Qui a tué Richie McCaw, épisode 7 : Le Mariage (1/2)

Résumé des épisodes précédents :

Après sa rencontre avec Mourad Boudjellal au siège du RCT, Ovale Masqué est dans de sales draps. Démasqué par le président mégalo et assommé par ses gardes du corps, notre détective se réveille dans un drôle d'état...

Episode 7 : Le mariage (1/2)

Je repris conscience. Je réalisai alors que j'étais assis au pied d'un arbre, vêtu d'un costard, probablement pour la première fois de ma vie. Dans ma main, une bouteille de Jack Daniel's – voilà qui était déjà plus familier. La douleur derrière ma tête ne me donnait qu'une idée floue de ce qui s'était passé. Au loin j'entendais une musique mielleuse au piano. Des voix, des rires.

Je me levai tant bien que mal, tentant de me rhabiller à peu près correctement et me dirigeai vers le bruit et la foule. J'étais dans le jardin d'un grand manoir verdoyant. Des chaises blanches, des fleurs, une arche au bout d'une allée. C'était un mariage, pas de doute. Des cougars aux chapeaux trop chargés, des hommes-pingouins en costume trois pièces, des petits fours Picard, des enfants flippants habillés en poupées.

Je trébuchai sur une chaise, mais personne ne sembla y prêter attention. Faisons gaffe, avec le Jack à la main, ça fait des tâches. Il m'était impossible de conserver mon équilibre. Tout semblait vaseux et instable autour de moi. Je décidai d'éviter de me faire remarquer. J'allai m'asseoir et observai la foule autour de moi. Une vieille femme était penchée sur le piano, sa perruque et son lifting ondulants doucement sous le vent. La vue me revint petit à petit, et je réalisai qu'il s'agissait en fait d'Elton John. Autour de lui, Mourad Boudjellal dansait en cercle autour du piano, telle une ballerine, en balançant des billets sur le chanteur et les gens qui passaient autour. Craig Joubert était là aussi. Son visage ne portait plus les stigmates de notre rencontre. Et il avait troqué son peignoir contre un tutu du plus bel effet.

J'observai le reste de l'assemblée. Les grands noms de l'Ovalie étaient là. C'était sûrement le mariage d'une personnalité du monde du rugby, mais j'ignorais qui. Au fond du jardin, il y avait Laurent Bénézech, habillé d'un sweat à capuche. Il servait des cocktails et semblait les agrémenter d'une étrange poudre blanche. Je me demandais d'ailleurs si on avait pas mis quelque chose dans ma boisson à moi aussi. Je décidai donc de jeter ma bouteille de Jack dans un buisson et d'aller m'asseoir contre mon arbre, le temps de reprendre mes esprits.

Alors que j'étais en train de fixer un ciel bleu parfait, sans nuage, un visage fit irruption au-dessus de moi. C'était un homme au visage doux, grand, les cheveux longs, barbu. Il portait un costume d'un blanc éclatant. Immédiatement, je me sentis en sécurité.

- Je... je suis mort ? Je suis au paradis, c'est ça ? C'est toi... Jésus ?

- Non. Je suis Jean-Pierre Perez, connard.

- Oh.

- J'ai l'air de me trimballer une croix de 42 kilos dans le dos peut-être ?

- Pardon. Je crois que j'ai pas l'esprit très clair... vous êtes sûr que je ne suis pas mort ? Il y a eu des coups... un grand noir... je ne me souviens plus de rien. Est-ce que tout ça est réel ?

- Non tu n'es pas mort, Ovale Masqué. Pas encore, en tout cas. Tu dois finir ta mission avant. Tu dois trouver l'assassin de Richie McCaw.

- Ouais, ben c'est pas gagné.

- On patine, Inspecteur Gadget ?

- Je sais même pas où je suis, là. Alors trouver un assassin... J'ai cherché. En vain. J'ai aucune piste, rien. Mes suspects dégagent ou me font dégager. Et tout le monde s'en fout, parce qu'au fond les gens sont plutôt contents de la situation. Je suis aussi utile que Pierre-Gilles Lakafia au Castres Olympique. Je ferais mieux de rentrer chez moi, frapper le Stagiaire avec un Midol un bon coup pour oublier tout ça, puis reprendre mon existence à la con.

- Non, Ovale Masqué. Ta quête n'est pas terminée. Les réponses sont là, autour de toi. Fie-toi à ton instinct. Observe. Ecoute...

Les choses commencèrent à s'agiter. Les invités étaient allés rejoindre les bancs disposés devant le manoir. Elton John entama la marche nuptiale. C'est alors que le marié fit son apparition. C'était Bakkies Botha. A son bras, Philippe Saint-André. Les deux hommes marchèrent le long de l'allée, jusqu'à l'autel où Pierrick Gunther, vêtu d'une robe de bure, officiait en tant que prêtre. Pris par l'émotion, le sélectionneur national était en pleurs. Enfin, je crois. Bakkies, lui, semblait avoir le trac. Mais son visage s'illumina quand il aperçut sa promise s'avancer vers lui.

C'était...

(Merci à Flora Friz pour son aide inestimable)