L'immonde du Rugby N°11
Ovale Masqué continue son récit de la finale du Top 14 !
Apès avoir exploré les coulisses de la finale de et de l'avant match dans l'Immonde du Rugby Numéro 10, Ovale Masqué revient avec son ultime numéro... consacré au Top 14. Rassurez-vous, on risque bien de vous parler de la Coupe du Monde prochainement. Mais pour aujourd'hui, concentrons-nous sur la finale, l'après match, et toutes les petites indiscrétions que notre reporter masqué n'a pas manqué de dénicher...

Après avoir exploré les coulisses du Stade de France lors de l'avant match, Ovale Masqué a fini par être repéré par la sécurité. Grand professionnel de l'infiltration, il semblerait qu'il ait été trahi par ses collants roses un peu trop voyants... viré du stade à coups de pied au cul, Ovale a dû acheter une place à un vendeur ambulant à la sortie du métro 13 pour s'assurer d'assister à la finale. Le ticket lui a couté 50 euros + sa cape, tout ça pour se retrouver derrière les poteaux, quasiment en dessous de l'écran géant. Il nous livre donc son analyse du match vu à 50km du terrain, probablement dans un état d'ébriété avancé. Sachez l'apprécier à sa juste valeur.

Tout a commencé avec une fantastique cérémonie d'ouverture. Le savoir faire français, déjà vu lors de l'ouverture de la Coupe du Monde 2007, a encore ébloui le monde en proposant un spectacle ridiculisant celui des Jeux Olympiques de Pékin. 14 ballons de rugby avec des pieds qui courent dans tous les sens sur le terrain pendant 10 minutes. Vibrant. On a attendu le moment où deux d'entre eux entreraient en collision pour provoquer un strike géant au milieu du stade... en vain. Hélas. Une cérémonie qui aura au moins eu le mérite d'être prémonitoire, puisque ce ne sont pas 14 mais bien 30 glands à moitié aveugles qui sont venus en découdre sur le terrain quelques minutes plus tard.

On promettait une finale de rêve, celle du beau jeu entre les deux équipes les plus spectaculaires du Top 14... c'était trop beau et ça sentait un peu l'arnaque. On l'a vite vérifié avec 25 premières minutes de folie : en-avants à répétitions, coups de pieds directement en touche, pénalités ratées, chandelles à effet rétro... tout y est passé. La partie était rugueuse et tendue, le niveau technique abyssal, heureusement qu'il y avait le Stade de France autour, sinon on se serait cru en demi-finale d'accession de Pro D2.

Une tragicomédie qui a presque logiquement accouché d'un vrai-faux essai vidéo gag. Suite à un coup de pied à suive toulousain, Nagusa dégage nonchalamment le ballon... en plein sur le poteau de touche. Caucaunibuca récupère et le ballon et aplatit dans la foulée. M Péchambert fait appel à l'arbitre vidéo, qui était sans doute à la buvette à ce moment là, puisqu'il lui a fallu environ 105 minutes pour se rendre compte que Caucau avait bien mis le pied en touche. Pour finir en beauté, c'est Bustos Moyano qui nous offre une séquence Benny Hill en glissant superbement sur une pénalité lointaine. Esteban n'a pas trouvé les Cités d'Or, visiblement il n'a pas trouvé les bons crampons non plus vu qu'il récidivera un peu plus tard.

Les choses sérieusement commencent enfin à la 27ème minute avec un des premiers ballons d'attaque montpelliérains. Nagusa hérite de la gonfle sur son aile et se retrouve face aux avants toulousains. Un coup de pied par dessus, un rebond heureux puis un crochet sur Heymans : essai entre les poteaux. A la surprise générale et un peu contre le cours du jeu, Montpellier marque en premier. On se dit alors que cela aura juste servi à énerver les toulousains, qui vont pouvoir déclencher la machine et passer 30 points, comme le prédisaient certains observateurs. Sauf que Toulouse continue à balbutier son jeu. Les montpelliérains sont agressifs, pénibles dans les rucks, et les tracteurs toulousains (le trio Doussain – Skrela – Jauzion pas bien inspiré) sont bien emmerdés par la rush defense. C'est sûr, c'était plus facile en demi-finale avec Marius Joubert et sa défense glissée digne de son homonyme Brian.

Toulouse finit quand même par se montrer dangereux : David Skrela tape une chandelle judicieuse dans l'en-but alors que Thierry était allé cueillir des fraises, et Yannick Jauzion n'est pas loin de la récupérer. Puis après une séquence pillonnage, Nagusa vient tuer l'action en mettant sa main où il ne faut pas et prend un jaune. Malgré une fin de mi-temps en supériorité numérique, Toulouse ne marque que 3 points et ça fait 7 à 3 pour le MHRC à la pause.

Nouvelle surprise. En début de deuxième période, Montpellier va bouffer le Stade Toulousain, pris en mêlée et dans l'agressivité. A ce moment, l'exploit paraît vraiment crédible, en plus quelques éclairs traversent le ciel du Stade de France pour donner un coté plus dramatique à l'improbable chute du Stade Toulousain. Mais Montpellier va peut être mal gérer son temps fort : deux possessions dans les 22 mètres toulousains et deux tentatives de drop instantannées de François Trinh-Duc, pour une seule réussie. Il fallait peut être garder la main sur le ballon à ce moment là, épuiser les toulousains, et tenter d'enfoncer le clou avec un second essai. 7 points d'avance, quand on vient de disputer 3 matchs épiques de suite (on peut compter celui de Toulon), et qu'on a une sale tendance à l'indiscipline, c'est trop mince. Pourtant on commence un peu à croire à l'exploit, et même Skrela, ce grand sensible, sympathise avec la cause montpelliéraine en refusant de passer toutes ses pénalités. Cela confirme l'incroyable malédiction des buteurs contre le MHRC. Teulet, Wisniewski, Skrela, juste trois des artilleurs les plus réguliers du Top 14, qui ont expédié la plupart de leurs ballons dans le triangle des bermudes rugbystique.

L'illusion va durer jusqu'à la 71ème minute : s'ils sont particulièrement peu brillants ballon en main, les toulousains doivent bien avoir 80% de possession, et les montpelliérains, qui paraissent de plus en plus cramés, enchaînent les fautes et se contentent de rendre les ballons au pied. Bezy fait passer Toulouse en tête sur pénalité, puis Paillaugue paye la faute de trop et sort sur carton jaune, comme un grand. 3 minute plus tard, une nouvelle pénalité de Bézy (qui au passage envoie un gros fuck à Alain Penaud, auteur d'une sortie contre le Petit Nicolas sur l'Equipe.fr, que l'Immonde du Rugby lui-même n'aurait pas osé. Et ça sent la fin pour Montpellier qui va jouer n'importe comment ses deux derniers ballons d'attaque, avec un coup de pied à suivre un peu débile de Trinh-Duc, puis un en-avant fatal.

Comme en H-Cup 2010 contre Biarritz, Toulouse gagne « logiquement » une finale largement dominée, sans marquer d'essai, et en en encaissant un beau. Bon il paraît qu'en finale on s'en fout de la manière, mais vu le standing et l'effectif du Stade, on reste quand même peu sur notre faim. Les Montpelliérains, eux, apparaissent presque comme les vainqueurs moraux de cette finale : promis à la branlée, ils ont été champions de France jusqu'à 10 minutes de la fin, et ils semblent avoir l'avenir devant eux.
Notez qu'à la fin du match, les joueurs n'ont pas explosé de joie, et qu'ils ont cassé le Bouclier de Brennus pendant leur tour d'honneur. Si c'est pour en faire ça, autant le laisser aux autres !

Les hommes du match

Guy Novès
Et de 9. Peut-être la victoire la plus moche, avec celle de 97 contre Bourgoin. Néanmoins, pas la moins belle pour lui puisqu'au coup de sifflet final, Guy avait pour une fois le sourire. Il est même allé faire un tour d'honneur, seul, face au virage toulousain. Un beau moment.

Fulgence Ouedraogo
Capitaine Fu a été magnifique. 67 minutes avec une main dans le dos, KO une demi-douzaine de fois sur la pelouse, il conclut l'épopée montpelliéraine avec un discours digne de celui de Kirk Douglas dans Spartacus entouré ses coéquipiers vaincus. Puis il balance ses chaussures dans la foule et s'offre un tour d'honneur pieds nus devant une Stade de France conquis. Fufu, plus fort que Yannick Noah.

Timoci Nagusa
Tout le monde attendait le coup de folie de Caucau, voire d'Heymans, finalement c'est Nagusa qui a marqué sur la seule belle action du match. Il faut féliciter Galthié qui a eu la bonne idée d'aller le chercher à l'Ulster (où il était déjà prometteur). 11 essais pour une première saison, c'est pas mal. Seul chose à redire : il faut lui expliquer que la teinture blonde n'est plus à la mode depuis la fin des années 90.

Nicolas Bezy
Cet homme est un Saint. Non pas parce qu'il a réussi deux pénalités archi-faciles en face des perches, mais parce qu'en faisant gagner le Stade Toulousain, il a indirectement sauvé David Skrela d'une lapidation publique sur la place du Capitole. On conseillera quand même à ce bon David de prendre le premier TER pour Clermont lundi matin, si possible vêtu d'un imperméable et d'une paire de lunettes noires.

Yannick Nyanga
Yannick c'était un peu le Mignoni du Stade Toulousain. Les 2 derniers titres avaient été remportés sans lui (hors du groupe en 2008, blessé en finale de H-Cup 2010)
Finalement il ne porte pas la poisse. C'était peut être Frédérick Michalak...

Cédric Heymans
Pas de dernier coup d'éclat en rouge et noir pour Heymans. Sans être terriblement mauvais, Cédrichon envoie un coup de pied à suivre dans les tribunes, trouve une touche de poussin puis se fait enrhumer par Nagusa sur l'essai. Sorti à la 50ème minute. Pas de grand final donc pour lui, mais il a dit au micro du Stade de France après le match qu'il nous aimait, et on a envie de lui dire que c'est réciproque. Et pourtant l'Immonde du Rugby n'aime pas grand monde.

David Skrela
Tel David Marty McFly sur son scooter à remonter dans le temps, David s'est téléporté en 2000. Dadou avait 20 ans, 15 kilos de plus, des joues de hamster et un fin duvet d'adolescent sous le nez. Bon ok, ça il a toujours. Pour sa première finale de championnat avec Colomiers, il avait loupé 3 pénalités à la suite, puis offert un essai à Comba sur interception. Galthié, capitaine de Colomiers à l'époque, blessé et contraint de regarder le match en tribunes, faisait la gueule. Hier, ça devait plus le faire marrer. Mais c'est dommage pour lui de rater sa sortie après 3 bonnes saisons et des performances souvent à la hauteur dans les gros matchs (la campagne de H-Cup 2010, la demi-finale contre Clermont...).

Philippe Deffins
On s'était bien foutu de sa gueule quand il avait dit que le MHRC remporterait le championnat dans 3 ans. A la limite, celui de Pro D2, ça paraissait plus crédible. Philippe est passé à 9 minutes d'une vengeance terrible. Il aurait pu cracher à la gueule du monde un « j'vous l'avais dit » rageur, et reprendre la présidence du club dans la foulée, comme un prince. Au final, Toulouse a gagné et tout le monde s'en fout.

Les déclarations

« Il fallait être supporter d’un des deux clubs pour apprécier ce match, a ainsi déclaré Gachassin. C’est une petite finale, il faudra l’oublier, il n’y a que le titre pour le stade Toulousain. Dans vingt ans on ne saura pas si la finale était agréable. Ils sont champions de France. » (Jean Gachassin)
Cette fois c'est sûr, Jean n'aime plus le rugby. Même pas capable d'apprécier une bonne vieille finale de Top 14, bien rugueuse, avec 16 en-avants et 12 chandelles de chaque coté... bon c'est sûr, c'était moins spectaculaire que Federer - Djokovic.

« Là, j'ai craqué à la fin du match. Je voulais y être à côté du Brennus sur les photos. J'ai même mis un énorme coup de pied à Vincent Clerc pour le dégager. Je me suis dit : "cette année, c'est pour moi ! » (Cédric Heymans)

La question que tout le monde se pose

Qu'il gagne ou qu'il perde, Fabien Galthié pleure. Qu'il gagne ou qu'il perde, Guy Novès fait la gueule. Alors, vous préférez lequel pour l'Equipe de France ?

L'action qu'on aurait aimé voir

Une interception de 80m de Remy Gaillard suite à une triple sautée de Yannick Jauzion. Au moins on aurait rigolé un peu.

L'après-match que vous n'avez pas vu

22 : 45
Fairplay, Guy Novès vient saluer son adversaire du jour, Fabien Galthié. « Félicitations pour le bonus défensif Fabien. Bien joué ».

22 : 50
Après avoir fait son speech, Fulgence Ouedraogo donne l'accolade à ses partenaires, puis y va d'un High Five avec François Trinh-Duc. Mauvaise main. Fulgence est officiellement forfait pour la Coupe du Monde.

22 : 55
Cédric Heymans marche sur le pied de Vincent Clerc pour poser avec le bouclie de Brennus. Fracture du métatarse pour Vince, officiellement forfait pour la Coupe du Monde.

23 : 00
Clément Poitrenaud reçoit un SMS de Frédéric Michalak « bravo pr le titr 2ème Brennus sans rien foutre je suis tro for ». Clément lui répond sobrement « LOL gg bro tavu ».

23 : 30
Marc Lièvremont appelle l'organisation de la Coupe du Monde 2011, et demande à ce qu'un bus accessible aux handicapés soit mis à sa disposition pour la compétition.

0 : 30
Les toulousains envahissent la rue de la soif. Une troisième mi-temps de folie s'annonce.

0 : 35
Les joueurs toulousains se prennent une bière, sauf Thierry Dusautoir, qui préfère prendre un Coca Zéro parce que « c'est plus diététique ». Yannick Jauzion prend un tisane. Florian Fritz attaque avec une vodka-redbull.

01 : 30
« Bon ben, c'était sympa. On va se coucher ? »
Cela fait plaisir de voir qu'après autant de titres, les toulousains ne semblent pas blasés une seconde.

05: 45
Florian Fritz, qui était resté seul, est torse nu sur le comptoir de l'Eden Park Café, une cravate sur la tête en guise de bandana. Il reprend « Femme que j'aime » de Jean Luc Lahaye pour la 6ème fois cette nuit. Le videur lui fait signe qu'il est temps de rentrer.

Bonus, la saison du champion en une image

Ou une plutôt en un mur, celui du compte Facebook du Stade Toulousain...

Remerciements à...

Poteau Feu, Tyan_Ovale, Capitaine, OvaliaHaHa, Vitolio Manu Calin, et aux hommes de bonne volonté, et aux femmes. Ca veut pas dire grand chose mais ça fait classe.

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  • Dr Didge
  • il y a 12 ans

Pas une grande finale mais un Immonde du Rugby au top ! Bravo Ovale Musqué !

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