Tri-Nations du Maghreb - Hocine Arabat (Maroc) : ''L'appétit vient en mangeant''
Le Maroc remporte le Tri-Nations du Maghreb pour la deuxième fois en deux éditions.
Vainqueur du Tri-Nations du Maghreb disputé fin décembre, le Maroc croit à la Coupe du monde 2019. Rencontre avec son capitaine, Hocine Arabat.

Salut Hocine ! Tu joues aujourd'hui au Roval Drôme, tu peux nous raconter ton parcours qui t'a mené jusqu'à la Fédérale 1 élite ?

Tout a commencé à Bobigny chez les jeunes, où j'ai joué de Minimes à Crabos. Je me suis mis à la boxe thaïlandaise au Derek Boxing à La Courneuve pendant plus d'un an et demi, et j'ai été contacté par Drancy qui était en Fédérale 2, en 2011/2012. Ensuite, j'ai été contacté par Christophe Monbet pour faire des tests au Racing Metro 92, où j'ai effectué deux saisons en Espoirs. La première, on termine vice-champion et la seconde, c'est le titre de champion de France !

Je n'étais pas prêt à quitter la région parisienne, alors je suis revenu à Bobigny en équipe première, qui évoluait en Fédérale 1. J'y ai joué trois ans, avant d'être contacté par Johann Authier, qui a repris le VRDR et avait entendu parler de moi par Adrien Buonanoto, mon ancien coach au RCF. Il  m'a parlé des ambitions du club et du projet sportif auquel j'ai vite adhéré. Sachant que le niveau élite est plus élevé que la Fédérale 1, j'ai signé pour deux années.

Comment es-tu devenu international marocain ?

Quand j'étais au Racing Metro 92, Alain Gaillard m'avait contacté pour venir défendre les couleurs du Maroc à XV. Très déçu, je n'ai pas pu venir à cause de soucis personnels. Peu de temps après, le manager m'avait recontacté pour l'équipe nationale à VII et du coup, je n'ai pas hésité une seule seconde ! J'étais fier de porter les couleurs du Maroc en vue d'un tournoi à 7 en Afrique du Sud, pour accéder aux Word Series à Honk Kong. Nous avions gagné la Namibie en finale.

Nous sommes donc allés à Hong Kong avec les trois meilleures nations d'Afrique : des moments forts pour ma première. Ça a été le meilleur tournoi de ma vie avec plus de 45 0000 spectateurs, une ambiance inoubliable... Mais nous avons perdu en quart de finale contre l'Allemagne. J'ai été sélectionné à XV et nous avions été champions Bronze Cup en 2016, puis champions de la Silver Cup en 2017.

RÉSUMÉ VIDÉO. Le Maroc remporte la Silver Cup et peut toujours croire à la Coupe du monde 2019C'est vrai que l'équipe enchaîne les succès, vous vous sentez légitimes pour disputer le prochain Mondial ? C'est l'ambition de ce groupe ?

Il y a un gros travail effectué depuis trois ans par le président de la Fédération Royale Marocaine de Rugby, Tahar Boujouala, et son équipe. Le but est de restituer ce sport au plus haut niveau dans un pays où sa fédération a plus de 100 ans d'existence. L'objectif fixé était de remonter en groupe A, et petit à petit, l'appétit vient en mangeant.

Selon toi, quelles sont les forces et les faiblesses de ce groupe dans la dernière ligne droite pour la qualification ?

Il faudrait juste un peu plus de moyens financiers, et que le groupe se retrouve un peu plus. Notre force, c'est ce groupe. On vit bien ensemble, le projet de jeu nous correspond. Petit à petit, il se consolide et même avec des absents, il reste fort. Il n'y a pas de stars, la star c'est le groupe qui est hétéroclite avec des joueurs qui évoluent dans le championnat marocain et qui apportent un plus à l'équipe. Quand à la Golden Cup, on a la chance de jouer les deux favoris à domicile : la Namibie et le Kenya.

Tri-Nations du Maghreb - Mourad Akkaoui : "le groupe s'était promis de porter très haut les couleurs du Maroc"Revenons à ce Tri-Nations. En quoi ce tournoi est essentiel pour la visibilité des équipes maghrébines ?

L'Afrique a besoin d'une grande compétition pour garantir et faire grandir ce sport. Le but du Tri-Nations est d'en faire un 5 ou 6 Nations à l'image de l'Europe, pour donner du crédit et professionnaliser ce sport.

Par rapport à l'an passé, le groupe a beaucoup évolué ? Comment se passe la mise en disponibilité des joueurs ? 

Le noyau reste le même, et de part des absences liées au club ou aux blessures, on voit de nouveaux ou moins nouveaux joueurs rentrer dans le groupe, dû au gros travail de la triplette Boujouala-Gasmi-El Maatouk. 

Crédit photo : Fédération Royale Marocaine de Rugby

C'est très compliqué, tous les joueurs ne sont pas professionnels et tout le monde négocie sa venue en sélection, soit avec son club, plus son patron, plus avec madame et les enfants. Tous les congés y passent, même du sans solde. C'est ce qui donne plus d'importance à ce maillot.

Cette année, vous jouiez à domicile, à Oujda. Et pour votre premier match, vous vous imposez face à la Tunisie.

La Tunisie est une nation majeure du rugby africain. On voulait se frotter à une équipe du groupe A. En plus à Oujda, région importante du rugby marocain qui a vu naître Abdeltif Benazzi, et qui compte les deux derniers finalistes du championnat avec le MCO (champion) et l'USO. Je suis moi-même originaire de la région, il y avait beaucoup de pression mais l'ambiance était à la fête. Un gros engagement physique, pas de grand jeu mais le combat était présent. On entendait les chocs des tribunes. Match très fermé et serré, ce qui nous promet une Golden Cup engagée pour cet été.

Tu parlais d'Abdelatif Benazzi, il est d'ailleurs venu vous soutenir.

Abdelatif Benazzi, en 1999, je le regardais à la télé et maintenant, le fait de le voir parmi nous, qu'il remette les maillots aux joueurs, c'est énorme ! En plus d'être Marocain, il était capitaine de l'équipe de France : un exemple pour la jeunesse. Une stature emblématique qui fait l'unanimité dans le rugby mondial et qui avec le temps, je l'espère, nous apportera son soutien et plus.

Être capitaine de cette équipe, ça représente quoi pour toi ?

C'est un véritable honneur d'être le capitaine de la sélection, et surtout une fierté pour ma famille, comme tout capitaine de chaque sélection je pense ! Mais ça ne me change en rien, je suis joueur avant tout, et je dois être irréprochable.

Le deuxième match du tournoi était une finale, puisque l'Algérie avait également battu la Tunisie. Vous vous imposez 20 à 13. Qu'est-ce qui a fait la différence selon toi ?

L'Algérie, c'est le pays voisin de paliers, à même pas 50 km à vol d'oiseau d'Oujda. Le match a été plus ouvert. Cela faisait presque 10 jours que nous travaillions avec nos entraîneurs. Les coachs ont privilégié la récupération suite au premier match très engagé contre les Tunisiens, qui étaient  éteints pour leur deuxième match. Il y a eu beaucoup plus de vidéos et de tableaux que de terrain, avec des échanges sur le projet pour bien l'assimiler et se l'approprier. Ce qui a donné un match plus complet.

Le programme à venir du Maroc en Gold Cup pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2019 au Japon :

- 16 juin 2018 Zimbabwe vs Maroc
- 23 juin 2018 Maroc vs Kenya
- 30 juin 2018 Maroc vs Namibie
- 11 août 2018 Ouganda vs Maroc
- 18 août 2018 Tunisie vs Maroc

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Espérons qu'un jour on puisse organiser des rencontres réunissant les deux rives de la Méditerranée. Il suffirait juste qu'ils progressent encore ou qu'on continue de régresser.

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