Génération dorée de l'USAP, XV de France : que deviens-tu Jérôme Schuster?
Jérôme Shcuster, le gaucher perpignanais !
Champion de France avec l'USAP, deux fois sélectionné en équipe de France, Jérôme Schuster a écrit, avec ses partenaires, une des plus belles pages du rugby catalan

Bonjour Jérôme Schuster, on revient sur vos débuts. Vous n’intégrez le centre de formation de l’USAP qu’à 17 ans. Comment c’était avant à l’ES Catalane et Côte Vermeille?

J'ai fait mes débuts au rugby assez tardivement. Une première expérience douloureuse lors d'un tournoi au collège à 12 ans où dès la première action, je finis aux urgences pour une fracture du bras. J'ai attendu quelques années avant de franchir le pas et d'y retourner. J'ai finalement décidé à 16 ans de prendre ma licence à la Côte Vermeille. De grands moments avec mes potes Jeremy, Joan, Arnaud, Thomas, Rémy et les autres. Entraîné par Alex Bonin qui nous remontait comme des fous avant tous les matchs. Des discours d'avant match à l'ancienne où quelques coups de tête partaient.  

Est-ce que ce n’est pas rare maintenant, avec un système de détection bien huilé, qu’un futur international intègre si tardivement un grand centre de formation ?

Personnellement ça n'a jamais était un objectif de devenir professionnel. Tout s'est fait petit à petit, sans que je me pose de questions. On a fait partie de la première génération du centre de formation de l'USAP. Franck Azema était le directeur sportif, c’est lui qui m'a fait confiance. Et à force de travail j'y suis arrivé. Maintenant les structures professionnelles prennent les joueurs de plus en plus tôt. Ils sont formés et formatés. Les jeunes veulent en faire leur métier. Il y a de moins en moins l'amour du maillot et la culture du club. C’est devenu plus individualiste.

Champion de France Reichel avec l’USAP en 2005, quel souvenir vous en gardez ? C’était la génération dorée de Perpignan ?

On venait tous des clubs de villages aux alentours et notre seul but était de nous battre pour l'USAP. L'identité catalane était très forte. On n'avait pas de gros gabarits, mais un état d'esprit et une envie de nous battre qui compensait la différence. Sur le moment, on ne se rendait pas forcément compte mais il y avait une grosse génération de joueurs quand on voit le parcours de plusieurs d'entre nous. Perez, Plante, Guirado, Mélé, Mach, Grammatico. On gagne en finale contre Toulon après les prolongations grâce à un drop de Flo Roigt dit "la hyène". Ca a été un match de dingue.

Par rapport à tes débuts en professionnel en 2006, est-ce que tu trouves que le métier de pilier a changé? Et le jeu en général ?

Le poste de pilier n'a pas tellement évolué. Dès mes débuts, on nous demandait d'être fort sur les bases mais aussi d'avoir beaucoup d'activité sur le terrain et de participer au jeu le plus possible. Je pensais que le jeu n'avait pas trop changé mais la dernière fois, chez mes parents, je suis tombé sur un match qu'on avait joué contre Castres en 2010 et il y a une sacrée différence. Déjà il y avait les mêlées sans les liaisons, avec de gros impacts, puis la vitesse du jeu n'était pas la même. Les joueurs sont plus techniques, le jeu est plus propre donc ça va beaucoup plus vite maintenant.

L’USAP de 2002 à 2013. Un titre en Reichel et un autre de Champion de France en 2009. Supers souvenirs cette consécration ?

C’était énorme ! On était de Perpignan, on s'est suivi en Crabos, Reichel, Espoirs, puis en équipe première dans notre club de coeur. On finit champion de France en 2009 avec un mélange d'anciens et de jeunes. Le groupe changeait tous les week-ends, mais les résultats et l'état d'esprit restaient les mêmes. Il ne pouvait rien nous arriver. 

Nicolas Mas est ton cousin. C’est une affaire de famille le rugby chez les Schuster et les Mas ? Tu y es tombé dedans jeune à la faveur d’un environnement rugbystique ?

J'y suis venu tard au rugby. Je regardais avec mon père et mon frère les matchs à la télé, mais j'étais à fond dans le foot quand jetais gamin. Par contre c’était le sujet principal des repas de Noël en famille, avec mon oncle Guy, ancien troisième ligne de la Côte Vermeille et Nicolas. J'étais allé voir Nicolas une ou deux fois jouer à Argelès quand il était en junior là-bas, puis quelques fois à Aimé Giral à ses débuts. 

Tu intègres l’équipe de France en 2010, la première de tes deux sélections. Parle-nous de ton expérience avec les Bleus.

J'ai bénéficié à l'époque des bons résultats de l'USAP. On sortait d'un titre de champion de France puis d'une finale perdue l'année d'après. J'avais fait une tournée avec France A qui s'était bien passée. En novembre, j'ai été appelé par Marc Lievremont pour participer à la tournée d'automne. J'ai fait deux matchs contre les Fidji et l'Australie. Ce sont des souvenirs inoubliables ! Mes potes et mon frère avaient fait le déplacement en voiture jusqu'à Nantes pour mon premier match. Je ne me rendais pas trop compte de ce que je vivais. Je me retrouvais à m'entraîner avec des mecs que je badais à la télé quelques années avant. Se retrouver à jouer avec Servat, Nallet, Chabal, Jauzion, ... c'était impressionnant. L'intégration avait été facile car on était 5 Catalans pendant cette tournée.

Pourquoi ce départ à Leicester à l’entame de la saison 2013. Ça s’est passé comment en Angleterre? Quelles différences avec le Top 14 ?

La raison est simple. Delpoux est arrivé à Perpignan, on ne se connaissait pas et au premier rendez-vous il me dit: "tu peux te barrer, je te ferai jamais jouer". Il me restait 2 ans de contrat. J’ai tenu une année en faisant le maximum pour le faire changer d'avis. Au final j’ai fait une vingtaine de matchs mais l'ambiance était pourrie. Il a voulu faire partir les joueurs du cru, les uns après les autres, avec le résultat que l'on connaît... J’ai donc décidé de partir pour tenter l'aventure en Angleterre. Le côté sportif a été compliqué mais j’ai appris beaucoup de choses. Premièrement l'anglais que je ne parlais pas du tout puis une façon de s'entraîner totalement différente de ce que je connaissais à l'époque. Tout était calculé au niveau des repas, des charges de travail, de l'intensité. Ils sont toujours à la limite de la rupture pour tirer le meilleur de chaque joueur. Tout était individualisé. Un staff médical de 10 personnes. Ils étaient en avance sur les clubs français à ce moment-là.

Après, on te retrouve deux ans à Tarbes en Pro D2 où tu es dominateur, de telle sorte que Bayonne te recrute. C’était comment ces années tarbaises et bayonnaises ? 

Après une année avec très peu de temps de jeu en Angleterre, j'avais qu'une seule envie, c'était de jouer. À Tarbes, j’ai retrouvé ce plaisir avec un groupe de folie. Je me suis régalé là-bas. On était tout le temps ensemble, jeunes, anciens, étrangers. Je me voyais finir là-bas, mais le club a eu des problèmes financiers et a été relégué en Fédérale 1. J’ai eu l'opportunité de signer à Bayonne et je l'ai saisi. C’est un club mythique du rugby français.  En plus de ça, ils finissent par se qualifier et monter en Top 14. C’était l'occasion de regoûter à ce niveau. Ce fût une année compliquée sportivement avec de grosses déroutes, mais le groupe est resté solidaire jusqu'au bout. La deuxième saison n'a pas été glorieuse non plus. On ne s'est même pas qualifié pour les phases finales... 

Et puis tu choisis Anglet. Le Pays basque c’est une terre d’adoption pour un Catalan ?

 Lors de ma dernière année à Bayonne, avec l'aide de Provale, j’ai fait un bilan de compétence pour préparer ma reconversion. J’étais bien dans la région et je ne voulais plus partir. On y est bien au Pays basque ! J’ai donc décidé d'arrêter le rugby pro et de privilégier mon après-carrière. Le président d'Anglet, Bernard Lataste, m'a alors proposé de venir jouer avec eux. C’est un club dans lequel j’ai retrouvé les valeurs que j’ai connu a la Côte Vermeille, un club familial. Il y a un groupe de supers mecs. On a tous un boulot à côté et on se retrouve le soir 3 fois par semaine pour s'entraîner. 

Comment juges-tu le niveau en fédérale 1 pour ta deuxième saison à ce niveau ?

Franchement c’est pas mal du tout, on a une équipe qui joue bien au rugby. On manque un peu de physique mais on "s'envoie" sur le terrain. On accroche tout le monde. Ca me rappelle mes années en jeune à Perpignan. Le niveau général est bon. Cette compétition n'est pas très bien faite dans le sens où on est un club amateur et on joue contre des équipes professionnelles qui s'entraînent tous les jours et qui n'hésitent pas à s'armer de Sud-af, Fidjiens ou Géorgiens. Je trouve ça ridicule à ce niveau-là et inquiétant pour le rugby français. Une compétition intermédiaire pour les clubs pro qui jouent la montée en Prod2 serait plus logique.

Monsieur Lahargou me disait qu’Anglet avait la spécificité d’offrir des plans de reconversion aux joueurs de l’élite (Fauqué, Couet-Lannes, Lourdelet etc.) C’est ton cas ? C’est quoi l’avenir de Jérôme Schuster : encore du rugby toujours du rugby ou une vie extra-sportive ? 

Comme je l'ai dis avant, j’ai préparé ma reconversion avec l'aide de Provale. L'année dernière, j’ai passé une licence de "responsable d'affaire en immobilier" qui forme aux différents métiers de l'immobilier. C’est un diplôme de niveau bac +3. Bernard Lataste, notre président m'a aidé en trouvant l'agence immobilière dans laquelle j’ai fait cette formation en alternance. J'ai eu le diplôme en septembre dernier et j'ai été conservé dans l'agence immobilière DEFOLY à Anglet. Une entreprise implantée au Pays basque. J'ai signé un CDI en tant que gestionnaire de copropriété. Je pense avoir réussi ma reconversion. Les journées sont bien remplies quand on rajoute le rugby le soir mais je suis heureux. 

Pour finir, une anecdote cocasse ou insolite au cours de ta carrière ?

La dernière en date c’est lors du déplacement à Niort cette année. Anthony Pelmard s'est rendu compte en arrivant dans les vestiaires qu'il avait oublié ses crampons... compliqué pour jouer. Heureusement que Bixente Pinon qui faisait lui aussi du… 48 et avait deux paires! 

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  • breiz93
    95189 points
  • il y a 4 ans

Qu'un Catalan se sente bien parmi les Basques, rien de surprenant.

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