher à terre mais se demande s'il n'y a pas une faute au préalable. Une différence qui a son importance et qui donne, déjà, une indication à Philippe et aux autres. «La vidéo a été mise en place pour éviter l'interprétation. On fait confiance à l'image. L'image montre, l'image ne montre pas. Et ça, ça va influer sur notre décision.» Outre l'arbitre central, l'assistant vidéo est relié au réalisateur du match qui est susceptible de lui fournir autant de ralentis que nécessaire. Un arbitre, qu'il soit sur la pelouse ou en cabine, fera toujours des erreurs. Mais nul doute que sans eux, le rugby n'aurait pas la même saveur.

Reportage pour Arte Radio par Alexandre Mognol

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  • papeti
  • il y a 10 ans

je ne savais pas que l’arbitre vidéo pouvait intervenir à sa guise durant le match. Pourquoi dire qu’il n’intervient qu’au sujet du jeu dans les 5 m puisqu’apparemment il confirme le n° du joueur qui faut faute, il rappelle le nombre de pénalités etc ?

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