AMATEUR - Titres, moins de 20 ans, 1e série et formation : Jean-François Beltran se confie
Jean-François Beltran, à l'époque entraîneur de Carcassonne.
Jean-François Beltran, ancien entraîneur à haut niveau est aujourd'hui à le tête de l'Association Cuxac Ouveillan Sallèles en 1e série, dans l'Aude.

En 92 Cuxac a été champion de France seul en 3e division et en 2002 les deux clubs réunis ont perdu la finale. Cuxac et Ouveillan réunis, ce sont 7 titres de champions de France : 5 fois Cuxac et 2 fois Ouveillan, avec 3 finales perdues. Tout ça en 110 ans d’histoire ! Aujourd’hui, Sallèles d’Aude a rejoint l’aventure en janvier dernier pour devenir l’Association Ouveillan Cuxac Sallèles, devenant ainsi un triangle naturel entre les trois villages. Leur entraîneur est connu du monde ovale autant qu’il le connaît, puisqu’il s’agit de Jean-François Beltran. "Je n’ai jamais eu d’agent ni de plan de carrière, en 2000 Alain Gaillard m’a demandé si je voulais aller avec lui et je me suis foutu en disponibilité", c’est de cette manière qu’il a découvert l’entraînement à haut niveau à Narbonne, Perpignan, Bayonne, Béziers, Carcassonne et même Bourgoin. En 45 ans avec la casquette d’entraîneur, ce passionné de jeu et de mouvement a passé pas moins de 25 ans entre les deux clubs de Cuxac et Ouveillan, dans l’Aude son pays d’origine. Ce dernier titre de champion de France 1e série avec l’entente n’était qu’une continuité dans sa carrière. Il a accepté de répondre à nos questions, derrière ses yeux de véritables amoureux du rugby et de ce que le rugby forme.

Bonjour Jean-François, ce fut une super saison ?

C’est une belle histoire… Il y a deux joueurs qui s’appellent Carruesco et Artero qui avait décidé depuis longtemps de finir leur carrière chez nous. Ils ont joué à Carcassonne notamment, à un certain niveau ! À 34-35, ils ont donc été rejoints par les frères Huertas et Brull, leur demi-frère et demi de mêlée, tous de Gruissan. Ce sont des garçons d’un certain équilibre, qui sont capables sur un terrain de reconnaître les situations de jeu et d'apporter les bonnes réponses. À partir de ces 5 ou 6 joueurs, s’est rajouté des joueurs formés au club, plus des anciens qui ont décidés de continuer. L’objectif du début de saison était de gagner le plus grand nombre de matchs, mais personne ne pensait être champion de France. L’entraîneur qui dit "je veux être champion de France" en début d’année, c’est un menteur. 

Rapidement, on a pris la tête de la poule et là, on s’est dit qu’on avait une équipe compétitive et on a pris confiance en nous. On a perdu en 1/4 de finale Occitanie contre Boulogne-sur-Gesse (triple champion de France). Mais je crois que ce jour-là, on a vu qu’à 14 après une expulsion, on était capable de rivaliser avec les meilleures équipes des autres poules. Puis il faut un peu de réussite, on l’a eu contre les Basques d’Harangues avec une pénalité à la dernière minute des prolongations. Mais tu ne vas pas chercher la pénalité de la gagne sans exister du match !

Vous êtes un enfant du coin ?

Oui, disons que j’étais à Cuxac à l’époque et il y a eu un petit problème au niveau des joueurs donc je suis parti à Ouveillan. D’Ouveillan, j’ai eu la chance d’enchaîner sur une carrière qui n’était pas du tout prévu car j’étais contrôleur des impôts. Ça fera 50 ans l’an prochain et il est vrai que ça m’a toujours plu. Je me suis retrouvé à 20 ans à donner un coup de main à Espalion (Aveyron) où j’étais en poste aux impôts, et puis je suis revenu chez moi à Cuxac où j’ai joué en première tout en entraînant les cadets. À 23 ans, je me suis retrouvé entraîneur-joueur de la première et puis j’ai enchaîné. 

Quel a été le secret cette année ?

Ce qu’on voulait surtout, c’était gagner, mais séduire aussi. Personnellement, j’ai toujours accordé beaucoup d’importance à la manière qu’au résultat. Partout où je suis passé, j’ai essayé de faire comprendre qu’il y avait des formes de jeu multiples. Cette année, je crois qu’on a dû faire 3 mauls dans l’année et l’arrière a dû donner 4 coups de pied, pour imager. Donc ça a été des contre-attaques et du volume, on avait les garçons pour ça et on a marqué beaucoup d’essais : 90 ! On a fait 26 matchs et perdu que 3. L’histoire est belle parce qu’elle est à partir de 5 ou 6 joueurs d’un certain niveau, et ça s’est greffé. Avec des garçons qui ont progressé.

Ce qui est bien ce que c’est bénévole à 100%. Je le dis parce que je sais que dans des clubs ça ne se passe pas comme ça. Les joueurs paient la licence, ils paient le repas d’après-entraînement, et moi le premier. C’est une petite victoire supplémentaire.

Les trois villages ont dû vibrer après ce titre ?

C’est vrai qu’on a drainé autour de nous ce que je pensais impossible maintenant dans les clubs, puisqu’il me semblait que le rugby dans nos villages avait perdu un peu le leadership. À la finale, il y avait 1000 supporters des trois villages, on a été reçu aux trois mairies, etc. Être champion de France de série dans nos villages veut encore dire quelque chose parce que dans nos patelins, chacun s’est reconnu à travers un papa ou un grand-père qui a joué. À Cuxac, on a quand même 110 ans d’histoire. 

Vous êtes de la vraie école Villepreux ?

Vraie, je ne sais pas, mais la philosophie de Villepreux, c’est l’exploitation de toutes les formes de jeu. Je regarde et je joue, je prends toutes les informations. On ne fait pas de touches et de mêlées au stage Pierre Villepreux, par contre attaque-défense, ça joue ! On essaye de placer les joueurs dans des situations de choix : je suis avec le ballon, qu’est-ce que je fais ? 

Toute l’année, on a essayé de rapprocher le souhaitable du possible. On souhaite tous un jeu magnifique avec un ballon qui ne tombe jamais, puis des fois c’est pas possible.

Un retour dans un club de haut niveau ne vous titille pas ?

Non, tu sais, j’ai 70 ans et tous les jours, je remercie les dieux de me conserver en santé pour aller sur le terrain. On dit souvent entraîneur entraînant, donc les séances d’entraînement avec le ballon, il faut courir, parler et animer. Ça me va très bien et jamais je n’aurais pensé embrasser cette carrière. Il ne faut pas essayer de bousculer les gens pour prendre la place même si aujourd’hui, c’est plus difficile puisque tous les joueurs veulent rester entraîneur. En 89, quand j’avais les juniors de Narbonne et que l’année d’après ils m’ont demandé si je voulais monter en première, il y avait des Bourguignon ou Sanz déjà, qui avait tous leur boulot et qui ne restaient pas pour être entraîneur. C’est pour ça que j’ai eu une porte qui s’est ouverte.

J’imagine que le club doit attirer les foules maintenant ?

L’an prochain, on est en Promotion Honneur, il y a des garçons qui arrêtent par la limite d’âge. On ne veut pas changer de philosophie, partir d’une bonne conquête et d’une reconquête efficace, c’est-à-dire d’une bonne défense, priorité à la prise d’initiative et au mouvement. On encouragera toujours celui qui prend des initiatives, pas inconsidérées bien entendu, et on engueulera celui qui n'a pas soutenu en restant dans son coin. Mais l’objectif, ce sont les joueurs qui le fixent : gagner un maximum de matchs, essayer de séduire. Avec un maximum de sérieux et d’application, les joueurs se rendent compte qu’ils ne sont pas loin et la mayonnaise prend. Il y a tellement de choses que tu ne maitrises pas au rugby, que c’est très hasardeux de donner des objectifs très hauts. L’objectif sera simplement de se qualifier en Promotion Honneur.

J’ai fait tous les stages et formations possibles et inimaginables. J’arrive à me passionner et je vois mal le jour où il faudra que j’arrête parce que mon physique me dira stop ou que je sentirais que je suis décalé par rapport aux jeunes. Pour l’instant, disons que je me sens très bien. La preuve, je viens de terminer la saison il y a 15 jours et là je me retrouve à encadrer les gamins de 16 ans au stage Pierre Villepreux. 

Vous parlez beaucoup du jeu, est-ce que c’est ce qu’il manque au XV de France ?

La solution qui gagne ça se saurait, on ne la connaît pas. Par contre, c’est vrai que si tu te contentes d’un jeu prioritaire, tu as très peu de chance d’arriver à tes objectifs. Il vaut mieux citer les joueurs à prendre une initiative. Les moins de 20 ans nous montrent un peu la voix, on arrive à rivaliser et qu’on ne dise pas qu’il nous manque de poids ou de vitesse. Avec toute cette moitié de joueurs étrangers qui prennent la place d’un potentiel français, on arrive quand même à sortir des joueurs compétitifs. Je crois qu’il faut y aller ! Les Argentins, ils jouent, j’ai fait des stages là-bas et j’ai vu la passion du jeu. Les gamins jouent tous les samedis et nous on a un plateau tous les mois, le reste du temps nos gamins s’entraînent ! C’est une catastrophe ! Là-bas, c’est du jeu et le petit en-avant, on s’en fout, l’arbitre, il ne siffle pas et le jeu continue. Il y a une liberté dans le jeu. Et on me disait en Argentine "si on fait pas comme ça, le foot va nous prendre tous les gamins !"

La formation française fait appel à l’intelligence des joueurs, elle est bonne ! J’ai beaucoup voyagé, notamment à la Western Force et je te garantis que les situations qu’on fait au stage Villepreux leur font peur. Les gars sautaient partout, j’avais une quarantaine de situation d’entraînements, sans rien m’approprier, mais la robotisation des Anglo-Saxons, ils en ont marre. 

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  • Yoyo2a
    4241 points
  • il y a 4 ans

Un bonjour perso a jean francois et a l entente. De la part d un ancien joueur de cuxac, ouveillan...

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