IAM est-il Rugby compatible ?
Au rugby, on est tous nés sous la même étoile.
Ce samedi, le groupe mythique IAM donnera un concert pour le Supersevens à la Paris La Défense Arena. L'occasion de démontrer que Rap et Rugby partagent les mêmes valeurs.

 "Petit frère a déserté les terrains de jeux, il marche à peine et veut des bottes de sept lieues." Vous l'aurez reconnu, je l'espère. Le morceau le plus reconnu du groupe IAM après "Je dans le MIA", au fond de mon Mp3 que j'allumais pour faire les 200 mètres qui me séparaient du collège. Pas le temps d'arriver au couplet de Shurik'n que j'étais déjà au portail de Madame Payen, qui fait régner la loi et la joie dans ce petit collège de 250 élèves. Le soir, rebelote ! Mais cette fois-ci, je pouvais me servir dans les disques gravés du plus grand de la fratrie, pendant que mes amis écoutait du Louise Attaque, Diam's ou Kyo. Mais c'est ce qui était formidable : pouvoir échanger et apprécier les goûts de l'autre. Hormis peut être Kyo, je le confesse.

La loi, ils l'ont souvent critiqué si vous n'écoutez qu'avec votre bagage culturel. Le reste, il faut le découvrir au fil des albums et des carrières en solos de Philippe Fragione, alias Akhenaton, Geoffrey Mussard - Monsieur Shurik'n - et autres.La dernière expérience entre le rugby et le rap remonte à la dernière finale de Top 14, avec Big Flo et Oli. "L'ombre est lumière" pour les Marseillais, mais pour le coup, tous les oppose. Mais comment un groupe de rap peut donner le rythme pour une fête du rugby ? Si cette question vous paraît bête, lisez quand même la suite.

Premièrement, IAM colle parfaitement à l'ambiance du Sevens. L'In Extenso Supersevens est une fête qui a clairement pour but de rassembler le public, comme sur des étapes telles que Dubaï ou Hong Kong. IAM est également une fête, mais pour argumenter il faudrait que vous preniez vos billets pour la prochaine tournée. Ceux qui ont eu la chance de les voir en concert comprendront toute la puissance qu'ils peuvent partager et vous oublierez même que vous êtes en Budgy Smuggler sur un stade de rugby couvert. En 2008, pour leurs 20 ans (de vie commune, pas d'âge), ils se sont offerts un concert au pied des pyramides de Guizeh, eux qui vouent un amour fou pour l'Egypte. Unique. Vous ne serez pas dans un des berceaux de la civilisation malheureusement, mais à la Paris La Défense Arena. Après tout, c'est une salle de concert, pas un stade.

Depuis leur début sous un autre nom, à leur dixième album sous le nom qu'on leur connaît, de l'eau a coulé sous les ponts. Comme un club de rugby, ils ont connu des hauts et des bas : "un jour tu pleures, un jour tu ris." Ils ont tenté, avec succès, de faire leur propre chemin dans l'industrie du rap : quel joueur n'a jamais voulu voir si l'herbe n'était pas plus verte (et souvent grasse) ailleurs ? A la fin, ils reviennent tous à la maison et IAM le démontre parfaitement bien. A plus de 50 ans, ils refusent de raccrocher les crampons là où la jeunesse pousse, souvent dans tous les sens. Ils ont souvent été critiqués à leurs débuts en dépoussiérant les vieux meubles qu'on voulait cacher. La peur de dénoncer ? Ils ne l'ont jamais vraiment connu car quand on met les bons mots, il est compliqué d'y répondre. IAM garde une ligne de conduite et tient la route, sans jamais se soucier de l'évolution du rap.

"On ne cible pas. On ne sait pas faire cela : définir une cible, penser pour les gens, faire arriver le refrain au bout de XX secondes…", déclarait Akhenaton pour le bi-mensuel américain Rolling Stone, en 2018.

"Qui prétend faire du rap sans prendre position ?" C'est ce que disait un autre rappeur, d'Ärsenik. Et IAM le démontre à travers sa discographie. Peut-on faire du rugby et bafouer certaines valeurs ? Ce n'est pas la meilleure conception du sport à mon goût, même si sur la toupie d'Henri Mendras, la moyennisation continue de s'étirer doucement vers le bas. IAM a été de tout temps un phare pour les autres, en gardant le cap sur les différents messages qu'ils voulaient faire passer. Les Marseillais n'oublient jamais la Bonne Mère qui les a façonnés, tout en continuant d'utiliser le pouvoir des mots pour se faire lumière. Relisez tout ça, et imaginez-vous qu'on parle de votre club de rugby. Et si IAM était un club de rugby ? Il serait celui qui ne veut rien lâcher, qui regarde les autres mais qui ne les jugent pas. Ce club au cœur d'un village de 2000 habitants et qui a une résonnance sociale quasi équivalente à la mairie. Ce rugby qui peut assumer ses valeurs et continuer de les brandir à qui veut les voir. Il peut se concentrer sur le petit qui a des lacunes en demandant au grand - plus à l'aise - d'aider. Il peut laisser tomber cinq minutes cette quête du grand XV de France pour se tourner vers le petit club du Morbihan qui lui tire le t-shirt dans le dos. S'ils étaient un joueur, IAM serait celui qui te demande si ça va à 21h30 dans une troisième, celui qui "donne son corps avant son nom".

Vous l'aurez compris, je voue un amour éternel à IAM, et plus généralement au rap français. Le lien vous paraît tiré par les cheveux, mais rugby et rap peuvent bercer une vie. Trouver des similitudes est simple, mais on peut aisément contredire IAM sur une chose. Akhenaton, Shurik'n, Kheops, Imhotep, Kephren et Freeman, sachez une chose. Au rugby il n'y a pas de différences, on est vraiment tous nés sous la même étoile.

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@Boukercha Oussama
"rassembler le public, comme sur des étapes telles que Dubaï"
Tu es sur?
Car a Dubai, ca ne rassemble pas des masses.
Quelques arabes (tres peu) et surtout des occidentaux généralement aises y assistent, pas vraiment en famille. Je ne suis pas sur que ca rassemble des masses.
Enfin, ce n'était pas le sujet de l'article je suppose

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