Jean Claude Tardieu : ''C'est une occasion unique de remettre tout sur table et de retravailler''
Jean Claude Tardieu est un optimiste dans le milieu du rugby.
Jean-Claude Tardieu, président du Comité Départemental du Lot, est un amoureux du rugby. C'est dans ce sens qu'il nous parle des difficulté d'un petit comité et de la route à prendre.

Si vous ne connaissez pas Jean-Claude Tardieu, président du comité départemental de rugby du Lot, vous ne connaissez pas ce que l'amour du rugby peut apporter à un homme. L'amour se rend s'il veut être vécu pleinement et dans ce sens, Jean-Claude ne compte pas. Élu en 2017 à la présidence d'un "petit" comité dans un département de 170 000 habitants, le président est persuadé que tout le monde peut faire avec ses moyens tout en remettant l'humain au centre des débats. J'ai pu discuter avec lui sur le rugby et ce que ce sport peut amener aujourd'hui, dans une période noire.

Dès le début de l'échange, le tutoiement qui me met mal à l'aise en temps normal me semble ici présent depuis longtemps. De son accent, il rentre directement dans le vif du sujet : "Actuellement, le comité est en stand by, comme tout le monde, comme la fédé. Mais par contre, on reste proche des clubs pour savoir s'il y a un besoin, s'il y a quelque chose de particulier. Personnellement, je suis plus sur le côté aider les gens qui sont en difficulté par n'importe quel moyen, que ça touche le rugby ou pas." Comme il le répète, "y'a pas que moi", mais il se tient au courant via les réseaux sociaux des idées et gestes des clubs du département :

Ils ont des idées originales qui touchent le milieu du rugby et le côté médical. Le rugby joue un rôle très très important aujourd'hui dans tous les départements. Là où il y a un club il y a un village, là où il y a un village il y a un club de rugby. Je sais que chaque club joue un rôle très social dans ce drame qui nous porte en France et dans le monde."

Penses-tu que le rugby va repartir de plus belle ? 

Bien sûr ! On va d'avantage s'entraider, on va moins parler d'argent, des soucis. Le gros effort sera sur le gamin, sur l'école de rugby, remettre l'enfant au centre des débats. On a une fédération qui travaille à fond pour nous, on a tout pour réussir ! 

Quelles questions reviennent souvent au niveau des clubs ?

C'est savoir s'ils sont maintenus. Et il y a des clubs qui méritent de monter et qui terminent deuxième. Je pense à Saint-Céré les pauvres qui seraient montés sur le dernier match où ils recevaient Montauban et Moissac qui se déplaçaient à Mauvezin qui jouait la qualification. Aujourd'hui, Saint-Céré ne monte pas, c'est Moissac. C'est pour moi un contexte compliqué, je me mets à leur place parce que c'est un club qui a le plus de points dans le challenge Mosaïc avec 0 carton rouge, une école de rugby au complet, des arbitres, des cadets juniors et une section féminine.

Comment un Comité peut-il garder cette dynamique au sein d'un club déçu ?

Au niveau du comité on ne peut pas faire grand chose, je ne suis pas des mecs à tricher ou à favoriser. Mais bon, se dire qu'il va y avoir une refonte. Je vois que des clubs de Fédérale 3 descendent, d'autres qui ne veulent pas monter en Fédérale 2 : les portes ne sont pas fermées. Mais de l'autre côté, je vois des clubs qui n'ont pas gagné un match de la saison et dernier de poule, est-ce raisonnable de rester en 3e division ? Après ce sont les élus, mais je plains un club structuré qui ne peut pas monter.

Moi je suis un passionné. Je suis un passionné... Je suis malhereux...

La FFR ne va-t-elle pas s'appuyer sur les comités qui ont chacun des spécificités ?

Bien sûr ! Chaque département n'est pas le même. Aujourd'hui, le Lot peut se mélanger avec l'Ariège un peu, nous sommes à 170 000 habitants et eux aussi, le Gers à 200 000, les 81 à 450 000, etc. Nous sommes un département très vieux également. Donc tout ça joue un rôle important dans les décisions. Mon but est d'être meilleur que le foot ou le hand avec de bons éducateurs pour pouvoir attirer. Le foot a un avantage : le premier ballon qu'un gamin dès qu'il marche touche est celui du foot. Tu rassembles du papier, tu as un ballon de foot. 

Et comment faire ?

Il faut qu'on fasse du rugby quand il fait beau ! Les mois de décembre-janvier, il faut aller en salle, qu'on trouve des idées, des jeux. Pas sur les clubs de Fédérales, mais sur les écoles de rugby. Il faut arrêter de faire des kilomètres aussi. Mon objectif 2021 est de monter dans toutes les communes de plus de 1000 habitants des baby-rugby multisports, c'est ma priorité. 

N'est-ce pas le moment d'intégrer le rugby dans les écoles ?

Tout à fait ! On a une opportunité de redémarrer par un gros côté social. Aujourd'hui, la pédagogie pour encadrer les gamins de 6 ans n'est pas du tout la même qu'il y a 20 ans en arrière. Une fois que tu as donné l'envie à ce gamin, là il va partir.

Pourquoi le Lot ne se structure pas autour d'un projet de grand club, comme en Ariège ?

Ça fait 10 ans. Jérémy Wanin, qui est parti entraîner Albi, l'a proposé. Est-ce que c'est la solution à proposer derrière ? Aujourd'hui, plus tu rassembles, plus ça baisse. Un petit village que tu as dans l'Ariège qui avait 30 gamins il y a 20 ans, en a que 6 ou 7 aujourd'hui. Mais il faut qu'on garde nos petits, et on en a des petits ! Une ville comme Toulouse a tout pour recruter, nous c'est plus compliqué il faut qu'on aille chercher nos gamins et qu'on structure par le bas. Je n'ai plus un club en Fédérale 1 et on continue de baisser.

Mais quelle est sa vision de l'avenir ? Comment sortir de cette crise sanitaire qui par ricochet touche les petits clubs, garant du lien social dans les petits villages ? Jean Claude Tardieu souhaite faire "une grande fête départementale" : "Rassembler sous forme de fête avec de la bonne bière au milieu, le grand-père, la grand-mère, le petit-fils, l'ancien joueur, etc."

Les organisations de tournois ne sont-ils pas une solution ?

Je suis pour qu'il y ait moins de kilomètres, qu'il y ait des rassemblements moins fréquents mais plus conséquent. Je suis pour de la perfection individuelle et locale, mais surtout avec de très très bons entraîneurs sur les gamins et les seniors. Des éducateurs qui vont te donner l'envie, la passion. Qui vont te dire : "la clope tu vas m'arrêter ça". Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait ? On fume, on boit, on se shoot.

Mais ce n'est pas le fait d'avoir amené durant des années le rugby que par la troisième mi-temps ?

Bien sûr. J'ai fait la fête plus que quiconque et aujourd'hui je serais en prison et j'aurais plus de permis, et d'ailleurs, on me l'a pris une fois. La vie a changé ! À mon époque, la pédagogie sur un gamin c'était de lui faire faire des tours et sans ballon. Tu fais ça aujourd'hui, tu n'as plus personne au stade. Il faut de la technique, de l'individualité, du matériel, du soutien, des analyses de matchs. Mais la numéro un, c'est de cultiver le mental et de faire passer au gamin l'envie qui lui sera bénéfique. Je me régale avec les enfants. À 60 barreaux, je ne connais pas l'échec avec un enfant. 

Quelles répercussions peut avoir un confinement ?

Ce sera d'abord financièrement avec les partenaires. Je me mets à leur place et je ne les emmerderais même pas, je n'oserai même pas demander un centime à qui que ce soit. On dépensera moins, on va tirer d'avantage la langue mais c'est pas grave ! Ce sera une passe qui durera un an, un an et demi, peut être deux ans. On est jeune, on y reviendra. Si l'entraîneur prenait 800 pour entraîner, il en prendra 400. Et s'il ne les veut pas, un autre les prendra. 

N'est-ce pas l'occasion de changer de mode de fonctionnement ?

C'est une occasion unique de remettre tout sur table et de tout retravailler. Il faudra voir moins gros et on fera sûrement moins de bénéfice dans les petits clubs lorsqu'il faudra vendre une écharpe ou autre. L'économie locale au sein même du club devra être au centre. Il faudra aussi même tous les clubs à la même enseigne : si moi je mange du foie gras et toi du pâté, ça ne marchera pas longtemps. Donc qu'on ait tous les mêmes prix des licences, ce qui évitera qu'un enfant quitte un club parce qu'à côté elle est moins chère. 

Mais quelle est sa vision de l'avenir ? Comment sortir de cette crise sanitaire qui par ricochet touche les petits clubs, garant du lien social dans les petits villages ? Jean Claude Tardieu souhaite faire "une grande fête départementale" : "Rassembler sous forme de fête avec de la bonne bière au milieu, le grand-père, la grand-mère, le petit-fils, l'ancien joueur, etc." 


Du côté du Comité Départemental du Lot, des partenaires font des actions à leurs niveaux : "Partout, le rugby aide indirectement parce qu'il y a une relation entre le papa, la maman, le cousin, etc. Je suis content du côté social du rugby département." Pour cela, le CD 46 n'hésite pas à animer un temps d'échanges entre personnalités du rugby et simple amoureux du sport. Ce vendredi soir, une soirée est organisée en direct depuis la page Facebook de DJ Fanou, organisateur de ce rendez-vous. Au programme, une immense Bodega où des centaines de personnes sont attendues devant leur écran, mais également des invités de marque comme Bernard Laporte, Alain Doucet, Romain Poite et Saïd Hirèche. Rendez-vous ce vendredi soir à 19h, ici !

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"je ne connais pas l'échec avec un enfant"
qui n'a pas connu l'échec se fourvoie, mais ce n'est que mon humble avis

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